Comme s'il ne connaissait rien de la tristesse Bouddha exulte. Depuis ce matin, l'alolien d'ordinaire si calme, n'arrive pas à tenir en place. Ni ses études, ni sa session de surf n'a réussi à le calmer. Depuis ce matin il n'a qu'une obsession, une seule chose qu'il attend depuis des jours et des jours. Maman. Car elle est disponible. C'est rare qu'il puise l'appeler comme ça, comme si elle était juste dans une autre région. C'est rare parce-que d'abord elle travaille beaucoup, et puis surtout, toutes les conditions ne sont pas toujours réunis pour. Une histoire de satellite, il paraît quelque-chose d'un peu compliqué. D'ordinaire, il communiquait par messages enregistrées et c'était long. Trop long pour le gros ourson à sa maman qu'était Bouddha. Le voilà assis dans une salle de la bibliothèque : les cheveux encore salés et humides, les pieds plein de sable et le regard pétillant. Il s'est connecté sur le site mise à disposition par l'organisation qui emploie sa maman, c'est quand même bien pratique -et simple, pour lui qui n'y connait rien en informatique. Et il attends. Encore. Il espère que cette fois-ci maman va appeler, il sait qu'elle a beaucoup de travail et que c'est compliqué mais il n'est toujours pas remis de la dernière fois. Tululutulu. Ça sonne, il ne faut pas longtemps à Bouddha pour répondre. Face à lui, la silhouette frêle de sa maman recouverte d'une tenue un peu trop moulante pour lui qui voudrait que sa maman se cache un peu plus. Elle flotte dans les airs, tourne sur elle même, rebondit sur les murs à 360° et ses cheveux rebiquent dans tous les sens. Maman s'est coupée les cheveux au moment de partir. Bouddha n'a pas vraiment aimé, ça lui fait toujours bizarre de voir que maman ressemble à un garçon. Mais elle reste qui elle est. Et il ne faut pas longtemps à l'adolescent pour qu'un gros sourire vint fendre son visage en deux. Et les discussions usuelles démarrent : des je t'aime à foison, des comment vas-tu sincères. Et voilà Bouddha qui se saisit de son dodoala et le tend à l'écran : - J'ai réussi à isoler des molécules anesthésiantes dans la salive d'Aka. Mais je ne comprends pas pourquoi elles ont eu un effet permanent sur Ipo. Tu crois que ça peut venir de l'état de rage du dodoala ? -C'est la piste qui semble le plus probable Bouddha mais... Répond Maman. Elle ne termine pas sa phrase, elle n'en a pas besoin. Le jeune garçon sait bien que la piste a déjà était exploité par des médecins - sans succès. Alors il baisse ses yeux vers son pokémon - c'est débile qu'il se retrouve affublé d'un dodoala et que ça ne puisse pas l'aider à soigner Ipo. Son poing se serre. Il se retrouve dans un état de frustration et de colère qui le mettent à mal. Il aimerait tellement pouvoir aider sa petite soeur. Maman sent bien que son ourson n'est pas bien, elle le connaît par coeur - comme tous ses enfants. Alors, elle tente de lui faire penser à autre chose. Elle se haît de ne pas pouvoir le prendre dans ses bras, elle se hait d'avoir à lui annoncer ce quelque-chose. Elle hésite un instant, se mord la lèvre mais est coupé par une voix cachée par la silhouette imposante de Bouddha. Lui, se retourne intrigué de savoir qu'il connaît sa maman et elle le voit : son patron. Pas le type le plus agréable du monde. - Monsieur Powel ! Çe fut tout autant une surprise pour moi ! C'est fou comme le monde est petit. Bouddha fronce les sourcils, lui aussi connaît bien maman. Et il ne reconnaît pas la voix un poil plus aiguë qu'elle utilises pour parler à cet homme. Alors, il le zieute un instant, le dévisage et... Le voilà qui fixe le reflet d'une garçon d'un peu prés son âge. Maman recule un peu surprise, elle n'a pas vu ce qu'à vu Bouddha. Elle n'a pas vu que c'est le garçon qui a coupé l'ordinateur. Et elle semble soudainement sincèrement désolé pour le garçon, c'est dur de ne pas pouvoir parler à ses proches. -Tu devrais vérifier les branchements, on ne sait jamais, c'est peut-être un poékmon qui les a débranchés en passant. Elle se stoppe un moment, lève les yeux au ciel, essaye de se rappeler de quelque-chose : Powell parle rarement de sa vie personnelle ; mais elle se se souvient de sa soirée de lancement : elle avait parlé à sa femme qui, elle, lui avait parlé de son fils si parfait - elle n'avait pas pu en placer une sur ses neufs enfants : -Tu dois être Regulus, c'est ça ? Bouddha ne dit rien. Il se contente de fixer le dénommé Regulus avec un air suspicieux. |
Comme s'il ne connaissait rien de la tristesse Bouddha louche. Il louche, sur ce drôle de garçon aux épaules tombantes et à l'air ailleurs. Il loucheur ses lèvres beaucoup plus fines que les siennes -on dirait celles d'une fille- et qui racontent des mensonges à maman. Ses gros yeux divague sur le visage du garçon et, il dissèque un instant son sourire. L'alolien n'est pas dupe et lit bien la tristesse derrière les lèvres trop fines. Ce sourire... Celui des gens qui n'ont plus que ça. Juste encore un peu la force de sourire pour les autres ; et l'alolien croit se voir un instant dans le reflet des yeux d'Hippo. Mais Hippo n'est pas là : seul le dénommé sirius et l'écran noir lui reflètent son image interrogative. - Ce fut un plaisir de te rencontrer Sirius dit maman d'une voix douce Mais un demi-tour sur sa chaise roulante suffit à Bouddha pour voir que maman joue la maman. Du genre de celles qui n'ont pas de soucis que ceux de leurs enfants : décidément, le sourire triste semble décidé à habiter tous les visages. Sitôt Sirius éloigné, que voilà déjà le géant qui se penche vers l'écran qui accueille le visage rassurant de sa maman : Bouddha n'a aucun secret pour maman, il ne saurait comment faire. -Il a menti ! rapporte t'il C'est lui qui a éteint son ordinateur ! Face à maman, le ton de Bouddha redevint plus simple, plus entier, plus enfantin. Il aimerait ça : rester entre ses jupes et ne pas grandir, mais maman porte une combinaison spatiale. Moins pratique yup. Le regard de maman brille de milles couleurs et l'adolescent croit y voir un instant de l'amusement noyé sous la noirceur du chagrin. Maman n'a jamais aimé le mensonge, il se souvient encore de ses crises de colère contre Poppo lorsqu'il mangeaient en cachette et le niait ensuite. C'était pour elle révulsant et répugnant. Pourtant, il n'y avait dans son altitude aucune dégout, juste cette douceur maternelle qui lui connaissait bien, elle entama : - Tu sais... Quand tu es parent, c'est parfois difficile de s'occuper de tous ses enfants de la même manière. Égalité et équité sont difficilement atteignables et parfois... Un enfant peut se sentir flouté par les autres... C'est terrible pour lui. Maman détourne le regard alors qu'une rougeur envahit ses joues provoquant un froncement de sourcil de Bouddha. Quel doute peuvent bien ronger maman, au juste ? Parmi ses neufs enfants, pas un ne s'est senti mis de coté. Jamais. Mais malgré, ça maman détourne le regard.. Bouddha ouvre la bouche, commence à articuler, c'est son rôle de la rassurer. Mais maman est bien plus à l'aise avec les mots, plus rapide : -Ce Sirius, tu pourrais essayer de t'en faire un ami. Ça te ferait du bien de te sortir la tête de la bave de dodoala. L'air perplexe qu'affiche maintenant Bouddha ne peut pas être plus équivoque : l'idée lui semble absurde. Maman sait bien pourtant qu'il n'est pas le genre à se faire des amis -ceux qui l'a à Alola lui suffisent. Il ne sait pas comment faire. De plus Sirius n'est absolument pas le candidat idéal, ça se voit. Ils n'auront rien à se dire. Et par où commencer ? C'était trop tard. L'autre était déjà parti. Maman avait eu la pire idée. Mais cette dernière n'en démordait pas et voyait l'embarras de son géant, elle enchaina : -Tu es fait pour aider, les gens je le sais bien, Dabounet d'amour. Tu n'auras qu'à lui montrer quelque-chose de... Personnel. Elle conclut avec une clin d'oeil évocateur. Maman voulait que Bouddha montre à Sirius l'étoile filante. C'était... Insensé. Fou. Dangereux. Suicidaire. Mais les idées de maman finissaient toujours pas germer quelque-part... Aussi au bout de plusieurs minutes de discussion, l'adolescent finit par céder. Il eut fallut se dire au revoir et à bientôt - c'était le cas de le dire. Retenir ses larmes aussi. Et promettre d'être un peu plus social. Beaucoup de mots doux et d'amour. Puis Bouddha passa encore plusieurs minutes à ouvrir la bonne page : pokébook. Il n'y était jamais allé avant et son profil n'affiche qu'une vielle photo de lui au milieu de l'océan, accroché à sa planche. 11 amis en tout et pour tout. Toute sa famille quoi. D'un geste hésitant, le voilà qui ramène sa souris sur le profil de Sirius - Bien plus actif que lui. Le clic de la souris résonne alors que la demande d'ami et envoyé. C'est Bouddha (on s'est vu tout à l'heure à la bibliothèque). On peut se voir ce soir vers minuit sur la plus grosse dune de sable de la plage ? Ramène de quoi manger et végétarien. Le message est peut-être un peu sec, un peu direct. Mais c'est tout ce que ce grand béta sait faire. Il hésite un instant, avant d'ajouter une seule coquetterie à son message, comme un indice : un émoticones étoile. |
Comme s'il ne connaissait rien de la tristesse Bouddha est plongé dans le noir. Allongé contre sa planche de surf, passif, se laissant porter par les vagues et admirant d'yeux écarquillés le ciel. Dégagé ce soir. Parfait pour montrer à Sirius ce qu'il veut le lui montrer... Ce que maman veut, en fait. Doucement, la mer rendue ébène par la nuit le ramène au rivage. Et bouddha s'échoue. Des amis... Il y en a quelques-uns, à Alola - toujours éphémères, vie de bohème oblige mais précieux, colorés, simples et joyeux. Sirius, ce drôle de bonhomme n'avait pas vraiment le profil. Il était étrange : pétri d'une peine que Bouddha n'arrivait pas tout à fait à saisir. Et surtout... Il n'était pas d'Alola. Et ça, ça terrifiait Bouddha. Il le savait bien lui, que les gens qui ne venaient pas de son archipel étaient... Bizarres, dangereux, prise de tête, irrespectueux - les touristes lui avaient bien appris la leçon. Doucement, Bouddha se saisit de la sa planche et marcha jusqu'à la dune, lieu de leur rendez-vous forcé. Ses gros pas marquant la plage témoignant de sa lenteur et de son envie de faire demi-tour, de se rendre à l'océan. Mais le regard de maman était bien imprimé dans sa mémoire pour ça. Il ne voulait pas, trouvait même cela stupide et dangereux : mais pour maman, il aurait fait n'importe quoi. Alors qu'il gravit la dune, son regard se pose sur un grand corps allongé : Sirius. Est-il endormi ? Cela arrangerait bien Bouddha, même si il ne l'aurait pas reconnu de lui-même - trop influencé par son amour pour sa mère. Mais malheureusement le brun n'est pas assoupi et le voilà qui déplie son corps à l'arrivée du métisse. Bouddha buggue un peu, commence un salut alolien avant de bloquer sur une seule main en l'air et un salut monocorde - il n'est toujours pas habitué, ça le rend ridicule pour autant ? Le voilà qui s'assoit en tailleurs - faisant fi d'être en maillot de bain alors que Sirius est si habillé, comme à son habitude d'ailleurs, il semble à Bouddha- et il demande sans ménagement aucun si Sirius à ramené à manger. Se saisissant de son sandwich et croquant à pleine dents, l'alolien laisse son regard dériver... L'océan, le ciel... Papa et Maman semble si éloignés à ce moment précis. Encore plus que d'habitude. Il glapit alors qu'il sent le regard de l'autre se posait sur lui. C'est vrai, c'est lui qui a fixé le rendez-vous, c'est à lui de parlez, d'expliquez, de prendre l'initiative. -Tu connais les constellations ? demande t'il simplement, puis en pointant un point lumineux dans le ciel Tu vois cette étoile ? ce n'est pas une étoile : c'est ma mère. Bouddha s'interrompt, un instant : juste pour écoutez sa respiration qui s'accélère sourdement. -Et mon père, et mes frères et mes soeurs... Ils sont quelque-part, perdus dans l'horizon. Avalant sa dernière bouchée de sandwich, Bouddha se tapa un instant le ventre et mordant sa lèvre inférieure, il continua, peu sûr de lui : -Ce que j'essaye de te dire, c'est que depuis que j'ai quitté mon île, je suis terriblement seul. Et je crois que tu souffres de solitude aussi, de manière différente, mais quand même. Et ma mère... JE pense que ça pourrait être une bonne idée de... Tu sais... S'aider, se confier... Ce truc que font les amis. Les gros doigts de Bouddha tracèrent des cercles sur le sable - il n'était pas tout à fait à l'aise à cet exercice. Peu rodé, pas dans son élément. Ses amitiés à lui, à Alola, s'étaient toujours faites naturellement, au détour de jeux d'enfants ou de sessions de surf. Personne n'avait jamais à demander un ami... Ça lui paraissait improbable. Et pourtant c'est ce qu'il faisait à cet instant précis, sans vraiment savoir si il s'y prenait bien ou même sil il en avait vraiment envie. Bouddha, renifla. C'était bientôt l'heure... Tu n'auras qu'à lui montrer quelque-chose de... Personnel avait dit maman. Quelle folie... Il soupira avant de reprendre, pointant un de ses doigts boudinés vers l'autre. - Maintenant, je vais te montrez quelque-chose, mais tu dois me promettre de ne rien dire... À personne. Surtout pas à ton père. Le doigt tendu se retira, alors que se main se déplia vers sa bouche. Gros crachat sale et la salive de Bouddha s'étale sur sa paume. Le voilà qui tend sa main au brun l'invitant à sceller sa promesse, comme il le faisait autrefois, quand ses camarades lui confiait des secrets. Croix de bois, crois de fer. Si je mens... |
Comme s'il ne connaissait rien de la tristesse Bouddha babille. Un instant seulement, car il ne sait quoi faire, du refus tacite mais si évident du brun. Doit t'il en être triste ? S'en réjouir ? Car après tout, il ne veut pas du brun comme ami. Ce n'est pas son idée, à lui. Mais cela allait décevoir maman, non ? S'inquiétait t'elle pour Sirius ou pour lui ? Surement les deux, maman était si douce. Alors il sourit, relâchant tous ses muscles. Et sa main trempée par sa salive, vient se perdre dans le sable, laissant les grains s'y accrocher à foison. Son regard se détourne vers le ciel, et doucement, il reprend la parole. -J'espère que tu dis bien la vérité. Que tu ne lui parleras pas, sinon... Et voilà les deux noisettes qui lui servent de regard qui redescendent sur Sirius et le fusille sur place. -Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour protéger ma famille. Un instant, les yeux de Bouddha se figent sur Sirius. Comme rendus fous par l'attente. Est-ce que c'est une menace ? Clairement. Mais ce n'est que de la prévention pour Bouddha. Lui n'aime pas s'exposer, au regard de l'autre. Lui, ne se confie pas facilement. Lui ne partage pas de secrets habituellement. Mais as-t'il le choix ? La décision de maman est irrévocable, il lui semble, et il entend déjà sa voix qui répète : pas besoin d'être ami, pour partager un secret. Bouddha bouillonne sur place. Tapant des pieds, formant et déformant des pâtes de sables. Il regarde Sirius - forcément mal à l'aise. Mais voilà déjà l'heure... -Ne bouges pas. Regardes. Et le gros doigt de Bouddha se tend vers une étoile en particulier. Et cette étoile, dans une infinie douceur, se sépare en deux parties distinctes. -Deoxyde 303. commente l'Alolien C'est la station de ma manman. Les doigts de Bouddha attrapèrent alors un gros carnet et un feutre, déboucha le feutre et posa la mine sur une des pages. -Je ne sais pas ce que tu sais sur ça, mais il font des trucs secrets là haut, top secret même. D'un seul coup la partie gauche de la station s'éteignit. Bouddha traça un long trait. -Ma mère, le savait, depuis longtemps... Et elle savait aussi que nos discussions par internet allaient être épiés. L'étoile se ralluma, et s'éteignit, à nouveau. Il traça un point. -Mais la famille n'a pas de secret, la mienne en tout cas... Était-ce un regard compatissant qu'envoya Bouddha à Sirius ? Rien n'est moins sûr. -Alors il a fallu trouver un autre moyen de communiquer... Officiellement, maman fait le checking mensuel pour vérifier les sources de courant alternatives - les pokémons électriques qui sont là haut. Bouddha jeta un coup d'oeil à son carnet, où, il avait noté soigneusement divers symboles. La page de son carnet était maintenant à moitié noircie alors que le station gauche s'approchait de la 2nde étoile. -Ce n'est pas du morse - trop crakable - maman nous a appris ce nouveau code en se basant sur l'Ōlelo Alolai'i, la langue traditionnelle de ma région. Bouddha se tut alors quelques-secondes, fronçant les sourcils, et déchiffrant avec peine ses pattes de mouche. Puis finalement, il se releva et fit face au brun. -Elle voulait que je montres ça, je ne sais pas pourquoi... Parait que ça peut t'aider. Mais t'as intérêt à la fermer sinon... Sinon quoi ? Ils allaient lui casser les genoux. Peu probable connaissant la douceur naturelle du nounours, mais ça, Sirius n'en savait rien. Bouddha jouait avec aisance de sa carrure lorsqu'il fallait aboyer, surtout pour protéger sa famille, il voulait certes que maman rentre mais pas parce-qu'on l'avait exclus de son rêve de gamine. -Elle te dit bonsoir. |