En montant dans la minuscule chaloupe, je me pose une question existentielle. Doit-on prononcer “Durin” ou “Durinne” ? Nan mais il est vrai que même les profs ne semblent pas vraiment savoir comment se prononce ce nom, si bien qu’ils évitent au maximum de le prononcer ou ont recours à des stratégies telle que tousser avant de prononcer la fin du mot ou baisser soudainement l’intonation de la voix. Je ne sais pas si je suis le seul à l’avoir remarqué mais, moi, ça me pose drôlement question ! Je ne sais pas si cette réflexion va m’occuper les deux heures restantes du trajet. Il va peut-être falloir que je trouve un autre fil de penser. Comme d’habitude, je pourrais perdre mon regard dans les flots, jouer au garçon mystérieux et poétique. Voilà qui me ressemble beaucoup !

J’ai toujours pris avec grand sérieux les Sortie Capture. Pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas pas ce sentiment qui m’habite. J’ai simplement envie de prendre l’air, en compagnie de mes Pokémons. J’en viens aussi à me demander si mon équipe devrait réellement s'agrandir ? Il est vrai que depuis l’arrivée d’Inlay et de Maky, l’ambiance a retrouvé une certaine chaleur. Mais… est-ce une raison pour s’encombrer à nouveau d’une nouvelle tête ? Je réfléchi un instant… Ce sont de bien belles pensées qui me traversent actuellement. Mais déjà la dernière fois je m’étais dit la même chose. Je suis revenu avec deux Pokémons au lieu d’un. Il y a définitivement une faille dans mon système ! Je vais plutôt me laisser surprendre par la rencontre du jour. Puis, dans l’absolu, je ne serais pas contre faire un cadeau.

Voilà que nous arrivons, l’air est frais et le printemps ne semble pas encore être arrivé dans cette partie du monde. Je souffle dans mes mains en espérant me réchauffer. Heureusement, nos professeurs nous guident dans des galeries souterraines où les élèves s’éparpillent aussitôt. Je suis le mouvement en allant tout droit. Ils nous ont expliqué que ses galeries mènent toutes vers des milieux différents mais que nous sommes obligés de passer par celles-ci. Alors, j’invoque Inlay et Frey pour veiller à mes sécurité dans ces long boyaux. Je n’ai pas envie de traîner par ici. Je vais plutôt aller vers le milieu Aquatique. Qui sait ? Je pourrais peut-être trouver un ami pour Frey.

Mais mes espoirs ne seront pas comblés de sitôt, les galeries souterraines sont un véritable labyrinthe à tel point que j’en viens à me demander comment il est possible de n’y perdre aucun élève. Je crois que je commence à tourner en rond. J’appelle Phy à la rescousse. Sa petite plume sur la tête indique le sens du vent et elle me dirige automatiquement vers la sortie la plus proche. C’est juste parfait !

Et me voilà face à l’étendue d’eau. La chasse peut commencer !

Je prends une grande respiration, profitant de l’air frais de l’extérieure. Enfin sorti de ces maudits boyaux ! J'attrape Phy pour la poser sur mon épaule, je la remercie en lui grattant le haut du crâne, un sourire aux lèvres. Elle ferme les yeux de contetement. Elle est mignonne quand elle ne bondit pas partout ! A peine ai-je pensé cette phrase qu’elle bondit de mon épaule pour se mettre à courir droit devant. Elle plonge dans l’eau et s’amuse à faire des petits jets avec son bec. Je pousse un soupire… elle est irrattrapable. Mais tellement mignonne ! Inlay est impassible, je n’ai encore jamais réussi à lui décrocher un sourire, même avec les plus grosses conneries de Phy ou Vivaldy. Quand à Frey, il ne tarde pas à succomber à l’envie de plonger aux côté de la petite Natu.

Je me décide donc à longer la rive de l’étendue d’eau. Le lieu est extrêmement calme, aucun élève ne semble être arrivé par ici. J’imagine que les tunnels donnent sur des centaines de lieux différents. Normal que nous soyons tous éparpillés. Phy et Frey s’amusent à s’éclabousser, je me demande comment ils font pour ne pas avoir froid. Il est vrai que la température extérieure n’est pas des plus chaude sur cette fameuse île. Alors que je suis plongé dans mes pensées tout en marchant au bord de l’eau, je ne remarque pas tout de suite l’arrivée inopinée d’un Pokémon sauvage au sein même de mon équipe.

En effet, un Mustebouée s’est joint à la petite compagnie et s’amuse également à les arroser. Moi, je continue à marcher, absorbé par bien d’autres choses que la surveillance du Moustillon et de la Natu. C’est Inlay qui finit par me prévenir. Elle me tapote sur l’épaule et je me fige, ne sachant comment réagir. J’écarquille les yeux. Nom d’Arceus ! Comment…. comment est-ce possible ?! Un Pokémon sauvage qui débarque, comme ça ! Reste naturel, Aaron, sinon, il va remarquer ta présence et s’enfuir à toutes jambes. Je respire un grand coup avant de faire mine de reprendre ma route. J’observe la suite du coin de l’oeil. Ils semblent bien s’amuser tout les trois. La suite me paraît donc évidente. Je ne peux que cordialement convier ce Mustebouée à nous rejoindre. Je n’ai pas envie de le blesser. Il semble déjà avoir son attention détournée, il ne sentira rien, il ne ferra que nous rejoindre.

J’ai un sourire pour moi-même. En ce moment, j’ai plus l’impression d’être invisible aux yeux des Pokémons que de les faire fuir. C’est une drôle de sensation. Mais c’est loin d’être une mauvaise chose ! J’attrape le plus discrètement possible une Pokéball rangé sur le dessus de mon sac. Très bien… à nous deux, Mustebouée !

Je ferme un instant les yeux, je ne veux pas qu’il me repère. Vous pensez bien que c’est un échec total en en plus de complètement foirer mon tir, je parviens à attirer l’attention du Pokémon Eau sur moi. Je fais volte face en sifflotant et en reprenant ma route, mine de rien. Je fais quelques pas en avant avant de jeter un coup d’oeil discret derrière moi, le Mustebouée l’oeil vif, regarde à droite et à gauche ce qui a bien pu se produire. Finalement, je n’en dois qu’à ma chance pour qu’il ne comprenne pas d’où vient l’attaque et se remette tranquillement à flotter sur le dos, à quelques mètres de mes deux Pokémons qui se dévisagent, aussi incrédules que moi. Je pousse un soupire de soulagement, laissant mes bras ballants le long de mon corps. Si je retente de lancer une Pokéball, le résultat risque simplement d’être le même. Mais… d’un autre côté, je n’ai toujours pas envie de faire le moindre mal à ce Pokémon qui semble juste complètement perché. Néanmoins, je reste persuadé qu’il ferrait un excellent compagnon dans mon équipe. Je porte la main à mon menton, l’air songeur. Je soupire à nouveau, il y a probablement d’autres solutions indolores.

Je pense soudainement à Invy, peut-être pourrait-il entrer en contact mental avec lui ? J’appelle alors à mon côté mon Sarter qui semble - pour une fois - bien éveillé. Je ferme les yeux pour me laisser envahir par sa puissance psychique. A l’aide d’image, de sons, de couleurs, je parviens à lui faire comprendre qu’il doit tenter d’amadouer le Pokémon sauvage. J’ouvre les yeux pour regarder Invy se concentrer, fermer les siens et se mettre à léviter légèrement au dessus du sol. Le Mustebouée ne bouge pas d’un pouce mais semble être complètement perdu dans ses pensées et dans les petits remous qu’il a créé autour de lui. Je me décide à attendre encore un peu pour que la technique de la psyché marche d’autant plus.

Cela me rappelle ma première Sortie Capture. Celle où j’ai capturé la jeune Vivaldaim. Invy n’était pas encore capable d’attaquer et j’avais dû trouver des méthodes alternatives pour parvenir à capturer la future Vivaldy. Finalement, me voilà aujourd’hui accompagné d’une équipe plus que complète et de nouveau obligé de recourir à des alternatives peu communes. Je laisse à nouveau échapper un soupir et me laisse glisser au sol. Je regarde alternativement Invy et le Mustebouée tout en surveillant du coin de l’oeil mes deux autres Pokémons qui ne se soucient pas le moins du monde de ce que je peux être en train de trafiquer. Dois-je encore attendre où mieux vaudrait-il tenter une nouvelle fois ma chance tout de suite ?

Je sors une nouvelle Pokéball de mon sac. Elle grossit aussitôt dans ma main, son contact est froid. Mon regard passe d’elle au Pokémon qui semble être entré dans une sorte de transe dû au contact mental. Il me semble percevoir une faiblesse du côté de mon Starter. Il est temps d’agir. Je me relève et lance la Pokéball sur le Mustebouée pour la seconde fois.

Le Mustebouée disparu de la surface de l’eau… la flamme rouge illumine un instant le lac et la Pokéball coule lourdement. Mon coeur tape contre ma poitrine ! Je n’avais absolument pas prévu ça ! Merde ! Le Pokémon tout juste capturé est en train de misérablement couler ! Je blêmis, ne sâchant que faire… je finis pas aller juste au bord de l’eau et à agiter bêtement les bras. Je glisse un doigt dans l’eau, elle est gelée ! Je vais aller aller là-dedans ! Je réfléchis à toute allure… avant de m’exclamer bruyamment.

“_ ALEEEEEEEEERTE GENERAAAAAAAAAAAALE ! Frey ! Il faut que tu plonges pour aller chercher la Pokéball qui vient de couler !”

Le petit Moustillon se retourne vivement vers moi, les yeux écarquillés, l’air de dire; “Aaron… comment as-tu pu… ?” Puis, il secoue la tête et plonge la tête la première dans l’eau à la recherche de mon nouveau bien. Je me met à genoux pour tenter d'apercevoir mon Moustillon qui nage plus bas, mais je ne vois rien, l’eau est trop trouble. Phy me rejoint et me saute dans les bras, l’air tout aussi inquiétée que moi. J’ai la gorge nouée, si ça se trouve, j’ai condamné à la mort ce Pokémon qui n’avait absolument rien demandé… Et… si c’est le cas, il me sera impossible d’inviter tout le monde à mon récital. Je sens les larmes me monter aux yeux. Non ! Ma carrière de Chercheur Pokémon… on me surnommera le Tueur de Pokémon. Je ferme les yeux et commence à sentir les larmes me piquer les paupières. Je frappe du poing sur la terre ferme à l'exact moment où mon Pokémon Eau effectue un bond splendide au dessus de la surface cristalline. Il tient entre ses petites pattes la graal tant attendu. Mon récital de Chercheur Pokémon n’est peut-être pas fichu, finalement. Et… je pourrai inviter tout ceux que je souhaite !

J’aide Frey à remonter sur la berge et le sert fort dans mes bras.

“_ Merci Frey, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi…”

Je le sers à nouveau contre mon corps avant de le laisser s’échapper. Cette étreinte a l’air de l’avoir mis quelque peu mal à l’aise. Je souris bêtement alors qu’il me tend la Pokéball. Je le remercie encore avant de m’en saisir et de la caresser doucement. Voilà donc un nouveau compagnon ! Un nouveau compagnon à dresser, à m’occuper et qui complétera à merveille mon équipe. Nouveau sourire, il ne pourra compléter mon équipe seulement si je parviens à rentrer à l’Académie ! En route, Aaron, il ne faudrait pas louper le bateau retour !

Très vite, je m’engouffre à nouveau dans les galeries souterraines, mené par l’instinct de Phy et le flair de Vivaldy, c’est sans problème que nous rejoignons notre point de départ. De nombreux élèves sont déjà là, il va être l’heure de partir. Je pousse un soupir de soulagement. J’ai toujours cette petite peur que le bateau reparte sans moi et que je sois contraint d’attendre plusieurs mois ici avant de pouvoir rentrer. J’efface cette vision d’horreur de mon esprit. Tant que je suis à l’heure au point de rendez-vous, il n’y a aucune raison pour qu’on se casse sans moi. Je range la Pokéball du nouveau Mustebouée dans mon sac avant de mettre un pied assuré dans la barque. Retour à l’Académie !