26 juillet

Le bateau arriva proche de la cascade menant à ma destination. Etant donné que tout le monde n’a pas accès à cascade, l’entrée n’est pas souvent empruntée, et entre nous je doute que Bun, Nirvash ou Willy parviennent à me transporter en haut de cette cascade. Du coup je demande à Seanay de me transporter sur son dos. Le « petit » Tropius accepte avec plaisir car le pauvre n’a pas pu vraiment s’amuser sur la croisière étant donné qu’il est trop grand pour rentrer dans les couloirs.

Le vol se déroule sans encombre hormis un penchant de Seanay envers la cascade. Cascade qui m’a trempée en un instant.

-Seanay t’es chiant ! Je n’ai pas de change là !

Il se met à rigoler en l’air.

Alors… Rigoler, oui c’est bien, c’est sympathique et franchement ça fait du bien. Un Tropius ça rigole fort. Donc moi je ne suis pas bien sur son dos quand il rigole comme ça. Ça tangue, c’est franchement très instable et je suis bien content quand il atterri enfin dans un parterre de fleur. Parterre de fleur qui est grand, TRES grand.

Pour vous faire une idée, c’est l’équivalent de plusieurs stades de football alignés avec plein de Pokémon qui suce le nectar des fleurs, soit pour se nourrir, soit pour nourrir.

A vrai dire, je suis venu ici dans l’espoir de voir un Shaymin, parce que ce Pokémon est grave cool et surtout mystérieux.

Pourquoi change-t-il de forme quand il est en contact avec une gracidée ? Pourquoi vit-il ici ? Enfin pourquoi se montre-t-il ici ?

Tant de question dont j’aimerais avoir une question un jour.

J’en ai d’autre, bien évidemment, mais c’est d’ordre personnel et seul le temps pourras me donner des réponses.

Enfin…
J’installe mon micro-campement avant de me mettre à l’affut d’un Shaymin. Avec un peu de chance, on en trouvera bien un.

Mon camp était installé, je n’avais plus qu’à attendre et observer ce fameux Shaymin. Le voir et faire une description de ses habitudes en un jour ne sera pas chose aisé mais je pense pouvoir en tirer quelque chose. C’est un peu comme si j’essayais de gagner au Loto. Mais là, j’ai moins de chance. Mais si on ne tente pas, si on ne te tente jamais rien, on ne peut pas espérer quelque chose. On ne peut pas avancer. On stagne. Se rapatriant dans sa zone de confort, sans jamais en sortir.

Ça me fait penser, j’ai toujours eu du mal à me lancer. A me mettre à découvert. A me sentir exposé. C’est quelque chose que je n’aime pas. Sans doute a cause des brimades dont je faisais l’objet petit. Sans doute a cause du manque de confiance en moi. Je doute de moi, je n’ai rien pour moi à part ma taille et ma gentillesse et ça n’a jamais nourri son homme. Je ne suis ni beau ni intelligent, ni riche, ni même cultivé. Enfin pour moi. Pour les autres je n’en sais rien, je ne suis pas dans leurs têtes. Je pourrais, mais j’ai peurs de savoir la vérité.

Du mouvement. Sans un bruit, je tourne ma tête vers un Charmillon qui butine tranquillement une fleur de couleur rouge. Lui, semble mener une vie paisible. Sans se prendre la tête avec le regard des autres. Alors qu’au fond, je le sais bien, j’ai honte de moi. Tout le monde me regarde comme si j’étais une bête de foire. Parce que je suis un peu plus grand. Parce que je suis différent. Et la différence n’est pas bien vu par la société.

Ce qui est étrange là-dedans, c’est que je n’ai jamais essayé de m’accepter comme je suis. Toujours dans mon coin, refusant toute proposition de me mettre en avant. Pourtant je garde un sourire de façade alors que je vais mal. Je mens à mes amis en disant que je vais bien, que je suis un peu fatigué pour me retrouver seul et pleurer sur moi-même.

Comment avez-vous confiance en vous, vous qui lisez ces lignes ? Moi, j’échoue tout ce que j’entreprends. Les projets personnels, les amours, la famille. Même les loisirs. J’ai échoué sur tant de choses. Alors je n’ai plus confiance en moi. Ce que je fais ici, je ne sais même pas si je vais y arriver. Non, je sais. Je sais que je n’ai aucune chance d’y arriver. Au moins grâce à mes expériences j’aurais appris qu’il est plus simple de détruire que de construire. Qu’il est difficile d’accorder sa confiance à quelqu’un. Difficile de s’ouvrir aux autres, de se confier. J’aimerais être honnête avec mes amis. Leur dire ce que je pense vraiment, être qui je suis vraiment, arrêter de me cacher derrière la fatigue ou autre mensonge. Mais au fond, tout au fond. J’ai peur de leurs jugements, plus que de n’importe qui. Peur qu’on se moque de moi car je fais des choses différentes, des choses peu conventionnelles. Peur de me faire juger sans qu’ils aient essayé de comprendre.

On devrait pouvoir se regarder dans les yeux et se dire les choses en face. Dire quand ça va, quand ça ne va pas. Arrêter les messes basses et tout se dire. Arrêter d’avoir peur de ce qui fait notre force. Si jamais ils se retournent contre vous… Ce ne sont peut-être pas vraiment vos amis. Un véritable ami le restera peu importe la situation tant que vous ne tentez rien contre lui. On devrait pouvoir tout dire à nos amis. Sans tabou ou sans peur. Il vous écoutera et essayera de vous aider. Alors arrêtons de refuser les mains tendues de nos amis et laissons les nous aider. Peu importe notre âge, notre sexe, nos croyances. On ne peut pas toujours tout garder pour nous.

-Les amis merci d’être à mes côtés. Ça me touche beaucoup. Mais on va rentrer. Finalement j’ai trouvé bien plus que ce que j’étais venu chercher.

Je commence à remballer mon mini camp sous les yeux d’un petit être vert cacher parmi les fleurs un sourire sur le visage.