Une heure et trente-trois minutes.
L’angoisse et l’excitation se mêlaient dan uns cocktail explosif qui empêchait le corps menu d’une gamine de trouver le sommeil. Dans son esprit tout était confusion, l’adrénaline de l’aventure et de l’inconnu la parcourait et des centaines d’images se superposaient. Il y avait des paysages, des textes, des discussions en cours, une comptine s’était même glissait au milieu du flot d’informations qui parcourait la tête de la jeune brunette. Ses yeux gris grands ouverts sur le plafond n’espéraient même plus se fermer. Il y avait chez leur détentrice une énergie bien trop intense pour l’endormie avec cette fade idée de sommeil. Chypre était ainsi. Dans toute sa contradiction, une simple idée venu se nichait un peu trop profondément dans son esprit suffisait à la maintenir en éveil jusqu’à ce qu’elle est enfin assouvi l’excitation qui l’a gagné. Il aurait sans doute était plus simple de contourner les hypothèses et les tourbillons de connaissance si la journée qui allait suivre n’y avait été pas entièrement dédié.

Cinq heures et vingt-six minutes.
C’était un grand jour, la scientifique partait à la découverte d’une terre nouvelle que les civilisations s’étaient entêtées à maintenir éloigner de leur réseau pour des raisons qui lui échapper totalement. C’était souvent ainsi. Comme si les régions formaient une secte qui s’agrandissait un peu plus au fil des années, dévoilant de nouvelles créatures et des technologies toujours plus modernes. L’adolescente observait mon reflet dans un des innombrables miroirs du dortoir de l’évolition rose. La petite silhouette maigre drapée d’une robe terne et rêche que le temps avait usé. La demoiselle commençait à manquer de linge et se faisait doucement à la fatalité qui la pousserait bientôt à acheter des sweats et des jeans pour mieux se fondre dans la masse grouillante de l’académie. Il y avait sur son visage la fatigue peinte sans artifice. Quand la plupart des Mentali s’acharneraient sur le fond de teint pour gommer les cernes atroces sous leurs yeux, Chypre n’en ferait rien, jouant de cet atout pour mieux effrayer les potentiels bavards  qui auraient le culot de l’approcher durant la sortie. Elle tourna sur elle-même. Belzébuth l’attendait perché sur le lit, les yeux à moitié fermés de fatigue. Le hérisson ne comprenait pas trop les raisons qui pouvaient pousser sa maîtresse hors du lit à une heure pareille, mais son dévouement naturel le poussait à rester debout pour elle. Ce n’était pas le cas de Thor qui roulait en boule près du lit digérait tranquillement les petits fours de Miss Potts qu’il avait chapardé. La Mentali s’assit sur son lit caressant d’une main distraite le pelage court et soyeux de Bel. Elle prenait le ferry à huit heure, désireuse d’occuper les longues minutes qui la séparaient du départ elle se sait d’un carnet pour consigner son voyage une fois les pieds sur la terre de Kalos.


Consciente que le bateau allait la rendre malade, Chypre bouda les tartelettes au baies pêcha confectionnées par sa référente et bourra ses poches de sablés afin de se nourrir une fois l’épreuve des eaux passée. La brunette avait raison d’être aussi soigneuse car les aiguilles avaient beau avancer moins vite qu’un Sancoki en plein effort, elles finirent tout de même par atteindre des chiffres plus raisonnables que l’aube. On sentait l’agitation naître au sein de l’académie. Le dortoir des Mentali se mettait doucement à bourdonner d’une activité fébrile et nerveuse, il devenait de moins en aisé d’accéder à la salle de bain. Pour se consoler la miss recomptait les balls qu’elle possédait.  Elle avait beau être  très bien équipée avec sa bouteille d’eau, ses trois paquets de sablés, son bloc-notes et l’ipok, elle ne pouvait s’empêchait de sentir un nœud au niveau de sa gorge. C’était sans doute la tension pesante que faisait régner les autres inscrites à la sortie. Chypre grommela, voilà donc à quoi rimer de faire dormir plus d’une vingtaine de filles au même endroit : les rendre dingues. Le bruit d’une violente dispute au sujet d’un sèche-cheveux en arrière-plan acheva de confirmer cette idée et la brune laissa échapper un soupir las.

Perchée sur la rambarde du bateau, la jeune femme tentait en vain de ne pas céder à l’attraction invisible de l’eau sur la malheureuse tasse de thé qu’elle avait ingurgité. Le goût de l’eau chaude parfumée lui revenait par secousse et ravalé le liquide tiède était absolument insupportable. Elle guettait ses camarades avec angoisse, tétanisée à l’idée qu’un seul d’entre eux puisse la voir dans cet état. Son teint livide et les deux poches violettes sous ses yeux ne la plaçaient en effet pas sous son meilleur jour. Pire que tout c’était bien le tangage du navire qui la tracassait, elle dont les trajets à bord de rafiot se multipliaient ses deniers temps, voyait ses angoisses redoublaient. Thor avait bondit dans l’eau et suivait l’embarcation avec un enthousiasme qu’il était bien le seule à éprouver tandis que Bel sensible au malaise de sa dresseuse s’était lovée au creux de ses bras. Elle ne l’avouait pas, mais la Mentali prenait goût à la présence rassurante du hérisson de feu qui ne le quittait pas d’une semelle depuis son entrée à l’académie. Un cri du capitaine et quelques éclat du côté des élèves frivoles qui s’étaient groupés à l’avant du bateau l’informèrent qu’on approchait de la terre. L’île Framby avait dit le vice-directeur, il ne s’agissait pourtant de rien d’autre que d’un monticule de terre semblable à l’île Mepo de l’avis de la scientifique. La vision de la terre ferme était quand même une délivrance et un sourire sincère étira les traits de son visage.

L’Hamilton montait dans l’avion à la suite d’une cohorte d’ignares dont la présence avait fini par devenir familière.  Elle avait pour seul bagage Belzébuth perché sur son épaule et Thor qui terminait de mâchouiller un crouton de pain en rotant sur les imprudents qui risquaient leur visage un peu trop près de sa gueule immense. Le caïman était d’une nature si grossière que Chypre ne doutait pas une seule seconde qu’on lui fouterait la paix durant le vol. Elle s’attacha néanmoins à le réprimander sans grandes convictions néanmoins. Ils atterrirent sur l’île de Resin-sur-Mer sans encombre et bien que l’avion ne soit pas sa tasse de thé, la brunette estima qu’il était préférable au bateau. On leur fit assister au petit discours de bienséance, le programme qui n’en était pas un et surtout l’heure de retour obligatoire. Chypre était presque plus fatiguée d’écouter la voix tranquille de responsable de la sortie que de s’escrimer à chercher un nouveau partenaire à travers l’île. Quand tous commencèrent à se disperser, la Mentali préféra prévenir ses compagnons de routes :

« Surtout, nous restons loin des autres. Ils risquent de faire fuir  toutes formes de vie dans leur empressement. Deuxièmes dites-vous bien que nous sommes ici autant pour étudier la faune que la flore. Je ne vais pas manquer cette occasion de me documenter au maximum. »

Et c’est ainsi que commença cet épopée, désireuse de prendre les meilleures initiatives Chypre prit le chemin d’un petit bout de forêt. Un terrain luxuriant et moucheté de couleurs vives qui lui permettrait de recouvrir les pages de son carnet d’encre bleu marine. Thor fut le premier à éprouver des difficultés dans le domaine de la discrétion, il happait tout ce qu’il voyait n’hésitait pas à déchiqueté ce qui lui semblait potentiellement dangereux provoquant la contrariété de sa dresseuse à de reprise. Cette dernière était devenue légèrement menaçant depuis que le crocodile céruléen avait mis à mort une fleur dont les pétales formaient des spirales irisées d’une exquise complexité. Au bord d’un ruisseau, la miss se mit en tête de mettre un peu d’ordre dans ses notes. Faire un rapide bilan des observations.

Environ midi sur l’île Resin-sur-Mer à Kalos

Je découvre avec passion qu’ici tout est mouvement. Les codes de la nature sont bien différent que ceux que la région de Sinnoh m’avait donné l’habitude d’appréhender. Chaque fleur, chaque pierre, chaque source, est empreint de l’éphémère extravagance des lieux. Rien n’est protéger tout est à la merci du prédateur aux yeux vermeils, il saccage sous les yeux horrifiés de cette nature si raffinée et délicate. Son corps massif et couvert d’écailles, ses muscles puissant et sa silhouette épaisse ne laisse pas aucun répit à cette beauté étrangère que celle de Kalos. Son attitude est si vulgaire dans la politesse des lieux. L’air est bourré de l’odeur iodé de la mer si insupportable à Joliberges et à laquelle je m’accoutume doucement sur cet île en retrait du reste de la région. L’eau très claire des lieux semble potable, il vaudrait mieux que cela soit le cas d’ailleurs. Le prédateur reptilien vient d’en remplir son gosier bruyamment.  J’imagine un instant son corps raide mort par terre, une intoxication pourrait parfaitement avoir raison de lui, l’inconscience et le grand défaut de sa jeunesse. L’entretien des bois me laissent penser que d’autres sont passés par ici avant moi. Leur rôle est surement de veiller à ce que l’aspect des lieux reste propre, une surprise de taille les attend lors de leur prochaine visite… Fort heureusement nous aurons déjà déserté les lieux à ce moment-là.

Chypre arrêta d’écrire. Près de la marre s’agitait une ombre, un habitant que Thor avait réveillé ou un téméraire que la curiosité avait poussé à s’approcher un peu trop près….