« Qui suis-je ? »
C'est une question que je me suis toujours posé, même enfant. La question paraissait toujours simple à répondre, toujours évidente. Et pourtant. Pas une réponse. Pas le moindre semblant de réponse. Jamais encore je ne suis parvenu à y répondre. Car en vérité, je n'étais personne. Rien. Et je le savais parfaitement. Pas de vie, pas de sentiments. Rien de tout cela. Juste un corps qui subsiste dans un monde pourri jusqu'à la moelle et qui s'accroche à un espoir qu'il n'entrevoit même pas. Je n'ai pu profiter, même une seconde, de cette vie que le destin m'avait offert en me faisant naître. Je n'étais que ce bébé, cet objet, produit de l'amour sulfureux entre deux corps et poussés dans un élan d'excitation indescriptible, avant de le pousser à la destruction. Dès mes premières années, je n'avais déjà plus rien. Même pas l'amour d'une mère. Une mère aimante et soucieuse de ce que je pouvais être. Encore aujourd'hui, je ne sais même pas qui elle est véritablement. Sans doute est-ce parce que je n'ai cherché à la connaître. Après tout, elle n'était que cette femme qui me permettait de vivre sous son toit, qui me permettait au moins d'y survivre, d'y grandir comme je le pouvais et d'apprendre à comprendre ce qui m'entourait. J'étais cette coquille vide qui déambulait dans le couloir à la recherche d'une envie, d'un plaisir. Je n'oublierai ces jours où je me perdais, seul, au milieu de ces pièces, fixant les coins en espérant y voir apparaître un miracle. Ce miracle qu'aujourd'hui encore j'espère trouver. Je n'oublierai jamais cette solitude dans laquelle j'ai dû m'installer pour ne pas me sentir complètement seul. Elle fut ma seule amie après tout. Ma seule confidente. Ma seule maman. Mon seul papa. Mon unique bonheur. Elle me réconfortait, m'évitait le pire et me faisait supporter ces journées interminables et insupportables. J'ai fini par vouloir être seul, à aimer l'être, à m'éloigner de ce monde qui m'a abandonné dès les premiers instants.
J'étais seul.
Seul et renfermé.
Je n'étais personne.
Personne sinon cette masse qui a grandi avec les années à la recherche d'une réponse à cette question qui m'animait continuellement. Qui suis-je ? Je n'avais même pas le plaisir mon nom de Bradford. Je le reniais même. Je n'avais pas de famille. Pas de père. Pas de mère. Personne qui me permette d'avancer. Je n'ai jamais connu que les murs de ma chambre, mon école et les quelques endroits de la ville où je venais à bouger par obligation de rester auprès de cette femme. Je ne connaissais rien d'autre. Personne d'autre. Et personne ne me connaissait. J'étais invisible. Un fantôme enchaîné à la fatalité de ce monde. J'étais condamné à subsister. Encore aujourd'hui, je ne suis qu'une ombre, un meuble de la maison, un babiole parmi tant d'autres. Et ma taille n'a pas aidé à mettre à mal ma transparence. Un mètre cinquante. Un vrai nain. Une tête sous les autres, je passe inaperçu. Il fallait en plus que je sois anorexique. Plus maigre, je mourrai. Et massé dans mes quarante-cinq kilos, je n'étais plus rien. Alors je m'accrochais à la solitude, je m'enlaçais dans ses bras invisibles, et je me laissais bercer par ses mots doux, quittant ma condition de chose pour devenir cette âme qui se bat pour continuer à brûler aussi longtemps qu'elle le pourra.
Et la musique.
La musique me faisait vivre.
Elle était cette seconde amie.
Ce fut sans doute le seul bonheur que je vécus jusqu'alors. La musique. Le miracle que je n'aurais espéré. Mieux encore que la solitude, elle me faisait bouger. Mieux encore que la solitude, elle me faisait ressentir les choses. Mieux encore que la solitude, elle me faisait vivre. Elle me berçait dans le noir, me maintenait debout à la lumière. Elle me faisait enfin briller dans cette obscurité grouillante d'humains. J'avais appris à me découvrir un peu plus avec elle, à me voir dans ce miroir qui décorait tristement ma chambre, à voir se dessiner sur ma tête une chevelure brûlant comme les plus belles flammes du monde, à regarder dans le blanc des yeux ses iris d'un marron profond, à lire ses traits fins qui constituaient mon visage plat, ce petit nez en trompette, ce menton carré, ces muscles inexistants mais creusant mon abdomen de chaque côté, ces jambes imberbes, ces mains et ces jambes fortes qui avaient jusqu'à présent réussi à supporter le fardeau que j'étais. Tu t'étais comme senti des ailes, comme libéré d'un poids qui t'oppressait. J'avais découvert qui était Damon Bradford. Qui était cet homme chez qui j'avais décidé de venir vivre. Je ne fus jamais aussi heureux qu'en cet instant où je ressentais enfin cette sensation d'être quelqu'un. D'être un Bradford. Tu allais alors sur tes quatorze ans.
Puis vint la quinzième année.
Une année bien malheureuse.
Un passage digne de l'enfer.
Je n'avais pas supporté cette année, et j'avais fui. Fui mes responsabilités. Fui ce pseudo-monde où je m'étais instinctivement enfermé en te pensant seul. En me désignant comme une aberration du destin, une erreur de casting de cette dernière. J'avais disparu, loin de toute chose, me perdant jusqu'à ma propre personne. Abandonnant Damon Bradford sur ce quai où la bateau m'avait embarqué loin de cette ville qui ne me connaissait pas. Aujourd'hui, dans cet autre bateau, je me demande ce qu'il en aurait été si j'avais choisi de ne pas être un lâche, d'avoir le courage d'assumer qui j'étais. Je ne regrette pas ce choix. J'ai avancé. J'ai découvert un nouveau monde, une nouvelle vie. Je suis redevenu quelqu'un. Quelqu'un d'autre. Je suis moins enfermé, moins solitaire. Je suis curieux, et j'appréhende comme je peux chacun des éléments que je découvre chaque jour. Je ne suis pas d'une grande intelligence, mais j'arrive à comprendre que je progresse rapidement. Que je serai rapidement celui que j'ai toujours voulu être. Un monde s'ouvre à moi en ce jour. Un monde qui n'attend qu'une chose : découvrir qui je suis. Qui est Damon Bradford.
« Tu es mon fils. »
Les mots de ma mère résumèrent parfaitement la vie que j'ai pu mené jusqu'alors. Je suis son fils, sa chose, son objet qui lui permettait de continuer à croire qu'elle est une personne responsable et adulte. Une femme célibataire et pleins aux as. Voilà ce qu'elle était. Rien d'autre qu'une riche. Et ma naissance ne l'a pas aidé à supporter cette idée. Je suis un fils illégitime, né d'un père que je n'ai jamais connu et d'une mère absente qui ne voyait en moi qu'un semblant d'accomplissement dans sa vie. Les premières années, je n'ai pas connu celle qu'elle était, et je n'ai jamais cherché à le savoir. Je savais simplement, quand je fus en âge de raison, qu'elle ne serait jamais une mère pour moi et que jamais elle ne m'apprendrait à vivre. Comme un chien, j'étais condamné à vivre seul, à apprendre seul. Pas de jouets, quelques livres composant son énorme bibliothèque. Je n'avais guère beaucoup de moyens pour apprendre à vivre. Je vivais presque au jour le jour, me contentant de venir auprès de ma mère quand nous étions forcés de manger ensemble, d'aller faire ma toilette quand elle s'obligeait à le faire pour éviter de garder une boule de puanteur à l'intérieur de sa maison, de me coucher quand elle-même s'en allait dormir dans sa chambre, plongeant sans réfléchir toutes les pièces dans l'obscurité, me laissant seul comme elle l'avait toujours fait. Ma chambre restait mon unique lieu de vie. Le seul endroit où j'osais me déplacer sans hésitation pour accomplir quelque aventure épique. Mais déjà, le bonheur m'avait fui. Déjà, je ne ressentais plus de plaisir à faire ce que je faisais. J'étais devenu cette machine qui subsistait parce que le destin l'avait décidé ainsi. Et pour une raison que je ne pus jamais éclaircir, je ne pus intégrer l'école qu'à l'aube de ma sixième année.
J'aurais préféré mourir.
Il aurait été mieux de me laisser vivre en fantôme.
Chacun y aurait gagné quelque chose.
Le premier jour, j'avais cru percevoir un semblant d'espoir. Découvrir l'extérieur, apprendre à être un ami, un travailleur. Un écolier quoi. Malheureusement la réalité eut tôt fait de me revenir en plein face, m'emportant sur son passage. Je me retrouvais encore seul, laissé à mon triste sort, et les cours étaient pour moi d'une difficulté presque monstre. Je ne savais rien, et je compris très vite que même des gosses de trois ans avait plus de connaissance que je pouvais en avoir. J'étais rejeté, très vite oublié, plus renfermé que jamais, recroquevillé dans un coin de la cour, abandonné même des professeurs. Je vivais chaque jour comme un fardeau, chaque instant comme une nouvelle douleur à supporter. C'était bizarre de se dire que je n'étais qu'un enfant à l'époque. Aujourd'hui, je me dis que j'amplifiais sûrement par instinct la douleur qui était mienne, néanmoins je sais qu'à cette époque, je n'étais jamais aussi proche de ce qu'était vraiment ma petite vie. Une véritable misère. Un scandale. Une monstruosité. Et pourtant on avait laissé faire. On avait simplement oublié, simplement pensé que ce n'était guère, que je ne ressentais rien à propos de cela, que je pourrais vivre avec. Pas un mots ne fut prononcé à mon attention, pas une seule phrase ne fut envoyé à cette femme pour la faire changer. La vie poursuivait son cours, et plus elle progressait, plus je continuais de me sentir seul, perdu dans l'immensité de ce monde. La solitude était à ce moment-là devenu cette seule amie, cette seule mère vers qui je me tournais.
Puis vint le tournant.
Durant ma douzième année.
C'était un jour de beau temps.
J'avais été forcé à sortir un peu dans la ville pour suivre ma mère aux courses, comme elle se sentait forcée de faire pour continuer à croire en elle, et voilà que nous fûmes forcés d'emprunter un chemin bien différent du nôtre à cause de travaux. Un banalité comme une autre, évidemment. Mais il avait fallu s'arrêter sur ce nouveau trajet, bloqué par une file interminable de voitures. Les bruits de klaxons furieux, le moteur vrombissant qui me cassait les oreilles. Je me sentais plus qu'oppressé, me recroquevillant sur moi-même en attendant que cela passe. Seconde après seconde, je contenais comme je le pouvais ces sons insupportables et me coupait du monde pour rejoindre la solitude qui me tendait les bras. Et puis j'avais subitement entendu un son étrange. Un son qui ne m'était pas familier. Un son plus doux, plus vivant que ceux que je n'avais jamais entendu de ma vie. Ce son prenait en intensité, s'approchant pas après pas de moi, amenant avec lui toute ses sensations qu'il traînait derrière. Ce son fut la toute première musique que j'entendis dans ma pauvre et triste vie. Une musique fort banale, populaire parmi les jeunes et relativement basique. Mais aujourd'hui encore, elle reste ma préférée. Ma première. Mon point de départ. Car j'avais pu ressentir cette musique jusqu'au plus profond de moi. J'avais pu comprendre sans écouter les paroles ce que cette musique voulait dire. J'avais découvert, bien plus que la musique, le bonheur d'avoir des sentiments, d'avoir du bonheur. D'être vivant. Alors j'avais souhaité pouvoir continuer à profiter de ce bonheur, à le toucher toujours de mes doigts et de l'agripper même. J'avais pu acheté un casque, un téléphone, des musiques. M'enfermer dans ce bonheur, me lover contre lui, le ressentir dans ses moindres détails. Pour la seconde fois, j'étais venu au monde.
Et puis vint la quinzième année.
L'avenant d'un cauchemar sans nom.
La fin du bonheur.
Dès le début de l'année, tout avait basculé. La femme avait perdu son travail, virée comme une malpropre par ses supérieurs sous prétexte qu'ils n'avaient plus aucun intérêt à la garder. Elle s'était alors transformé en monstre, quittant son enveloppe humaine pour devenir un véritable monstre. Elle voyait tout en rouge, et était en colère contre le monde. Mais rien ne lui permettait de s'exprimer. Et j'étais ce rien, ce néant qu'elle recherchait pour balancer toute sa haine, pour essayer de ralentir sa longue descente jusqu'aux enfers du désespoir. Elle était devenu très rapidement alcoolique et semblait se droguer régulièrement. Mais surtout, elle me frappait. Quelques fois puis régulièrement. Toutes les semaines. Tous les jours. A chaque fois qu'elle croisait mon regard. J'avais appris à avoir peur d'elle. Je ne la considérais pas comme ta mère. Je ne l'a considéré même plus comme une personne. Simplement une chose, qui tentait de se raccrocher à tout ce qu'elle pouvait et par tous les moyens. Mais je ne supportais pas cette situation. Moi qui tentait déjà de supporter mon propre fardeau, celui qu'elle m'imposait m'était invivable. Je ne vivais même plus le semblant de vie que j'avais acquis avec la musique. Alors du jour au lendemain, j'avais fui ma maison, cette ville, cette région, empruntant un bateau, me réfugiant chez des gens. Fuyant simplement cette vie détruite, espérant en trouver une nouvelle.
C'est là que j'étais tombé sur lui.
Cet homme, pourtant simple fermier.
Il était devenu mon sauveur.
Mon nouveau père.
Il m'avait accueilli avec un grand sourire dans sa ferme. Il avait appréhendé avec sérieux cette histoire. Il avait choisi de t'élever un peu à ses côtés jusqu'à te trouver une nouvelle situation. Il t'avait appris des choses dont tu ne soupçonnais même pas l'existence, te fit découvrir des lieux, des détails, des anecdotes que tu ne connaissais même pas un chouïa alors qu'ils constituaient la base même de la connaissance. Mais surtout, tu avais découvert une chose que plus jamais dans ta vie tu n'oublierais : les Pokémon. Tu t'y étais très vite découvert une véritable passion. Tu avais été bien heureux avec eux. Tu te sentais bien à leurs côtés, et tu souhaitais ne plus jamais vivre sans en avoir un avec qui passer ta vie. Pour la première fois depuis que tu étais en âge de te rappeler, tu avais souri au monde, souri à l'avenir. Souri à la vie. Et ton père adoptif l'avait bien compris. Il avait compris ce qu'il allait pouvoir faire pour t'aider. Et c'est ainsi qu'au milieu de l'été, au milieu d'un repas bien garni, il sortit une brochure à ton intention. Une brochure présentant un lieu écrit en gros. La Pokemon Community. Je ne comprenais pas où il voulait en venir, puis il m'expliqua. Il me fit comprendre qu'il s'agissait là du renouveau que tu recherchais tant en fuyant ta vie à Vaguelone. Que c'était là ton ticket pour pouvoir enfin découvrir qui tu étais vraiment, et quelle vie tu choisirais de mener. Qu'enfin, tu deviendrais toi-même. Quelqu'un.
C'est ainsi que je me retrouvais là.
Dans ce bateau qui m'avait fait embarqué pour Lansat.
Je quittais ma seconde maison pour en découvrir une nouvelle.
Mais cette fois, je savais que ce serait bien différent. Je savais qu'enfin, tout allait changer. Que j'allais pouvoir redémarrer ma vie. Que j'allais enfin pouvoir apprendre tout de ce monde. Que ce miracle, que j'ai toujours recherché à travers les couloirs de ma maison, allait enfin apparaître. Et plus je voyais la région, qui devait être Sinnoh, s'éloigner, plus je me sentais me libérer de chaînes invisibles. Je me sentais léger, plus vivant que jamais, et enfin heureux. Un petit vent doux soufflait d'ailleurs sur le large, apportant une fraîcheur plus qu'appréciable. Je n'avais plus qu'une hâte, découvrir cette académie. Y découvrir la vie qui s'y trouve, s'y installer. Et surtout, y vivre. Enfin.
« Game start. »
Et la vie recommençait.
Bienvenue dans le Dortoir Phyllali ♂ et bonne intégration parmi tes confrères ! N'hésites pas à poser tes questions si tu as le moindre soucis à ton préfet qui est Leonidas Blackhart.Tu peux dès lors poster ta T-CARD dans la partie correspondante, ainsi que gérer tes RPs grâce à aux RECHERCHES DE RPs ET RELATIONS. N'oublie pas de remplir les champs de ton profil dès que possible (T-card et Fiche de Présentation) pour faciliter la navigation aux autres joueurs, et de réserver ton AVATAR dans la partie adéquate ! Tu repars aussi avec 2 Pokeball, données par le Collectionneur. Ton numéro étudiant est 396. Bon jeu sur Pokémon Community ! • Tu as effectué ta rentrée le 05 Septembre et fais donc partie du Septième Semestre. •Nous possédons aussi un chan Skype pour le forum. Si tu veux y aller, n'hésite pas à m'envoyer un MP ! •C'est la semaine du shiney ! Comme chaque année à la première semaine de la rentrée, toutes les fiches validées reçoivent un shiney. Tu peux donc avoir ton starter en chromatique si tu le désires ! •N'oublie pas de poster dans le recensement des DC/TC •Il te faudra attendre Elisabeth notre admin pour avoir ta couleur de dortoir. |
|
|