"Ne t'approche pas d'elle, son souffle est comme un poison."
 De telles paroles pleuvent sur moi et me transpercent à cause de mon physique. Je n'y suis pour rien hélas, qu'aurai-je donner pour ressembler à la première midinette venue... Mais le destin ne m'écoute pas et ne m'a même jamais écoutée. Comment expliquer autrement ce à quoi je ressemble ?
 Certes, je ne suis pas laide à proprement parler, mais il aurait mieux valu c'est certains. Non, c'est plus insidieux que cela. Je suis étrange, quelque chose dans mon physique ne colle pas. Je parais parfaite mais on dirait pourtant, à me regarder, qu'il y a quelque chose de travers. Est-ce dû à ma silhouette longue et élancée ? Mes cheveux de jais ondulés ? Mes yeux d'un bleu transparent ? Mon visage fin ? Ma peau blanche ? Certainement s'agit-il d'un tout. J'incarne donc une sorcière dans l'imaginaire collectif de mes concitoyens.

 Je ne peux me fier à personne ; comment être certaine que les gens ne se rapprochent pas de moi pour savoir si je suis véritablement une sorcière ? Le mieux est encore de ne croire personne. J'ai déjà des amis. J'ai mes pokémons adorés. Eux me comprennent et ne me jugeront jamais. Ils sont ma force et savent me redonner du courage pour affronter le regard des autres. Je leur donne tout mon amour et pour les autres il ne reste que mon venin de sorcière.

 Ah ! Que les gens de Lavanville m'aime. Et c'est peu dire ! Au point que je rameute les gens à des kilomètres à la ronde, facile ! Ça serait tout de même agréable que ce soit pour autre chose que de me traiter de sorcière ou de monstre (en général ça s'arrête à ça, les gens d'ici n'ont pas un champ lexical très varié).
 Aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours voyagé. Un jour à Poivressel et la semaine suivante à Renouet. C'était mon quotidien : être baladée de ville en ville, au grès du cirque où travaillaient mes parents. Le Cirque Némélios était connu de de Kanto à Kalos. Les villes du monde entier espéraient avoir un jour la chance de voir le cirque près de chez eux. Et quand, enfin, il apprenaient que la troupe était dans la région, ils parcouraient des centaines de kilomètres pour pouvoir les voir. Devant l'immense chapiteau à peine dressé, les gens se pressaient et parlaient avec enthousiasme des numéros dont ils avaient entendu parler : Archimède, le Galopa qui savait compté. La voluptueuse Candélia et son numéro d'effeuillage sensuel avec son Laporeille. Hupnosis, le Noarfang qui vous hypnotisait et était capable de parler à travers vous (c'est ce que disait la rumeur). Le numéro de trapèzes volants des jumeaux Axel et Carla aidés de leur Roucarnage et Altaria. Et biensur, le plus fameux de tous, celui sans lequel le Cirque Némélios ne serait pas : la Cage aux Némélios. Mon père était à la fois Monsieur Loyal et ma mère l'une des plus célèbres dresseuses de pokémons de type feu. La Cage était pour elle l'épreuve ultime permettant de voir si ses pokémons la respectaient et la considéraient comme leur chef. Les PokéBalls était selon elle une entrave à leur fougue et à leur passion. Ils étaient ainsi plus impressionnants et majestueux. De quoi donner des sueurs froides à n'importe quel quidam se targuant d'avoir tout vu.
 Indiscutablement, la belle Maria était une femme forte aux idées bien arrêtées. Et ça avait toujours été ainsi. Ainsi, lorsqu'elle avait un jour rencontré cet étrange homme marchant sur les mains et jonglant avec les pieds (en fait il s'agissait de son Kécléon dissimulé derrière lui qui jonglait), elle était résolu à faire de lui son époux. En tout cas, c'est ce que elle voulait mais le pauvre homme, lui, fut quelque peu récalcitrant. Il est vrai que voir arriver une grande femme aux cheveux semblable à une crinière d'un blanc opalin peut surprendre sur le coup... Pauvre Siméon.
 Mais malgré cet étrange rencontre, mes parents s'aimaient d'un amour profond et sincère. Les talents de détournement et de mise en scène de mon père lui permirent d'entrer dans le cirque et bientôt son bagou lui valu la place de Monsieur Loyal. Et, quelques années plus tard, je naissais. Ralph Uni, petite fille aux cheveux noirs et yeux livides. Par tradition, ma mère m'offrit à mes cinq ans mon premier pokémon : un Goupix. Je l'appelai Juuki. Elle n'était qu'une jeune femelle issu de la dernière portée du Feunard du cirque et elle était trop faible pour se nourrir seule. C'est ainsi que j'appris l'élevage de pokémons. Petit à petit, elle grandit et devint plus forte et aussi plus indépendante. Elle fugua à plusieurs reprises. Ma mère m'en voulu quelque peu, mais je décidai de capturer Juuki dans une PokéBall afin de pouvoir créer plus facilement un lien avec elle. Juuki fut rejoint quelques années plus tard par Amarillo, un Passerouge capturé lors d'un passage du cirque à Kalos.
 Ma mère a toujours voulu que je trouve moi-même ma voie. Le trapèze, le jonglage, la gym, le dressage... Rien de tout cela ne m'intéressait vraiment. Mais un jour, alors que nous étions à Doublonville, un réalisateur de documentaire à voulu réaliser un film sur le Cirque Némélios. J'étais fascinée par l'affairement qu'il y avait autour de tous ces objets inconnus pour moi. Voir cet homme diriger toute cette troupe confuse, ça semblait génial. J'avais trouvé ; je voulais devenir réalisatrice.
 Hélas, ce fut peu de temps après qu'un drame se produisit. Toujours aussi populaire, le Cirque Némélios enchaînait les tournées. Ma mère, toujours aussi splendide, savait capter l'attention comme personne avec ses fauves de feu et jouait avec ces puissantes créatures comme si c'eut été des Skittys. Mais son impudence fut finalement ce qui causa sa perte ; un jeune Némélios dont c'était le premier spectacle, rata son Lance-Flamme et mit le feu à la toile du chapiteau. Tout le monde réussit à sortir malgré la panique...sauf ma mère. Nous n'avons jamais réellement compris, avec mon père, comment ça avait pu se terminer ainsi. Toujours était-il que le Cirque Némélios n'était plus que cendre et désolation. En hommage à Maria et pour continuer leur œuvre, mon père et la plupart des gens du cirque en créèrent un nouveau : le Cirque Floette.
 J'ai préféré partir et retourner dans la ville natale de ma mère : Lavanville. Je ne connaissais rien de ce lieu, je ne savais pas que les habitants étaient pétris de superstitions et tellement renfermés sur eux-même au point d'ignorer l’existence des autres régions. Je suis vite devenue une curiosité, puis un monstre à éviter. Malgré l'hospitalité laissant à désirer, j'aimais à flâner dans la ville. La Tour Pokémon, ma mère m'avait parler du temps où, plus jeune, elle y allait de nuit afin d'essayer d'y voir un fantôme, était maintenant une tour radio. Impossible d'y aller. J'adorai aller chez M. Fuji, l'une des rares personnes à ne pas fuir ma présence. Nous avons souvent discuté. Lui de ma mère et de sa complicité avec les pokémons et moi des centaines de villes que j'ai vu. Jusqu'au jour où, un soir de légère déprime, il me confia un jeune pokémon blessé, un Spectrum qu'il avait retrouvé près de la route 8. Sûrement  des gamins qui lui avait jeté des pierres avait-il dit. Ainsi B.J. Rejoignit-il mon équipe.
 Aujourd'hui, j'ai pris ma décision, je quitte cette ville de fou. Je veux recommencer ma vie à zéro. Mon père, sachant ma situation, m'a conseiller l'Ile Lansat. Je serai vite renseignée sur les autochtones.