Il s'appelait donc Paul. Lui et Victor partageaient un enthousiasme excessif à l'idée de faire cette mission, enthousiasme qui n'avait en aucun cas été impacté par l'allure des deux briscards qui avaient demandé leur aide. En bons Voltali qu'ils étaient, ils ne s'étaient pas permis de juger leurs mentors d'un jour par rapport à leur apparence. Ou bien pas de manière négative en tous cas.
Tandis que le petit Paul se présentait à son tour aux deux pêcheurs, Victor bloqua son regard sur les mains du plus costaud des deux. Elles étaient massives, et devaient peser à elles seules le poids du jeune garçon. Toutes abimées, elles ressemblaient à deux pattes d'Ursaring, et l'attaque "Griffe" de cet aventurier devait être bien plus puissante et effrayante que celle d'un modeste Fouinette. Victor considéra d'ailleurs sérieusement la question, s'imaginant aisément le bibendum affronter à mains nues des Pokemon. Par contre, pas dit qu'il tienne dans une Pokeball.
Les deux pêcheurs avaient l'air un peu déçu de la carrure des renforts qu'ils avaient reçus de la Pokemon Community, mais ça, Victor ne s'en rendit pas compte. Tout pimpant, il les suivit jusqu'à leur embarcation, leur hollandais volant à eux, dans lequel ils avaient du vivre toutes leurs aventures !
Ah ça c'était sûr, ce bateau (et encore, le terme bateau ne convenait même pas tout à fait) avait du en voir des vertes et des pas mures. Surtout des pas mures en fait, vu son état. Paul et King marquèrent un coup d'arrêt lorsque les deux marins montèrent à bord, les invitant à les rejoindre. A vrai dire, Astra était du même avis qu'eux, trainant dans les pattes de Victor afin de le ralentir, pas convaincue que ce soit une bonne idée d'amarrer dans une telle bicoque.
Mais visiblement, Paul voyait lui aussi le verre à moitié plein, qualifiant l'après-midi qui les attendait, non sans une certaine pointe d'ironie, de "croisière de luxe".
- Ca va être TROP CHOUETTE ! Dites messieurs, vous avez attrapé beaucoup de Pokemon dans ce bateau ? Il a l'air d'avoir croisé du Léviator, non ? Et c'est quoi le programme ? Et la technique que vous deviez nous enseigner ? Cékoi cékoi cékoii ?
Sans crier garde, Victor sauta dans l'embarcation, pas inquiété par le craquement du bois pourri sur lequel il atterrit. Les deux adultes étaient partagés entre l'amusement provoqué par autant d'énergie et de bonne volonté, et le dépit d'avoir pour partenaires de pêche deux gamins ayant encore un peu de lait sur le bout de son nez.
- Ahah, ça vous intrigue ça, pas vrai ? Aujourd'hui, on va pêcher des Pokemon, mais pas n'importe lesquels ... Nous allons traquer les poissons les plus rares qui peuplent l'océan, aux couleurs chatoyantes, aux écailles envoutantes. Oubliez tout ce que vous savez, car ce sont des Pokemon rares, ne ressemblant à aucun autre, que nous allons ferrer. Laissez-moi vous expliquer une technique ancestrale permettant d'attraper des Pokemon chromatiques !
La bouche grande ouverte, les yeux brillants, Victor avalait les paroles des deux briscards. Il dut se faire violence pour contenir l'explosion qui se déroulait en lui. Il n'était pas sûr du tout d'avoir tout compris, mais quand même, ça avait l'air franchement wahou wahou. Victor n'était pas sûr de savoir ce qu'était un Pokemon chromatique. S'ils faisaient référence à ces Pokemon aux couleurs uniques, différentes de celles de leurs pairs, alors le Voltali en avait croisé à la Pokemon Community, de loin, jamais très sûr de ce qu'ils étaient : des Pokemon lambda complètement grimés et maquillés, ou bien des Pokemon uniques et rares. Vraisemblablement, l'explication des marins laissaient penser qu'il s'agissait de la deuxième option.
- Wahoo trop bien trop bien c'est dingue ! Et comment on fait ça ? On part pour la pleine mer ?
Le mastodonte explosa d'un rire gras et bruyant, finissant par s'étouffer à moitié, avant de reprendre ses esprits. Il tendit à Paul et Victor une canne à pêche qui était au moins en aussi bon état que le bateau sur lequel ils avaient embarqué, et lui répondit :
- Ahah non, la technique, c'est de rester là et de ne plus bouger. On lance la canne et on attend. Je pense que vous en aurez assez d'une pour deux. C'est parti.
Ni une ni deux, les deux habitués accrochèrent leur mouche et lancèrent leur ligne. Puis plus rien, le calme, l'attente.