01.12.2014. « Mais j'ai une tête à aller faire danser les gens, espèce de bestiole débile ? »Il s'en tape, le secrétaire du vice-directeur qui me remet l'ordre de mission. En plus d'être gratte-papier, il fallait aussi qu'il soit stupide. Je gonfle les joues avec nervosité et je m'empare du papier avec humeur, cherchant à comprendre pourquoi ce genre de punition s'abat sur ma personne et non pas sur un autre étudiant. C'est vrai, nous sommes des dizaines dans cette académie, peut être même quelques centaines et il fallu que parmi six dortoirs masculins et féminins, le hasard tombe sur moi. Lassé, je regarde une nouvelle fois l'intitulé avec dégoût. Allez amuser les gens dans un bar populaire de Lansat ! Allez faire le handicapé mental en compagnie d'une troupe de Lombres ! Et pourquoi pas boire le contenu des chiottes pendant une semaine ? Non, sérieusement... Je suis écœuré et la seule explication que je vois pour subir une telle punition, c'est que j'ai insulté le Général hier dans l'après midi, qu'elle est venue se plaindre de moi à la direction et qu'ils en ont profité pour me mettre dans des missions totalement débile. Je soupire, nerveusement, caressant la sphère de capture de Tyran du bout des doigts de la main droite et froissant le papier d'un geste sec de la gauche avant de le fourrer dans ma poche. Je suis en compagnie pour cette... œuvre de charité – je ne trouve aucun autre mot pour désigner la situation – d'une certaine Amethyst Fox que je dois rejoindre à 14 heures 30 à l'arrêt de bus. Nous serons en ville une petite vingtaine de minutes plus tard et nous n'aurons plus qu'a trouver le restaurant proposant l'animation aux quelques touristes et habitants qui s'y seront inscrits. Merde quand même, c'est pas ma veine d'être tombé la dessus. Je gagne le dortoir des Noctalis, m'enfermant dans ma chambre et regardant fixement le plafond après m'être jeté sur mon lit. Mes bras se croisent sous mon crâne et je fais sortir Tyran de sa sphère de capture, en attendant patiemment l'heure de gagner l'arrêt de bus à pied.
La jeune fille qui doit m'accompagner durant cet acte de charité est bien dotée d'une vingtaine de centimètres de moins que moi, si ce n'est plus. Des dizaines de mèches de cheveux roses persan tombent en cascade sur ses épaules ; et son air délicat ainsi que la douceur physique qui se dégage d'elle, qui s'élèvent dans les airs comme des effluves d'innocences que les hormones et les angoisses de l'adolescence n'ont pas encore perverties, me font penser qu'elle n'a pas encore atteint ses quatorze ans. Je m'attarde sur elle, puisque je vais devoir passer les prochaines heures en sa compagnie et je la détaille de haut en bas, comme un morceau de viande sur le marché, comme un animal que l'on va acheter dans un élevage professionnel. Oui... Elle est plus jeune que moi, bien plus jeune. Je souris, d'un air frimeur, sans lui tendre la main, sans lui faire la bise – autant une poignée de main aurait pu convenir si je n'avais pas été dans une mauvaise passe avec cette mission, autant je ne m'attarderais pas sur l'enfantillage de l'embrasser sur la joue.
« Nox Hawkins, du dortoir Noctali. Toi aussi, on t'as collée à l'animation ? Qu'est-ce que tu as fais de mal sous tes airs délicats et innocents pour en arriver là ? »Mon visage blasé, le manque de lueur et d'animation dans mes yeux autant que mes paroles doivent bien vite lui faire comprendre que je ne suis pas volontaire pour cette mission. Je n'accorde que peu d'importance à sa personne et, quand le bus arrive à notre hauteur, je vais m'asseoir dans le fond en compagnie de Tyran et de mon Scalpion. Déjà, les pleurnichements des étudiants ayant perdu un de leur compagnon il y a bientôt une de jours m'ont lassés ; et je n'ai aucune envie de perdre mon temps à discuter avec cette jeune personne si c'est le cas pour elle. Qu'elle soit malheureuse si elle le souhaite, cela m'importe peu. Le trajet se fait ainsi, Tyran et Scalpion auquel je n'ai toujours pas trouvé de surnom cherchant à me distraire de ma froideur en faisant des grimaces aux quelques passagers mais n'y parvenant pas. Je reste assis sur les banquettes du fond, croisant les jambes devant moi à défaut de les mettre sur les deux sièges à droite ou à gauche, m'ennuyant plus qu'autre chose tandis que mon regard se perd dans la brume et la neige qui enivrent les horizons. Je soupire et pourtant, bientôt, nous sommes arrivés. L'arrêt, dont je ne retiens pas le nom inscrit sur le panneau, de la zone commerçante de la Ville nous force à descendre, moi et ma camarade. Deux gamins punis, voilà sans doute ce que nous sommes. Tyran reprends sa forme de gelée rosâtre, Scalpion m'emboîte le pas comme un fidèle protecteur d'acier et ma partenaire... Je ne sais pas ce qu'elle fait et je m'en fiche bien. Je marche sans même trop la regarder jusqu'au restaurant, qui semble un endroit assez luxueux. Scalpion, qui semble n'avoir jamais vu de neige ce qui n'est pas étonnant vu l'endroit d'ou il vient, s'amuse comme un mioche dans la poudreuse, traçant en marchant à reculons des sillons sur la couche blanche qui nous entoure et qui domine les routes. Son attitude puérile et enfantine me fait sourire, hélas ! pour la première fois de la journée. Sa candeur m'amuse malgré moi mais je le hèle bien vite, décidé à reprendre mon attitude austère de tout les jours. D'ailleurs, je suis arrivé devant le restaurant dans lequel nous devons aider. J'entre sans frapper, observant la salle avec intérêt et m'adressant à la première personne que je vois derrière le comptoir.
« Nox Hawkins, de l'académie Pokémon Community. Nous avons été envoyés, ma camarade qui ne devrait pas tarder et moi même, pour préparer et animer une soirée. Voici notre ordre, d'ailleurs. »Je lui tends le papier, assez froissé et abîmé, que le Togepi secrétaire m'a offert contre mon gré et que je ne tenais au reste pas à conserver. L'adulte, un homme d'une trentaine d'années au plus, hoche la tête tout en le lisant et me prévient qu'il va prévenir ses patrons, au moment ou Améthyst, je crois, entre dans la pièce. Tyran, pour s'amuser, prends la forme de son Feunnec qu'elle n'a pas quitté depuis que je l'ai vue pour la première fois à l'arrêt de bus. J'attends, concentré et nerveux, qu'on sache ce que l'on doit accomplir en espérant que ce ne sera pas compliqué.
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