Puisque les sentiments de Pavel ont été dévoilés par un voile de mots qui en cache bien d’autres, car les choses ne sont que rarement simples avec toi, il serait peut etre légitime que j’éclaircisse les pensées de mon personnage. Je vais à ma façon essayer de démêler le noeud de pensées et d’émotions qui parcourent les entrailles d’Obéline depuis quelques années désormais.
Obéline n’était qu’une gamine un peu étrange lorsqu’elle l’a rencontré. Elle l’a vu danser la folie même sur une scène où la neige et son manteau blanc ettoufait les sons alentours. Discrètement, elle avait pu se faufiler et se choirsir une place de premier rang pour un spectacle qui est encore maintenant gravé dans sa rétine. Comme s’il faisait partie d’elle et jamais ne s’effacerait.
Durant la prestation, elle n’a fait que te dévorer de ses yeux innocents et curieux. Elle a su deviner ce qui n’existait pas, à l’instinct, à sa confiance absolue. Elle a su placer les pièces imaginaires de ton âme inexistante pour te créer. Non pas comme elle te souhaitait ou t'idéalisait comme un chevalier, un héros ou comme n’importe quel vulgaire prince charmant. Pourtant tu en avais le profil, le visage finement dessiné, les cheveux aussi blonds que les blés qu’elle n’avait jamais vu, l’élégance d’un prince de haut rang qu’elle ne pourrait jamais croiser… Tu avais tout pour qu’elle t’idéalise, tombe éperdument amoureuse et que votre histoire s’arrête dans les larmes avant même qu’elle ne commence. Car votre histoire n’allait pas être si simple et n’aurait pu se finir aussi facilement par un happy ending.
Mais Obéline a eu l’intelligence de ne pas tomber dans le trou béant que son coeur lui offrait. Au contraire, elle l’enjamba et alla au dela. Au dela de tes masques, au dela de tes comédies, au dela de tout ce que l’on pouvait voir. Elle te cherchait toi et non pas le reflet d’un conte impossible.Car Obéline avait la presénce d’esprit de savoir que les jolies histoires, ça n’existait pas d’un claquement de doigts. Alors elle te donna naissance, à toi le Pavel qui n’était pas.
Et puis tu disparus et la vie continua de filer son temps. Car rien ne serait capable de l’arrêter, pas même votre histoire à peine entamé.
Le hasard fit que vous vous retrouvèrent des années plus tard. Les conditions n’étaient pas les même, la scène avait reculé d’une saison, laissant les couleurs de la pureté blanche hivernale les teintes chatoyantes de l’automne et surtout les personnages n’étaient plus tout à fait identiques. Obéline avait grandi, un petit peu, pas encore assez, mais cela arrivera plus tard. Et toi, tu étais à nouveau un autre. Elle avait beau eu te percer à jour encore une fois, le masque que tu portais cette fois-ci était beaucoup épais, beaucoup présent, au point d'étouffer. De te faire disparaître au profit d’un autre.
Tu avais l’air de l’accepter, de le laisser s’emparer de toi.
Mais Obéline te voulait toi.
Oh ce n’était clairement pas une évidence pour elle et ça ne l’est toujours pas à vrai dire. Elle ne voit au travers de ses grands yeux rouges que l’ami précieux qu’elle ne veut pas perdre. Celui qu’elle a enfin retrouvé après ces années d’attente. Pourtant une fois, son coeur battit trop vite et trop fort, pour qu’elle ignore ses sentiments. A Kalos lors de votre escapade, sous un ciel nocturne aux allures d’échappées romantiques, les choses s’étaient accélérées. Pour marquer un point de non retour. Pour la première fois, Obéline n’avait plus été, le temps de votre courte aventure, la gamine innocente capable de prendre ta main sans rougir ni trembler. Le plus drôle dans l’histoire, c’était que ce mouvement de maître n’avait été orchestré ni par Obéline, ni par toi, mais par celui que la jeune fille préférait voir disparaître. De quoi embarrasser l’esprit de la gamine plus qu’autre chose.
C’était peut être pour cette raison qu’Obéline avait mis de côté ce qu’elle avait ressenti cette nuit-là. Elle ne pouvait tirer de conclusions de cette soirée trop confuse et mouvementée. Alors elle se contente de plonger à coeur ouvert dans votre relation présente.
En toute amitié.
***
Le son ne devint clair à Obéline que lorsque Leype le lui signala. En effet, elle entendait se rapprochant un bruit de pas. A la lumière finalement apparu le petit Tarsal de son ami. Rien de bien inquétant se dit la jeune fille. En plus il sourit… En le regardant plus attentivement, ce sourire n’avait rien de chaleureux, ni même de bienveillant. Le chevalier s’interposa entre la créature psychique et la gamine, sa fidèle épée à la main. Prêt à la défendre de tous les dangers.
Quelque chose n’allait pas, quelque chose ne tournait pas rond et les paroles que le Tarsal imposa à leur esprit ne firent que confirmer leur doutes :
▬ S’il n’y a plus d’Obéline il n’y aura plus de Pavel et il y aura plus de Leype.Comment ça plus d’Obéline ? L’intéressée déglutit et glissa par réflexe sa main dans le sac qui contenait ses pokéballs. Elle n’allait pas se laisser faire aussi facilement ! Mais un frisson dansa sur sa peau lorsqu’elle ne sentit que le vide sous ses doigts. Elle n’avait plus ses pokéballs ! Elle tira sur la manche de son chevalier et murmura, ne souhaitant pas se faire entendre par leur ennemi qui utilisait la télépathie. Autant dire que ses précautions étaient vaines.
▬ J’ai un problème… Mes pokémons, enfin leur pokéball… Je ne les ai plus.Alors apparut derrière le Tarsal, l’Elecsprint de Leype, suivit du Scarabrute et de l’Emolga d’Obéline. Ils affichaient tous le même sourire dément qui défigurait le visage de l’ordinaire si adorable Lancelot…
Autant Obéline se sentait la force d’affronter le Tarsal de son ami… Autant accompagné de trois autres puissants pokémons, le jeu devenait beaucoup plus dangereux. L’inquiétant groupe continua de se rapprocher, faisant reculer prudemment les deux amis. De nouvelles voix s’élevèrent alors dans leur crâne
▬ Tu es complètement irresponsable, gamine, tout se passerait bien mieux pour moi si je n’avais pas surveiller tous tes faits et gestes.▬ Ne pas attaquer les humains, ne pas attaquer les humains, quelles bêtises ! S’en suivit le rire complètement déformé par la folie du petit écureuil, qui résonna aussi bien dans le crâne d’Obéline que sur les parois de la grotte. C’était un rire strident et difficilement supportable. Par le biais du Tarsal, elle ne pouvait y échapper en bouchant ses oreilles. Finalement Obéline posa un genou à terre sous la pression sonore qu’elle subissait. Elle n’arrivait plus à se concentrer sur rien d’autre que l’attaque sonore, au point de perdre toute notion d’équlibre. Elle leva cependant les yeux sur son ami. Il n’avait rien… Comment pouvait-il… ? Obéline comprit que le Tarsal n’avait en réalité qu’une seule cible…
▬ Lancelot… Il est en train de m’attaquer grâce à sa télépathie et mon Ekko…Obéline se dit à cet instant que son petit pokémon n’avait jamais aussi bien porté son nom… Mais elle n’eut pas le temps de savourer son humour, Lancelot avait sauté sur le dos de l’Elecsprint et avait brandit son épée vers la gamine.
Il ne fallait pas de mots pour comprendre qu’ils passaient désormais à l’attaque...