Je suis un petit génie. Enfin, mes parents disent ça. Mon niveau était soit disant trop élevé lorsque j'étais enfant pour intégrer le cycle d'un jeune écolier. Travaillant à la maison sous la tutelle de plusieurs professeurs très chevronnés dans leur spécialité, j'ai pu acquérir les bases essentielles d'un enfant de quinze ans. Ayant été enfermé et coupé du contact des autres jeunes de mon âge, j'ai développé ce que l'on appelle une solitude chronique. Je n'apprécie pas le contact des êtres humains. Rien que de croiser leur regard me débecte et je ne sais pas pourquoi... Cela est sûrement dû à toutes ces paroles que mes géniteurs m'ont fait avalées. Seul les pokémons arrivent à me détendre. Qu'ils soient bons ou mauvais, j'éveille ma curiosité au maximum afin d'en apprendre plus sur leur mode de vie qui me fascine tant. C'est étrange à expliquer, je vous l'accorde mais ils me font oublier mes problèmes et seuls eux arrivent à m'assagir.

Ce n'est pas que je suis quelqu'un de pénible, non. Cependant, les humains ont le chic pour venir se moquer de mes capacités intellectuelles tout en voulant montrer qu'ils sont les plus forts. Les adolescents sont horribles. Combien de fois suis-je rentré les yeux trempés à cause de leur mesquinerie ? A force de représailles, j'ai acquis une volonté de fer ainsi qu'un esprit combattif pouvant aller jusque dans les cas extrêmes. On ne touche pas à ceux que j'aime et on ne se moque pas de moi, c'est simple. J'ai choisi d'être solitaire et ce mode de vie me convient tout à fait. Seul sur les bancs du parc accompagné la plupart du temps par un livre sur l'étude des pokémons, c'est ma façon à moi d'aimer ma passion. Alors veuillez abandonner de suite l'idée de m'importuner ou je risque de ne pas mâcher mes mots.

Une voix calme et douce. On confond souvent le timbre de ma voix avec celui d'une petite fille. J'ai l'impression d'être le seul adolescent à ne pas avoir mué, c'est frustrant. Mon regard est vide. On ne ressent pas cette goutte d'excentricité en moi. Je suis quelqu'un de plat apparemment. C'est ce que l'on me disait à la maison. Ma timidité réussit aussi à me jouer des tours. Etant quelqu'un de naturellement réservé, j'essaie d'éviter au maximum de m'attirer des ennuis. Malheureusement, je remarque que même en tentant d'effacer ma personnalité du monde humanoïde, on me cherche toujours des noises. Aux premiers abords, je suis pacifiste. On me laisse tranquille, je vous laisse tranquille mais ces jeunes pré-pubères veulent à tout prix être plus fort les uns que les autres. Et pour montrer leur force, ils n'hésitent pas à s'attaquer aux plus faibles comme moi. Misérable.

Je ne parle pas souvent c'est vrai. De nature effacée, j'apprends à me faire tout petit pour éviter les choses de la vie mais ma franchise s'en mêle à chaque fois. J'ai la faculté de démêler le vrai du faux... C'est assez pratique ma foi. J'abhorre tous les mythomans ainsi que ceux qui pensent avoir tout vu et tout fait au cours de leur vie... Même si ils n'ont que quinze ans comme moi. Alors, à cet instant, je n'hésite pas à remettre les pendules à l'heure.

Pour conclure, je dirais que je ne suis pas quelqu'un de sociable. Et je sais que je vais être obligé de le devenir... Depuis que j'ai appris que l'on m'expédiait dans une école de Pokémons. Alors, ne venez pas me parler et tout se passera bien. Comme pour vous que pour moi.

" Je ne veux pas y aller. "

Les caprices d'un jeune garçon de famille aisée. Etant habitué à ne pas aller à l'école, j'en ai complètement oublié le contact humain. C'est lors de cette période à vrai dire que l'on se fait nos premiers amis, nos premières expériences en tant qu'élève. A part avoir plusieurs tuteurs pour surveiller mon éducation au cours de ces treizes dernières années, je ne me suis fais aucun amis. C'est peut-être pas plus mal d'un côté, si ?! Maman me rappelait sans cesse que placer sa confiance et ses espoirs dans les mains des autres risquerait de parvenir à ma perte. De me méfier constamment des demoiselles qui n'hésitent pas à se servir de la gentillesse trop prude d'un jeune garçon. Elle ne cessait de me raconter ses amours de jeunesse et comment cela se déroulait. Il était clair que je ne voulais pas m'attacher à ces ridicules êtres humains. Grattant le papier pendant des heures et des heures à la recherche de bonnes notes et de connaissance, j'avalais des kilos de livres et de documentations pour être à la pointe de la culture concernant les pokémons. C'était devenu une drogue pour moi, une addiction. Lorsque je sortais de chez moi, c'était pour en apprendre plus sur eux. Les informations sur papier, c'est très pratique mais rien ne vaut l'expérience sur le terrain.

Dans ma chambre se trouvait des posters, des croquis de pokémons. Le bureau quant à lui était jonché de feuilles vierges ou d'esquisses ratées. La lampe brillait quasiment toute la soirée plongeant alors la pièce dans une luminosité permanente. Cette pièce était devenue mon refuge, mon chez moi. C'était là que tout se déroulait. Posant sur papier les informations que j'eus recueilli au cours de la journée, j'arrivais à faire des plans pour savoir leur mode de vie. Toutes mes recherches se tenaient à l'intérieur d'un classeur rouge. Il est vrai que pour mon âge, je suis quelqu'un de très avancé et sérieux intellectuellement. Malheureusement, j'ai encore moulte choses à apprendre avant de me prétendre un véritable chercheur pokémon.

Je le savais. J'appréhendais énormément cette journée. Le dos sur mon lit, contemplant alors le plafond, je réfléchissais au déroulement de cette fameuse journée. Dans quel dortoir allais-je être affecté ? J'espérais ne pas me retrouver avec ce gars typique que je déteste. Arrogant et mesquin à la fois quoi car sinon c'est sûr que le courant ne passerait pas entre nous. Je n'eus pas d'autres choix que de m'inscrire dans cette école. N'étant jamais allé dans le système scolaire, je me posais plein de questions... Les gens seraient-ils sympa envers moi ou bien tout le contraire ? J'avais peur à vrai dire. Mes genoux tremblaient et je tentais de chercher désespérement les bras de Morphée mais rien à faire. Je sais que je devrais être content d'être admis dans cette école surtout que c'est l'une des plus réputée à ce que l'on raconte. C'est juste le côté relationnel qui me posait d'énormes problèmes. Les cours, je sais que j'allais adorer ça. Pareil lors des après-midis de libre... Malheureusement, l'inquiétude me gagnait de plus en plus...

" C'est l'heure de se lever Solal."

Ca y est. Moi qui d'habitude me levait avant tout le monde, aujourd'hui c'était très différent. Mon sac de cours sur mes épaules. Mes affaires dans le coffre de la voiture pour se rendre jusqu'au ferry le plus proche afin de voguer jusque sur l'île. Je savais que je n'allais pas revoir mes parents pendant un très long moment. Mais ça ne me faisait rien. Aucun choque. A vrai dire, je ne suis plus tellement doué pour ressentir la moindre émotion, c'est comme ça. Jetant un dernier coup d'oeil à ma chambre, je me mis à claquer la porte exprimant alors mon mécontentement. C'était clair, je ne voulais pas aller dans cette "école". Malheureusement, impossible de faire machine arrière.

"On est parti."

Et à cet instant, à peine la porte passée, je me mis à soupirer. C'était un supplice. Allez, on y va.