Je pense que je suis le pire chevalier de toute l’histoire. Je suis plus proche de l’idéalisme que de mes idéaux. J’essaye tellement de me forcer à aider les autres que mon comportement est hétéroclite. J’essaye tellement que ça en fait de la peine à voir. J’ai compris qu’elle était aveugle mais ça ne colle pas avec ma vision du monde. Elle me saoule un peu à jouer le jeu, à ne pas rager, à ne pas m’insulter. J’ai envie de me trancher la tête. Oui c’est bizarre.
Comme si lui décrire la scène était une solution, comment j’ai pu être aussi stupide ? Mon cerveau crame, je veux trouver la réponse. Je lui ai demandé si elle voulait que je l’aide d’ailleurs… Est-ce que le monde a besoin d’un sauveur ? Je n’en sais rien. Moi j’en doute, mais je sais que je dois jouer mon rôle. Dur d’accomplir son rôle quand tu ne crois pas à tes motivations.
Est-ce que c’est l’air plus frais qui m’a rafraîchi les idées ? Est-ce que c’est son manège ? Je suis si peu passionnant qu’elle se sente obligé de virevolter pour me répondre ? Je ne comprends pas. Je me déteste quand je pète des câbles comme ça, quand mon personnage se casse. Je suis tellement amer que la vie fait la grimace.
Lancelot, désolé de t’imposer mes pensées, mais s’il-te-plaît, fais ce que j’ai envie que tu fasses. Tu t’approches de sa tête, tu poses ta petite main sur sa tempe. Tu fouilles sans demander, tu explores, de toute manière tu ne comprends rien à son cerveau… Elle est cassée pour toi, tu cherches des connexions logiques entre l’information que ses yeux captent et ce que son cerveau perçoit. Tu testes, grâce à tes pouvoirs psychiques tu simules des signaux électriques dans les nerfs optiques, tu places ton esprit dans le sien pour voir ce qu’elle voit.
Tu n’as pas besoin de te connecter à mon cerveau car toi et moi on est toujours relié et maintenant tu m’as relié à elle. J’ouvre grand les yeux et j’observe. J’envoie les images directement dans son cerveau, je ne passe pas par ses yeux défectueux. Mon âme de chevalier t’aide mais…
C’est comme ça que je vois le monde… T’en penses quoi ? Ça vaut vraiment le coup ?
Mon âme d’artiste ne te comprend pas, pourquoi est-ce que tu veux voir le monde comme tout le monde si tu trouves notre vision si incomplète. Ta manière de penser ne me convient pas, pas complètement, j’ai envie de comprendre. Je réfléchis encore, plus, plus, plus. Je veux dire ce n’est que des sensations, ce n’est qu’un sens. Regarde comment c’est fragile les sens.
Lancelot, surcharge ton cerveau, rattache Gringolem, Elecsprint et tous les autres êtres vivants. Ça me saoule trop d’être qu’une seule personne, de n’avoir que mon point de vue.
Et tu deviens le nœud de toutes les vies, je vois ce que Luna voit, je vois ce que les cacturnes voient, je vois ce que Galahad voit, je vois ce que les maracachis voient, je vois ce que gringolem voit. Sous des angles différents, sous des couleurs altérés, je te regarde. Je n’ai pas besoin de parler, je peux directement m’adresser à ton esprit grâce à tarsal.
C’est bien plus amusant de voir le monde différemment, je ne pense pas que ce soit les sens qui font la vie, je pense que les sens ce n’est que des lecteurs d’informations, ce qui compte c’est l’information et son destinataire. Comment il va interpréter la prestation que je vais faire, comment il va comprendre. Je n’en ai rien à faire de ce qu’il voit, de ce qu’il entend, de ce qu’il touche, de qu’il sent… Ouais, la seule chose qui m’intéresse c’est ce qui se passe dans sa tête.
Je me déshabille, je plonge dans le bassin, je laisse l’eau s’écouler dans mes cheveux, sur mon visage, sur mon corps. Rien à faire, j’assimile juste l’eau dans mon esprit et j’en ressens l’émotion que j’y attache. Je suis le maître de mes ressentis, je n’en ai rien à faire de ce qui m’entoure, je peux le remplacer par ce que je veux. Je suis Leype Altmile, je suis Pavel Altmile, dès fois je me sens complet, dès fois je me sens vide. Je parle dans nos esprits à tous.
Tarsal, inverse mes sens, détruit-les, ressuscite les un par un, partage ce que je ressens avec tout le monde.
Je meurs, je perds mes 5 sens. Je suis dans le noir absolu qui lui-même n’existe pas et pourtant je pense. Je suis en vie dans mon propre inconscient. Je tombe et je vole. De toute manière je n’ai plus conscience des directions. Par automatisme mon corps persiste à respirer, à se tenir debout, mais mon cerveau ne comprend plus rien.
L’ouïe me revient et j’entends mon cœur qui bat. Le sang qui s’écoule dans mes veines. Mon poumon qui se gonfle et se vide. Mes os qui s’affaissent sous mon propre poids. L’eau sui s’écoule sur ma peau, qui se frotte contre moi. L’air qui se déplace se choquant contre les murs de la …
Les odeurs émanant de mon propre corps sont les premières à s’immiscer jusqu’à moi. Je sens le sel, l’acier et le cuir. Puis c’est les parfums de tous les pokémons plantes autour du bassin qui m’assaillent.
La lumière passe de nouveau à travers mes yeux, je suis aveuglé dans un premier temps. Petit à petit des couleurs viennent tacheter mon champ de vision. Je distingue difficilement les contours mais l’image est si vive que je me vois pris de vertige.
J’ai un goût amer dans la bouche, est-ce que je suis allé trop loin ?
Suis-je allé trop loin ?
Je suis prêt à accueillir ton déferlement.