Les combats Pokémon, pour l'œil peu habitué d'un étranger cela semblerait tellement étrange. On élève une créature, on créé des liens, on la dresse, puis on la jette à corps perdu se battre jusqu'à évanouissement contre d'autres créatures appartenant à d'autres personnes et élevées de manière semblable. L'enfant installée sur les gradins peinait parfois à comprendre la logique de tout cela, se demandant s'il n'était pas préférable de devenir coordinateur ou simplement se couper de la dangerosité de la nature. Si les stratèges et autres spécialistes de type se permettaient ce genre de manœuvre, seulement le faisaient-ils dans des lieux sécurisé comme celui-ci, avec un toit au dessus de leur tête et un médecin à portée. Mais elle, elle se vouait à combattre dans des conditions où les blessures pouvaient être grave, où dire que l'on s'est trompé ne marche pas, où l'erreur n'était pas permise. Régulièrement, des nouvelles venaient de rangers de tous les coins du monde, de ceux qui étaient parvenu à défendre ce pour quoi ils s'étaient battu, qui voyaient leurs épaules recouverte d'une cape de gloire, et puis les autres. Ceux que l'on ne retrouvait qu'au bout de deux semaines, le bassin brisé lors d'une mauvaise chute, qui n'avaient survécu que grâce à un filet d'eau dans la roche et de mousse. D'autres dont le sort bien plus terrible encore avaient sacrifié leur intégrité ou leur vie pour protéger des Pokemon et des lieux.

En levant son regard bleu pâle vers le plafond, l'enfant se mettait parfois à douter. L'idée de perdre l'un de ses Pokemon lui déchirait le cœur de la pire des manières. Parfois, des flashs de cette sortie capture lui revenait, de ce roux à l'air furieux qui n'avait pas hésité à s'en prendre à Orren, à tenter de lui voler sa capture. Prenant doucement le Marill pour le poser sur ses genoux et le caresser, elle songeait à ce qu'elle aurait fait seule, à ce qu'il se serait passé si elle n'avait eu que son Evoli comme seule défense. Le monde était dangereux et elle ne pensait plus à fuir l'île, pas avant d'être capable de faire face à toutes les situations. Le plan de sa vie se traçait lentement dans son esprit et à chaque fois qu'elle y rajoutait une ligne, un détour, de nouvelles angoisses venaient l'empêcher de dormir la nuit. Sans doute aurait-elle continué de rêver ainsi pendant des heures si une fille de ses cours de top-dresseur n'était pas allé la voir, réclamant un combat. L'Evoli qui était resté allongé jusque là bondit sur ses pattes en poussant un bruit furieux, ravi à l'idée de pouvoir défouler ses muscles endormis par ce mois de pause. L'obtention de cet œuf avait été une fête pour tous mais au fur et à mesure que la date de son éclosion s'était approché, les sorties s'étaient raréfiées.

Anna se releva sans piper un mot et se mit en position dans ce lieu presque désert. La fille qui lui faisait face ne lui était pas inconnue mais il n'y avait rien à faire, l'enfant ne parvenait pas à se rappeler de qui elle était et quel parcours elle suivait. Qu'importe. Son fidèle starter bondit en avant sans même attendre d'ordre de passage en poussant des grondements qui ne durèrent pas. En face de lui, dans un éclair rouge, apparut une énorme créature, grande comme un homme, d’entraînement, ils se retrouvaient face à un Alakazam. L'Evoli tourna lentement la tête vers sa partenaire de toujours avant de bondir d'un coup vers sa proie, furieux, la pauvre bête n'eut même pas le temps de planter ses dents dans l'adversaire qu'il se retrouvait écrasé contre le mur d'un abris. Le combat était inégal mais ils se prenaient tous au jeu de mettre au sol au moins celui-là. Le starter se mit alors à léviter, lançant des attaques passives comme il le pouvait, recevant coups sur coups. Il n'en fallut pas beaucoup avant qu'il ne finisse par demander grâce, la petite blonde le rappelant. Tout cela était interminable et après avoir vu le Marill se faire mettre au sol, quelque chose devenait évident.

D’entraînement, de combat, il n'y en avait pas, la dresseuse en face d'elle ne faisait que s'amuser avec sa combativité, se comportant comme un Persian dont la faim ne le poussait pas à achever rapidement ce pauvre Ratata. Son Riolu se jeta dans la mêlée, rapidement écrasé par ces pouvoirs psys contre lesquels il ne pouvait rien faire et rapidement, ne lui restait que deux Pokemon. Dans ses bras, le petit Nucléos noir qui fixait curieusement ce triste manège et le Magicarpe dont la privation d'eau l'empêchait d'agir.

- Et bien, tu ne le lance pas ?

L'enfant ne compris pas tout de suite avant que ses yeux ne s'écarquillent, resserrant ses bras autour du bébé et de faire non de la tête.

- Abandonner n'est pas digne d'un top

Elle ricana

- En même temps vous les rangers, qu'avez-vous vraiment de top ? je vais t'apprendre à ne pas abandonner moi, Terry, rafale psy !

Pivotant d'un mouvement pour le protéger, elle ferma brusquement les yeux. Protéger les siens avait toujours été quelque chose qu'elle avait partagé avec lui. De tous ses Pokemon, ce Magicarpe était sans doute celui qui lui ressemblait le plus, calme et attentionné, il prenait parfois plus de temps à aider les autres à nager qu'à effectivement profiter lui-même de ces étendues d'eau. Jamais un son ne sortait de sa bouche et pendant longtemps cela avait inquiété la petite, comme si il ne se sentait pas assez à l'aise avec eux pour le faire. Au fond, si ils avaient put communiqué, Kona aurait sans doute fini par expliqué qu'il n'en voyait pas l'intérêt, tant qu'il était avec eux. Mais même sans la parole, même sans dialogue possible, un lien s'était créé entre eux. Alors au fond de sa pokeball, tournoyant dans ce monde étrange qu'elle formait, quelque chose de l'extérieur l'interpella, rappelant ce monde de l'extérieur dont il était coupé. Un stress intense, de la peur, des sentiments bien trop connu d'un cœur qu'il avait apprit à découvrir. Sa dresseuse était en danger, pas seulement elle, mais leur famille. L'agitation brutale qui le prit, ce désire de protection, tout fit vibrer l'objet.

Un éclair rouge s'échappa de la poche de la jeune fille sans qu'elle ne le voit et face à l'attaque violente de l'Alakazam, le pokemon était apparu, subissant le coup brutal, bien trop éloigné que son corps ne pouvait le supporter. Mais il le devait, pour elle, pour continuer et lentement le rouge devint blanc, les écailles s'étendirent sur un corps de plus en plus long, de poisson il devenait serpent ou plutôt dragon. Dans l'esprit d'une créature aussi étrange il est toujours difficile de savoir ce qui se passe réellement, ce qui peut pousser un simple poisson comme lui à ainsi se démener en entraînement malgré ses attaques pauvres et ses capacités limitées. Depuis tout ce temps il s'était entrainé malgré lui pour atteindre ce but, pour un jour, comme l'evoli, se dresser fièrement face aux autres et se jeter dans la mêlée. Ce combat était le sien, celui de protéger sa dresseuse, celle qui l'avait fait éclore, celle qui lui avait offert un foyer, celle pour qui il n'était pas une simple boule rouge aux yeux exorbité et au cerveau inexistant.

Mais ce physique là n'existait plus, lentement la blancheur fit place au bleu et dans cette bouche disgracieuse, avaient prit place quatre dents, longues comme des mains et dans cette gorge, un cri. Long, grave et menaçant. De combat il n'y en eu pas, la jeune fille rappela son partenaire, se permit une dernière réflexion sur l'inutilité de s'énerver et fila. Et lentement, de la dresseuse et du Pokemon, leurs regards se croisèrent.

Pourquoi était-elle partie aussi précipitamment, qu'avait-bien hurler aussi fort jusqu'à en faire siffler ses oreilles. Mais en se tournant jamais l'enfant ne se serait jamais attendue à se retrouver face à une telle créature, un nouvel hurlement, le sien cette fois, se fit entendre dans le stadium alors qu'elle tombait, trébuchant sur ce corps immense et menaçant. Jamais elle n'avait vu créature si grande, ou du moins s'en persuadait-elle, car si face au Steelix de ce cher Yade, le Pokemon eau qu'elle avait en face d'elle faisait pâle figure, lui manquant bien trois mètre avant de l'égaler. Mais lui, lui était beaucoup trop proche, avait une gueule bien trop grande, des yeux trop menaçant et alors qu'elle se voyait déjà avalée cru, Kona posa lentement sa tête au sol. A présent, ce n'était plus qu'un grondement sourd et doux qui s'en échappait, comme un ronronnement étrange d'un Miaouss de 400kg et elle commença à comprendre. S'agitant pour ramasser la petite Pokeball du Magicarpe, elle la scruta, vide. Lentement, appuyant sur le bouton avec presque trop de méfiance, le dragon y retourna dans un éclair rouge et elle resta là.

Assise au sol, la Pokeball dans sa main et le pauvre Nucléos sur les genoux, il lui fallait réaliser a quel point il avait changé. Était-ce là ce que ressentait un parent la première fois qu'il découvrait sa chère petite fille en robe du soir ? Peut-être, elle imaginait le choc moins grand encore. Appuyant de nouveau, le Léviator en sortit nouveau, elle l'appela à mi-voix et il lui répondit avec douceur.