J’étais sur le pont du bateau, Ouji-sama dans mes bras, mon œuf de Ditto dans mon sac, à côté de nous. Le stress me gagnait, bien évidemment. Il s’agirait de notre toute première sortie capture et ce, malgré mon arrivée à l’Académie au début du semestre, soit quelques mois plus tôt. Oui bon, quand on voit des trucs comme une déchetterie, ça ne donne pas envie de s’inscrire et j’avais été trop occupée avec les préparatifs du concours de coordination pour participer à celle qui avait suivie. Celle-là c’était la bonne. J’étais allée acheter des pokéballs et je m’étais préparée à toutes éventualités, ou presque. J’avais quelques pansements juste au cas, une bouteille d’eau, ses souliers confortables et une détermination à toute épreuve. Enfin, presque toutes épreuves, parce que je dois avouer que j’ai hésité quand j’ai vu la météo. Faut essayer de me comprendre un peu! Je savais bien que ce n’était que des risques d’averse, mais j’y avais quand même réfléchis à deux fois. Pas que je sois indisposée par la pluie, loin de là. C’est génial la pluie. Par contre, ce que je trouvais moins génial, c’est l’orage. Si jamais tempête il devait y avoir alors que je serais toute seule avec Ouji-sama et mon œuf sur une île dont je ne connaissais au final que bien peu de choses, autant ne même pas m’imaginer ce que je ferais.

Mais bon, c’était les risques du métier. Enfin, ce n’était pas pour rien que je faisais élevage plutôt que dresseuse, sans même parler du fameux voyage initiatique. De quoi j’aurais eu l’air moi, forcée de dormir à la belle étoile et de marcher tous les jours? Cette simple idée me faisait presque frissonner d’horreur, sans oublier qu’il devait être rare de trouver des douches, et des salles de bain, et des baignoires, et de quoi laver les vêtements. Je n’étais peut-être pas une personne si superficielle que ça, mais quand on en venait à l’hygiène et au confort de base, il y avait un minimum dont j’avais besoin. Le camping c’était une chose et je ne détestais pas ça. Les soirées chaudes d’été sur le bord du feu avec une guitare et des guimauves. Dormir dans une tente une journée ou deux et se lever avec l’aurore. Tout ça j’adorais, mais pas plus d’une fin de semaine, peut-être une semaine tout au plus. Vivre comme ça, j’aurais eu beaucoup de mal, donc j’étais bien contente que mon père ait décidé de m’inscrire à la Pokémon Community à la place. Bref, ce n’était plus le temps de monologuer avec moi-même puisque, selon les rumeurs que j’entendis sur le bateau, l’île était maintenant visible et nous accosterions sous peu.

Je me levai donc de ma place, replaçant mon sac dans mon dos en prenant bien soin de le refermer et de vérifier une dernière fois qu’il était confortablement installé. Une fois cela fait, je laissai Ouji-sama venir grimper jusqu’à mon épaule, là où il s’assit, comme à l‘habitude. Je vérifiai une dernière fois les lacets de mes chaussures, sans doute surtout pour gagner une peu de temps. Malgré tout il fallait se lancer à l’aventure et je fus plutôt contente de voir s’étendre devant nous un vaste champ fleuri. Au moins tout ceci avait le mérite de commencer plutôt bien. Je me mis en route vers l’aventure, chantonnant pour me donner du courage, espérant trouver le meilleur compagnon possible pour notre petite équipe en formation et, éventuellement, ma future pension. Non mais oh, c’est important de se projeter dans l’avenir! Et puis concentrer vous sur vos propres captures si vous êtes pas contents, bande de petits voyeurs qui venez lire le texte des autres!

Spoiler :

J’avais gagné la terre ferme, sans me presser. Il y avait tellement d’autres étudiants qui semblaient si pressés à l’idée d’arriver de l’autre côte de l’île afin d’attraper seulement les meilleurs pokémons et ce, avant tous les autres. Pour ma part, j’étais convaincue qu’il devait y en avoir bien assez pour tout le monde et donc, c’est dans les derniers que je descendis du bateau pour m’aventurer dans le vaste champ fleuri. Il s’agissait d’un magnifique endroit, possédant mille et une couleurs et plus encore de variété de fleurs sauvages. Si seulement nous avions pu venir ici en une journée ensoleillée, peut-être alors aurions-nous pu réellement profiter de ce panorama. Quoi qu’il en soit, je marchai donc, me demandant jusqu’où j’allais bien pouvoir me rendre ainsi. Arriverais-je réellement jusqu’à cette fameuse zone mystère? Remarque nous devrions aussi traverser un marais pour y arriver et je n’étais pas certaine de vouloir me lancer là-dedans pour être parfaitement honnête. Je n’avais peut-être pas peur de me mouiller, mais l’eau d’un marais c’était autre chose, d’autant plus que je portais un œuf avec moi et que je n’avais pas de vêtements de rechange.

Et puis, de toute façon, il devait bien y avoir des Pokémons intéressants dans le champ aussi, non? En tout cas, j’en connaissais un qui aimait bien notre environnement actuel. Dès qu’Ouji-sama avait vu les fleurs, il avait quitté mon épaule pour se promener dans les fleurs, courant devant moi aussi vite que ses petites jambes feuillues le lui permettait. C’est amusée que je le suivais, gardant tout de même un œil attentif sur ce qui se passait autour de nous, plus loin dans la végétation fleurie. Je ne voulais pas manquer notre chance de capturer un Pokémon bêtement, juste parce que je n’aurais pas suffisamment porté attention à ce qui se passait autour de nous. D’ailleurs, parlant de ce qui se passait autour de nous. Plus loin sur notre droite, quelque chose sembla passer dans les fleurs, quelque chose de petit et de rapide. Je me mis sur mes gardes, tentant d’attirer l’attention d’Ouji-sama en murmurant son nom, pour ne pas non plus faire fuir l’autre Pokémon. Malheureusement, la petite plante verte n’allait tout de même pas aller à l’encontre des ses habitudes aujourd’hui et donc, il ne m’entendit pas du tout, trop occupé à découvrir les fleurs. Je maugréai aussi silencieusement que possible, maudissant ce satané petit prince qui n’était pas capable de faire les choses comme il faut et encore moins au bon moment. Silencieusement, je me déplaçai donc, espérant ainsi placer le Pokémon sauvage entre Ouji-sama et moi. Sans mouvements brusques, je me saisis d’une pokéball, prête à passer à l’action alors que ma cible venait de s’immobiliser.

- Ouji-sama, fouet-liane vers moi, au niveau du sol!

Le Snivy se retourna vers moi avec surprise, mais n’attendit pas avant de s’exécuter. Il n’était peut-être pas le plus obéissant des Pokémons, mais lorsque nous étions en situation sérieuse, je pouvais toujours compter sur lui et il me faisait confiance et ça, c’était le plus important. Ainsi, les lianes semblèrent atteindre leur cible puisqu'un petit couinement se fit entendre alors que les mouvements reprirent, vers ma direction cette fois, pour échapper au Vipelierre. Il ne fallu pas attendre longtemps pour qu’un petit Dedenne sorte des fleurs et arrive nez à nez avec moi. Il se figea un court instant et s’apprêtait à reprendre sa course, mais j’étais prête et je l’attendais de pied ferme. Ainsi, je lançai ma pokéball, espérant de tout cœur que nous allions réussir à capturer notre premier compagnon.

La balle blanche et rouge avait touché sa cible et l’avait absorbée en un rayon de lumière rouge. Je retins ma respiration alors que la tension était à son comble et Ouji-sama me rejoignit à la course. D’où il était, le petit Snivy n’avait peut-être même pas eu le temps d’apercevoir le Dedenne et il avait toujours été curieux de toute façon, il était donc normal qu’il s’empresse ainsi. La petite sphère roula sur la gauche, puis sur la droite, puis encore la gauche. Le petit rongeur électrique semblait bien décidé à ne pas se laisser faire et je fus frappée d’angoisse. Et si jamais j’échouais? Si jamais il arrivait à en ressortir? Aurais-je le temps de tenter ma chance à nouveau? De quoi aurais-je l’air si, à ma toute première sortie, je revenais les mains vides? Personne ne revenait jamais sans avoir capturé un nouveau Pokémon, c’était bien connu. Déjà que j’étais une Mentali et que je n’étais pas la plus compétente, si en plus je devais connaître un échec face à un Dedenne…

Sauf que non. La pokéball s’immobilisa avec un petit bruit et je restai plantée là à la regarder. Ouji-sama s’approcha de la balle, l’effleurant timidement de sa main feuillue avant de reculer rapidement vers moi et de se cacher derrière ma jambe. Je n’osai pas bouger, comme effrayée que le Dedenne ne m’échappe durant un instant d’inattention de ma part. Une minute passa, puis une seconde. Je baissai mon regard marron vers Ouji-sama qui, tout aussi aux aguets que moi, vint rencontrer mon regard. Nous passâmes quelques secondes à nous observer, avant d’éclater de rire à l’unisson. On l’avait fait! On avait attrapé un Pokémon et on était là à se dire que c’était pas possible. Le petit Snivy sauta dans mes bras et je le serai contre moi avec affection.

- On l’a fait, Ouji-sama! On a un nouveau compagnon!

Sur ce, je m’approchai presque en sautillant de la Pokéball afin d’aller la ramasser. J’observai un instant sa surface lisse, soudainement impressionnée par l’objet. En son intérieur se trouvait notre nouveau compagnon et je comptais bien en prendre grand soin. D’ailleurs, j’avais déjà décidé de son surnom. Spark. Satisfaite, je rangeai la balle à ma ceinture, puis me tournai vers mon Vipelierre à nouveau. Il était encore en pleine forme, il me restait deux pokéball vide et nous avions encore toute la journée devant nous. Ouji-sama sembla comprendre ce à quoi je pensais puisqu’il acquiesça joyeusement, battant d’un coup l’air de sa queue. Je m’accroupis donc et tendit le bras vers lui alors qu’il s’approcha à petits pas joyeux pour sauter et venir s’installer à sa place habituelle, soit sur mon épaule. Sans plus attendre, je me remis en chemin, en compagnie de mes deux compagnons et demi. Parce que bon, un œuf ça ne compte pas encore totalement, mais je ne pouvais pas non plus ne pas le compter. Et qui sait, peut-être aurais-je l’occasion de tester Spark en combat également? Bien qu’il serait peut-être plus sage d’apprendre à le ou la connaître avant.. Oh et puis osef, c’était le début d’une aventure, pas le moment de me poser dix mille questions et de m’inquiéter pour un rien.

Ainsi, nous poursuivîmes notre chemin et je me dirigeai vers la forêt, ne désirant pas faire mumuse trop près du lac. Certes, j’avais tout ce qu’il me fallait pour la capture de Pokémon eau, mais je n’avais ni canne à pêche, ni bateau. Le choix avait donc été vite fait. Nous nous étions donc enfoncés dans la forêt et j’étais restée à l’affut, bien que je ne tienne pas particulièrement à capturer un second Pokémon. J’étais surtout curieuse de savoir ce qui se trouvait dans la fameuse zone mystère, de l’autre côté de l’île. C’était pour moi une aventure et un défi et donc je serais très fière de moi si j’y parvenais ou plutôt je serais fière de note équipe. Parce que c’était bel et bien ce que nous étions maintenant. Finalement ça avait du bon d’aller effectuer une capture en plein nature et j’allais surement m’y adonner à nouveau dans l’avenir. En fait, la vie à l’Académie alliait le meilleur des deux mondes. Nous pouvions acquérir à la fois une formation sur le terrain et une formation théorique de très haute qualité. Décidément, mon père avait fait un excellent choix en m’inscrivant ici, me dis-je en quittant le bois pour découvrir le marais. Je m’arrêtai au bord de celui-ci, « admirant » le panorama….non…juste non. Il n’y avait là rien d’enchanteur, rien d’invitant, rien de beau. Tout ce que je gagnerais au mieux c’était une morsure faite par un Pokémon de type poison. Sur mon épaule, Ouji-sama n’avait pas l’air plus enchanté que moi et il commença a descendre sur mon bras, surement pour atteindre sa pokéball et donc, un abri.

- Tu peux pas me faire ça! On est une équipe, on doit affronter les moments comme ça ensemble. Pense à la zone mystère! Toi aussi tu es curieux, non?

Bien sûr, la curiosité l’emportait sur tout le reste et nous nous mîmes donc de nouveau en route alors que je tentai de passer par les chemins les moins salissants. En cours de route la pluie tomba un peu, pour ne rien arranger, mais au bout d’un peu moins d’une heure j’atteignais finalement les premières roches du massif. Je me laissai tomber sur l’une d’entre elle, vaste petit plateau rocheux, pour souffler un peu et me plaindre de la pluie, visage tournée vers le ciel. Ouji-sama en profita pour vérifier que l’œuf de Ditto allait bien et je me demandai durant un instant si je ne devrais pas libérer Spark pour faire connaissance. Néanmoins, mes pensées furent interrompues par un petit «pyyyy». Mon Snivy et moi tournâmes le regard à l’unisson pour découvrir un petit Pokémon bleu, semblable à un éléphant. Je m’armai de mon iPok et fut bientôt informée de son identité, soit un Phanpy, Pokémon de type sol. J’échangeai un regard avec Ouji-sama et nous savions ce que nous avions à faire. Le Pokémon sauvage s’apprêta à foncer sur nous à toute vitesse, peut-être bien parce que nous étions sur sa roche favorite ou quelque chose comme ça, allez savoir, et je réagis sans plus tarder, peu désireuse de me faire rejeter dans l’eau sale du marais.

- Utilise ton phytomixeur!

Ouji-sama s’exécuta, frappant le Phanpy d’un torrent de feuilles alors que je préparai une pokéball vide. Allais-je réussir à capturer deux Pokémons et ce, dans ma toute première sortie capture? Au moins après ça j’aurais une bonne raison de ne plus douter de moi, ne serait-ce que lors de captures.

J’avais tenté le tout pour le tout. Soit je revenais les mains complètement vides, sans même une pokéball vide sur laquelle pleurer, soit je rentrais triomphante et avec deux captures dans la même sortie. Heureusement, la sphère de capture avait touché sa cible –après tout l’effort que j’avais mis à la lancer ça aurait été plutôt honteux que je lance à côté- et une lumière rouge avait une fois de plus fait disparaître le pokémon dans la pokéball. C’était le moment de vérité. Un mouvement à gauche, un mouvement à droite, encore à gauche, un autre coup à droite… bon sang ça devenait long là! Aller, je devais savoir! Gauche, droite, gauche, non mais c’est un soldat ce pokémon ou quoi?! Le suspense était terrible, vraiment! Vous pensez peut-être que j’exagère, mais je vous jure que sur le coup, sur place, j’avais vraiment l’impression que ça ne finirait jamais. Heureusement, il fallait bien que ça se finisse un jour si on ne voulait pas passer 600 mots sur la gauche et la droite, bien que j’aurais pu vous faire un petit cours de politique si ça intéresse quelqu’un. Hum! Oui, narration! Ainsi, un bruit sourd se fit entendre et la balle cessa finalement de bouger. Notre réaction fut instantanée et Ouji-sama se jeta dans mes bras, pour la seconde fois aujourd’hui. Nous avions réussi et ce, par deux fois. Pour être bien honnête, rien n’aurait pu me rendre plus heureuse, sauf peut-être éviter ce qui allait suivre.

Oui bon, les choses sont bien faites, mais pas toujours tant que ça et donc, peu de temps après la fin du combat, je sentis de fines gouttes de pluie tomber sur moi. Je levai les yeux au ciel, d’abord souriante, mais le tout se changea rapidement en mini-dépression. Et là je parle de mon humeur, pas de la météo. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, la pluie tombait drue et je récupérai la pokéball du Phanpy à la course avant de reprendre mon sac et de me tourner vers…. Ah ouais, le marais. Merde. Bon, je ne pouvais pas faire grand-chose de plus. J’allais devoir me salir un peu et me montrer brave. Il était temps de faire une vraie petite Lara Croft de moi et traverser les épreuves qui étaient placées sur ma route, beau temps mauvais temps. Je serrai donc les dents, permettant toutefois à Ouji-sama de rentrer dans sa balle pour l’instant. C’était un peu démotivant de devoir traverser ça toute seule, mais je ne me voyais pas non plus lui imposer quelque chose comme ça. Heureusement, cette fois j’étais déjà salie et je n’en avais plus rien à faire, ce qui me sauva malgré tout un temps précieux dans les marais. J’imagine que je n’ai pas besoin de vous expliquer l’étendue de ma joie lorsque j’ai finalement atteint la forêt et, plus loin le champ fleuri. Je n’avais plus qu’une seule envie, courir jusqu’au bateau pour m’y laisser tomber, soigner mes nouveaux pokémons et trouver un endroit où faire un brin de toilette et ce, au plus vite.