Dans le climat presque tropical de l’île, le caoutchouc s’éclate sur l’asphalte brûlant. La force de rotation pressurise l’humidité de l’air qui s’éclate pour former de la vapeur opaque autour des roues de l’avion. L’oiseau de métal glisse sur la piste avant de prendre son envol vers d’autres cieux. Il entend déjà le bruit des flashs qui font penser à des mitraillettes prêtes à l’abattre et la presse qui va écouter son histoire comme si c’était ses derniers mots. Ca excite le public la fin d’une vie, un héros qui sombre. Il les surprendra une dernière fois peut-être, si son jeu est à la hauteur.
Leype tient entre ses doigts un verre rempli de jus de ceriflors et de glaçons, cela dure depuis plusieurs minutes au vu de la couleur et des tremblements de sa main. Il se rappelle avoir fait la publicité de ce genre de produit il y a longtemps. Il regarde son reflet dans le liquide rouge, ça lui remémore son visage le jour où son monorpale a couru vers lui après avoir arraché un membre de son petit frère. Il était couvert de sang.
Il pose soudainement son verre et attrape la main de la personne assisse dans le siège adjacent au sien, il referme ses doigts gelés sur la main de celle qui l’accompagne. Elle le regarde, il la revoit quand elle le regardait ce soir-là.
Tel un tourbillon noir dans la neige, il découpait absolument tout ce qui l’entourait. L’ennemi éternel du Chevalier avait pris contrôle de lui. Sourire de folie. Le seul a jamais sincère sur son visage aux fausses fossettes. Il se revoit agitant sa lame dans le décor, détruisant absolument chaque pièce du décor, chargeant tous les acteurs de la pièce, quittant la scène pour continuer son massacre dans le public. Puis s’arrêter net, figer l’expression de son corps. Voir dans les yeux des spectateurs la contemplation de ce qu’il pense être son jeu d’acteur. Sauf une personne, elle.
Il serre sa main plus fort de celle qui a vu la folie qui le hante, de celle qui connait son histoire, son avant, son pendant et son après. Il plonge ses yeux dans ses yeux, il ne cherche pas un miroir, il ne la cherche pas elle, il veut juste y lire la vérité. Qui…
... suis-je ?
Il relâche son emprise glacée, il détourne les yeux. La vérité l’effraie peut-être, il doit se préparer à les affronter. L’armée qui va l’assaillir dès l’atterrissage. Il a enfilé l’armure qu’il aime le moins pour l’évènement, son costard. Noir et blanc, classique. La cravate, les boutons de la chemise, ses lacets, sa boucle d’oreille et ses yeux sont verts, classe. Ses cheveux sont peignés en arrière, blond. Son visage est parfaitement saupoudré, froid.
Les roues de caoutchoucs s’écrasent sur l’asphalte mais pas de vapeur pour les accueillir, malgré l’été la température reste basse à Kalos. Le couple quitte la première classe en premier, ils passent la porte, et les tirs commencent. Les rafales ne cessent jamais, la mort est parfaitement organisée pour ne pas avoir besoin de recharger ses mitrailleuses. Mais l’armure tient bon et l’acteur avance dans la lumière artificielle comme à son habitude, comme il en a l’habitude. Ils traversent la piste d’atterrissage avant de rejoindre l’aéroport en lui-même.
C’est là qu’ils ont préparés avec soin la salle qui abrite sa potence, Leype monte sur l’estrade, il monte sur la première marche le regard penché vers celle-ci. Puis à chaque marche, il semble se redresser, prendre de la présence, devenir plus agressif. Il prend place devant le micro qui se trouve au milieu de la scène, il le juge d’un coup d’œil.
Je n’ai jamais eu besoin de micro pour jouer devant mon public et ça ne commencera pas aujourd’hui.
Sa déclaration s’adresse, haute et puissante, à toutes les personnes dans la salle. Les bruits se taisent.
Acte I scène I Seul contre tous, Leype Altimile et les journalistes.
Il sourit d’annoncer sa propre performance. La première question sera forcément…
Pourquoi avoir choisi Leype comme nom de scène alors que le monde vous connait comme Pavel ?
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire, je vais vous raconter une histoire assez noire. Celle de mon frère qui est désormais sous terre et de son livre qui est mon souvenir le plus chère. Je n’ai pas fait mon deuil vous allez dire mais je veux juste le faire grandir. En moi.
D’après certaines sources le livre de votre frère raconte l’histoire d’un chevalier, pourquoi être devenu étudiant alors ?
Car la Pokemon Community est mon château est j’espère bien y trouver toutes les épreuves et les protagonistes que mon frère m’a laissé.
Un bruit dans la salle, une jeune femme au regard vif se lève et prend la parole alors que ce n’est pas son tour, sans micro elle aussi.
Je ne te crois pas Pavel. Dis-moi en un peu plus sur tes cours de coordinations veux-tu ? Pourquoi choisir ces cours-là alors que tu t’orientes vers de la compétition dans ton parcours ?
...
Un coup mortel, les organisateurs demandent de passer à la question suivante, blessé Leype essaye de répondre comme il peut. L’interview dure presque une heure avant qu’il puisse s’échapper de cette mise-à-mort. Il arrive dans une salle plus petite, Obéline est là à l’attendre ?
Je veux créer un nouveau style de combat, plus beau et plus violent. Je veux révolutionner le théâtre. C’est mon rêve, pas celui de Leype…
Je veux aller à la route 6… J’ai besoin de le revoir.
Un dresseur et un pokémon. Un chevalier et son épée. Leype vient pour retrouver son premier Pokémon qu’il avait été contraint de relâcher. Monorpale.