Aujourd’hui était une journée comme une autre. Une journée ensoleillée. Une journée où rester en intérieur n’aurait été que gâchis. Nyaruko s’était prélassée à côté du lit jusqu’à tard dans la matinée. Et on ne pouvait pas dire que j’avais accompli plus de chose. Je ne comptais pas remettre encore la faute sur ma peur des autres car rien ne m’obligeait à toujours partager des moments avec eux. C’est à cause de toutes ces raisons que j’ai décidé de partir en forêt. J’aurais pu y entrainer Nyaruko, mais je trouvais que l’on manquait de coordination pour le faire si tôt après l’avoir rencontrée. C’est pourquoi j’ai opté pour une solution bien plus simple, nous allions partir cueillir des baies.

C’est ainsi que je me retrouvais au milieu des arbres, sans personnes pour me mettre mal à l’aise, avec un pull chat en forme de Flamiaou et mon sac à dos à la même effigie. Nyaruko à mes tallons, je courrais dans cette forêt si tranquille en profitant du paysage. Les
environs étaient si beaux et verdoyants que je ne pouvais m’empêcher de rayonner. Nyaruko s’arrêtait souvent pour renifler l’air. Elle avait bien compris que l’on était partie chercher des baies. Mais prendre mon temps était également nécessaire pour elle comme pour moi. Cette sortie était l’occasion de nous rapprocher après tout.

-Nyaruko, amusons-nous aujourd’hui, j’espère que l’on trouvera aussi des baies mais je veux profiter de ce moment.

« Miaou ? Nya miaou ! »

Cette discussion entre l’homme et le pokémon n’était pas si dure à comprendre. Il suffisait de regarder la filoute courir dans tous les sens pour comprendre qu’elle était heureuse d’être là. Puis de la voir se frotter contre ma jambe pour savoir qu’elle était également heureuse d’être avec moi.

Je trouvais néanmoins bien dommage de ne pas trouver le moindre pokémon dans la zone. Ce n’est pas que j’en cherchais particulièrement, je savais bien que l’on n’avait pas le droit d’en capturer ici. Mais je voulais en apprendre toujours plus pour peut-être un jour trouvé l’idée de la team de rêve que je comptais créer. Et puis j’avais aussi envie d’utiliser la fonction pokédex de L’IPOK. Enfin, dans un sens cela n’était pas plus mal. Je devais avouer que tomber sur un Ursaring pourrait bien me faire la peur de ma vie.

À défaut de pokémon et de baies pour le moment, je trouvais pas mal de petites choses intéressantes. Je m’arrêtais de temps à autre pour montrer un champignon étrange, une jolie fleur, un buisson à la forme particulière que je rencontrais en chemin. D’ailleurs en parlant de buisson, j’ai profité d’un buisson très particulier, car il ressemblait à une tête de chat, pour prendre Nyaruko en photo avec L’IPOK. Bon d’accord je l’avoue, c’était également ma journée découverte du fonctionnement de cet étrange objet que l’on m’avait donné quelques jours plus tôt. Ce n’était pas ma faute si lorsque j’étais seule j’avais besoin de faire tant de chose !

Je devais dire que plus on s’enfonçait dans la forêt, plus je doutais de trouver un jour la moindre baie. C’est pourquoi, après plus d’une heure de marche, je proposais à Nyaruko que l’on se pose un peu. Une caresse de mon pokémon m’avait fait comprendre qu’elle était aussi d’accord.

La chance avait voulu qu’un petit ruisseau coule lentement non loin de nous. C’était vraiment un cadre idyllique pour se reposer. Un havre de calme de sérénité. Je posais ainsi mon sac au sol et m’allongeais lentement la tête dessus. Nyaruko vint alors me rejoindre et s’allongea sur mon ventre en ronronnant. La vue que m’offrait cette position était vraiment belle. Même si les arbres dissimulaient le soleil, quelque rayon filtrait au travers les branches formant une sorte de toile lumineuse au-dessus de nous. Étonnamment, je m’attendais même à voir des Emolgas danser sous les branches au milieu de ce tableau. Puis une autre pensé vint remplacer l’image du pokémon planant par Nyaruko qui pourrait sauter de branche en branche dans des acrobaties à couper le souffle.

-Un jour il faudra que l’on essaie cela. Lui disais-je à voix basse même si elle ne pouvait pas comprendre ce que j’avais entraperçu.
Mais cela ne sembla pas gêner mon petit chaton violet.

-Dit Nyaruko, tu penses qu’un jour on arrivera à se produire sur scène comme les grandes coordinatrices.

« Chacri ? » me répondit-elle en me regardant avec un air interrogateur.

-Je te vois déjà montrer ton élégance sur scène sous les feux de la rampe. Sublime. Avec de petits accessoires qui pourraient te rendre plus belle qu’un diamant.

« Chaci miaou ! » Annonça-t-elle en me regardant avec conviction comme si elle me disait qu’on le deviendrait ensemble.

D’une main douce, je lui caressais la tête en la grattant entre les deux oreilles.

-Oui, il faudra aussi beaucoup de temps. Mais aussi que j’apprenne à cuisiner des pokéblock pour toi. Mais pour cela on aura besoin de beaucoup de baies.

« Nya ! »

- Oui on finira par en trouver.

En me redressant en position assise, je regardais les alentours et Nyaruko sauta de mon ventre. Elle se trouvait maintenant entre l’eau et moi virevoltant en tournant sur une de ces pattes avant de se retrouver sur deux pattes face à moi. Les Chacripans aimaient beaucoup permuter entre leur position sur deux pattes et leur position à quatre pattes. C’était un petit quelque chose dont je m’étais rendu compte petite. Nyaruko avait sur ce point-là rien à envier aux chacripan d’Unys. Même au contraire, elle était très agile sur ses pattes arrière. La voir se remettre à tourner sur soi me le démontrait bien. Mais ma réflexion fut alors interrompue par un léger craquellement et un « plouf ». En un instant, la terre sous les pattes de Nyaruko avait cédé et elle se retrouvait maintenant à l’eau.

-Nyaruko ! M’écriais-je en la voyant se débattre péniblement dans l’eau.

Cette dernière avait beau ne pas avoir beaucoup de courant, Nyaruko était si petite qu’elle se faisait emporter. Je découvrais dans un même temps avec angoisse que Nyaruko paniquait dans l’eau.

D’un geste rapide, je récupérais mon sac et me lançai à sa poursuite sur la terre ferme en espérant réussir à la rattraper !

On a beau dire tout ce que l’on veut, c’est toujours lorsque quelque chose ou quelqu’un disparaît sous nos yeux que l’on comprend à quelle mesure on l’apprécie. C’est d’ailleurs parce que j’aimais Nyaruko de tout mon cœur que je courus comme une folle à sa poursuite alors qu’elle dérivait au gré du ruisseau. Le faible courant me permit de la rattraper assez rapidement. Mais rien n’était encore fait. Lorsque je fus sur d’avoir pris assez d’avance pour tomber sur elle, je sautais droit dans l’eau… Qui était bien plus profonde que je ne l’aurais cru ! Cela ne m’empêcha heureusement pas de réussir à attraper Nyaruko et la faire monter sur mon épaule. Mais petite chose que j’avais un peu oubliée dans le feu de l’action. Je suis également une piètre nageuse ! Même si le courant n’était pas très fort, le fait que je ne puisse toucher le sol m’empêchait de revenir correctement. Je flottais au mieux avec le peu de capacités de nage que je connaissais. Seulement, tenir la tête hors de l’eau avec un poids qui me déséquilibrait, et surtout avec le poids de l’eau dans mes vêtements. Mais alors que je n’arrivais plus à rester en surface, je me sentis soulevée dans les airs. Puis quelque chose me projeta rapidement sur la berge d’en face avant de me déposer en douceur.

Allongée sur la berge, je recrachais l’eau en trop que j’avais avalée la dernière fois que j’eus fini sous l’eau. Nyaruko semblait aller mieux que moi. Elle me regardait tristement. Une fois ma quinte de toux calmée, je me mis à la caresser tout en douceur avec de légères larmes.

-Est-ce que tu vas bien ? Tu m’as fait peur.

Nyaruko me lécha alors le visage, chassant mes larmes naissantes. Elle s’inquiétait elle aussi pour moi.

- Je suis désolée, commençais-je en me frottant le visage. Je devrais réfléchir un peu plus avant de sauter la prochaine fois. M’exclamais-je alors avec un léger rire nerveux.

Le bruit d’une branche cassé attira alors mon regard sur celui qui m’avait… Sorti… Qu’est-ce que c’était que ça ! Ce n’était pas un Ursaring, mais s’était indubitablement un ours ! Oui c’était un ours rose et noir géant à l’allure de peluche, mais sa taille me terrifiait. Seulement je me rappelais qu’il venait de me sauver. Avec un peu de volonté, je fis évoluer mon visage terrifié en un visage souriant.

-Mer… Merci de nous avoir sauvées…

À peine ai-je eu le temps de prononcer cette phrase, que l’étrange ours s’enfuit en courant au milieu de la forêt.

-Qu’est-ce que s’était que ce pokémon ?

Je découvrirais bien plus tard qu’il s’agissait en fait d’un Chelours, mais même lorsque je sus cela, je ne savais pas s’il était sauvage en quel cas je ne saurais pourquoi il ‘avait sauvé, ou s’il était à quelqu’un qui m’avait fait sauver dans l’ombre. Mais quoi qu’il en soit, j’étais reconnaissante envers cet ours et son potentiel dresseur.

Une fois le pokémon hors de mon champ de vision, une nouvelle chose m’inquiéta.

-Mince… tout a pris l’eau… j’espère que l’IPOK est waterproof. Heureusement, je constatais qu'il fonctionnait toujours.

Alors que je m’essorais comme une serpillère à côté de Nyaruko qui se secouait, une odeur sucrée vint me titiller les narines. Même si un zénith aurait été le bienvenue, cette odeur eu le même effet sur moi qu’un bon feu bien chaud. Et visiblement, Nyaruko semblait elle aussi avoir senti l’odeur. Aurions-nous eux un peu de chance dans cet acte de malchance ?

-Tu as senti ça ?

« Nya ! »

Consciente que je ne pourrais pas continuer à marcher avec trop de vêtements mouillés sous peine de m’écraser sous mon propre poids, je décidais de me délester de mon pull favori, de mon short soupière et de mon sac à dos, les étendant le mieux possible sur la berge pour les faire sécher. Je récupérais néanmoins une petite bourse de cuir pour de possibles récoltes.

Ah oui, un petit truc, en rentrant je me suis promis de ne jamais refaire cela. Certes j’étais seule dans ce lieu pour cette fois, mais quelqu’un aurait pu me voir dans cette tenue…

Je poursuivais alors la route avec ce poids en moins, suivi de près par Nyaruko qui ne semblait pas du tout avoir abandonné l’idée de cette cueillette même après ce malencontreux évènement. L’odeur nous conduisit sur un chemin parsemé de fleurs. Elle nous fit marcher sur un tronc d’arbre couché au sol, même s’il n’y avait pas vraiment de raison de faire cela. Elle nous fit traverser le feuillage de quelque buisson que Nyaruko martelait de coup de combo-griffe pour faire tomber le trop-plein de feuilles qui risquaient de me blesser à cause de ma tenue. Et finalement nous arrivions dans une zone totalement ensoleillée au milieu de nulle part. Il s’agissait d’une sorte de clairière lumineuse d’où s’élevaient des parfums irréalistes.

-Oui. J’en suis sûr. C’est ici qu’il faut chercher les baies.

« Miaou ! » ajouta Nyaruko visiblement aussi excitée que moi.

-Les baies ! On arrive !