Why me ? C’était la question que se posait toute être vivant lorsque la vie se montrait particulièrement cruelle avec lui. Notre groupe ne faisait donc pas exception quand après plusieurs heures de course avec le vent et un Steady sous hélium, nous vîmes la nuit tomber sur la région de Kalos. Lentement, les lumières des villes illuminèrent l’horizon et notamment celles d’Illumis et de sa Tour Prismatique. A ce moment-là, je remarquais à quel point la ville portait bien son nom en contemplant sa beauté apparente. Puis, la réalité refit surface et me plongea dans un profond ennui. Avant de pouvoir admirer ces lumières de plus près, nous avions encore plusieurs kilomètres à parcourir et mes jambes ne demandaient qu’à s’écrouler dans un bon lit douillet. Je regardais alors tour à tour mes Pokémon avec le maigre espoir que l’un d’eux puisse me transporter. Mais d’une part, ils étaient tous fatigués, et d’autre part, aucun d’eux n’était assez costaud ET confortable pour me servir de carriole. J’étais donc vouée à marcher encore sous le croissant de lune, jusqu’à épuisement total ou ralliement d’une ville. Bref, la flemme ne tarda pas à pointer le bout de son nez et le premier banc devint rapidement un lit pour la soirée. Ce n’était pas très glamour et j’avais peur qu’on me prenne pour une clocharde, mais dans les faits, la fatigue l’emportait sur le style.
Sur un banc, comme nous pouvions nous y attendre, la nuit ne fut pas de tout repos. Premièrement, je n’avais pas de coussin et il n’était pas question de risquer d’abimer mon sac en m’appuyant dessus, surtout les affaires qu’il contient. Deuxièmement, dormir à la belle étoile en plein milieu d’une route n’est pas très rassurant. Même entourée de Pokémon prêt à donner jusqu’à leur dernier cookie pour me protéger, je n’arrêtais pas de me réveiller en sursaut, toute humide. Alors certes, j’ai menti sur mes Pokémon, jamais ils ne me protègeraient ainsi, mais cela me permet de faire la transition avec la suite : l’humidité de la nuit. Parce que je suis une personne extraordinaire dans le fond, mais normal en apparence, je transpire la nuit quand je cauchemarde ou non… Cela se traduit par de la sueur disgracieuse sur mon front et dans mon dos que je nettoie tous les matins avant de laver mon pyjama. Sauf que lorsqu’on dort dans la rue, on transpire plus qu’habituellement. Et vous savez le meilleur ? On ne peut pas se laver le matin. Donc, le réveil était des plus horribles : sensation d’être sale, impossibilité de prendre un bain ou une douche, cheveux en bataille, sueur clairement visible sur le visage et encore fatiguée. Un enfer vous dis-je !
Je me redresse, voyant que je ne suis pas la seule à avoir subis ma nuit. Diva s’est trouvé une place sur l’un des ballons soutenant Steady. Ce dernier est resté perché toute la nuit et n’a pas fermé un œil. Les autres se sont mis en tas, mais les pleurs de Camé les ont pas mal dérangés et cela, même si Héra s’en est occupé tout le temps de ses doigts de fée. Mais…
-Vous n’avez pas cette impression d’oubli ? J’ai l’impression qu’il nous manque quelque chose. Ma tronche du matin n’est pas très belle à voir, mais elle est suffisante pour remarquer qu’un élément a disparu. Et comme toujours, il faut que cela tombe sur moi...
MON SAC !!! OMG ! QUI ME L’A PRIS ?! J’ai beau chercher dans tous les moindres recoins, je ne le vois pas. Horreur, malheur, fallait que ça tombe sur moi évidemment. Ils ne pouvaient pas voler Jean-Robert le clochard du banc d’à côté ?! Non, bien sûr que non. C’est tellement plus drôle de…
AH ! LA !!! Voleur identifié ! Tenue du suspect ? Aucune. Il est complètement nu et c’est compliqué de le regarder droit dans le visage. Ne soyez pas pervers, ce n’est uniquement parce qu’il a une tronche de cake avec deux billes en noires en guise d’yeux qu’il est difficile de maintenir une concentration sur sa tête. Du coup, je me focalise sur sa queue, qui ne comporte aucun appendice étrange mais semble particulièrement glissante. Comme le reste de son corps d’ailleurs, c’est très bizarre. Nous nous lançons à sa poursuite et Diva finit par le rattraper avec ses bonds gracieux de lapine.
-Bien jouée Diva ! Retiens-le maintenant, nous arrivons !Les pattes de la lapine font l’effort d’un dernier saut en direction du Pokémon étranger. Dans un ralenti hollywoodien, je la vois voler vers sa cible en héroïne, tel que je ne l’avais jamais vue. Ses pattes avant tendues, elle s’apprête de le choper au moment où le voleur se rend compte de sa présence. Trop tard mon gars, tu es fichus ! L’action reprend son cours normal et Diva l’attrape… Avant de glisser inexorablement et de se rétamer sur le sol. Le corps visqueux et lisse du Pokémon semble l’avoir mise K.O., alors qu’elle se tortille sur le sol avec dégoût et peur.
-Steady, reste avec elle. Nous reviendrons dès que nous l’aurons capturé. En cet instant, je ne savais pas à quel point mes propos seraient justes. J’allais me risquer à capturer cette créature immonde après plusieurs tentatives vaines de le coincer. Quatre de mes Pokémons étaient déjà sur le carreau : Diva et Steady qui nous avaient abandonné auparavant et maintenant, Camé qui se sentait incapable de poursuivre la course poursuite ainsi qu’Héra étant restée avec lui pour le protéger. Je me retrouvais donc seule avec Cut pour la fin de cette histoire.
Tu es prêt mon pote ? On va le terrasser ce voleur. No pity !-Scaaaaaal !Ensemble, comme une vraie team, nous contournons le fauteur de troubles et le prenons en tenaille entre nous. Je ne suis pas très douée en combat Pokémon, voire même pas du tout, mais je connais au moins les attaques de mes Pokémon.
-Attaque ! Euh… Griffe Acier ! S’exécutant, les griffes de Cut prirent une lueur grisâtre et semblèrent s’allonger. A toute vitesse, il fondit sur sa cible pour le frapper d’un coup qui me parut dévastateur. En fait, n’étant pas une professionnelle des combats, chaque frappe me semblait démesurément puissante. Lorsque l’autre Pokémon riposta, j’eus mal pour Cut qui se faisait projeter sous un geyser d’eau. Je me sentais vraiment impuissante à ne même pas pouvoir attraper notre ennemi ou utiliser l’un de mes outils anti-Pokémon, puisque se trouvant dans mon sac.
Hum… On tente une Feinte, Cut ? Ne vas pas te blesser par contre. Et évite d’abimer mon sac, je t’en prie. N’oublions pas les priorités : mon sac en bandoulière. Non gêné, Cut se lança vers son adversaire. Celui-ci tenta une offensive, mais il se trouvait que Cut avait effectué son attaque en finesse et se trouvait d’ores et déjà au corps à corps du Pokémon. Sa lame alla se planter dans le ventre rebondit de l’autre et contrairement aux autres Pokémons, les lames tranchantes de Cut arrivaient à passer sa résistance naturelle aux chopes et à le faire saigner. Aussitôt, le voleur poussa un râle et se jeta sur Cut qui se retrouva frappé de tout le poids du Pokémon. L’agresseur fit ainsi vaciller Cut, qui sans ordre se rejeta dans la lutte.
Soudain, au milieu de la lutte acharnée, la lumière sacrée m’éclaira de sa splendeur. Sa candeur me rappela un léger, tout petit léger détail que j’avais oublié… Mes pokéballs… Elles sont dans mon sac ! Facepalm général. Mon plan tombait à l’eau. A moins que… Non, ce n’était pas possible, je n’arriverais jamais à atteindre la poche de mon sac durant leur combat. Il fallait pourtant que je tente. A quatre pattes, parce que je n’étais plus à ça près dans le domaine du ridicule, je m’approchais des deux lutteurs. Leurs coups fusaient et sous certaines explosions de sable, de boue, d’eau ou de sang, je me cachais en boule pour ne pas me prendre une balle perdue. Allez, encore un effort et je pourrais prendre une pokéball. Oui, j’y étais presque !
HRP :
Lancé d'une Pokéball o/