Une immense vague de soulagement m'envahit lorsque la lumière rouge de la pokeball s'éteignit. J'avais enfin capturé mon premier pokémon. Mon euphorie fut de courte durée, car je devais réfléchir au moyen de retourner à l'embarcadère. Dans ces plaines sablonneuses, il était facile de se perdre. De plus, les rafales de sables rendaient le repérage encore plus compliqué. Je rangeai la pokéball sur ma ceinture, ce ne serait pas le bon moment pour faire connaissance avec mon nouveau pokémon. Après tout, la dernière image qu'il avait de nous c'était ma jambe qu'il mettait en compote et un nidoran qui l'attaquait. De ce fait, il ne serait assurément pas dans l'état d'esprit adéquat pour faire connaissance. D'ailleurs, le poison continuait de faire effet sur lui, j'allais devoir le faire soigner le plus rapidement possible puisque je n'avais pas d'antidote sur moi. J'attachai mon châle sur ma jambe afin qu'il reste en place. Karael revint vers moi, examinant ma jambe avec inquiétude. Malgré la tempête ambiante, je sortis ma gourde d'eau. Nous avions vraiment de nous désaltéré. Je me penchai vers Karael, la couvrant des grains de sable projetés par le vent. Elle laissa échapper un soupir de soulagement.
- Kara tu t'es bien battue, la félicitais-je. Je crois que lorsque nous allons revenir à l'école, je vais te donner un bon petit festin.
La nidoran laissa échapper un cri de pur bonheur à l'idée de manger. Il y avait toujours de la place dans l'estomac de Karael pour un peu de nourriture. Après m'être désaltérée, je rebroussai chemin. Dès que je fis un pas, la douleur sur ma jambe se raviva. Le chemin du retour promettait d'être fort pénible. J'avançai donc en claudiquant dans les plaines sableuses. Le vent me poussait dans le dos, ce qui pour une fois m'avantageait. Je n'avais pas hâte de me retrouver devant un miroir pour voir la tête de déterrée que j'avais en ce moment. Le portrait se résumait ainsi : la peau rougie par le soleil, les cheveux en bataille et plein de grains de sables, ainsi que ma jambe recouverte d'un tissu aux tâches écarlates. Je devais ressembler à une créature hybride digne des films d'épouvantes, mi-humaine, mi-homard. Le pire restait à venir, car j'allais sûrement avoir des cloques d'eaux dans quelques jours. Après allait venir la mue, soit ma peau allait commencer à pelée. Pour l'instant, mon dos n'était qu'une plaie brûlante qui rendait ma progression interminable. Autre chose qui commençait à me perturber, c'était mes pieds enfoncé constamment dans le sable. Les grains sablonneux qui s'infiltraient à l'intérieur se faisaient de plus en plus nombre. De ce fait, mes pieds commençaient à être douloureux.
À mesure de ma progression, le vent se calmait peu à peu. Le sable retombait graduellement, laissant les rayons du soleil plongé à nouveau. À mon plus grand malheur, je sentis le soleil vriller sa chaleur sur le devant de mon corps, terminant ainsi de griller ce qui me restait de peau intact. Je n'avais plus mon châle pour protéger mon visage de l'agression des rayons UV, de ce fait j'allais sûrement avoir une belle démarcation au niveau de mes yeux. Hormis que je cuisais autant sur le chemin du retour qu'à l'allée, aucun autre événement marquant ne se déroula durant le trajet. Je commençais presque à penser que je m'étais évanouie quelque part et que je rêvais. Toutefois, la douleur que je ressentais me prouvait que j'étais belle et bien éveillée. Après une traversée interminable, je vis enfin la lumière au bout de ce tunnel brûlant. L'embarcadère se profilait peu à peu au loin. J'espérais seulement que ce n'était pas un mirage. L'exclamation de joie de Karael me rassura. Elle ne tarda pas à partir en flèche vers le port. Avec ma jambe blessée, je ne pouvais la suivre. Cette situation avait un air de déjà-vu, me rappelant ma première rencontre avec Yamato durant l'hiver passé. Je soupirai en raison de la mauvaise habitude de mon pokémon de se précipiter sans m'attendre.
- Sibole Karael, attends-moi, je ne peux pas te suivre, m'écriai-je en claudiquant dans son sillage.
Finalement, elle s'arrêta à l'entrée de l'embarcadère. Je la rejoignis, haletante. Je remarquai une poubelle près de moi, je pris pot de crème solaire qui s'était révélée inefficace durant mes mésaventures. En une quinzaine de minutes d'exposition et je carbonisais déjà, cette lotion ne valait rien du tout. Je la jetai dedans avec humeur, j'allais changer de marque à mon retour. Je me tournai vers la flèche qui me regardait avec une innocence feinte.
- T'étais vraiment obligé de partir en flèche comme ça, bougonnai-je.
Elle me répondit par une exclamation que je perçus comme un oui fort enthousiasme. Je levai les yeux au ciel. Je remarquai aussitôt les coups d'oeil interloqués des passants. Mes brûlures me rendant déjà irritable, je leur lançai des regards assassins. Je montai dans le bateau sans demander mon reste et me faufilai à l'intérieur, profitant de la fraîcheur bienfaisantes de la cabine. Je m'assieds sur le dernier banc au bord d'un hublot, Karael couchée tout contre moi. Je ne m'appuyai pas sur le dossier du banc, car je savais que ce serait fort douloureux. De ce fait, j'étais dans une position inconfortable et j'avais l'impression que tout mon corps était en feu. Je ne pouvais m'endormir, ce qui n'était pas le problème de mon pokémon qui ne tarda pas à s'endormir épuisée par cette journée mouvementée. Je pris doucement la pokéball contenant mon nouveau pokémon. Au final, mes mésaventures dans le Désert Jouca avaient valu la peine.