solo

- Magnolia Jones ?

La jeune fille se retourne rapidement. Toute habillée de vêtements noirs et confortables, seule la queue de cheval rose au sommet de son crâne détonne dans l’open-space. Face à elle, l’homme semble gigantesque. Contrairement à elle, ses vêtements sont ajustés, parfaitement taillés pour mettre en valeur son impressionnante musculature. Il semble, lui aussi préférer le noir, le costume trois pièces n’a pas une seule pointe de couleur et ses cheveux n’arrangent rien. Non, et il faut un moment à Magnolia pour le remarquer, la seule pointe de couleur chez lui, ce sont ses yeux. Ils sont bleus. Vibrants.

Elle hoche la tête.

- Enchanté, suis moi.

Elle ne perd pas plus de temps, attrape le sac à ses pieds et prend la suite du géant. Magnolia ne se considère pas vraiment comme petite. Outre le fait qu’elle est encore en pleine adolescente et qu’il lui reste quelques années pour grandir, elle a une taille plutôt normale. Elle met une tête à Agatha sans problème et peut regarder les garçons de son petit groupe dans les yeux sans trop de difficulté. Pourtant, l’homme lui semble gigantesque. Peut-être que c’est plus sa carrure que sa taille. Elle est presque sûre que les professeurs Heartnett et Nahr sont aussi, sinon plus, grands que lui mais dans l’image qu’ils projettent, ils ne sont simplement pas aussi écrasants. L’homme est gigantesque, en taille, en carrure et en charisme.

- Tu t’adresseras à moi en tant qu’Aperture quand nous sommes au sein de Midnight. En dehors, je serais l’Agent McCall. Tu seras Bleusaille au sein de Midnight. En dehors, on s’adressera à toi par ton nom de famille. Jones est suffisamment rependu pour ne pas aider à ton identification. Je sais que tu as déjà un nom de code mais le protocole est de ne pas associer des noms de code à Midnight avant la confirmation que tu es membre.

A nouveau, Magnolia hoche la tête. Un doigt vient rattraper une mèche qui s’est échappée. Si elle comprend sans problème l’origine du surnom, ça la surprend presque de se voir affiliée à une autre couleur que le rose. Sans trop savoir comment, le rose est devenu un élément clé de son identité. D’autant plus après qu’elle ait rejoint les Mentalis à la PC. Elle passe quelques secondes à se répéter les noms jusqu’à être certaine de les avoir enregistrés.

Ils avancent doucement dans les locaux de l’ODI et Aperture en profite pour lui faire un rapide présentation de l’établissement. Dans les faits, l’ODI, ou Organisation de Défense Interrégionale ressemble à n’importe quelle agence gouvernementale. Elle a grandi en écoutant son père s’abrutir devant des séries pseudo-policières et à une compréhension de surface des tenants les plus importants bien qu’elle sache parfaitement que ça n’est souvent qu’une enjolivure de la réalité.

Ce qu’il faut retenir, c’est que ce sont des forces d’élites qui gèrent des territoires plus ou moins larges avec des juridictions plus ou moins précises afin de résoudre les crimes les plus complexes ou les plus étendus. L’ODI ne déroge pas à la règle. Ce sont des agents d’élites qui s’occupent des affaires qui dépassent les frontières régionales. Pour satisfaire tout le monde, le conseil administratif de direction de l’ODI est composé d’un représentant de toutes les régions protégées par l’organisme. Comme ça, tout le monde à un œil sur ce qui se passe et les Agents de l’ODI peuvent avoir toutes les autorisations et permis nécessaires à l’arrestation internationale de criminels n’aimant pas s’arrêter aux frontières.

La structure interne de l’ODI est relativement simple. Il y a le département administratif qui s’occupe de la paperasse, d’aller chercher les autorisations, les inspections internes … bref, tout ce qui touche plus ou moins à des dossiers, c’est pour eux. Ils ont aussi accès aux archives et, Aperture à presque un sourire quand il le mentionne, c’est bien la seule raison pour laquelle il s’approche d’eux.

Ensuite, on a le département logistique. Eux, ils sont là pour faire en sorte que les agents ont ce dont ils besoin. Allant des armes, aux costumes à une chambre d’hôtel, il n’y a pas grand-chose que la logistique ne peut pas procurer à un agent qui en a réellement besoin.  Apparemment il y a des sacrés tête là-bas, puisque tous les agents de support y sont aussi affiliés. Hackers, traducteurs, décodeurs … les ressources du département des logistiques ne sont pas que matérielles. Puis, toujours pour supporter les départements de terrain, il y a les labos. Médecine légale, police scientifique … tout ce qui est analyse, c’est pour eux.

Et enfin, il y a les trois départements qui vont sur le terrain. D’abord, le département Contre-Terrorisme. Ils opèrent majoritairement en réponse d’attaques majeures mais enquêtent aussi pour prévenir. C’est eux qui gèrent le crime organisé et les diverses teams qui semblent se multiplier au sein des régions. En réalité, et Aperture est amusé en parlant, ils sont frustrés parce que ces dernières années, toutes les teams sont bien restées dans les frontières de leurs régions. L’ODI n’a donc pas la juridiction et ne peuvent intervenir que si les organismes locaux demandent de l’aide. Et ça n’arrive jamais. Question d’égo. Ensuite, c’est le département d’Investigations Criminelles. Le nom est large et leurs missions aussi. Tout crime qui se produit sur des territoires internationaux ou qui a lieu dans plusieurs régions se retrouve sur le bureau d’un des agents de ce département. Et enfin, Aperture fait un signe de main en direction de la porte en verre face à eux, le département des Crimes Majeurs. Drogues, assauts, meurtres … c’est eux qui gèrent tout ça. Et au sein du département, une petite équipe toute particulière. Une équipe d’élite. Midnight.

- Messieurs, Mesdames, la nouvelle Bleusaille, soyez civilisés.

Il n’y a pas grand monde dans la salle assignée à l’équipe de Midnight mais Magnolia sait que nombreux sont les Agents en missions. Elle hoche la tête, poliment, et repère rapidement Nico sur l’un des écrans d’ordinateur. Il lui fait un signe de main avec un sourire malicieux.

Midnight est un peu particulière au sein de l’ODI. Concrètement, ils n’existent pas. Tous les agents de Midnight sont des Agents des Crimes Majeurs. Le nom de l’équipe n’est mentionné nulle part et personne n’en parle vraiment. Pour quiconque ne faisant pas partie de Midnight, l’équipe n’est rien que ça, une équipe des Crimes Majeurs comme les autres. Soudainement, Magnolia est rappelée de la mention sur son contrat d’alternance, celui qui n’est pas allé jusqu’à l’académie. Midnight doit rester secret et si elle décide de ne pas aller plus loin dans l’aventure … Ses souvenirs seront effacés. Comment ? Elle n’en a aucune idée mais elle serait prête à parier qu’ils ont des sacrés types psys au sein de l’équipe.

Les quelques personnes présentes sont quelque peu particulières. Outre Aperture, tous sont habillés de manière très casuelle. L’ambiance est détendue et il n’y a pas que des humains. Au fond, concentré dans ses dossiers, un Gallame semble faire tout autant partie de Midnight que les autres. Magnolia est sortie de son inspection quand Aperture pose sa main sur son épaule pour la guider vers un bureau parfaitement organisé. Un brun lui envoie une chaise roulante et elle s’installe de l’autre côté du bureau. Un regard noir en direction du groupe suffit pour que tout le monde détourne leur attention du duo et retourne à leurs affaires.

- Tu es là pour deux semaines. C’est pas très long, mais ça suffira pour ce dont on a besoin. Voit cette alternance comme un test. Nous sur toi mais aussi toi sur nous. C’est important qu’on sache si tu es un bon élément pour Midnight mais il faut aussi que tu saches si c’est ce que tu veux faire. Midnight c’est pas simple, c’est prenant, ça demande beaucoup d’investissement, ça demande d’être ta priorité numéro un. Si c’est pas quelque chose que tu peux et veux faire, mieux vaut tout arrêter maintenant et ne pas perdre nos temps. Ok ?

Magnolia fixe Aperture. Elle se laisse quelques secondes de réflexion. Tout ça, elle l’a déjà compris. Le truc c’est qu’Aperture a raison. C’est difficile de savoir actuellement si c’est ce qu’elle veut. Elle n’a qu’une expérience très superficielle de ce que l’ODI est et de ce qu’on attend d’elle à Midnight. Elle hoche la tête. Un test. Pour elle, oui, mais aussi pour eux. Aperture lui lance un demi sourire.

- Tu sais, tu as une poker face très efficace. On ne discerne pas grand-chose de ce que tu penses. C’est une bonne chose, apprendre ça aux recrues et toujours un calvaire. Enfin, j’imagine que tu auras du mal avec le jeu d’acteur pour l’infiltration. J’étais comme toi.

Magnolia serre les épaules. Elle sait qu’elle n’est pas très expressive. Le pire étant que ça s’est arrangée depuis son arrivée à la PC avec l’influence du club des cinq mais le fait est qu’elle sera probablement toujours stoïque. Elle a appris bien trop tôt à ne pas réagir trop fortement physiquement puis émotionnellement. Elle hausse vaguement les épaules.

- Le planning sera le suivant. Tu vas passer la semaine avec divers Agents qui sont disponibles qui vont te présenter ton programme d’entraînement. Tu t’entraînes avec FireWatch depuis le début de l’été n’est-ce pas ? Si tu choisis de rejoindre Midnight, il te faudra le continuer sur Leiar. WatchTower sera ton partenaire là-bas et des Agents passeront régulièrement pour faire un point. Après, tu es sous la tutelle du Général Jackie, je ne me fais pas trop de soucis pour tes capacités de combat. Excellent choix d’ailleurs, pour le Stratège. Uzan est un bon dresseur.

Il passe quelques minutes supplémentaires à expliquer le programme sportif préparé pour elle. Conditionnement physique, arts martiaux, combat … c’est assez classique jusque-là.

- La semaine sera aussi utilisée pour que tu puisses suivre les différents agents dans leurs tâches quotidiennes. Investigation, gérer une scène, collaborer avec les différents départements, un peu de hacking … Tu vas toucher un peu à tout. Tout le monde ici sait que c’est ta première semaine donc on ne t’amènera pas sur les grosses scènes mais tu seras passée d’agent en agent histoire de pouvoir voir un peu de tout. Compris ?

A nouveau, elle hoche la tête. Du coin de l’œil, elle observe les différents agents présents. Son regard se porte assez naturellement vers le Galame. Il n’a vraiment pas l’air d’être le pokémon d’un des Agents. Elle tourne un regard intrigué vers son mentor. Il suit son regard et comprend sans difficulté son interrogation.

- C’est Vale, on a pas que des humains dans l’équipe. Certains pokémons ont le statut d’Agent complet. La majorité des pokémons partenaires ont un semi-statut mais certains pokémons se détachent du lot et deviennent des Agents complets. Il en fait partie. Tu as déjà communiquer avec un pokémon psy ?

La question est un peu dure. Oui et non en réalité. Son Girafarig n’est pas assez puissant pour que leurs communications mentales soient complexes mais il parvient à lui envoyer des impressions et de vagues émotions. Si elle pousse un peu, elle peut également lui répondre de la sorte. Elle sait cependant que certains pokémons plus puissants peuvent être parfaitement télépathes. Elle est pas sûre que Gem atteindra un jour ce niveau mais elle sait que c’est une possibilité.

- Pas en profondeur. Mon Girafarig ne peut pas former des mots mais il envoie des images.

Aperture hoche la tête. Il devait s’en douter. Si il a eu accès à son dossier, il connaît sans aucun doute son équipe et les Giragarig ne sont pas réputés pour leur puissance extraordinaire.

- C’est une bonne chose, tu seras moins surprise. Met toi bien en tête que tu vas croiser au sein de Midnight des profils très … atypiques. Leurs moyens de communication peuvent te surprendre mais c’est ton rôle d’apprendre à t’adapter à ça le plus vite possible. Ok ?

Elle hoche la tête, son regard libérant enfin le Galame. Le reste de l’équipe est plongée dans ses diverses tâches et Magnolia n’est pas vraiment sûre de la marche à suivre. Aperture semble avoir fini de lui présenter les principes de base mais vers qui doit-elle se diriger maintenant ? Elle n’a pas à attendre très longtemps puisque le brun reprend la parole.

- Ok, je pense que je vais t’assigner avec Scarlet et Qwerty, ils bossent actuellement sur un kidnapping qu’on suspecte faire partie d’une série. Normalement, ça sera pas trop violent et ça sera une bonne introduction.

Il a à peine le temps de finir sa phrase qu’un grognement est poussé de l’autre côté de la salle. Un petit brun avec une violente cicatrice qui lui traverse le visage vient de s’effondrer sur son bureau.

- Sérieux Ap’ ? Je me colle la Bleusaille ? Uuuuuugh.

L’homme assit à ses côtés, presque robotique dans sa rigidité, secoue la tête et fait signe à Magnolia de s’approcher. Cette dernière hoche la tête en direction d’Aperture avant de s’avancer vers le duo. L’homme se lève et tente un sourire. C’est pas vraiment réussi, comme si ses traits faciaux sont incapables de former un sourire. Hm. Comme quoi, il y a des gens encore plus inadaptés socialement qu’elle.

- Qwerty, enchanté. Ne fait pas attention à Scarlett, il est … difficile.

Scarlett, toujours affalé sur son bureau et ses dossiers, relève une main pour envoyer un doigt d’honneur en direction de son partenaire.

- On essaie toujours de travailler en équipe. Certaines opérations sont par nature solo mais généralement, on est au minimum deux sur une enquête. Scarlett et moi travaillons ensemble depuis quelques années. Viens par ici, je vais te rattraper sur notre dossier.

Appréciative du ton clair de Qwerty, Magnolia ignore les grognements de Scarlett et se lance sans difficulté dans la lecture des différents documents présentés, en gardant une oreille ouverte pour toutes les informations complémentaires offertes par son mentor de quelques jours.

On pourra pas dénier à Midnight qu’ils ne perdent pas leur temps …