tout ce qu’on ne s’est pas dit

mission coordination

Ferme les yeux. Inspire. Expire. Il regarde à droite et un sourire se dessine sur ses lèvres. Il fait un peu froid dans les vestiaires dans la tenue légère qu’il se doit de porter pour leur prestation scénique. Il ferme les yeux. Inspire. Expire. Il est confiant.


Heartnett lui avait sauté dessus à six heure du matin alors qu’il se rendait au gymnase pour son entraînement quotidien. Le professeur de coordination de la Pokemon Community était très régulièrement enthousiaste et si Sirius l’avait déjà vu dans des états semblables, le voir déporter toute cette énergie vers lui lui faisait un petit peu peur. On savait jamais vraiment avec Heartnett. Il vous voulait pour tester ses nouvelles tenues ou il vous envoyer représenter l’école à l’international ? On savait pas. L’un, l’autre, ça le rendait complètement euphorique. Et euphorique était un euphémisme.

Bref, Heartnett lui avait sauté dessus à six heure du matin alors qu’il se rendait au gymnase pour son entraînement quotidien. Et Sirius n’aurait pas put en être plus heureux. Présent dans l'établissement depuis un peu plus de deux ans, il faisait figure de qualité en matière de coordination et sa récente victoire à la compétition n’avait fait qu’appuyer cet état de fait. Pour autant, il ne se relachait pas et était même encore plus dur envers lui même. Sirius avait toujours eu ce mode de fonctionnement. Moins on lui en demandait, plus il en faisait.

Il aurait pu se satisfaire de ces réussites passées, se dire que c’était bon, qu’il était le meilleur, qu’il pouvait tout gagner mais Sirius était un peu plus intelligent que ça. Il savait que sans son travail, il n’en serait jamais arrivé là et que si il relachait ses efforts, tout ce qu’il avait fait partirait en fumée ainsi, il savait qu’il n’arrêterait pas. Il savait qu’il poursuivrait ses rêves jusqu’au bout. Il deviendrait le meilleur des coordinateurs. Il ferait tout pour.


C’est toujours le même sentiment. La même boule au ventre et la même appréhension mélée d’impatience. Sirius est un amoureux de la scène. Un amoureux des projecteurs et il n’y a aucun autre endroit où il se sent plus entier. Un pas devant l’autre, les deux jeunes se positionnent dans la pénombre. Entre les ombres, Sirius peut voir le jury et les spectateurs. Il peut presque les toucher, peut-être que si il tend suffisamment la main …


Heartnett l’avait alors empêché de faire son entraînement quotidien et il l’avait emmené jusqu’à son bureau. Sirius s’était déjà retrouvé ici à plusieurs reprises mais il y avait ce jour là une ambiance un peu différente. Heartnett était resté Heartnett mais il était plus sérieux que d’habitude. Il lui avait présenté le projet. L’université de Sinnoh cherchait à faire équipe avec la Pokemon Community pour participer à la Coupe Marc Étudiante organisé en Avril. Le corps des professeurs s’était rassemblé et avait décidé de proposer à lui, Sirius, de participer. C’était une occasion en or de voir son niveau dans un concours bien plus important que tout ce à quoi il avait pu participer jusqu’à présent.

Quelques semestres plus tôt, il n’aurait pas réfléchi une seule seconde pour accepter la proposition. Cette fois, il avait prit le temps de réfléchir à la proposition et à tout ce qu’elle impliquait. Il devrait mettre en pause le projet Cyalume qui durait depuis pratiquement un an maintenant alors qu’il approchait de la fin. Il devrait fermer sa costumerie durant la période du concours et il devait renoncer à participer à tous les autres concours qu’il avait prévu de faire dans la période. Son Alternance se retrouverait elle aussi encore une fois décalée. La situation méritait qu’il y réfléchisse même si Sirius, en sortant du bureau de son professeur, savait déjà ce qu’il lui répondrait au final. Et c’est finalement un sourire sur les lèvres qu’il signa le formulaire d’inscription.

Le concours avait lieu le 8 avril et si les deux partenaires ne pouvaient pas vraiment tout mettre en pause pour s’y préparer entièrement, ils furent mis en contact et très rapidement, ils commencèrent les discussions sur ce qu’ils présenteraient au concours.

Ever Mason, sa partenaire pour le concours, était ce qu’on surnomme un rayon de Soleil. Elle était absolument et complètement merveilleuse. Sirius serait probablement tombé amoureux d’elle rapidement si son coeur n’appartenait pas si fermement à Etna. Toujours était-il que le courant passa incroyablement bien entre les deux partenaires et qu’ils purent avancer très rapidement les préparatifs de bases de leur performance. S’ils ne pourraient répéter que pendant la petite semaine avant le concours, ils étaient plus que prêt sur le plan théorique et avaient répété un nombre de fois incalculable en solo. Tout ce qu’il resterait à faire, c’était l’aspect de la coordination entre tout le petit groupe.


Si proche de lui et pourtant si loin, elle est là. rayonnante dans cette nouvelle forme qui lui va si bien. Rayonnante dans ses habits de soie. Elle est là, à ses côtés, sur la scène, avec lui. Plus rien ne peut les séparer maintenant. Son sourire se transforme et sur la scène, il rayonne alors que la musique commence.


Le choix de ses partenaires pokemon dans cette aventure avait été délicat. Soleil avait bien sur été sélectionnée très rapidement mais pour son pokemon de combat, ça avait été plus délicat. Au final, Adara c’était imposée et n’avait laissé le choix à personne. Ni à Sirius, ni à ses autres pokemons. C’était toujours comme ça avec Adara au final. Elle choisissait et le reste obéissait. Alors Sirius, malgré son inquiétude avait obéit. Ca lui avait fait chaud au coeur, vraiment, de la voir si insistante pour participer alors qu’elle avait si peur de la foule. Le terrible souvenir de leur première compétition était terriblement clair dans leurs esprits.

Mais Sirius lui faisait confiance. Si Sirius devait faire une seule chose dans sa vie, c’était avoir confiance en Adara. Elle n’était peut-être pas prête à faire les prestations comme pouvait le faire Soleil mais elle participerait à cette étape importante de leurs vies.

L’aspect que Sirius avait dû travailler en priorité avait été les combats avec la petite fleur. Il avait prit quelques cours particuliers avec Diana et avait harcelés certains de ces amis topdresseur pour qu’il soit au niveau. Avec l’intérêt qu’il portait aux combats pokemons, on pouvait dire qu’il y avait eu du travail mais finalement, la table des types apprises et des tonnes de combats d'entraînement plus tard, Sirius pouvait être fier du chemin parcouru en un petit mois.  

(Il se souviendrait longtemps de ce Métalosse que lui avait envoyé un camarade noctali face à sa pauvre petite princesse Adara ... )

Mais il se sentait confiant, il avait foi en ses capacités et en celles d’Adara. Ils avaient beaucoup discuté tous les deux et Sirius était certain que leur lien était encore plus puissant qu’avant. Adara était sa starter, elle était son tout. Il ne s’imaginait pas, plus, vivre sans elle. Et il savait que le sentiment était réciproque.

Sirius soupira. Il aurait respecté le choix d’Adara de ne jamais monter sur scène, en fait, il l’avait pris pour acquis, à tel point qu’il se sentait libéré d’un poids qu’il ignorait depuis qu’elle faisait les efforts pour se tenir sur scène à ses côtés. Ce n’était pas évident de lui apprendre et de dompter cette peur. C’était effrayant d’affronter ainsi ses peurs et Sirius craignait malgré tout que passer des entraînements à la scène ne soit trop abrupte pour la petite fleur. Il savait que l’ambiance des combats de coordination permettrait de faciliter le passage et que c’était bien grâce à ça que le type fée s’était lancée dans l’aventure.

Il voulait faire ça bien. Il voulait lui offrir une première scène plus calme, plus petite que celle de la coupe Marc. C’est au cours d’une discussion avec le patron du Stray Cat bar qu’il avait eu l’idée. C’était pas grand chose mais passer sur scène était tout ce que le jeune homme demandait. Et Davys avait accepté avec plaisir de lui laisser l’estrade de son bar pour une soirée.

C’était pas très connu. En fait, il n’y avait peut-être que l’équipe de Sirius et vaguement Paul s’il faisait attention aux affaires de Sirius qui savait. Sirius savait jouer de la musique et assez bien avec ça. Il n’était pas un génie ou quoi que ce soit mais les années de pratique l’avait entraîné et avait fait de lui un excellent violoniste. Il avait arrêté à son arrivé à la Pokemon Community, le violon rappelant trop de mauvais souvenirs. Cependant, il avait une véritable affection pour cet instrument et avait décidé que le retour d’Adara sur scène valait bien qu’il reprendre son instrument.


Il échange un regard avec Ever. Ils hochent la tête. C’est parti. Flambusard et Roucarnage s’envolent dans un tourbillon de plume au dessus de leurs dresseurs. Un léger mouvement du bassin à droite, à gauche. La musique, très hispanique et rythmée, se lance et les deux coordinateurs bougent en rythme. Droite, gauche, droite. Un sourire séducteur en direction du public accompagné d’un léger clin d’oeil et déjà, ils sont de l’autre côté de la scène.


Il avait donc sorti l’instrument de bois avec précaution de sa protection. Il avait repris avec attention son archet et avait reprit. Comme ça. Comme s’il n’avait pas arrêté pendant deux ans. Bien sur, les premiers morceaux ne furent pas aussi clairs qu’il l’aurait voulu mais avec le temps, les notes sont redevenues aussi claires et fluides qu’avant. Le petit numéro que le duo devait préparer pour le grand soir fut rapidement prêt. Le nombre de fausses performances qu’ils avaient était assez impressionnant pour être honnête. Aussi, il ne s’en inquiétait pas trop. Bien sur, il ferait de son mieux et ce numéro serait mémorable mais ce n’était pas comme si il concourait pour les championnats du monde. Cette performance était pour eux.

Le public ne serait que public. Pas acteur.

Ils étaient montés sur scène. Sirius avait joué du violon. Un morceau très doux, pas ce qu’on pensait trouver au Stray Cat, pourtant, sa ballade avait ému. Ou peut-être que la délicate danse d’Adara avait su toucher les gros durs de ce petit bar de quartier. Un groupe un peu plus en adéquation avec l’ambiance du bar leur avait succédé mais on se rappelait encore du gamin au violon et de sa fleur dansante.

Elle avait réussit et Sirius avait rarement autant pleuré que ce soir là. Ses mouvements avait été un peu trop secs, elle n’était pas complètement à l’aise, mais elle l’avait fait, elle avait réussi et elle était incroyable. Et Sirius était ridicule et il pleurait. Elle avait collé sa toute petite tête contre sa joue mouillée et ils savaient. Ils savaient que bientôt ce serait le bon moment.

Ils étaient rentrés à l’académie comme sur un nuage ce soir là. Comme s’ils n’étaient plus vraiment là. On avait bien essayé de parler avec Sirius mais il s’était juste couché et il avait enlacé contre son coeur le corps fragile de sa compagne, de son double, de sa moitiée.


Ah, ah, aaaah ~ Chica, chica. Sirius charme et danse. Au dessus de lui, les oiseaux exécutent à la perfection la chorégraphie maintes fois répétée. Ils y sont presque. Les attaques se coordonnent, le rythme s’accèlere. Regarde moi. Regardez moi. Regardez le.

Comme il brille.



Deux jours plus tard, il partait pour Sinnoh. Il allait retrouver Ever dans les quartiers de l’Université d’Unionpolis où elle étudiait. Il était plus simple qu’il aille la retrouver plutôt qu’elle vienne à Lansat puisque le concours se déroulait de toute manière à Sinnoh. Le professeur Heartnett avait un peu boudé, il voulait coacher les deux adolescents mais il avait finalement renoncé suite à un regard noir d’Elisabeth.

L’adolescent s’était donc retrouvé sur le bateau, le vague à l’âme et le stress au ventre. Ever était géniale et il l’adorait vraiment. Il savait que la rencontrer enfin en vrai ne changerait rien à leur relation. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser que leur rencontre ne rendrait que plus vrai ce qui allait se passer dans une semaine et ça le stressait.

Comme à chaque fois qu’il participait à un concours, comme à chaque fois qu’il s’investissait autant, la fin du voyage lui lançait un goût doux amer dans la bouche. C’était difficile d’admettre que tout ce pourquoi on travaillait pendant des mois disparaissait en quelques minutes à peine de performance. C’était presque triste. Mais Sirius était un coordinateur dans l’âme, le coeur et le corps. C’était pour vivre ces quelques instants magiques qu’il vivait. C’était pour trois minutes sur scène qu’il se tuait à la tâche. C’était pour ces trois minutes parfaites qu’il travaillait autant.

Inspire. Expire. La fin du voyage était en vue et il attendait avec impatience de plonger dans cette semaine forte en émotion.

Ever était venue le chercher. Tout petite, tout mignonne, toute rayonnante, elle était exactement comme il l’avait imaginé. Et c’était absolument génial. Ils s’entendaient aussi bien qu’en virtuel, c’était comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Elle l’avait guidé jusqu’au centre de formation proposé au participants de la Coupe Marc étudiante.

L’ambiance était déjà folle, entre les artistes qui courraient de partout, les machines à la pointe de la mode, les grandes salles de préparation … C’était incroyable. Sirius en tremblait presque. L’adrénaline qui monte, les étoiles qui se préparent, il n’y a rien de plus vivant que les quelques moments avant un concours de coordination.

Le sourire aux lèvres, les deux jeunes s'installèrent dans leurs quartiers et partirent presque immédiatement à l'entraînement. Contrairement à la majorité des équipes, ils n’avaient jamais eu l’occasion de travailler leur numéro et leur teamplay. La semaine serait chargée et en quelques instants, le planning fut monté et Sirius rassuré sur la motivation d’Ever.

Essayage, entraînement, ajustement, ils ont beaucoup de travail devant eux.


La musique est aussi chaude que les flammes autour des danseurs. Dans l’ombre quelques uns des pokemons des deux artistes jouent de leurs capacités pour enflammer le public et le jury.

Il fait si chaud, trop chaud.

Coup de hanche à droite, coup de hanche à gauche.

Les oiseaux viennent tourbillonner entre les deux dresseurs, laissant échapper des traînées de feu. A plusieurs reprises, le public retient son souffle. A plusieurs reprises, Sirius retient son souffle. Leur numéro est dangereusement époustouflant.

Léger mouvement de nuque pour suivre du regard la Roucarnage qui repart très haut dans le ciel, disparaissant presque dans les étoiles. Il lève une main vers elle et tient la pause pendant qu’Ever et son Flambusard ravissent tous les regards par une danse en duo finement réalisée.

C’est bientôt son moment rien qu’à lui.

Rien qu’à eux.


L'entraînement se passe bien, le feeling entre les deux jeunes gens est réel presque anormal tellement leur coordination est exquise.

Puis tout se brise.

Il suffit d’une silhouette que Sirius reconnaîtrait partout. Il suffit d’un regard si identique au sien, si identique à celui de leur père, pour tout détruire. Car il a beau se camoufler derrière une casquette et un veste large, Sirius aime bien trop Regulus pour ne pas le reconnaître.

Il fond en larme. Larme de colère et de rage.

Il crie. Cris de tristesse et de peine.

Il le traitera de tous les noms, il insultera même la si gentille Ever et partira en claquant la porte sans entendre les protestations du duo.

Elle savait. Elle savait. Elle le connaît et s’il en croit la main qu’il a posé sur sa hanche pour la retenir, elle fait bien plus que le connaître.

Il se sent trahi et désolé. Il ne croit plus en grand chose et il parcourt le bâtiment qui devait marquer le début de sa carrière dans le monde professionnel tel un zombie.

Il ne veut même pas remonter dans sa chambre car il sait qu’ils seront là et qu’il est absolument hors de question de leur parler.

Alors il s’enfuit. Les yeux rouge, rouge colère, rouge tristesse, il prend une chambre dans un petit hôtel pas très loin du centre. Il ne laisse personne lui parler, l’approcher. Pas même Adara. Abandonné le portable, abandonnés ses amis, abandonnés son équipe, abandonné le concours. Il ne pense plus qu’à la déchirure de la trahison.

Il lui faisait confiance à ses jolis petits yeux dorés. Il lui faisait confiance avec ses mains douces et son attitude de grande soeur. Ca lui avait fait un bien fou qu’on prenne soin de lui pour une fois. Belle ironie quand il y repense. Bien sur qu’elle jouait à la grande soeur, c’est sa grande soeur par alliance. Il ferme les yeux et souffre en silence.

Il ne mange pas, ne boit presque plus.

Parties les envies de victoires et les jolies tenues qu’il a préparées avec tant de soin. Il ne reste plus que la colère de l’abandon.

Ca ne lui ressemble pas vraiment d’abandonner ainsi, ça ne lui ressemble pas vraiment de se laisser arrêter mais qu’est ce qu’il y peut ? Qu’est ce qu’il y peut s’ils ont réussit à le briser ?

Il fixe son Ipok. Il aimerait bien appeler Ilea, il voudrait bien l’avoir à côté de lui. Qu’elle le prenne dans ses bras et lui caresse les cheveux comme elle le fait à chaque fois qu’il ne va pas bien. Il voudrait lui dire à quel point ça va pas, à quel point il veut rentrer et abandonner. A quel point l’abandon fait mal même après toutes ces années, à quel point il lui en veut de l’avoir laissé tout seul face à son père.

Il voudrait se décharger de toute sa colère et pas tout porter tout seul.

Il faut croire qu’Ilea est particulièrement douée parce que quand il se relève, son Ipok sonne. Il se jette presque sur l’engin. Il passera presque toute la soirée au téléphone, en larmes, alors qu’elle l’engueule doucement. Il la connaît si bien. Il savait bien ce qu’elle lui dirait.

N’abandonne pas. Je crois en toi. Tu vas y arriver.

Parle lui.

Surmonte ta peur.

Tu es au dessus de tout ça. Tu es fort Sirius, et moi, je crois en toi. Et si tu ne gagnes pas ce fichu concours, sache que je te botterais le cul jusqu’à la lune s’il le faut.

Il finit dans un mélange de rire et larmes et ça fait du bien. Il se sent un peu plus heureux, un peu plus en accord avec ce qu’il se passe autour de lui. L’effet Ilea est vraiment le meilleur. Elle est peut-être sa meilleure amie, sa grande soeur, son pilier, tout ce dont il a besoin et qu’il n’ose pas demander aux gens de son âge.

Elle connaît toujours les bons mots pour le remettre sur pieds. Demain, il retournera au centre de formation et parlera avec son frère et Ever. Il mettra tout au clair et il gagnera ce putain de concours.

Adara s’approche de lui, Adara s’approche de lui et pose son minuscule front contre le sien. Il n’est plus seul semble-t-elle lui dire. Il n’est plus seul et il est bien stupide pour croire que les liens qu’il a créé vont s’envoler. Il pleure encore un peu quand il s’endort, son front toujours collé à sa starter.


C’est à son tour. Comme lui juste avant, Ever se bloque dans une position et c’est à lui. A lui de rapporter des points et de briller, briller, briller.

Après une hâte qui la rend légèrement brillante, Soleil tournoi autour de lui. Les mouvements que le dresseur exécute sont très largement inspirés des danses indiennes et orientales, tout dans le mouvement du bassin.

Leurs costumes sont d’ailleurs créés pour mettre en valeur leurs mouvements amples. Le ventre à l’air, des pantalons bouffants, un tout petit morceau de tissus sur le haut du torse et surtout de longs voiles presque transparents liés à leurs mains pour amplifier leurs mouvements, le tout dans des teintes entre le rouge et le jaune, impossible de dire si les dresseurs dansent juste avec le tissu ou avec de vraies flammes.

En quelques secondes, Sirius se retrouve sur le dos de sa Roucarnage et son costume se mêle au sien. Les longs voiles se mélangent et le duo devient un.

Sirius éclate de rire alors qu’ils exécutent le mouvement le plus difficile, le plus dangereux. Ils ont longuement hésité à l’inclure avec Ever, mais Sirius a décidé de prendre le risque. Le Flambusard d’Ever rejoint leur danse et au sol, la blonde recommence à danser. Un, deux trois. Les deux oiseaux tombent en piquet vers la scène, tournant l’un autour de l’autre, Sirius calé entre les deux relâche le tube qu’il portait caché dans une de ses poches et derrière le trio se libère une pluie de paillettes aux couleurs chaudes qui viennent refléter les nombreuses lumières des flammes disposées tout autour de la scène.

Au milieu de la nuit, Sirius, Soleil, Ever et Flambusard sont devenu la plus brillante des étoiles.

Un Soleil.


Il a beau avoir promis à Ilea qu’il le ferait, c’est difficile. Il baisse la tête, rentre les épaules quand il pénètre dans le bâtiment du Centre de formation. Il voudrait disparaître mais Ilea le tuera s’il ne tient pas sa promesse alors il rentre dans leur salle d’entrainement. Ever lui saute presque immédiatement dessus, elle lui dit, lui répète, désolée désolée, je voulais juste arranger les choses. Alors Sirius comprend un petit mieux et lui rend gentiment son étreinte.

Vient le moment qu’il redoutait. Ever les laisse, elle lui dit qu’ils discuteront plus tard mais que pour l’instant Regulus à des choses à lui dire.

Sirius laisse faire même si lui aussi il a des choses à dire. Reg lui explique pourquoi il est partit, pourquoi il l’a laissé. Il voulait le prendre avec lui mais comment un gamin de 16 ans peut prendre un autre gamin de 10 ? Il n’aurait pas put s’occuper correctement de lui. Déjà qu’il a eu du mal avec lui même. Il lui raconte ce qu’il a fait, les lettres qu’il lui a envoyé mais auxquelles Sirius n’a jamais répondu. (Sirius n’a jamais reçu de lettres et ils comprennent que c’est encore leur père.) Il lui raconte sa vie depuis son départ. C’est long sept ans. C’est très longs et ils ont des choses à dire.

Sirius exprime enfin sa rancune, sa colère. Il déverse toute la haine et l’amertume qu’il garde bien rangée au fond de son coeur depuis tout ce temps. Il raconte la perfection et tous les soucis qu’il a maintenant et Reg soupire et le prend contre lui. Juste comme quand ils étaient petits. C’est un peu bizarre maintenant parce que Sirius est devenu plus grand que Reg mais c’est pas grave parce que pendant quelques minutes, Sirius redevient un gamin qui retrouve son modèle et il pleure doucement.

Parce que maintenant ça ira mieux.

Ever revient et elle lui explique que Regulus lui a demandé de faire les intermédiaires entre les deux frères pour qu’ils se retrouvent. Elle lui veut le plus grand bien, elle l’affectionne réellement et voit en lui le frère qu’elle n’a jamais vu. Elle lui sourit doucement et lui demande s’il veut continuer le concours.

Sirius se rappelle la colère d’Ilea, il se rappelle que la rousse croit en lui, alors il relève la tête, essuie ses larmes et hoche la tête.

Il n’abandonnera pas.

Il n’abandonnera plus.


Leurs regards se portent sur le tableau des scores. Seuls les dix premiers accèderont à la seconde partie du concours. Sous forme de petites cartes, les portraits des duos se révèlent lentement, partant de la dixième place vers la première.

Le niveau du concours est haut et si Sirius est sur que sa performance (leur performance) de ce soir est la meilleure qu’il n’ait jamais fait, il ne sait pas si ça suffira.

Il ne reste que deux places. Premiers ou deuxièmes. Il sent la main d’Ever attraper la sienne. Il tourne la tête vers elle. Ses yeux dorés sont vissés sur le tableau des scores. La deuxième carte se révèle et ce n’est pas eux.

Sirius soupire et baisse la tête.

Soit premiers, soit rien du tout.

L’attente est insupportable. Il n’en peut plus.

La carte se révèle. Deux sourires éblouissants. C’est eux. Sirius n’y croit pas immédiatement. Ever réagit en premier et lui saute dessus.

Ils l’ont fait ! Ils sont premiers de la Coupe Marc Étudiante. La première partie, certes, mais ça promet de belles choses pour la suite de la coupe. Le tournoi combat se déroulera le lendemain alors après un bref repas, ils vont se coucher, encore un peu sous le choc.

Ilea l’a même appelé pour lui dire qu’elle ne pourrait pas être plus fière.


Ils enchaînent les derniers jours comme si c’était les derniers de leurs existences. Leurs horaires sont presque inhumaines et plusieurs fois Ever manque de tomber de fatigue. Sirius l’oblige alors à faire des petites siestes. Ils doivent être prêts, certes, mais en forme. Sinon ça ne servira à rien.

Le centre de formation leur fournit tout ce dont ils auraient besoin. Entre machines de renforcement musculaire, salles immenses et vides, cuisine de qualités, piscines, salle de stylisme, machine à coudre … Toutes les pièces sont entre leurs mains.

Les dernières retouches sur les costumes faites, Sirius se détend légèrement. Leur performance est prête, ils ont planifiés des combos d’attaques pour le tournoi, tout est prêt pour le jour J.

L’attente est tout ce qui reste.


Le tournoi est la partie du concours que Sirius redoute le plus. Il n’a jamais été très doué en stratégie pokemon et même s’il a clairement progressé le dernier mois, il ne sait pas vraiment si ça suffira pour gagner la Coupe Marc. Il va devoir prendre les bonnes décisions rapidement et guider Adara de son mieux dans un environnement où elle n’est pas à l’aise.

En enfilant son costume, un très joli costume marine à la cravate bordeau assortie à la robe de la même couleur d’Ever, il réalise que c’est pour bientôt. Assis dans les vestiaires avant leur entrée sur scène pour le premier combat, il se rappelle de son tout premier concours. Compétition organisée par l’académie, Adara s’était complètement bloquée et c’était sa Neitram qui avait fait tout le boulot.

Adara grogne et à son regard, Sirius sait. Ca n’arrivera pas cette fois-ci. Elle était prête.

Il était prêt.

Ils montent sur scène. Ever le rejoint en quelques pas élégants, accompagnée de sa Lockpin. Les combats s'enchaînent, ils arrivent à progresser dans le tournoi jusqu’à arriver en finale. C’est impressionnant. En performance, Sirius n’a pas vraiment le temps de regarder le public. En combat pokemon, c’est pas pareil, chaque action est saluée ou huée par le public, il y a un contact bien plus direct avec eux auquel Sirius n’est pas vraiment habitué. Ca le perturbe un petit peu au début, mais il se reprend en quelques combats.

Et au final, il se retrouve là avec Ever. En finale. Contre les deuxièmes de la première phase. Drôle de coïncidence. Ce sont des jumelles accompagnées d’un Posipi et d’un Négapi. Le combat sera dur, Sirius a bien vu la coordination entre le quatuor. Elles ont littéralement roulé sur leurs adversaires, communiquant sans un mot, sans un regard.

Ever lui met une petite tape sur l’épaule. Concentration, ils y sont enfin.

Le combat tourne rapidement à leur avantage à la plus grande surprise de Sirius. Les actions combinées de la petite fée et de la lapine mettent en déroute les jumelles et ils gagnent un peu d’avance. Cependant, la situation se retourne assez rapidement et le duo adversaire se reprend. Les attaques des pokemons électriques se font plus synchronisées et ils se permettent même quelques figures acrobatiques qui leur font gagner beaucoup de points.

Sirius et Ever parviennent à leur tenir tête assez efficacement. Leurs combos marchent assez bien et les attaques du type fée permettent de mettre en valeur la majorité de leur action.


C’est toujours  la même chose avant un concours. Toujours la même anxiété, toujours la même adrénaline, toujours la même énergie. Sirius adore ça, Sirius vit pour ça.

Depuis cette première fois, il sait qu’il veut faire que ça. Il veut vivre de paillettes et d’adrénaline. C’est parfait, c’est idéal. Sirius sourit vivement. C’est à eux. C’est à eux et ils vont briller comme jamais ils n’ont brillés.

Que la Coupe Marc Étudiante commence !


C’est terminé. Sirius baisse les yeux. Face à eux, les jumelles sautillent, s’enlacent, expriment leur joie.

C’est terminé. Ils ont perdus. Adara est K.O. Lockpin proche de l’être. La défaite est totale. Ever le prend dans ses bras. Le goût de la défaite la bouche, ils avancent vers les gagnantes. Une deuxième place dans un concours international est excellent mais Sirius n’arrive pas à s’en contenter.

Il ne vise que la première place.

Ils serrent les mains des jumelles. Félicitation, beau combat.

C’est rageant.

Le ruban argenté qu’on lui remet est presque insultant. Ever n’arrive pas vraiment à comprendre sa frustration. C’est normal, elle ne veut pas vivre de la scène, elle ne comprend sa passion. Elle ne peut pas comprendre.

Dans les coulisses, il laisse ses larmes couler. Dans l’intimité de l’étreinte de sa starter il se laisse aller et comme si c’était évident, entre ses larmes, il sort de la poche avant de son costume une petite pierre éclatante. Et quand Adara pose sa fine main dessus, elle grandit enfin et entre ses larmes, Sirius la voit devenir plus belle encore que le jour. Plus belle encore que tout ce qu’il a vu. Et enfin, après tant d’année, il peut la serrer contre lui sans avoir peur de la briser.

Adara est devenu sa nouvelle arme. Adara comprend la tristesse qu’il ressent et la frustration de la deuxième place. Adara sait que l’objectif est de devenir le meilleur du monde et qu’une deuxième place, aussi beau puisse être l’argent ne lui suffit pas et ne lui suffira jamais.

Pourtant, Sirius repartira de Sinnoh avec un sourire sur les lèvres. L’aventure fut difficile et semée d’embûches mais il en sort grandit et bien plus compétent qu’avant. Il en sort surtout avec le numéro de Reg bien enregistré dans un téléphone et la promesse de ne plus se perdre.

Maintenant, un appel à son père s’impose …

evolution d'adara
fin de la mission