La nuit est tombée depuis longtemps. Le cerveau tourné vers des pensées sombres et sanglantes, je regarde le plafond de la chambre de ma cabane avec nervosité. Ne pas s'endormir. Ne jamais faiblir. Les heures tournent, trop lentement à mon goût, et je me résigne au manque de sommeil. Des cernes bordent mes yeux, des gémissement épuisés s'échappent d'entre mes lèvres. Je veux dormir sans dormir, me reposer sans fermer les yeux. Ne pas faiblir. Je vais aller prendre l'air, ce sera sans doute plus utile que de rester la. Et puis l'air frais, la proximité avec la nature, le fait de marcher, et tout le reste me permettra de résister plus longtemps à l'envie de dormir.
Je suis revenu de ma sortie capture, mais je n'ai pas encore utilisé mon nouveau compagnon. Je le laisse la plupart du temps dans sa sphère de capture, ne m'en servant pas pour combattre puisque je ne tiens pas à faire perdre un bras ou une jambe à un éventuel rival. Je me contente de mes anciens compagnons, ceux avec lesquels j'ai l'habitude de voyager et de combattre. C'est sans doute la raison pour laquelle, lorsque je me relève lentement de mon lit, je prends toutes mes pokéballs sauf une. Le dernier arrivé dans mon équipe reste seul, enfermé dans une boule teintée de rouge et de blanc, sur ma table de chevet. Je gémis nerveusement, m'étirant de fatigue avant de gagner les extérieurs avec précipitation. Je descends sur le sol rapidement, m'éloigne le plus possible des cabanes tandis que des hauts le cœur me saisissent et s'accentuent au fur et à mesure que je cours. Je finis par trébucher et rends mes repas de la journée vers une série de fourrés, à genoux sur le sol, m'appuyant sur les mains pour ne pas chuter. La douleur qui me saisit dans la gorge suite aux vomissement me coupe la respiration durant un moment, et je suffoque sur place pendant plusieurs secondes. J'essuie mon front pourtant vide de sueur, et me relève avec lenteur en titubant.
Je marche pour essayer de penser à autre chose qu'a mon cher frère, à ces putains de cabanes totalement copiées sur le modèle de Cimetronelle, et mes pas me mènent du côté de la falaise, la ou les Sharpedos dissuadent à la nuit tombée chaque personne de prendre un bain de minuit. J'avance lentement dans les alentours, observant les horizons et finissant par y trouver une autre personne. Un éventuel insomniaque, un autre adolescent incapable de trouver le repos à travers nos locations de l'île ? Je souffle doucement entre mes doigts, attrapant un paquet de cigarettes dans ma poche droite, en séparant une de ses sœurs et la calant entre mes lèvres. Je replace les autres à leur place, avant de saisir un briquet et d'allumer la victime du moment, qui va se consumer dans mes poumons et mon corps.
Je reste à distance de l'autre pour le moment, pas pour lui éviter d'être importuné par ma fumée ou par le tabagisme passif, mais parce que je n'ai pas envie d'engager le dialogue actuellement.