Je suis en colère. Et j'ai peur de te revoir. Mais... je sais pas pourquoi j'ai peur, en fait.
Unys.
De toutes les régions qui existaient sur cette Terre, il avait fallut que ce soit elle. Iris avait suivi mais elle n'avait pas tout de suite réalisé quelle était leur destination. Unys. Volucité. Là où vivait sa mère. Là où vivait la femme qui l'avait abandonnée, sans même chercher à se justifier, plutôt que de tenter de recoller les morceaux. Iris n'avait pas accompagné sa famille au moment du dernier déménagement, mais elle était certaine que c'était ici que sa mère était. Qu'elle s'y trouvait toujours. Elle avait trouvé un travail qui s'étendait sur plusieurs années, et, sauf si Madame Danford avait trouvé autre chose de plus intéressant... elle résidait toujours à Volucité.
La Brune était morose. Elle écoutait d'une oreille distraite le discours de Yade, ignorant la tirade de sa référente et du professeur de Coordination. Mains dans les poches, la jeune fille fixait les pointes de ses chaussures. Elle était préoccupée. Impossible de se concentrer. Ses pensées se bousculaient, bien trop vite, bien trop brusquement. Et si elle la revoyait ? Que dirait-elle ? Que ferait-elle ? Sa mère ferait-elle seulement l'effort de la remarquer ? Ou l'ignorerait-elle, comme elle l'avait toujours fait ? Iris ne voulait vraiment pas la croiser. Elle l'espérait si fort. Parce qu'elle savait qu'elle se perdrait si elle la voyait. Qu'elle se perdrait entre la colère et la peur, la colère parce qu'elle peut juste pas oublier tout ce qu'elle lui a fait et la peur... elle sait pas trop pourquoi elle a peur, en fait. Sa mère l'avait abandonnée, elle en était certaine. Iris s'était toujours demandé si elle l'avait aimée, au moins une fois dans sa vie. Et qu'elle ne l'avait pas simplement considérée comme une moins que rien, incapable de ramener des bonnes notes malgré tous les efforts réalisés, parce qu'elle ne s'était jamais rendue compte que sa fille avait des difficultés.
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Mademoiselle ? Une voix tira l'adolescente de son absentéisme. Elle eut un léger sursaut, secoua la tête. Près d'elle, Yade l'observait avec un léger sourire, alors qu'elle se rendait compte que tous les autres adolescents étaient déjà descendus du ferry. Elle frotta doucement l'arrière de son crâne, observant le professeur avec l'air perdu, tandis qu'elle commençait à avancer, traînant des pieds. Sa Feuforêve, plus silencieuse que jamais, la suivait et l'observait avec une étrange attention, flottant à côté de sa tête.
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Vous aviez l'air perdue, tous les autres descendaient sauf vous, j'ai jugé bon de vous avertir... Reprit Percy.
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Merci. Fit la jeune fille, dans un murmure.
Elle parlait d'une voix étranglée. Ce même sentiment mêlé de colère et d'angoisse était revenu compresser son ventre. Elle gardait les mains dans ses poches, elle traînait des pieds. C'est à peine si elle jetait un regard autour d'elle, par peur de se perdre dans l'immensité du port. Elle rejoignit la foule d'étudiants qui s'était tassée non loin, tandis que Percy Yade reprenait ses explications et que les deux autres professeurs se tenaient non loin de lui. Elle retint le nom de certaines ruelles qu'il fallait mieux éviter, et mémorisa quels endroits étaient plus favorables à la rencontre de certains Pokémons. Volucité était si immense que l'espace d'un instant, elle parvint à se rassurer en pensant qu'il était sans doute improbable qu'elle croise sa mère dans un endroit si grand, en plein après-midi. Cette dernière devait sûrement être au travail, et même si on lui accordait une pause, Iris avait probablement peu de chances de la croiser. Mais un doute envahit son esprit : elle ne savait pas où sa mère vivait, ni où elle travaillait. Et si par malchance, elle fonçait tête baissée dans l'un de ces deux endroits ? Et si... et si elle la voyait ? Elle préféra ne pas y songer pour le moment. Parce qu'elle commençait à trembler légèrement, elle tenta de se ressaisir. Elle observa partir tous les adolescents, attendant que le port se vide, pour pouvoir commencer son excursion au cœur de Volucité, seule.
On avait beau être en plein milieu de l'après-midi, un jour de semaine, les rues étaient malgré tout bondées de monde. Un grand nombre de personnes avançaient, circulaient, ne regardaient pas forcément où elles allaient, bousculaient. Certaines avenues semblaient néanmoins plus calmes que d'autre, et la brune sut reconnaître avenues de travail, avenues de loisir, ruelles. La jeune fille avançait au hasard, ne se souciant pas véritablement d'où elle allait, des endroits qu'elle empruntait. Diana se tenait toujours près d'elle, ne désirant pas perdre de vue sa dresseuse. La Mentali traînait toujours des pieds, mains enfoncées dans les poches, progressant de sa démarche nonchalante, le dos courbé comme à son habitude. Son casque de musique autour du cou, l'adolescente n'avait pas la foi d'écouter quoi que ce soit. Peu attentive comme elle l'était, se perdre dans des chansons serait un bon moyen pour elle de se perdre encore plus, au cœur de la foule. Mais il semblait qu'elle se trouvait dans un quartier d'affaires, à voir les tenues des personnes qui arpentaient la rue. Cherchait-elle véritablement un Pokémon ? C'était difficile à deviner. Pourtant c'est ce qu'elle espérait, qu'un Pokémon lui tombe miraculeusement dessus, qu'elle le capture et retourne aux quais. La ville était immense, mais la jeune fille pensait encore pouvoir s'y retrouver. De temps à autre, elle jetait des regards inquiets en direction des immeubles, se cachant parfois le visage d'un bras, éblouit par le soleil qui se reflétait sur les vitres éclatantes. L'endroit devenait étrangement calme. La Mentali poussa un long soupir. Bien qu'encore peu sereine, elle semblait être légèrement soulagée. Voilà un petit moment qu'elle traversait Volucité, et elle n'avait toujours croisé personne. Cela s'annonçait bien, non ?
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Feuforêve ? Elle s'était figée. D'un coup, l'adolescente avait lâché son casque qu'elle tenait en main, alors que ses yeux venaient de se poser aux pieds d'un des plus immenses immeubles du quartier. Le regard terne et sombre de l'adolescente se gorgea de crainte et de peur, alors qu'elle détaillait de haut en bas une silhouette. Longs cheveux noirs extrêmement raides, même stature stricte et peu rassurante, même regard. Non... Non, impossible. Volucité était si grande, cela ne pouvait pas... cela ne pouvait pas être elle. Bon sang. Pourquoi avait-il fallut qu'elle tombe sur elle. La femme ne semblait pourtant pas avoir remarqué Iris. Elle discutait avec une autre personne, sans doute un collègue, mais peu importe. Elle n'était pas loin d'elle. Tremblante, paniquée, l'adolescente se pencha rapidement pour récupérer d'une main ce qui était à elle. Elle perdait ses moyens. Iris n'avait jamais été aussi terrifiée. Sans réfléchir, brusquement, bruyamment, elle remonta l'avenue jusqu'à atteindre une place, où presque personne ne se trouvait. Elle n'avait pas remarqué le regard de la femme au moment où elle s'était enfuie. Elle n'avait pas vu qu'elle avait tenté de la retenir, et qu'après s'être rendue compte de ce qui se passait, elle l'avait suivie.
Penchée sur la fontaine au centre de l'endroit, l'adolescente avait appuyé ses deux bras contre les rebords, incroyablement raide. Ses jambes flageolaient, elle haletait. Ses yeux étaient écarquillés. L'eau reflet ait le visage décomposé de l'adolescente, mélange de peur, de haine, de colère, d'angoisse. Non, non, non, non. Non, définitivement, cela ne pouvait pas être elle... mais Iris était certaine de l'avoir reconnue. Cette femme qui ne s'était jamais occupée d'elle, cette femme qui n'avait été là que pour lui mettre la pression. Cette femme dont elle avait senti l'amour et la douceur s'évanouir à mesure qu'elle grandissait, à mesure que son père faiblissait, dépérissait. La Mentali frappa son poing contre le bord de pierre de la fontaine, serrant les dents. Son cœur battait si vite. Diana se tenait à ses côtés, affolée. Mais sa dresseuse ne semblait même pas lui prêter attention, tant elle était perturbée. Et puis, Iris entendit une voix qui l'appelait. Tremblante, elle se retourna. Son sang ne fit qu'un tour. Elle se figea de nouveau.
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M...Maman. Il n'y avait que le silence. Mais ce n'était pas celui qu'Iris aimait. Ce silence là était froid, brutal, douloureux. Elle aurait voulu le rompre, fuir, loin. Mais étrangement... son cœur lui avait crié de lui donner une chance. De laisser sa mère s'expliquer, parce que la Mentali voulait essayer de comprendre. Alors elle attendait qu'elle parle. Et après, seulement après... elle partirait.
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Je... Iris, je suis dé...-
C'est bon, t'excuse pas.
Les paroles d'Iris furent sèchent, tranchantes. Elle-même fut surprise par ce qu'elle avait dit, mais elle ne regrettait pas. Comme si de simples excuses allaient suffire à changer quelque chose. La femme semblait bouleversée, gênée. Un autre silence s'installa entre les deux. Elles étaient sur un banc, près de la fontaine. La jeune fille s'était assise à l'extrémité, ne désirant pour rien au monde être auprès de sa mère.
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Tu sais, je... j'ai beaucoup réfléchi pendant que tu étais partie. Quand tu as fui la veille de ton départ, j-je me suis rendue compte que je n'avais pas forcément fait ce qu'il fallait.
Mains sur les genoux, droite et raide, la Mentali tremblait toujours. Elle bouillonnait. La peur qu'elle avait ressentie, précédemment... désormais, elle était dominée par la colère. La femme n'osait même pas la regarder.
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Mais c'était pas une raison pour m'abandonner comme ça, après que je sois passée à deux doigts d'y rester. T'es venue me voir cinq minutes à l'hôpital, et encore. C'était juste pour me dire que je partais chez Tonton et me dire pour Papa. -
Iris, je...-
Et c'est pas en te justifiant comme ça que ça va changer quelque chose. Tu as préféré fuir plutôt que d'essayer de recoller les morceaux. J'avais beau être en colère contre toi, c'était tout ce que j'attendais. La jeune fille se redressa. Elle n'était pas d'humeur à parler. Elle ne voulait pas.
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Je sais bien que tout est de ma faute, et que rien ne changera. Mais... je t'en supplie, crois-moi. Je regrette ce que j'ai fait, je sais que j'ai mal agi et que j'aurais dû être plus présente pour toi, cesser de te restreindre comme cela. Tu n'étais pas heureuse et je ne le voyais pas. Tout ce qui m'importait c'était que tu réussisses alors j'ai fait.... j'ai fait ce que je jugeait être le nécessaire, je n'aurais pas dû. Je n'avais pas vu ta détresse. Elle avait beau être calme, la voix de sa mère était emplie de regret et d'une étonnante sincérité. Elle n'allait pas chercher à retenir sa fille plus longtemps. Elle savait qu'elle n'était pas là pour ça, et qu'Iris était bien trop têtue. Elle savait que malgré tout ce qu'elle pourrait faire, elle ne l'écouterait pas. Mais elle la comprenait. On ne pardonne pas comme ça. Il faut du temps. Beaucoup de temps. Et sa mère savait bien qu'il lui en faudrait. Elles restèrent un long moment murées dans le silence, Iris debout près du banc, sa mère assise, fixant le sol. Et puis, pour mettre fin à cet échange, la jeune fille reprit son chemin. Elle avança sans réellement faire attention vers une petite rue étroite, plus calme que toutes les autres. Et, lorsqu'elle fut hors de vue, elle se mit à courir. Courir pour aller plus loin, pour être sûre que sa mère ne la suivrait pas. Parce qu'elle ne voulait pas la voir pour le moment. La jeune fille s'adossa contre un mur, se laissa tomber contre. Elle souffla, longuement, prit la tête dans ses mains. Elle se remémorait les paroles de sa mère. Mais... peu importe combien elle était sincère, Iris continuait de lui en vouloir. Cela s’apaiserait sans doute, avec le temps. Mais pour l'heure, elle avait besoin de réfléchir, besoin de savoir si elle était prête à lui pardonner ou pas. Besoin de savoir... besoin de savoir quel serait le bon choix.
Un bruit vint traverser le doux silence dans lequel Iris s'était camouflée. Doucement, elle releva la tête, alors que Diana observait tout autour d'elle, cherchant la source de ce bruit. Il y avait quelques poubelles égarées, des conteneurs, des déchets. Mais pas l'ombre d'une personne. Le bruit recommença. Prudemment, l'adolescente se leva. Elle plissa les sourcils. Il lui sembla qu'une ombre se mouvait dans l'obscurité des immeubles. Iris ne bougea pas. L'ombre le faisait avant elle.
hrp :
Je possède 6 Pokéballs, et je choisis la zone de base seulement !