Δ LE PETIT CHAPERON BLANC. 13 JUILLET 2016. |
Tu n'es pas stupide, quoi que tu puisses en penser, Ciel. Tu as rapidement compris que pour être tranquille ici, entre les natifs et les vacanciers présents sur l'île, il te faut errer en période nocturne. Et Arceus sait combien tu aimes goûter à la tranquillité de temps en temps. Il y a des fois ou tu as envie d'être entouré, mais là, sur le coup, tu n'as pas l'impression qu'un danger pourrait survenir. Tu baisses ta garde au fil des jours, sans t'en rendre compte. Aurais-tu déjà oublié ce troupeau de Tauros qui a failli de charger, il y a quelques jours ? Aurais-tu déjà oublié la manière dont tu as été forcé de te joindre aux Noctalis par la faute de ton Mascaïman ? Mais peu t'importe, aujourd'hui. Tu dois te rendre dans quelques heures au port pour partir pour la première fois de ta vie en sortie capture et, bien que tu regagnes ta ville natale, l'aventure te grise. Elle t'enfle d'une sorte de fierté que tu n'arrives pas à comprendre mais que tu laisses envelopper ton cœur malgré tout. Tu es heureux, en quelques sortes, à l'idée de faire tes preuves en tant qu'entraîneur pokémon. Tu balaie les environs du regard, en observant les dernières lueurs du jour se fondre à l'horizon, et tu finis par poser tes yeux sur Sobek. Ils prennent une teinte affectueuse et tu ne peux t'empêcher de sourire au jeune crocodile albinos, dont la seule trace qui n'est pas de couleur ivoire sur lui est la marque de ses lunettes. Elle est rouge, contrairement aux autres spécimens qui la possèdent noire. Tu t'agenouilles et caresse doucement le crâne de ton pokémon de départ. C'est la partie du corps qu'il préfère que tu touches, sa tête. Tu l'attrapes d'une main, lui qui est si petit et si fragile, et tu le perches sur ton épaule gauche. Aussitôt, il commence à jouer avec ta cape, ta fameuse cape qui couvre les épaules et qui le passionne tant. « Bientôt, tu ne seras plus seul. » Tu as jeté ces quelques mots dans les airs avec une intonation orgueilleuse, fière, qui ne te ressemble pas vraiment. Comme l'idée de capturer un pokémon te changes, bien que tu saches qu'à tes yeux, Sobek sera toujours spécial ; autant que le furent autrefois, Akwakwak entre autres compagnons qui appartenaient à tes parents, et Minotaupe que Bardane t'avait remis sous forme d'œuf. Tes yeux se voilent de tristesse, cette fois-ci, mais tu ne gardes pas cette expression peinée bien longtemps sur le visage. Tu n'as pas envie que ton crocodile de starter ai le temps de l'apercevoir, bien que tu lui ai tout raconté de ta vie le jour de votre rencontre. En parlant de lui, il couine subitement et te pince les oreilles d'un coup de dent sec. Tu retiens de justesse un gémissement, l'étouffant au bord de tes lèvres mais déjà, Sobek a sauté de tes épaules avec confiance malgré la distance le séparant du sol et il s'est enfui. Tu frémis. Il a senti quelques chose ou quelqu'un. Tu hurles, lui ordonnant de revenir à tes côtés mais il ne t'écoutes déjà plus et tu n'es pas capable de le suivre. Tu te retrouves seul. Et le silence qui berce les alentours te semble soudainement pesant. Il te rends subitement anxieux, toi qui étais si heureux il y a encore trois minutes. Une fois encore, tu essaies d'appeler Sobek mais il a disparu. Qu'a t-il bien pu voir de si intéressant ou de si… effrayant ? Pour que cela vaille la peine qu'il y coure sans prendre le temps de faire attention à toi ? Tu te laisses tomber contre un arbre et tu repousses ta cape par dessus ton visage. S'il lui arrivait quelque chose de mal…Mais tu es incapable de réagir, incapable de partir à sa recherche pour savoir sur quoi il est tombé et si un malheur va survenir. « Sobek… Reviens… » Tu le supplies mentalement et, soudainement, comme s'il avait entendu tes appels par télékinésie bien plus que tes hurlements précédents, il revient. Tu l'entends couiner faiblement, comme seul un bébé Mascaïman pourrait le faire et tu es brutalement soulagé. Tu rejettes à nouveau ta cape sur tes épaules, revenant à une attitude normale. Sobek se jette dans tes bras, mais la joie des retrouvailles est de faible durée. Un adolescent survient, accompagné d'un Sabelette. Tu fronces les sourcils en l'observant. Merde. Il a dit merde devant ton nourrisson pokémon et, même si c'était sous le coup de la surprise, cette vulgarité ne te semble pas acceptable. « Nous n'avons pas eu peur. Et nous sommes ici car comptions nous entraîner une dernière fois avant de partir en sortie capture demain matin. Et toi, donc ? » |
© GASMASK |
Δ LE PETIT CHAPERON BLANC. 13 JUILLET 2016. |
L'adolescent se dressant devant toi te semble être un géant. Il doit bien faire trente cinq centimètres de plus que toi et tu te demandes soudainement à son teint halé si ce n'est pas un jeune adulte de l'île plutôt qu'un étudiant de l'académie. Il a des cheveux aussi marrons que ses yeux, dont le droit se voit orné d'une cicatrice à laquelle tu ne t'intéresses pas plus que cela – chaque personne possède ses propres balafres, qu'elles soient physiques ou mentales. En dehors de cela, il a l'air plutôt sympathique bien qu'assez moralisateur, puisqu'il te sermonne sur le fait qu'un entraînement nocturne en compagnie de Sobek ne soit pas sérieux. Tu n'y prêtes pas attention. Quelques bribes des ovations du Pokémon World Tournament, adressées à un enfant de cinq ans, te reviennent en tête et te font penser qu'il n'y a pas d'âge pour s'entraîner et pour réussir. Tu fermes les yeux, douloureusement, alors que non loin de toi, l'inconnu est déjà passé à autre chose. Il te parle du fait qu'il était venu camper avec son compagnon, un Sabelette, et que chemin faisant il a été interrompu par la présence de ton starter, qu'il a cherché à poursuivre puisqu'il l'avait pris pour un fantôme. Tu l'observes en souriant, intrigué malgré tout. Ainsi donc, il s'agit d'une personne croyant aux esprits matérialisés autrement que sous la forme de pokémons spectres. « Il est vrai que Sobek a un chromatisme étrange, puisqu'il est albinos. Quand à moi… Je suis son père d'une certaine manière, puisqu'il n'a plus de parents mais qu'il est encore jeune malgré tout et a donc besoin que quelqu'un veille sur lui. » L'adolescent, ou plutôt son estomac, ne tarde pas à rebondir sur un autre sujet de conversation. Un gargouillement affamé s'invite dans la discussion et tu souris à nouveau, amusé. Il est vrai que tu n'as pas mangé de ton côté non plus, mais tu as un peu plus de résistance à la famine et c'est surtout par intérêt pour Sobek que tu te décides à le suivre. Tu raccroches ta cape en place sur tes épaules, pour pouvoir te camoufler sous ses pans en cas de besoin, et tu emboîtes le pas à l'adolescent dont tu ne connais pas l'identité. Il paraît qu'il ne faut jamais suivre les inconnus. Il paraît. Mais ton jeune mascaïman semble ravi d'avoir de la compagnie, plus encore d'avoir la compagnie d'un autre type sol et tu préfères donc faire la sourde oreille à ce dicton populaire. Tu hésites malgré tout, craignant de déranger malgré son invitation mais tu finis par céder par affection pour ton starter. Tu récupères ton sac à dos, rempli de nourriture et de matériel d'entraînement et tu pars retrouver l'adolescent dans le campement nocturne qu'il s'est installé. Il vient de finir d'improviser une rôtissoire à base de bois et tu admires sans l'avouer l'habileté dont il fait preuve tout en t'asseyant à tes côtés. Il te tutoie et tu prends donc le pli de faire de même. « Ravi de te rencontrer. Je suis Ciel, non ce n'est pas une blague, et j'appartiens au dortoir Noctali. Quand à mon starter, Sobek, tu peux le toucher sans crainte. Il n'en est pas encore au stade féroce de Crocorible et il est donc relativement docile pour le moment. » L'intéressé justement, interrompt sa discussion avec le Sabelette pour émettre un couinement de fierté à l'évocation de son surnom avant de se remettre à dialoguer en langage pokémon avec le second type sol. Tu tends la main en direction de la gamelle en inox offerte par le dénommé Logan et à laquelle tu dois faire attention face à Terry en souriant à nouveau. « Merci pour le repas. De mon côté, j'ai des chips aux noigrumes pour les pokémons, deux bouteilles de jus de baies et des sandwichs grukui-beurre – à moins que tu ne sois végétarien. N'hésites pas à te servir dans mon sac. » |
© GASMASK |