Marie bullait.
Le manoir délabré, qui pourtant, respirait encore le luxe et la noblesse, lui paraissait étonnement raccord avec sa tenue du soir. Marie était une souillon. Une vulgaire servante qui devait aller et venir dans ces couloirs lugubres pour répondre aux désirs de ses employeurs...
Grande fête au château, il y a bien longtemps,
Les bels et les beaux nobliaux, noble sang,
De tout le royaume, on est venus dansant,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪Une mélodie lui vint en tête. Une histoire, un conte, qu'on lui avait narré, qu'elle avait elle-même trouvé : elle n'en avait cure, l'important était son contenu, non sa source. Ce récit... Il lui paraissait tellement étranger. Et pourtant, ce soir là, elle aurait parfaitement pu prendre place à une reconstitution de celui-ci....
Grande fête au rameau, et Manon a seize ans,
Servante en ce château, comme sa mère avant,
elle porte les plateaux lourds à ses mains d'enfant,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪Marie ferma les yeux, et fit un pas souple vers sa droite. Puis vers sa gauche. Stahl, dans ses bras, l'observa avec une expression perplexe. A quel étrange jeu sa dresseuse s'adonnait-elle ? Soren, qui observait nerveusement les alentours, capta l'étrange ballet de la Mentali, et pencha légèrement la tête sur le côté, dubitatif.
Le bel uniforme, oh le beau lieutenant,
Différent des hommes d'ici, blond et grand,
Le sourire éclatant d'un prince charmant,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪D'un mouvement élégant, Marie poussa les portes d'une pièce au hasard, et s'engouffra à l'intérieur. Une vieille bibliothèque, poussiéreuse, avec à son centre, des chaises, et une table. Il y a une assiette à fruit au milieu de cette dernière, en céramique, mais vide de tout contenant. La jeune fille déposa délicatement Stahl dessus, et commença à doucement tourner dans la pièce.
Redoublent la fête, et les rires, et les danses,
Manon s'émerveille en remplissant les panses,
Le bruit, les lumières, c'est lui qui s'avance,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪La Ranger attrapa Soren par les pattes, et l'obligea à se mettre debout. Elle l’entraîna dans sa ronde sans qu'il ne comprenne pourquoi, tandis que des perles de sueur commencèrent à recouvrir la peau du batracien. Mais que faisait-elle ?! Est-ce que Marie se serait... Fait posséder par un esprit habitant les lieux ?! Leur visite devait être importune, pas vrai ?! Cela avait bien dû énerver un fantôme ou deux...
En prenant son verre auprès d'elle, il se penche
Lui glisse à l'oreille, en lui frôlant la hanche,
"Tu es bien jolie", dans un divin sourire,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪Marie lâcha le Crôaporal, qui alla percuter une chaise, et se laissa affaler sur le sol, étourdi. La Mentali se plaqua ensuite contre une étagère, fit glisser ses doigts sur quelques rainures de bouquin, pour en brusquement tirer un, au hasard. D'un mouvement souple, elle l'ouvrit, et regarda vaguement le titre inscrit.
Passent des années dures et grises à servir,
Une vie de peine et si peu de plaisir,
Mais ce trouble là brûle en ses souvenirs,
Tournent les vies oh, tournent les vies oh, tournent et s'en vont,
Tournent les violons ♪ Elle le referma d'un seul coup, et prit une profonde inspiration. Elle fit ensuite quelques pas beaucoup plus lents, délicats, se retourna, et...
… Reçut un cailloux en pleine poire.
Brusquement tirée de sa rêverie, Marie resta parfaitement immobile, sous le choc. Stahl et Soren s'étaient tous deux crispés au moment du coup, et tournèrent un lent regard vers l'origine du jet.
Anciennement dissimulé par le livre que la Mentali avait saisi, un Embrylex au regard mauvais faisait rebondir des petits morceaux de graviers dans sa patte depuis la bibliothèque. La jeune fille ne le remarqua que lorsqu'elle se décida à enfin relever la tête en sa direction, stoïque, puis prit une profonde inspiration.
Avant de lui lancer un regard profondément noir.
On. N'interrompt. Pas. Marie.
ET SURTOUT PAS DE CETTE FACON.
L'Embrylex écarquilla légèrement les yeux, plus amusé qu'autre chose par l'expression haineuse que lui lançait cette humaine.
Il ne s'attendit cependant pas à recevoir un plat à fruit en pleine poire.
Stahl, brusquement tombé de son piédestal, observa Marie avec étonnement, quelque peu interloqué par cette réaction pour le moins... Abrupte. La Mentali se contenta de lancer un regard dédaigneux envers l'Embrylex ayant chuté au sol, et s'avança délicatement vers celui-ci, pour finalement le saisir par les côtés et le porter à hauteur de ses yeux.
« -Sache, ô petite créature, qu'il est fort malpoli d'accueillir d'une telle manière ses...-*Pok.* »Il avait recommencé. D'un air provocateur, il avait balancé une nouvelle petite pierre sur le front de Marie. La jeune fille ferma les yeux, et prit une profonde inspiration. Soren voulut prendre la parole pour remettre ce petit avorton en place, mais d'un mouvement sec, sa dresseuse l'en dissuada.
« -Merci bien Soren, mais cela ne sera pas nécessaire. » elle rouvrit les yeux, et plongea son regard dans celui de l'Embrylex
« Je pense qu'il est de mon devoir d'apprendre les bonnes manières à ce... Chenapan. »Wow ! Marie sortait l'artillerie lourde ! Peu impressionné pour un sou, l'Embrylex se dégagea de l'emprise de la jeune fille d'un mouvement des pattes, et atterrit élégamment au sol, avant de trottiner tranquillement vers la sortie de la pièce.
« -Car vous comptez nous fausser compagnie, en plus de cela ? Stahl, s'il te plaît. »Un brusque
BLAM se fit entendre, alors que deux lianes venues s'entrelacer dans les gonds de la porte refermèrent d'un seul coup cette dernière. L'Embrylex se figea, et eut à peine le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait qu'une autre liane vint s'enrouler autour de lui, et le ramena sur la table au centre de la pièce, aux côtés d'un Stahl inexpressif. Soren prit place sur l'une des chaises, et lança un regard compatissant à l'Embrylex, qui dévisageait un à un les deux Pokémon sans trop comprendre ce qu'il se passait actuellement.
D'un pas lent, Marie se positionna devant le Pokémon sauvage, qui se débattait pour se libérer de son entrave, et garda ses deux mains jointes dans son dos. Elle tira délicatement la chaise en face de l'Embrylex, et prit place dessus, pendant que le prisonnier commençait à lui invectiver toutes sortes de propos obscurs.
Marie posa alors brusquement ses mains sur la table.
« -Silence. » elle se releva tout doucement, et rapprocha son visage de celui de l'Embrylex
« Tu as voulu jouer avec moi... Eh bien, tu ne vas pas être déçu du voyage. » HRP :
[Lancer une PokéBall]
C'est partie pour la séance de tortu... De rééducation.