Depuis quelques minutes, Cabriolaine ne tenait plus en place. Son petit quart d’heure de folie pure, sans doute. Ses sautillements à travers toute la chambre commençaient à agacer le docile Achille, qui finit par lâcher une Sécrétion sur la truffe de Yakuru pour qu’il se calme. Malheureusement, cela eut l’effet inverse. Alors en train de se changer rapidement, Eryn vit son Cabriolaine se cabrer d’un coup en glapissant de peur. Ses sabots heurtèrent le mur, et le tableau accroché trembla, de même que la fenêtre, et le pot de fleur posé dessus. Mais ce n’était pas n’importe quelle fleur. Sa précieuse Gracidée chutait vers l’avant. Avec un couinement de frayeur, Eryn lâcha ce qu’elle tenait dans les mains, à savoir son pull, et tendit le bras vers le pot de fleurs qui chutait vers le sol. Avec fracas, il se brisa sur le parquet, répandant de la terre tout autour de lui. Tous les regards se braquèrent alors sur la Gracidée, maintenue dans les airs par le seul pouvoir psychique de la Mentali. Lentement, la fleur s’éleva, et se dirigea mollement vers la main d’Eryn pour se poser dedans. La Mentali lâcha alors un soupir de soulagement, repris par tous les Pokémon de sa team. Si la fleur s’était abîmée … Ca aurait été un désastre.
« Yakuruuuuuu ? »
Sentant venir la foudre, le Cabriolaine cessa de secouer sa tête pour enlever les fils de soie, et s’écrasa au sol en couinant des excuses. Sa dresseuse soupira de nouveau en fermant les yeux, puis se tourna pour ressortir du terreau et un pot de fleurs. Avec précaution, elle rempota sa précieuse fleur et l’arrosa soigneusement, pendant que le Cabriolaine, pour se faire pardonner, tentait de rassembler pot brisé et terre répandue en un petit tas, qu’Amaryllis mettait dans une pelle à l’aide d’une balayette pour tout jeter à la poubelle. Sa team Plante était fantastique. Avec soulagement, elle glissa son doigt sur un des pétales de sa fleur. L’abîmer aurait été tragique. Sa Gracidée venait de Flloraville, et c’était la fleur dont elle prenait soin depuis qu’elle était petite. C’était avec d’infinies précautions qu’elle l’avait ramenée à l’école, et chaque Pokémon de sa team avait très vite compris qu’elle tenait à sa fleur plus qu’à sa propre vie. Même la Miaouss, échangée quelques jours plus tôt, n’avait jamais eu l’idée saugrenue d’y poser une patte, sachant que si elle s’y risquait, le pouvoir de son ancienne dresseuse la tuerait l’instant d’après. Avec douceur, Eryn attrapa le pot de fleurs et le plaça en hauteur, où le Cabriolaine ne pourrait pas le toucher.
« Bon allez, on sort, avant que tête de mule ne casse un nouveau truc ! »
L’équipe marqua son assentiment, et en quelques minutes, ils furent tous dehors après que la Mentali ait fermé la porte à clé. Pourquoi n’irait-elle pas un lac ? Ca faisait longtemps qu’elle n’y était pas allée, en plus. D’un pas tranquille, la jeune styliste se mit en route, après avoir tâté son sac pour s’assurer qu’elle avait bien tout ce qu’il lui fallait, à savoir ses gâteaux et son thé. Pique-nique au bord du lac, yay ! Cependant, alors qu’elle arrivait au lac, ce fut pour voir que la place qu’elle convoitait était déjà prise par une fille qu’elle connaissait vaguement. Le Marisson, là … Elle l’avait déjà vu quelque part. Mais où ? Alors qu’elle cherchait un moyen de s’esquiver discrètement pour ne pas gêner la fille qui venait de la remarquer, Yakuru lâcha un couinement de joie en voyant plein d’inconnus, et il fila comme une flèche vers le groupe hétérogène.
« Yakuru, NON ! »
Trop tard. Tout heureux, le Cabriolaine bondissait autour de la fille, frottant sa tête douce contre son épaule pour la saluer. Se sentant rougir de gêne, Eryn fut bien obligée de descendre le petit chemin pour rejoindre le groupe. Yakuru avait changé de cible, sautillant maintenant devant un gros Lokhlass folâtrant paresseusement dans l’eau. La fille tourna son attention vers la Mentali, qui se mit à rougir, ne sachant plus du tout où se mettre face à l’enthousiasme débordant de son Cabriolaine.
« Je, je suis vraiment désolée … Yakuru, arrête ça ! »
Peine perdue, visiblement.
