Le soleil illuminait, malgré quelques nuages épars, une mer calme dont les douces vagues s'échouaient gracieusement contre la coque du bateau estampillé aux couleurs de notre académie. L'excursion au quelle j'assistai avec mes camarades de classe visait la capture de pokémon, c'était la première expérience d'une longue série selon le désir des organisateurs. L'excitation me parcourait l'échine, enflammait mes jambes et emballait mon cœur en manque d'aventures, je mourrai d'envie autant le dire franchement de fouler cet endroit mystérieux d'un pied ferme et résolu. Le vent s'engouffrait violemment dans mes vêtements, m'obligeant à garder les mains sur mon turban pendant que je traversai le pont de part en part attiré par la cohue qui s'était formé sur la proue. Le vice-directeur s'y improvisait guide touristique pour l'occasion, l'île de Mepo en toile de fond. Jouant des coudes, je me frayai un chemin jusqu'au premier rang agglutiné contre les barrières de sécurité afin d'observer les lieux paradisiaques. Une myriade de palmiers accueillait les visiteurs dans un décor de carte postale, encerclant une plage solitaire aux reflets turquoises dépourvue de la moindre trace de civilisation. Un sourire se peignit sur mes lèvres, en repensant nostalgique à mon désert natal qui subissait les conséquences toujours plus sanglantes des viles aspirations politiques des deux villages l'environnant. Après un moment de léthargie, plongée dans mes pensées, je me résignai à emboîter le pas aux autres élèves de ma démarche claudicante, soutenu par une canne.
Quelques minutes plus tard et mes sandales foulaient le sol. Jusqu'à seize heures, j'avais carte blanche pour explorer cet île et accessoirement réaliser une capture. Inutile de préciser que je ne comptais pas revenir bredouille, quoi qu'il eut coûté. Tout le monde s'engouffra dans les bois et disparurent promptement entre les branchages et autres feuillages touffues que la forêt recelait, je les talonnai avec une longueur de retard en raison de mon infirmité. Une longue et périlleuse marche à travers les bois m'attendait sur des sentiers jonchaient de nid-de-poule qui me contraignaient à une vigilance accrue. A mesure de ma progression, je regrettai de ne pas m'être contenté de suivre l'orée du bois, en restant à proximité de la plage. Plusieurs fois, le pan de mes vêtements se prirent dans des écorces ou des buissons épineux; je fulminai, pestai, crachai et poussai des jurons à haute voix aussi fort que mon larynx me le permettait. En transpiration, je décidai de m'accorder une halte. Laissant choir sur le sol mon sac accroché en bandoulière après en avoir préalablement extirpé une gourde, je m'assis sur une souche d'arbre pour me désaltérer laissant le liquide échouait pour partie de part et d'autre de ma bouche, ponctuant ma soif étanchée par un rot et un profond soupir. Ni une, ni deux; ce fut au moment où je songeai à faire volte-face pour rebrousser chemin qu'un buisson s'anima bruyamment... Je posai précipitamment ma main sur la sphère bicolore, rouge et blanche, qui contenait mon Rapion pour la balancer à proximité de la zone de danger « Cyanure, la chasse est ouverte! » m'enquerrai-je à son adresse avec un sourire mauvais , fronçant les sourcils.