Des bruits de
sabots en
bord de mer
Sortie Capture - Été 2017
Scrountch scrountch, nom nom nom… Ah, cette pomme était délicieuse. Je ne regrettais pas de l’avoir piquée en partant ce matin. Je me demandais si les cultures d’Alola étaient différentes de celles des autres régions… Après tout, chaque coin de ce monde a sa propre façon de cultiver ses fruits, légumes et baies, alors ce serait normal que l’archipel aussi, surtout compte tenu de son éloignement forcé avec les autres territoires. Cela a dû demander beaucoup d’efforts aux habitants de trouver des moyens de subvenir à leurs besoins. Hm… Non, c’était ridicule, comme pensée, ça. C’était forcément des techniques antiques. Une terre entièrement coupée du reste du monde avait obligatoirement été obligée de s’en remettre aux façons de faire ancestrales ! Pendant ma réflexion, j’avais laissé mon bras sur le côté, tenant mon fruit. Et tout à coup… Scrountch scrountch, et un petit cri enjoué de Cierge sur mon épaule.
« - Hein ? GAAAAH ! »
Je sursautais, me relevant en serrant mon starter dans mes mains, pris de court par la petite tête équine qui n’avait, elle, pas l’air plus choquée que ça, finissant tranquillement ma pomme qui était tombée au sol. Bon, je devais garder mon calme, après tout, qu’est-ce qui pouvait se passer, hein ? Un Pokémon inconnu dans la nature sur une île… Ahah… Ouais… Je remettais mon petit compagnon à sa place sur moi, puis je sortais mon iPok, le braquant sur la bestiole. Un Tibouquoi ? Tiboudet… Très bien. C’était donc un Pokémon qui avait disparu dans le monde et qui ne se trouvait qu’ici à l’état sauvage… Une espèce protégée hein ? Oui bon, dans une Pokéball, il est protégé ! … Non ? Mais si. J’essayais de m’approcher doucement de lui.
« - Coucou, toi… Soit un gentil petit bout et viens voir Alyx… Arg ! »
Il n’avait pas l’air d’accord, et moi j’avais l’air d’un âne, à jouer les gentils comme ça. Il venait d’attraper le bord de mon t-shirt, le mâchonnant légèrement.
« - D’accord, d’accord ! Une autre friandise… Euh… »
Je fouillais dans mon sac, cherchant des restants de gâteaux au hasard. J’avais toujours un petit en-cas sur moi, et j’espérais ne pas les avoir tous mangés… Je sortais finalement triomphalement un bonbon sucré, adapté à la consommation pour les Pokémons comme pour les humains. Je le déballais et le mettais dans le creux de ma main, le tendant à la bête.
« - Et voilà ! T’as vu comme je suis gentil ? Avec ça, tu devrais au moins repartir avec moi ! »
Et j’avais raison ! Il repartait ! Maiiis dans le sens opposé à la ville. Je venais de me prendre un vent par ce bestiau. Non mais oh, depuis quand on snobe les princesses, là ? Je me décidais à le suivre, faisant signe à Hermès, Europe et Héraclès de me suivre. La route fut longue, l’animal trottant tranquillement, à son rythme le long des chemins de l’île, flânant à droite et à gauche, semblant progressivement savoir plus exactement où il allait. Et quelle ne fut pas ma surprise de tomber dans un coin plein de boue ! C’était dégueu. Pourtant, il n’hésita pas à se lancer dedans, y jouant joyeusement. Et quand il me vit, je sentais aussitôt que c’était pour ma pomme. Décidément.
Sans plus attendre, il se rua sur moi, me tournant autour quelques instants, pour finir dans mon dos, me poussant d’un coup de tête puissant dans la flaque brune, dans laquelle je m’étalais. Je me redressais, récupérant mes lunettes, les essuyant machinalement sur un t-shirt tout aussi sale.
« - Eh ! Non mais ça va pas, ouais ?! Tu crois vraiment que je vais te- mais qu’est-ce que tu fais. »
A côté de moi venait d’atterrir Héraclès, ayant décidé lui aussi de jouer dans ce coin boueux répugnant. J’étais blasé. Je n’étais en général pas aidé par mes compères humains, mais alors si même les Pokémons s’y mettaient… La suite ? Je vous la donne en mille. Tandis que mon Coupenotte et le Tiboudet sauvage s’amusaient comme des petits fous, Hermès tentait désespérément de se mettre à l’abri de ce carnage de boue. Ils la lançaient dans tous les sens, éclaboussaient tout ce qui était à leurs côtés, bref, on aurait dit deux gamins heureux. Je m’asseyais dans un coin. Mon plan était d’attendre que les bébés se fatiguent pour pouvoir capturer le Pokémon sauvage et ramener l’autre dans sa Pokéball.
J’attendais donc depuis bien dix minutes qu’ils daignent s’arrêter, impatient. Aucun n’avait l’air prêt à arrêter de jouer. Et finalement… Splatch. Pas sur moi, non. Sur la pauvre Europe qui les regardait calmement au loin. Je vis soudainement son air joyeux disparaître, l’incompréhension se lisant sur sa face poilue et herbeuse, jusqu’à ce que finalement, des lianes ne se dressent autour d’elle. Ma première réaction ? Sortir mon iPok et filmer la correction qu’elle leur donnait. Attrapant la boue qui était à sa portée, elle la leur balançait à une vitesse impressionnante, usant de ses lianes pour les corriger. Je ne doutais pas que quelques baffes par-ci par-là furent données par les végétaux, et finalement, elle s’arrêta, laissant retomber un Héraclès et un Tiboudet tout sales et sonnés. La méthode avait été différente, mais l’effet était le même. Je sortais une Pokéball, espérant que la bête avait été assez calmée pour qu’elle se laisse attraper, et je la lançais finalement sur lui.
© AkumaCursed