Il faisait un froid de malade. Clairement. J'avais oublié de prendre des gants, car j'avais eu la flemme de les chercher, et mes doigts étaient désormais en train de geler. J'aurais dû prendre une veste plus épaisse. À côté de moi, Opale s'était gonflé pour se protéger et Chell galérait à cause du vent. Au moins, je me serais faite une petite idée de l'Alaska. Le paysage en moins. À vrai dire, là où on nous avait déposés ressemblait à un lieu où il avait eu une éruption de peinture, comme dans les dessins animés pour gamins. Des tâches de boues parsemaient le sol. Encore, si ce n'était que de la boue... Mais plusieurs, voir la plupart, de ces flaques, avaient des couleurs franchement suspectes. J'aurais bien éviter de m'y frotter, mais les vents sur les côtes étaient trop puissantes et j'avais finalement préféré rentrer un peu plus dans les terres, au grand désarrois de la petite Chinchidou. En effet, si traîner sa grosse écharpe immaculée dans la neige ne la dérangeait pas vraiment, la salir dans ces marécages étranges était hors de question. Et je la comprenais.
Au final, même s'il ne s'est pas passé grand chose, comparé au début de l'année, les vols de Pokémons a quand même rendu ma routine monotone d'étudiante un peu plus active. À se demander si c'était une bonne chose ou non. Un cri aigu me fit sursauter. J'avais manqué de marcher en plein dans une flaque de boue virant au violet flashy.
Dans la forêt, un point positif était que les arbres touffus avaient au moins le mérite de stopper le vent. Mais la navigation étaient bien plus... Périlleuse. Il n'était pas rare de trouver un marécage entre deux arbres, nous bloquant complètement le passage. Et je n'avais pas encore croisé une once de vie, mis à part mes propres Pokémons et quelques élèves de l'académie tout autant perdus que moi. Quelques-uns semblaient démoralisés. À la longue, je commençais à trouver ça agaçant. Ok, vous avez perdu un membre de votre équipe, et ? Le jour où vous perdrez un de vos proches, ça sera quoi ? Le suicide ? D'ailleurs, d'après certaines membre de mon dortoir que je ne citerai pas, un suicide collectif serait prévu entre quelques élèves devenus dépressif. Ouais, c'est des rumeurs, pas franchement crédibles, mais ne sait-on jamais.
Un cri m'alerta soudainement. Opale avait crié. Pourquoi ? Regardant autour de moi, je ne l'aperçue pas. À mes derniers souvenirs, elle avait grimpé dans les arbres pour moins se salir. Mais... Et maintenant ? Levant la tête, je parcourus quelques mètres en direction du bruit. Je n'arrivais pas à la localiser. Et enfin, je l'aperçus, accrochée à une branche, pendue dans le vide. Zut, meerde. Sautant pas dessus une flaque de boue, je tentai ensuite de sauter pour la décrocher. C'était con, oui. Regardez la hauteur de la branche, regardez ma taille, et comprenez. Heureusement, Chell m'aida. Me soulevant par ses pouvoirs psychiques, je parvins à la hauteur d'Opale. Seulement, à peine l'eus-je libérée que mon starter me lâcha. Une bourrasque, sûrement. Et je me retrouvais à chuter de deux bons mètres. Au moins, il y avait de la neige. Et dans le pire des cas, je tomberai dans un marécage. Je fermai les yeux et criai, effrayée.
Si je m'en sors indemne...Et ce fut miraculeusement le cas. Je me heurtai à une surface douce et chaude. Mais semblerait-il que cette même surface fut projetée sous mon poids. Reprenant mon souffle, j'osai enfin regarder autour de moi pour comprendre un peu la situation. Opale semblait un peu mécontente, mais reconnaissante en même temps. Tant mieux. Et c'est alors que de nouveaux cris de détresse retentirent. Mais c'était quoi ce bordel, bon sang ? Toujours assise, je regardai par-dessus mon épaule. Je me trouvai à quelques centimètres d'une pente raide. Et une tracée se distinguais, depuis là où je me trouvais. Suivant cette tracée du regard, mes pupilles se posèrent finalement sur une Lockpin qui se démenaient dans l'eau gelée. Mes mains vinrent se plaquer devant ma bouche. Quelle boulette ! Et c'était à cause de moi ! Me relevant d'un bon, je tentai tant bien que mal de descendre vers la berge à mon tour, sans trop me casser la gueule. Et ensuite ?
Je regardais autour de moi, paniquée, pendant que ma pseudo sauveuse, elle, était en train de se noyer. Chell ! Oui, Chell ! Mais ma voix se fit emporter par le vent. Je n'avais aucune idée d'où elle se trouvait et seule Opale apparaissait dans mon chant de vision, au sommet de la pente, me regardant sans trop comprendre. Il y avait bien une solution, mais... Une de mes mains avait déjà sorti une Pokébal de mon sac. Et je la balançai sur la Lockpin. Alors que j'observais la sphère absorber la lapine dans une lueur rougeâtre, un grand sentiment de malaise me prit. J'étais horrible, une vrai égoïste, de camoufler une capture par un sauvetage. Horrible.
[Lancer d'une Pokéball]