Finalement les derniers jours s’étaient déroulées sans trop d’accrocs. Les jours à forte affluence cotonneuse passée, les journées de travail devinrent moins dures, plus calmes. Des cas plus isolés survinrent, typiquement des soucis de jeunes cotonneux ayant perdus leur troupeau, mais globalement, la charge de travail baissa considérablement.
Après avoir décidée de s’éloigner des conflits qui ne cessaient pas entre la confédération et les forces de l’ordre, le stage s’était déroulé bien plus paisiblement. Et puis, de toute manière, cela ne la regardait pas. Parfois elle eut comme un doute, peut-être ne s’investissait-elle pas suffisamment, mais elle faisait ce qu’on lui demandait de faire et contactait ses supérieurs aux moindres soucis, n’était-ce pas suffisant ? Si les sujets des embrouilles venaient à être abordés autour de la table, elle se contentait d’écouter en acquiesçant, suivant le mouvement commun. C’était bien agréable de ne pas être au centre de l’attention et devoir expliquer les emmerdes et de gérer les débats que tout cela amenait. Et puis, elle n’était que stagiaire. Il était normal qu’elle ne soit pas si à fond qu’un ranger professionnel.
Au fil du temps, la blonde s’était retrouvée à un poste qui consistait à surveiller la réserve temporaire et y rapatrier les cotonneux qui en avait besoin. Parvenant à gérer et comprendre aisément ces derniers ainsi qu’à s’attirer la sympathie de ceux-ci, c’est naturellement qu’on lui laissa le poste qui requérait le plus d’interaction avec ces créatures. Noguchi s’était d’ailleurs montrée ravie que ce soit Hope qui vienne lui filer un coup de main dans la réserve, si bien que parfois elle lui laissait même le totale contrôle sur la gestion de la zone. Boker et Torë l’aidait considérablement, surveillant la bordure, tandis que Venum, Crosley et Dake l’aidait davantage pour tout ce qui se passait à l’intérieur.
En terme général, il n’y avait pas grand-chose à faire. Le plus gros du travail consistait en de la surveillance. Surveiller qu’aucun gamin s’était faufilé dans le parc alors que l’accès avait été strictement interdit à toute personne ne faisant pas partie de l’équipe de rangers de l’opération, surveiller qu’aucun débilos ne s’était faufilé dans le parc alors que blabla ranger blabla, s’assurer que les policiers ne se croient pas tout permis alors que la réserve temporaire était officiellement placée sous la gestion de la confédération des rangers, s’assurer qu’aucun Tylton blessé gisait au sol, que les nouveau cotonneux soit intégré de la bonne manière mais qu’ils ne prennent pas non plus trop leurs aises, gérer les conflits entre différents clans de cotonneux, etc.
Oh, en parlant de ce dernier point, Hope n’avait découvert l’existence de ces « clans » que peu de jours avant. Ceci ne lui avait jusqu’alors jamais traversé l’esprit, mais il est tout à fait naturel qu’entre cotonneux, ils ne s’entendent pas tous. Mais ce n’est que quand elle eut à gérer un combat entre deux Altaria mâles qu’elle prit conscience de ceci. Comme quoi les adultères existent même chez les Pokémon hum hum. Ouais ok, ce n’est peut-être pas forcément à cause de cela, mais n’est-ce pas une possibilité ?
Au début, Hope n’avait pas vraiment compris ce qui se passait. Ce qu’elle prenait pour une brise ne cessait de devenir plus violent, créant des couloirs d’airs qui emportaient les cotonneux les plus faibles sur leur passage. Un peu perdue, elle avait essayé de récupérer des Tyltons par-ci, par-là afin de les placer à l’abris, de sauver ceux qui se faisait pousser hors de la réserve.
Ce n’est que lorsqu’une fine brume avait commencé à recouvrir la zone qu’elle avait réalisé qu’il s’agissait plus qu’un simple caprice météorologique. Remontant à la source des courants, elle avait alors découvert les deux Altaria en pleine duel.
La ligne ne cessait de se briser, la toupie se faisait repousser. Elle n’y parvenait pas. Garder sous contrôle deux Altaria excités se situait hors de ses capacités, tous deux refusaient de lâcher le terrain, se prenant le bec toujours plus violemment tous en balançant des bourrasques l’un contre l’autre qui s’entrechoquaient, filaient dans tous les sens. Embêtée, Hope s’était retrouvée à devoir attendre l’arrivée des renforts. Pendant ce temps, elle avait essayé de les distraire mais en vain. Finalement, à l’aide de quelques autres cotonneux qui voulurent bien l’aider, elle s’était concentrée sur canaliser les courants dans une zone restreinte afin que ceux-ci n’aient aucun impact sur la ville alentour, au risque de déclencher un énième conflit avec la police locale, et impactent le moins possible les autres hôtes de la réserve temporaire.
Les quelques braves cotonneux qui avaient bien voulut aider la petite blonde firent de leur mieux pour rediriger les courants vers l’intérieur, aidant ainsi Töre et Pepper. Coordonner tout le groupe n’était pas une tâche aisée, d’autant plus que les volontaires de la réserve n’avaient jusqu’à présent fréquenté que peu d’humain. Apprivoiser des Pokémons sauvages en quelques minutes relevait de l’impossible et son CapStick ne permettait pas de gérer suffisamment de créatures pour pouvoir gérer l’affaire.
Les renforts arrivèrent peu après. D’abord Noguchi, qui en arrivant se rendit compte de l’ampleur du problème et s’empressa de presser d’autres collègues. À deux, la situation fut déjà plus gérable, l’Hélédelle de la nouvelle arrivante les aidèrent considérablement.
Après encore quelques petites minutes de lutte, Wilkinson arriva, accompagné d’Edelwen, les Altaria furent finalement calmé au grand soulagement de tout le groupe.
Ce n’était pas une situation qu’ils eurent souvent rencontrée. Mais l’espace restreint du parc ainsi que la présence de très jeunes Tyltons avaient probablement encouragé le conflit entre les deux mâles. De longues discussions furent entamées afin de décider si un élargissement de la réserve temporaire en vaudrait la peine, en effet, ils arrivaient alors à la fin de la période à grosse affluence. Bientôt, les arrivées se feront très rares, les départs deviendront bien plus fréquents. De plus, l’élargissement de la zone ne serait réalisable qu’avec l’accord de la ville, or, cela nécessiterait de nouvelles discutions avec la police locale et tous les membres de l’unité ranger étaient d’accord sur le fait qu’il fallait éviter cela le plus possible. Les prises de tête que les précédentes négociations avaient engendrées avaient traumatisé plus d’un.
Finalement il fut décidé que seul un remaniement des effectifs sera effectué. Depuis lors, ils furent trois à s’occuper de la réserve afin de pouvoir gérer convenablement de nouvelles situations semblables à celle qui avait eu lieu. Si les ranger assignées aux tâches externes à la réserve eurent à courir dans tous les sens suite à cette décision, creusant de jour en jour les fossés sous leurs yeux, ce fut tout le contraire de l’équipe assignée à la réserve qui aurait même pu organiser un pique-nique durant leurs shifts. Bref, la belle vie.
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Il ne restait plus beaucoup de cotonneux. Considérant leur nombre, il ne restait plus que trois familles tout au plus. Ceux-ci, si on en croyait les spécialistes, devraient s’en aller durant la journée. Rivamar avait repris son train de vie habituel, de temps à autres, on pouvait entendre des anecdotes au sujet des cotonneux de la bouche de certains enfants.
Ils étaient partis, leur séjour dans la ville aux milles panneaux solaires touchait à sa fin, emportant avec lui tous les incidents que cela avait pu engendrer. Les citoyens de Rivamar traversaient les rues avec empressement, tous n’ayant ni le cœur ni le temps de se remémorer ces quelques jours où des nuages sur pattes avaient envahis leur ville. C’était comme si cela n’était jamais arrivé. Était-ce parce que les mesures prises furent un succès ou parce qu’ils jugeaient cela comme une perte de temps ? Aux yeux de Hope, cela aurait dû rester laisser plein d’anecdotes drôles à raconter, qui auraient dû animer les rues durant quelques jours au moins. Elle ne pouvait cacher une certaine déception. Des petits nuages adorables qui envahissent une ville, c’est plutôt mignon, non ? Malheureusement les gens ne semblaient pas être de son avis.
Seule dans le parc désormais calme, elle se baladait à la recherche de Tylton qui auraient loupé le signal de départ, qui se serait perdu, ou qui aurait trouvé une cachette le temps de récupérer d’une blessure. Mais elle ne trouva rien de cela. De temps à autre, elle croisait un cotonneux en pleine forme, reposant joyeusement sur une branche, le parc se porter à merveille. Désormais, il avait tout d’un parc normal, où les citoyens peuvent venir se balader, courir, jouer. Seul quelques bancs nécessitant visiblement un nettoyage de fond en comble témoignaient du passage massif des oiseaux aux ailes de coton, partout ailleurs, la fine brume s’était dissipée, les touffes vertes avaient repris le dessus sur les masses blanches. Le parc lui semblait un peu triste.
Les forces de l’ordre étaient retournés à leur train de vie habituel, les rues semblaient monotones, les missions se faisaient rares. La plupart de ses collègues, dans leur temps libre, se rassemblaient autour d’une table de leur locaux temporaires pour jouer aux cartes. Peu intéressée par cette activité avec la fin de l’alternance, la jeune fille préférait retourner dans sa chambre d’hôtel et rêvasser en compagnie de ses Pokémon en comptant les jours qu’il lui restait sur place. Il ne lui restait peu de temps avant d’avoir à retourner sur Céladopole. Cela faisait quatre mois qu’elle n’y était pas retournée. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, mais rarement à du bon, comme toujours. Elle ne savait ni pour combien de temps elle allait y rester ni quand elle aura l’autorisation de retourner à l’académie. Sa seule consolation était le mail qu’elle avait reçu de la part de Freddy, quelques jours plus tôt, qui lui annonçait qu’ils cherchaient finalement quelqu’un pour occuper un poste le temps de quelques mois, le temps que Fédrika sorte de son congé maternité. Selon les informations que celui-ci lui avait envoyé, cela n’avait pas encore été officiellement décidé, mais en interne, cela avait déjà été plus ou moins fixé. D’après les modalités qu’ils s’apprêtaient à fixer, malgré son jeune âge, Hope devrait être en mesure d’être recrutée, d’autant plus qu’elle avait déjà passé un temps considérable dans la réserve. Son expérience à Rivamar devrait également jouer en sa faveur. Elle espérait juste qu’elle parviendra à obtenir l’autorisation familiale.
En fin d’après-midi, lorsqu’elle retourna au parc de Rivamar, elle constata que celui-ci avait été vidé des cotonneux qu’il avait hébergé ces derniers jours. Néanmoins, afin d’en avoir le cœur net, elle entreprit tout de même de faire une dernière ronde.
Exceptionnellement, il faisait un temps frais pour cette journée de fin de juillet. Était-ce donc de cela qu’ils parlaient, lorsqu’ils avaient évoqué la raison de cette migration hâtive ? L’automne semblait déjà se profiler, cela annonçait-il un mois août frais ? Ou bien s’agissait-il seulement de la situation de Rivamar ? Pour autant qu’elle se souvienne, à Onde-Sur-Mer, il n’avait jamais fait vraiment chaud contrairement à sur Lansat. Mais Lansat n’était plus qu’un lointain souvenir dans tous les cas. Elle soupira.
De faibles piaillements attirèrent son attention. Ceux-ci venaient de derrière un touffu buisson. Alors qu’elle s’approchait lentement, descendant la pente herbeuse qui la séparait de ce qui lui semblait être un dernier cotonneux, une bourrasque surgit de l’endroit dont il en était question. Elle leva ses bras pour protéger son visage de la broussaille qui s’envolaient dans tous les sens. À travers ses mèches qui avaient bousculé en avant, elle aperçut alors un Altaria s’envoler, accompagné de deux Tylton.
Cela ne dura que quelques secondes. Les deux créatures les plus jeunes suivirent l’aîné sans peine, bien que celui-ci battait des ailes d’un air décidé, presque avec empressement. De toute évidence, ils avaient décollé en retard et voulait rattraper le reste de leur troupeau.
Ils se dirigeait vers le sud. La ceinture de Vénus avait teint la mer d’une douce couleur rose.
Bientôt, ils ne furent plus que trois points qui disparurent à l’horizon.
Dernière édition par Hope Spettell le Jeu 12 Jan - 18:34, édité 1 fois