Δ OBSCURITÉ, TU SERAS DORÉNAVANT POUR MOI LA LUMIÈRE. 14 SEPTEMBRE 2016. |
Tu as du t'y faire. Tu n'avais pas demandé à changer de dortoir malgré le fait que tu sois une oxymore parmi les noctalis. Tu traces ton petit bout de chemin, cachant discrètement le blason de ton camp sous ta cape d'ivoire et tu passes le moins de temps possible au dortoir. Ce n'est pas une marque d'ingratitude envers Sirius ou Lucas qui ont tout fait pour t'accueillir et te mettre à l'aise, mais certains de tes condisciples de dortoir – tu ne peux pas vraiment employer le mot camarade pour les désigner – t'ont fait amplement comprendre que les coordinateurs ne sont pas les bienvenus dans le dortoir et tu cherches à les esquiver. Renfermé comme les tournesols face à l'ombre, incapable de trouver une once de lumière dans cet océan d'obscurité, tu camoufles ta douleur et tu te contente de passer le plus clair de ton temps à l'extérieur. Les jours qui s'écoulent te voient de plus en plus espacer tes visites au dortoir Noctali et à la mi-Septembre, tu n'y reviens guère que pour dormir une heure ou deux après l'appel du soir avant de repartir errer dans la nuit et le parc. Tu te feras prendre un jour par le Gardien ou son compagnon de type psy, tu le sais fort bien, mais tu es incapable, alors que l'insomnie te guette, de rester coincé dans ton lit et tourner en rond dans la chambre comme un Hélionceau en cage pourrait réveiller Alyx – pire, le déranger. Et Arceus sait que tu préférerais subir toutes les punitions ou les heures de colles du monde plutôt que de déranger quelqu'un. Arceus sait que tu choisirais de voir s'abattre sur ton crâne les foudres même de la Générale Jackie plutôt que de déranger quelqu'un. Ta cape et tes vêtements rabattus sur tes bras rougis par les brûlures indiennes et quelques hématomes qui décorent ton corps – conséquence du fait que tu ne sois pas un membre convenable mais plutôt une sous–race du dortoir – tu fais tes armes à l'académie en portant constamment des pull-overs au fil des jours qui s'écoulent alors que la chaleur estivale est encore bien présente. Mais tu préfères suer que de faire pitié, n'est-ce pas Ciel ? La honte mentale vaut mieux que la honte publique et tu te contente de te doucher matin et soir plutôt que de te résoudre à exposer les marques de ton indiscipline. Tu fermes les yeux sur leur conduite, en préférant te la reprocher et leur inventer des excuses – n'est-ce pas toi, après tout, qui a décidé de venir dans cette académie ? N'est-ce pas toi qui a pris le risque de te retrouver dans leur dortoir et de perturber leurs rangs ? N'est-ce pas toi qui savais que tu avais autant de chances de te retrouver chez les Noctalis que chez les Voltalis ou les Phyllalis ? Un autre dortoir, d'ailleurs, aurait peut être amené la même situation. Tu es d'une faiblesse incommensurable Ciel, et une proie facile pour ceux qui veulent s'amuser. Tu ne le sais que trop bien. Tes yeux, pourtant, gardent la même teinte joyeuse que la première fois que tu as mis les pieds sur l'île Touga et Lansat ne change rien à ta douceur habituelle. Tu tiens à faire semblant, pour sauver les apparences et n'est-ce pas ce que tu sais d'ailleurs faire de mieux, masquer ta douleur et la vérité ? Il n'y a guère que ce jour, en compagnie d'Idaliénor, ou tu t'es permis de craquer. Le reste du temps, en dehors de quelques secondes ou tes yeux se voilaient, tu n'as rien lâché. Aujourd'hui, malgré tout, tu es resté dans l'enceinte de la zone réservée aux Noctalis pour profiter de la bibliothèque du dortoir. Tu es parvenu, dans ces dédales de livres sur le topdressage, à en trouver un ou deux concernant l'élevage. Miracle ! Tu vas pouvoir t'instruire sur ta future vocation et, le préfet étant présent, tu es presque sûr que personne ne viendra te déranger pour te tordre les bras ou te donner des coups de genou dans l'estomac. Tu es en paix pendant presque une heure et tu te plonges dans la lecture jusqu'à en oublier tes peines. Et puis la porte des lieux grince et, dans un réflexe protecteur, tu fermes le livre que tu étais en train de consulter dans un claquement sec avant de te relever précipitamment. Tu serres les poings et même le fait que tu ne connaisses pas autrement que de vue la personne qui vient d'entrer ne parvient pas à te détendre les nerfs. Tu restes sur une attitude défensive, sans même tenter d'être autre chose qu'à cran et tu ne parviens qu'à articuler que quelques mots de politesse d'une voix étranglée. « Bonjour … Comment allez-vous ? » |
© GASMASK |
OBSCURITÉ, TU SERAS DORÉNAVANT POUR MOI LA LUMIÈRE. CIEL G. MANCINI| Matsuo Kyokai J’avais rapidement pris mes marques dans le dortoir des Noctali. Je partageais ma chambre avec Andrew et William et tout se passait relativement bien, si on omettait nos différences de caractères à tous les trois et les petits accrochages que cela pouvait occasionner. Le reste de mes camarades m’étaient pour la majorité inconnus, mais je n’avais pas de raison pour interagir avec eux, alors je ne faisais pas cas d’eux la plupart du temps. J'avais croisé Paul deux ou trois fois, sans pour autant en profiter pour aller discuter avec lui, car il était souvent accompagné. Oh bien sûr, certains parmi les plus âgés avaient tenté de m’intimider et faire leur loi avec moi. Ils n’avaient pas essayé longtemps. J’avais menacé les premiers, et j’avais cassé le nez de l’un d’eux pour faire bonne mesure, quand ils étaient revenus tenter leur chance. En plus, ils s'étaient mis doublement Pix à dos. Déjà parce qu'ils me menaçaient, et parce qu'ils avaient tenté de l'attraper pour qu’il ne puisse pas me défendre, et mon renardeau n’avait pas apprécié du tout et avait riposté avec hargne, attaquant quiconque avait tenté de nous approcher. Le compte final, un nez cassé, de nombreuses brûlures, et une énorme portion de nourriture pour mon pokemon lors du repas qui suivit, pour le remercier. J’avais un moment été inquiet en imaginant que ces crétins aillent se plaindre, mais pour le moment, ni Lucas, ni même notre référent, Roosevelte n’étaient venus me demander des explications. J’étais à présent relativement tranquille, et ne me gênais pas pour déambuler dans mon dortoir sans crainte, et la tête haute, copiant avec précision l'attitude de mon goupix. Je ne comptais pas me laisser faire, et laisser croire à ces petites brutes qu’ils pouvaient avoir une emprise sur moi par un quelconque moyen. Ce jour-là, j’avais décidé de faire quelques recherches sur l’élevage des goupix et des pokemon feu en général. J’avais de bonnes bases, mais je me rendais compte à quel point Rept’ avait toujours été indépendant et ne me demandais que peu de travail quand j’étais encore à la maison. Pix n'était plus aussi sauvage depuis le festival de l’éveil de Jirachi, mais j'ignorai tant des habitudes de son espèce. J’avais donc pris le chemin de la bibliothèque du dortoir, espérant trouver quelques informations, Pix à mes côtés, comme d'habitude. J’aperçus Lucas, en train de travailler à l’une des tables et lui fit un signe de la main pour le saluer. Je n'étais encore jamais entré dans cette pièce et j'appréciai le calme qui régnait. Je jetai un regard circulaire dans la pièce pour voir qui d’autre était présent. La bibliothèque est vide, mis à part un gamin qui s’était brusquement levé à mon entrée. Pourquoi une telle réaction je l’ignorai, mais il ouvrit timidement la bouche et balbutia : - Bonjour … Comment allez-vous ? J’eus une demi-seconde de surprise, qui dut apparaître sur mon visage, en l’entendant me vouvoyer. Avais-je l’air si vieux que ça pour qu’il se mette à me dire vous ? Je l’observais un peu plus en détail, et je constatai qu’il n’avait pas l’air très à l’aise, voir qu’il était un peu effrayé. Sachant que ma tête n’était pas du genre à faire peur, je compris que lui aussi devait être nouveau et devait subir les brimades de nos camarades. Et je ne doutais pas une seule seconde qu’il se laissait faire sans broncher. C’était écrit sur son visage, mangé par les mèches vertes de ses longs cheveux, et aussi dans ses yeux bleus qui laissaient deviner une grande sensibilité et une douceur à toute épreuve. Il n’était pas bien grand et un peu chétif, et ne devait pas avoir plus d’une douzaine d’années. Pas étonnant que les autres l’aient pris pour cible. C’était comme si sur son front il y avait écrit : « Je suis un gentil garçon qui ne fera rien pour vous arrêter, viendez vite m’embêter. » Oui oui, vous avez bien compris, viendez, du verbe viendre, une mauvaise prononciation que mon petit-frère utilise souvent. Et ce garçon me faisait penser à Taro, lui aussi facilement prit pour cible d'emmerdeurs. Et comme dans le cas de mon frère, j'avais envie de protéger ce gamin et de lui remonter le moral. Je m'approche de lui, et je sens qu'il n'est absolument pas serein que je fasse ça. Il doit vraiment en baver pour réagir comme ça devant un inconnu. - Salut, pas besoin de me vouvoyer, je ne suis pas si vieux, et pas assez sage pour le mériter, je lui répond avec un petit sourire aux lèvres. Je m'assis près de lui sans perdre mon sourire. Il portait une cape et un pull en dessous et je ne pus m'empêcher de me demander pourquoi, c'était tout de même un peu étrange avec la chaleur qu'il faisait encore à Lansat au mois de septembre, loin de la température qu'il à avait à Acajou. - Je suis Kyokai, je viens d'arriver à l'Académie, je viens de Johto. Et voici Pix mon partenaire. Ne l'approche pas trop, il peut être un peu agressif avec les inconnus, le prévins-je pour éviter qu'il se fasse brûler. Et toi, tu es nouveau aussi ? |