Hrp :
Pour ceux qui auraient la flemme de lire, ce rp sert juste à expliquer le changement de situation dans la famille de Yuna, son changement de nom de famille, et de comportement.
Ma tête est lourde…elle est lourde, et je n’arrive pas à réfléchir. Je ne pense à rien, je n’y arrive pas, tout ce qui défile en boucle dans ma tête, ce sont les mots de ma sœur…’’Elle est partie…’’ Je n’arrive pas à y croire, ce n’est pas possible…juste pas possible. J’ai l’impression que mon cœur est fissuré, il me manque quelques choses… j’ai perdue quelque chose, ou plutôt quelqu’un.
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22 Décembre 2018 – Adala – Dortoir des GivraliJe me souviens d’hier, tout allait bien. J’ai passé une superbe journée d’anniversaire, j’ai passé de bon moment avec mes amis. Le temps a filé à une vitesse impressionnante, je n’ai rien vu passer, si bien que je suis rentrée dans ma chambre quand le soleil avait déjà disparu. Sans surprise Lauren n’était pas là, elle traine souvent le soir et rentre assez tard dans la chambre. Je ne désespère pas de la comprendre un jour, mais c’est vrai que c’est assez compliqué entre nous, on est si différentes toutes les deux.
Enfin, maintenant que j’y pense, je le sentais…je sentais que quelque chose n’allait pas, qu’un malheur allait arriver. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’avais pas de nouvelle de ma famille. Alone ne m’avait pas répondu quand je lui ai souhaité un joyeux anniversaire la veille. Bon d’accord on est en froid, mais il a un minimum de politesse. Et même s’il ne voulait pas me parler, il m’aurait au moins envoyé un simple merci. Mais là rien…ça aurait pu passer, si ma sœur avait envoyé un message pour mon anniversaire. Encore une fois je me suis retrouvée sans nouvelle, pas un message, pas un appel, que ce soit d’elle ou de maman. Je me suis dit que peut-être elles avaient eu un imprévu, et qu’elles m’en enverraient un dans la soirée. Mais en rentrant dans ma chambre je n’avais toujours rien…
J’avais envie d’appeler, j’avais un mauvais pressentiment…enfin bon ça n’aurait strictement rien changé à la situation en fin de compte. Une fois mes affaires et cadeaux posés sur mon bureau, j’ai libéré une bonne partie de mon équipe pour qu’ils s’installent pour la nuit. J’ai pris une bonne douche avant de me mettre en pyjama. Jusqu’à là, une soirée tout à fait banale…jusqu’à la sonnerie de mon Ipok. Je me suis avancer vers l’appareil sans arrière-pensée, j’ai même souri en voyant qu’il s’agissait du numéro de ma sœur qui s’affichait sur l’écran. Finalement elle n’avait pas oublié mon anniversaire…qu’est-ce que j’ai pu être naïve, j’aurai préféré qu’elle l’oublie et qu’elle ne me passe jamais ce coup de fil. J’ai donc décroché, me tenant debout face à mon bureau.
-Salut grande sœur, ça va ?-Yunie…Déjà à ce moment, j’ai compris que quelque chose n’allait pas pour deux raisons. La première, Marie ne m’appelle Yunie que lorsqu’elle doit m’annoncer quelques choses de grave. La dernière fois c’était avant mon départ en vacances, pour m’annoncer qu’Hiro était revenu à la maison, et que je risquais de tomber sur lui. Mais bon ça allait, elle m’avait juste appelé Yunie, tout en parlant normalement cette fois-là. Là c’était différent, totalement différent, et je sentais que la discussion n’allait pas me plaire…j’étais tellement loin de la vérité. La deuxième raison, c’était sa voix. Ce n’était pas son Ipok qui déformait sa voix, comme si elle ne captait pas bien. Non la voix de ma sœur était chargée d’émotion, et c’est très rare. Et cette émotion qui transparaissait dans sa voix, c’était de la tristesse, une grande peine qu’elle n’arrivait pas à refouler. La dernière fois que je l’ai entendu dans cet état…c’était à l’annonce de la mort de papa. Qu’est-ce qui se passait ?
-Marie ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ?- Est-ce que tu es toute seule Yunie ?- Oui je suis seule, je suis dans ma chambre au dortoir. -Assieds-toi s’il te plait je…je dois t’annoncer quelque chose…de grave.Mais je n’ai pas écouté ma sœur, elle m’inquiétait trop pour que je puisse le faire. Mon visage avait pris un air inquiet, et mes pokémons ont dû le voir car Hestia et Lucifer se sont rapprocher de moi, inquiets eux aussi en voyant ma tête.
-Qu’est-ce qu’il y a grande sœur…tu me fais peur là…-Yunie…c’est maman…elle est partie…-Partie ? Comment ça partie ? Elle a quitté la maison ?A ce moment, je ne voulais pas comprendre le sens des mots de ma sœur. N’importe qui, au ton de la voix de mon ainée, ou à ses recommandations précédentes, aurait compris. Mais pas moi, ou plutôt, je ne voulais pas comprendre, je ne voulais pas me résigner à comprendre.
-Non…elle…Maman est morte…Il y eut un gros blanc pendant quelques secondes, mais pour moi ça a duré des heures. Le temps que l’information parvienne à mon cerveau, et que ce dernier n’en comprenne le sens…Que je comprenne le poids de ces mots et leur signification. Non…c’était impossible…ça ne pouvait pas être vrai, c’était un poisson d’Avril, ou une farce de très mauvais goût pour mon anniversaire.
-C’est pas vrai…Marie dis…dis-moi que c’est faux ! Dis-moi que tu me fais une mauvaise blague là !!-Non Yunie…Maman nous a quittés…pour toujours. C’est à ce moment que j’ai senti les larmes couler le long de mes joues. J’étais paralysée, complètement tétanisée…Je me suis mise à trembler de tout mon corps, inquiétant d’autant plus mes pokémons qui se mirent tous autour de moi. Ils cherchaient à comprendre ce qui se passait, ce qui était en train de m’arriver. Mais je ne pouvais rien leur dire, plus aucun son ne sortait de ma bouche…je n’entendais même plus la voix de ma sœur dans l’Ipok. Elle n’avait pas raccroché pourtant, elle était encore là, j’en suis certaine, mais c’était moi qui n’était plus là. J’étais perdue, j’essayais tant bien que mal de refaire surface, mais un mot tournait en boucle dans mon esprit…Morte…elle est morte…
Après tout est un peu flou, je me souviens de mon Ipok qui tombe au sol, je l’ai surement lâché sans m’en rendre compte. J’ai ressenti une violente douleur au niveau de mon cœur…puis au niveau des genoux quand je me suis effondrée. Heureusement pour moi, mes pokémons étaient présents avec moi, je crois que c’est Lucifer qui m’a soutenu de justesse. Mes jambes ne pouvaient clairement plus me soutenir, je ne pouvais plus rien faire. La seule chose dont je me souviens clairement, c’est mon cri de douleur. Un cri qui provient du plus profond de mes entrailles, un cri qui a surement alerté les chambres voisines, mais personne n’est entré. Encore heureux, je n’aurai pas pu supporter la présence de quelqu’un.
De très longues minutes plus tard, je suis un peu revenue à moi, suffisamment pour voir que l’appel avec ma sœur était toujours en cours. Mais je ne pouvais pas bouger pour attraper l’appareil qui avait roulé bien loin de moi. Heureusement Deva l’a attrapé et me l’a ramené, même elle qui d’habitude est si détachée, si imbu d’elle-même, était inquiète de me voir dans cet état…Je devais vraiment faire peur à voir.
-Marie…-Yunie...écoutes parler au téléphone n’est pas la meilleure des solutions. J’ai prévenu ton académie pour leur dire que tu rentrais à Hoenn pour quelques temps. Je t’ai pris un billet de ferry qui part demain pour Nénucrique…je viendrai te chercher au port d’accord ?-Entendu…-ça va aller Yunie, on va s’en sortir. Essaye de dormir et de te reposer…Je t’aime petite sœur.Je n’ai même pas eu la force de répondre, c’est pourquoi ma sœur a elle-même raccroché. Marie n’a jamais été très douée avec les mots, encore moins par téléphone. Ma sœur est le genre de personne à tout transmettre par les gestes et le regard, elle préfère les actes aux paroles. En plus elle doit être elle aussi sous le choc. Heureusement qu’elle prend les choses en main…j’aurai été incapable de faire quoi que ce soit…Tout le reste m’est flou, je suppose que j’ai dû m’évanouir, ne supportant plus ce trop-plein d’émotion. Mais malheureusement ce n’est que le début.
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23 Décembre – Adala – Dortoir des GivraliJe me prépare pour partir à Nénucrique, comme si j’étais en mode automatique. Je ne réfléchis même pas, j’agis sans vraiment m’en rendre compte. Et ça inquiète grandement mes pokémons, Hestia me suis attentivement, comme si je risquais de m’effondrer à chaque pas. Dovah et Astrega le font de plus loin, tandis que Lucifer me regarde du coin de l’œil. Il fait comme si ça ne le touchait pas, mais je suis certaine qu’il est autant inquiet que les autres…Je m’en veux un peu, je leur fait subir ça alors qu’ils n’ont rien demandé. Je fais du mieux pour garder la tête haute, ne pas craquer à nouveau et fondre en larme...Mais honnêtement le cœur n’y est pas du tout, mes sourires sonnent faux et je pense que ça les inquiètes encore plus malheureusement.
Mes pokémons m’aident comme ils peuvent prenant mes affaires pour les mettre sur la valise, j’ai un faible sourire quand je vois Moegami prendre mes affaires de maquillage un à un et les poser dans la valise en vrac. Une fois que c’est fait, elle est fière comme un pan et bombe le torse, je lui caresse doucement la tête pour la remercier. Je suis très étonnée qu’elle ne soit pas terrorisée dans un coin, comme si elle prenait sur elle pour m’aider et me redonner le sourire. J’ai vraiment beaucoup de chance d’avoir une aussi bonne équipe à mes côtés.
Bien entendue, ma colocataire était revenue à la chambre. Hier j’étais déjà couchée quand elle est rentrée, mais ce matin je n’ai pas pu échapper à son regard. J’ai une tête à faire peur, mais heureusement pour moi, Lauren n’a pas chercher à en savoir plus quand je lui ai dit que je partais pour des raisons familiales. Une fois mes affaires prêtes, je met mon manteau d’hiver et rappelle tout le monde dans sa pokéball sauf Hestia. Elle n’a pas voulu rentrée et je pense que si je l’aurais rappelé, je me serai sentie beaucoup trop seule. Les volets sont fermés, mon lit est fait au carré…comme si je partais pour un long voyage. La vérité c’est que je ne sais même pas combien de temps je vais rester à Nénucrique, n’y même si je pourrai revenir à PC. Tout va dépendre de mes ainés, qui vont certainement devenir mes tuteurs jusqu’à ma majorité. Je soupire à cette idée, Hiro mon tuteur…je sens que ma vie va devenir un enfer. Mais bon, je n’ai plus beaucoup de temps le bateau par bientôt et je dois aller voir le directeur avant de partir pour confirmer mon départ temporaire. Enfin j’espère qu’il le sera.
Dans les couloirs c’est l’agitation partout, tout le monde se lance à corps perdu dans les derniers préparatifs de Nöel. Tout le monde a le sourire, la magie de Noël opère, mais pas pour moi cette année. Quelques élèves sont étonnés de me voir avec ma grosse valise, mais avec ma tête d’enterrement, personne ne vient me poser de question. Si quelqu’un serait venu, je l’aurai envoyé balader d’une manière ou d’une autre.
Une fois la paperasse administrative terminée, je me dirige vers le port, observant peut-être pour la dernière fois ces paysages. C’est étrange, je n’arrive pas à me persuader que maman est…je n’arrive même pas à dire ce mot…qu’elle est partie, pourtant je pense déjà aux conséquences…Qu’est-ce que je vais faire maintenant, est-ce que mes ainés m’autoriseront à continuer ma scolarité ici, ou est-ce qu’ils voudront me garder auprès d’eux. Je n’en sais rien et c’est peut-être ça qui me fait le plus peur dans l’histoire, ne pas pouvoir décider de ce que je vais faire.
J’arrive devant le grand portail et tombe sur le gardien : M.Sentry. Il me regarde étonné, mais il me laisser passer. En même temps il n’a aucune raison de m’en empêcher, rien n’interdit aux élèves de rentrer chez eux pour Noël. Mais ce qui me gêne, c’est son regard compatissant que je sens dans mon dos, et ça a l’effet d’une brulure. Je ne veux pas de leur pitié, je veux juste qu’on me laisse tranquille…je veux juste revoir maman. La voir m’ouvrir la porte, me sourire et me prendre dans ses bras, la voir en vie.
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Je suis arrivée juste à temps sur le bateau, et me voilà donc partie pour plusieurs longues heures de traversé…Plusieurs heures à réfléchir…Je décide rapidement de sortir de ma cabine, et de me diriger vers le pont qui se trouve être relativement désert. En même temps vu le froid de l’air marin, je ne pense pas que grand monde souhaite se risqué à attraper la crève. Mais pas moi, je suis rarement tombée malade, ou prit de coup de froid. Le vent joue avec mes cheveux, les faisant voltiger dans tous les sens, les envoyant parfois sur mon visage. Mais je ne bouge pas, je reste là immobile contre la barrière, à regarder le bateau fendre l’eau et laisser derrière lui une trainée d’écume.
C’est une sonnerie d’Ipok qui me tire de mes pensées, il s’agit de Suzuki la responsable du théâtre. Avant de partir de l’académie je lui ai écrit un message, l’informant de la situation et de mon incapacité à venir au théâtre pour une durée indéterminée. Heureusement dans son message elle se montre très compréhensive et me dit que je dispose de tout le temps qu’il me faudra avant de revenir au théâtre. Elle me prévient qu’elle mettra seulement Erika au courant de la situation, connaissant la relation qui me lie à la jeune femme. C’est vrai que je n’ai même pas envoyé de message à Erika ou à Henry, je n’y ai pas pensé…Je regarde dans ma liste de contact, il y a plusieurs personnes qui vont être surprise de ne pas me voir à Noël, comme Logan, je lui avais promis qu’on passerait un moment ensemble le 25... J’espère juste qu’ils ne s’inquièteront pas de mon absence soudaine. Mais je referme mon appareil, je n’ai pas le cœur à leur envoyé un message, je le ferai peut-être quand je serai prête. J’imagine sans mal la réaction d’Erika quand elle me verra, sa colère de ne pas l’avoir informée moi-même, et son inquiétude quant à mon état…Et Henry, il sera toujours égal à lui-même, un peu froid et sec, mais dans ses yeux, il y aura cette petite lueur inquiète. Le Reece n’est pas le genre d’homme à montrer ses émotions, mais on peut facilement les comprendre si on lit bien dans ses yeux.
Ça m’arrache un faible sourire de penser à eux. C’est fou, je refuse d’admettre ce qui a pu se passer, pourtant mon corps lui semble totalement l’admettre et réagit en conséquence. Je baisse mon regard pour voir Hestia qui me fixe avec inquiétude. S’il y a bien un de mes pokémons que je ne peux pas duper avec de faux sourire, c’est elle. Je pense que dès que j’ai décroché le téléphone hier, elle savait, elle savait que ça n’allait pas. Elle ne m’a pas quittée de la nuit, et je pense qu’elle ne me quittera pas de tout le voyage, ou en tout cas, pas avant que j’aille mieux, ça c’est sûr. Je m’agenouille devant elle et la gratifie d’une caresse. Elle n’est pas comme la plupart de mon équipe, une accro du combat, mais elle est un soutien bien plus précieux à mes yeux.
-Désolé de t’inquiéter comme ça…-Pyrooooo-Je sais que je n’ai pas à m’excuser mais…je me sens si faible de réagir comme ça, je ne sais même pas quoi faire.-Pyyyypyro-Heureusement que je t’ai toi. Je la prends dans mes bras et la sert fort contre moi, j’ai besoin d’elle en cet instant, et elle le sait bien. Je sens la chaleur de son cœur augmenter, me réchauffant quelques peu. Je sais que je pourrais toujours compter sur elle pour me réconforter, et être là quand il le faudra.
Etant donné que je ne suis pas complètement folle pour rester trop longtemps dans le froid, je regagne ma cabine et m’allonge sur le lit. Je ferme juste les yeux et Morphée me prends dans ses bras avant que je n’ai le temps de comprendre quoi que ce soit. Il faut dire que ce n’est pas avec ma nuit d’hier que j’ai eu mon quota d’heure de sommeil. Peut-être que le voyage passera plus vite comme ça.
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Je sens quelque chose de chaud se glisser dans le creux de mon cou, j’ouvre doucement les yeux pour tomber nez à nez avec Hestia. Elle sourit un peu et s’agite quand elle voit mes yeux s’ouvrir, c’est à ce moment que j’entends la sirène du bateau retentir. On est déjà arrivé ? Je me redresse et quand je regarde par le hublot, je constate qu’on est bel et bien au port de Nénucrique. J’ai dormi tout le voyage et ce n’est pas plus mal, au moins je n’ai pas eu l’occasion de me torturer l’esprit. Je prends mes affaires et rejoint la foule de voyageur qui descend du ferry. Il y a beaucoup de monde qui attendent au pied de débarcadère, je vois beaucoup de sourire, de cri de joie et des rires. Beaucoup de famille sont réunies pour fêter Noël comme il se doit…c’est comme si je prenais un énorme coup de massue sur la tête en me disant que mon Noël allait être teinté de deuil cette année.
Je m’avance dans la foule, recherchant une tête si particulière, celle de ma sœur ainée. Après de longue minute à sonder la foule, je finis par trouver celle que je cherchais…et je dois dire que ça me fait bizarre. Je sais que Marie a énormément pris de maman physiquement, mais à ce point…Quand je vois son visage, et ses longs cheveux roses, j’ai l’impression que voir maman sur les photos du début de sa carrière. Seuls ses yeux sont différents, ils ont la couleur de ceux de papa, mais le regard en lui-même est similaire à celui de maman, doux et aimant…enfin il le serait s’il n’était pas teinté de tristesse aujourd’hui. C’est en voyant son expression que je comprends, que je prends totalement conscience de la réalité. C’est vrai, maman nous a quittés, le visage de Marie, si joyeux d’habitude ne reflètent que tristesse et peine. Je pose une main sur mon ventre, comme si on venait de me donner un violent coup dans l’estomac.
Au moment où ma sœur me voit, des larmes se forment dans mes yeux. Je ne voulais pas y croire, non je ne voulais pas, je refusais d’y croire, je voulais que ce soit une plaisanterie, une très mauvaise plaisanterie. Mais maintenant j’en suis certaine, je ne rêve pas, c’est un cauchemar éveillé que je fais. Mon ainée s’approche rapidement de moi, elle a compris en voyant ma tête, elle se doutait que je n’y croirais pas avant de venir ici. C’est pourquoi elle me prend dans ses bras et me serre très fort, posant sa tête sur la mienne. Les larmes silencieuse commencent à couler le long de mes joues, suivit par de petits sanglots, je craque à nouveau. Mais Marie s’y attendait, elle commence à fredonner une petite mélodie, celle que maman nous chantait pour nous calmer quand on était petites.
-C’est vrai…tout est vrai ?...Je pose la question une dernière fois, pour chasser le peu d’espoir que je peux encore avoir. Et bon dieu que cet espoir reste accroché…mais ma sœur le détruit totalement d’un simple mot.
-Oui Yunie…c’est vrai…Le flot de larme redouble d’intensité, et nous restons ainsi pendant je ne sais combien de temps. Quelques minutes, une heure ? Je n’en sais rien, je sais juste que ma sœur me soutiens, qu’elle est là avec moi, que je pourrais toujours compter sur elle, comme je peux compter sur mes pokémons. Je n’ai pas envie de quitter ses bras, mais je n’ai pas vraiment le choix, le vent frai du port me ramène à la réalité. Marie me sourit du mieux qu’elle peut avant de me prendre la main, au cas où je resterai à nouveau déconnecté de la réalité.
-Viens, rentrons à la maison. J’acquiesce d’un signe de tête avant de la laisser m’emmener vers notre maison. En temps normal j’aurai été tellement contente de rentrer, mais j’ai l’impression d’être une coquille vide. Je suis vraiment en train d’assimiler la situation. Le chemin est plus long que dans mes souvenirs, mais pas assez à mon goût. Marie me lâche pour ouvrir la porte, le bruit de la clé dans la serrure me ramène à la réalité. La porte s’ouvre, j’ai envie de dire ‘’Maman je suis rentrée’’, mais je ne le fais pas, ça ne sert à rien. J’avance dans le couloir d’entrée, Marie sur mes talons, j’ai l’impression que la maison a perdu une partie de son âme, il manque quelque chose. Bon bonne nouvelle, mon frère ainé n’est pas là. Peut-être qu’avec la situation notre relation va s’améliorer, mais honnêtement je ne pense pas, connaissant son caractère et le mien. J’arrive dans le salon et j’entends un petit cri de joie à mon arrivée, il s’agit de Neige, la Goupix d’Alola qui appartient à mon frère jumeau. Je lui souris doucement avant de m’agenouiller pour la caresser, elle ne semble pas avoir pris conscience de la situation. Tant d’innocence, ça me réchauffe un peu le cœur.
-Moi aussi je suis contente de te voir Neige. Je me redresse, et j’observe la pokémon glace saluer ma Pyronille, ça me fait plaisir de voir que ces deux pokémons de type opposé s’entendent aussi bien…Enfin elles s’entendent mieux que leur dresseur. Je relève mon regard et tombe justement sur mon jumeau qui vient de se lever du canapé. Nos regards améthyste se croisent, et là je me sens mal. Son regard est froid, même glacial je dirais…ça me fait froid dans le dos. Je n’ai jamais vu un regard aussi dur venant de sa part, je ne comprends pas, pourquoi il réagit comme ça en me voyant…Est-ce qu’il est surpris de me voir ici ?
-Bonjour frangin…Mais aucune réponse de sa part, il s’avance vers moi, me fixant toujours de son regard froid, avant de passer à côté de moi. Il m’ignore complètement avant de monter les escaliers, quelques secondes plus tard j’entends la porte de sa chambre claquer…Qu’est-ce qui lui prends d’un coup ? Je sais qu’on a quelques différents ces derniers temps, mais quand même. Pourquoi m’a-t-il lancé un regard si froid ? Mon cœur s’est serré brusquement, j’ai l’impression qu’il a failli exploser. Je regarde ma sœur avec un regard complètement paniquée, je ne comprends pas ce qui se passe. D’accord il est bouleversé par ce qui se passe je pense, mais de là à m’ignorer…Je dois lui parler. Alors que je m’apprête à le rejoindre, Marie m’attrape le poignet, m’empêchant de monter les escaliers. Qu’est-ce qui lui prend ?
-Marie laisses-moi le voir, je dois lui parler.- Non Yunie, laisse-lui du temps.-Mais c’est mon jumeau ! Et…je ne comprends pas pourquoi il m’a ignoré…Je…La disparition de maman l’a secoué, mais ce n’est pas normal qu’il réagisse comme ça…-Marie a raison Yuna, laisses-le tranquille pour le moment. Il a besoin d’être seul.Je me retourne à moitié surprise, cette voix dans ma tête, c’est celle d’Arwen, la Gardevoir de maman et aussi ma nounou. Son regard est aussi doux que la dernière fois, mais même si elle le cache, je sais qu’elle est très triste. C’est la starter de maman, c’est ensemble qu’elles ont gagné trois Grand Festival d’affilé. Je me libère de l’emprise de ma sœur et rejoint la pokémon Psy qui me prends dans ses bras. Je me loge à l’intérieur, retenant les larmes de couler le long de mes joues encore une fois. Nous nous écartons quelques minutes plus tard, elle me sourit doucement en remettant une mèche de cheveux correctement.
-ça fait du bien de te revoir petite rose bleue. Va te reposer dans ta chambre, je t’apporterai quelques choses à manger tout à l’heure. Je me tourne vers ma sœur qui me sourit doucement à son tour, j’aimerai qu’elle reste avec moi, mais je sens qu’elle ne va pas pouvoir.
-Marie tu…-Je te rejoins tout à l’heure petite sœur, je dois voir certaines choses avec Arwen et Hiro.Mon visage s’assombrit à la mention de mon ainé, je n’ai pas spécialement envie de tomber sur lui maintenant. J’acquiesce d’un signe de tête avant de prendre mes affaires et monter à l’étage pour rejoindre ma chambre. Je passe devant celle de mon jumeau, et je m’arrête…je sais qu’Arwen et Marie m’ont dit de le laisser tranquille, mais elles ne peuvent pas comprendre. Nous sommes jumeaux, et même si ces derniers temps on ne s’entend pas trop, je ne veux pas le laisser seul. C’est en me mordant la lèvre que je toque à la porte, trois coup d’affilés avant de redonner trois coups espacés. On s’est toujours annoncé comme ça, quand on ne voulait pas ouvrir à nos ainés qui s’amusaient à nous persécuter, c’était une façon simple de se reconnaitre.
-Alone ? Tu es là ?J’attends quelques secondes, mais rien, pas de bruit de porte qui se déverrouille, je ne vois pas la tête de mon frère apparaitre dans l’embrassure. Je soupire avant d’abandonner, ça ne sert à rien, je ne comprends pas pourquoi il m’évite, pourquoi son regard froid de tout à l’heure. Mais je sais que ça ne sert à rien de s’acharner comme ça, il va se braquer, je le connais. Mon regard se pose sur ma Pyronille qui me regarde un peu inquiète, je la rassure rapidement.
-Ne t’inquiètes pas, on lui parlera plus tard, ce n’est pas facile pour lui comme pour moi.C’est non sans un dernier regard pour la porte de la chambre de mon frère, que je me redirige vers ma chambre. J’ouvre la porte et rentre avant de la refermer, une fois à l’abris je souffle un bon coup. Enfin….je me sens enfin de retour à la maison, même si ça me laisse un sacré goût amère. Je remercie Arwen qui a dû préparer ma chambre avant mon arrivée, je pose mes affaires, retire mon manteau avant d’aller m’asseoir sur le rebord de la fenêtre.
Le ciel est gris, un gris clair qui annonce l’arrivée éminente de neige…comme le jour où je suis née. Je me souviens que maman me disait toujours que c’était rare que la neige tombe à Nénucrique. Si elle tombait plus souvent ces dernières années, c’était grâce à moi. Le jour de ma naissance, il y eut une violente tempête de neige, et maman a dû marcher des kilomètres dans la neige pour nous mettre au monde en toute sécurité. Et depuis ce jour, les hivers sans neige se comptaient sur les doigts d’une main. Petite j’y croyais vraiment, maintenant je sais que le changement climatique est en grande partie responsable…Mais cet hiver n’aura pas le même gout que ceux d’avant, parce qu’elle n’est plus parmi nous…Je pose ma tête contre la fenêtre alors qu’Hestia vient s’allonger sur mes jambes, plus rien ne sera comme avant….plus rien.
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Toc toc tocJe relève la tête, espérant entendre trois autres coups contre la porte, mais rien. A la place cette dernière s’ouvre laissant apparaitre la tête de la Gardevoir de ma mère. Elle me demande par télépathie si elle a le droit de rentrer, autorisation que je lui donne par la pensée. Je n’ai pas le cœur à parler et elle le sait. Heureusement elle ne m’en tient pas rigueur et s’approche de la fenêtre, un plateau repas flottant derrière elle.
-Je t’ai fait ton plat préféré.-Merci Arwen….Elle le pose à côté de moi, avant de s’asseoir sur une chaise à côté de moi, sans rien dire. Elle attend, elle le sait, elle me connait. Pas besoin de pouvoir télépathique pour savoir que j’ai besoin de parler, j’ai besoin de savoir le fin mot de cette histoire.
-Qu’est-ce qui s’est passé Arwen ? Pourquoi…pourquoi est-ce que maman est…Je me mords la lèvre, et je retiens mes larmes tant bien que mal. En étant ici c’est bien plus compliqué de tout garder pour moi, surtout devant une pokémon psy qui peut facilement lire mes pensées. Arwen ferme les yeux, avant de fixer la fenêtre, comme si elle cherchait ses mots.
-Ce n’est pas à moi de tout te raconter, mais je vais te dire tout ce que je peux. Stella est tombée malade il y a des années de cela, une maladie rare qui s’est manifestée quatre ans après la mort de ton père. -Quatre ans…ça faisait plus de quatre ans…- Elle vous a caché sa maladie et a fait comme si de rien n’était, tu connais ta mère elle ne voulait pas que vous vous inquiétez pour elle. Elle a tout fait pour que vous ne sachiez pas la vérité, quand bien même elle souffrait. Il y a quelques semaines son état s’est brutalement dégradé…et elle est morte il y a trois jours…-Trois jours…Mais attends, c’était juste avant l’anniversaire d’Alone !!Je me suis vivement redressée, un air réellement surpris sur le visage. Je comprends mieux pourquoi Alone agit bizarrement, maman est morte juste avant son anniversaire… Rien que d’imaginer la scène, mon estomac se retourne, comment on a pu en arriver là ? J’aurais…j’aurais aimé être ici, avec eux, ne serait-ce pour lui dire au-revoir…Mon regard se relève sur la Gardevoir qui connait déjà ma question.
-Mais…mais pourquoi elle ne m’a rien dit quand je suis partie à la PC. Je serai restée avec elle, j’aurai apporté mon aide à la maison, j’aurai…-Elle ne le voulait pas Yuna. Stella voulait que tu vives ta vie sans te soucier de son état de santé, elle ne voulait pas que tu te prive pour elle. -Et finalement je n’ai même pas pu lui dire au-revoir…-Tu n’as pas pu…Je ne peux pas retenir mes larmes de couler, c’en est trop. J’ai été si naïve, je n’ai rien vu, j’aurai pu voir quelques choses, j’aurai du voir quelques choses. Arwen comprend ma détresse et elle me prend dans ses bras. Je ne sais pas si elle a utilisé ses pouvoirs psychiques pour m’apaiser, ou si sa seule présence suffit, mais les larmes se calment petit à petit quelques minutes plus tard.
-J’aurai dû savoir, j’aurai du comprendre…-Non Yuna, tu ne pouvais pas, ta mère a toujours fait passer le bonheur des autres avant le sien…je dirai même que c’est ça qui la rendait heureuse... Ne te sens pas coupable pour ça, tu n’as rien a te reprocher ma chérie. Je ne réponds rien, sachant pertinemment qu’elle avait raison. Je pourrais argumenter toute la nuit, ça ne servirait à rien, ma mère pensait d’abord aux autres avant de penser à elle. Arwen essuie une larme qui coulait encore le long de ma joue, me faisant relever la tête une nouvelle fois.
-Ne t’en veux pas Yuna, Stella ne voudrait pas ça. Elle était très fière de toi, tu étais sa petite lune…sa fierté. Si elle a pu tenir aussi longtemps sans rien dire, c’est en grande partie grâce à toi. Ces mots me réchauffent le cœur, mais en même temps ils me font mal. Je ne sais pas si je dois bien le prendre ou non ? Le fait est que je n’ai plus la force de rien faire, je ferme juste les yeux et je me laisse bercer par le contact de la main d’Arwen sur ma joue…Je m’imagine ma mère face à moi, sa douce main me caressant la joue, comme elle le faisait pour me réconforter…C’est sur cette douce pensée que je finis par m’endormir à nouveau, je ne tiens plus et je vais avoir besoin de force demain.
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24 Décembre – Nénucrique – Demeure des AkabaraJ’ouvre doucement les yeux, et je sens deux sources de chaleur de part et autre de ma tpete. Qu’est-ce qui se passe ? Je tourne la tête pour voir Hestia d’un côté et Moegami de l’autre. Elles sont adorables, mais ce ne sont pas les seules Dovah fait tout le tour du lit, Astrega est allongée le long de mon corps alors qu’Ama est au pied de mon lit. Enfaite toutes mon équipe s’est installée autours de mon lit…toute sauf Lucifer. Ce dernier est adossé au mur opposé de ma chambre, c’est le seul à être réveillé, mais j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Son regard est dur, voir mauvais, ses bras sont croisés et il semble attendre quelques choses…Mais quoi ? Je me relève, réveillant au passage tous ceux qui dorment autour de moi, pour me rapprocher de mon chromatique qui me regarde du coin de l’œil.
-Lucifer qu’est-ce qui se passe ?-Reptincel !!Je soupire, de lassitude ? de blasement ? Je n’en sais trop rien, je sais juste que mon Reptincel est une vraie tête de mule, et que son petit manège peut durer des heures. Et aujourd’hui je n’ai pas le courage de gérer son caractère, non clairement pas. Marie me l’a dit, aujourd’hui c’est…c’est le jour où je vais devoir dire adieu à maman…Je ne l’ai toujours pas vue, mais j’ai l’impression que je ne vais pas y arriver, je ne peux pas me résoudre. A quoi ? A lui dire adieu tout simplement, une part de moi espère encore, et quand je verrai son corps, cet espoir qui me fait tenir debout partira et je me retrouverai désemparée. Mon regard améthyste se pose sur mon chromatique qui me fixe d’un air boudeur.
-Lucifer s’il-te-plait, ne fait pas ta tête de mule…Pas aujourd’huiMa phrase mourut dans gorge, et ça suffit à mon Reptincel pour comprendre que vraiment aujourd’hui ce n’était pas le bon moment pour n’en faire qu’à sa tête. Il arrête de faire la tête et va rejoindre les autres. Je le remercie silencieusement avant de me diriger vers la salle de bain, histoire de prendre une bonne douche bien chaude. J’essaye de ne pas penser à ce qui va se passer, mais j’ai bien du mal, je m’imagine déjà dans le crématorium, regardant le cercueil brûler…Je ne sais pas combien de temps je passe sous la douche, mais une petite voix dans ma tête me sors de mes pensées.
-Yuna tu es réveillée ? Tu peux venir manger. -J’arrive ArwenAu moins ça, ça n’a pas changé. Impossible d’être en retard ou de loupé un repas avec une telle Gardevoir. Elle a toujours su quand j’étais réveillée, même quand je faisais semblant de dormir pour pas aller à l’école, elle le savait et venait me lever pour pas que je sois en retard. Enfin bref, je me termine de me préparer, une robe noire, des ballerines noires, même les rubans dans mes cheveux sont noirs…noir comme va l’être cette journée.
Je finis par sortir de ma chambre, même si je dois avouer que je n’en ai clairement pas envie. Pourquoi ? Parce que je sais qu’en bas se trouve toute ma famille, donc mon frère ainé Hiro…Je n’ai vraiment pas envie de le voir mais je n’ai pas le choix. Je m’avance pour finalement arriver dans la salle à manger, et comme je m’y attendais mon ainé et mon jumeau sont là, Arwen et Marie ne sont pas là en revanche. Génial, me voilà seule avec Hiro, cette journée va vraiment être difficile, mais bon, je fais bonne figure.
-BonjourUn simple et faible bonjour qui tire les deux hommes de leur pensée. Alone me fixe quelques instants avant de détourner le regard, m’ignorant une nouvelle fois. Ça me fait mal, qu’est-ce qui se passe à la fin ? Pourquoi est-ce qu’il m’ignore comme ça ? Qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire ? Hiro quant à lui me fixe, comme s’il m’analysait du regard. Mais rapidement il arbore un air presque haineux, décidément bonjour l’ambiance. J’espère sincèrement que ma sœur va vite revenir, ça va partir en cacahuète cette histoire je le sens. J’ignore mon ainé en me dirigeant vers Alone, ce dernier ne me porte toujours pas la moindre attention alors que je m’arrête juste à côté de lui.
-Comment vas-tu Alone ?-Comment veux-tu que je sois ?!Son ton est froid, sec, presque agressif. Ça ne lui ressemble pas, ce n’est pas le Alone Akabara que je connais. Mais bon, je peux bien lui pardonner pour aujourd’hui, avec ce qui nous arrive c’est sûr que ce n’est pas facile. Je prends donc sur moi pour ne pas hausser la voix, et j’essaye de poser une main apaisante sur son épaule…
-Ecoute Alone, je sais ce que tu ressens mais…-La ferme, comment tu pourrais savoir quoi que ce soit !!!!Il frappe violemment des poings sur la table, me stoppant net dans mon geste et me faisant même reculer. Je ne comprends vraiment pas ce qui lui prend. Il se lève et part sans m’adresser le moindre regard, et je sens mon cœur se briser un peu plus…Comment on a pu en arriver là ? Nous qui étions si proches avant. J’espérai que surmonter cette épreuve ensemble nous permettrait de nous rapprocher à nouveau, mais il semble totalement fermé à la conversation. J’en ai presque les larmes qui me montent aux yeux…mais je fais de mon mieux pour ne pas les laisser couler.
Je n’ai d’autres choix que de reporter mon attention sur le premier de la fratrie, et je suis plutôt choquée par ce que je vois…Il sourit, Hiro est en train de sourire à la scène qu’il vient de voir, comme s’il était heureux qu’Alone et moi nous nous disputions. Quand il croise vraiment mon regard, le sien redevient dur, mais je sens une once de provocation, signe qu’il va chercher les problèmes et la confrontation.
-T’es vraiment pas douée gamine. -J’ai rien fait !!Mon ton est froid et mon regard dur, voir défiant. Je ne vais pas le laisser me marcher dessus ça non, mais quand il se redresse pour s’approcher de moi, et qu’il me dépasse de deux têtes…Je ne suis plus si rassurée que ça. Il prend un air narquois avant de reprendre la parole.
-C’est peut-être bien ça le problème tu ne crois pas ? Tu n’as rien fait pour lui ces derniers temps, comme tu n’as rien fait pour maman. -Que voulais-tu que je fasse ? J’étais à PC. -T’aurais peut-être pas dû partir comme ça. Son visage est extrêmement proche du miens, et je dois avouer que je commence à avoir peur. Il est bien plus fort que moi et pourrait m’envoyer balader comme si de rien n’étais…Je n’ai même pas un pokémon avec moi pour lui tenir tête. En plus il se permet de me faire des remarques par rapport à maman, il sait que ça fait mal, et il n’a pas vraiment l’intention de me laisser tranquille.
-Tu sais quoi, j’aurai préféré ne pas voir ta salle tête de gamine irrespectueuse. Mais bon tu es ma sœur, et ma mère était aussi la tienne, alors je vais supporter sa sale tronche par respect pour elle. Si tu veux un bon conseil, n’essaye pas de nous adresser la parole à moi et à Alone, on n’a pas besoin de t’entendre en plus de te voir. Je serre les dents, il dépasse les bornes. De quel droit il me parle comme ça, c’est de la méchanceté pure et dure en plus d’être gratuite. Une colère sourde gronde dans mes entrailles, je me retiens à grande peine de lui en coller une dans la figure. Tout simplement parce que je sais que ce serait lui donner satisfaction, et qu’il répliquerait plus fort encore.
-Je ne suis pas là pour me battre Hiro. Je ne sais pas ce que tu as dit ou fait à Alone, mais je finirai par le savoir. -Fais comme bon te chante…Tu sais quoi, profites bien de tes dernières heures de gamine libre, parce que dès lors que j’aurai ta garde, je te jure que je ferai de ta vie un enfer, tu regretteras d’être venue au monde salle vermine. Une peur s’empare de moi à ces mots…qu’est-ce qu’il vient de dire ? Ma garde ? On a pas encore enterrée maman qu’il se montre sous un visage que je ne lui connaissais pas. Je savais parfaitement qu’il ne m’aimait pas, on ne s’est jamais apprécié, mais jamais il ne m’a dit d’horrible chose…Qu’est-ce qui va m’arriver s’il obtient ma garde ? Ma sœur et Hiro sont majeur, il est donc logique qu’ils deviennent nos tuteurs mais là…c’est un cauchemar ! Si je tombe sous la tutelle d’Hiro je peux dire adieu à ma vie, mon équipe, mes études. J’ai envie de vomir rien qu’à cette idée, la simple pensée de cette éventualité me retourne l’estomac.
Heureusement pour moi, un bruit de clé provenant de l’entrée me tire de mes pensées, et mon frère semble contrarié. J’entends la voix de ma sœur nous avertir de son arrivée, ma sauveuse. Hiro se redresse et me fixe alors que je pousse un léger soupir de soulagement.
-ça ne fait que commencer Yuna. Puis il s’en va, me laissant seule dans le salon, une mine déconfite au visage. Je tremble…j’ai peur…comment ma vie a pu virer au drame comme ça ? J’aimerai tellement me réveiller dans mon lit à PC et me rendre compte que ce n’est qu’un cauchemar. Mais c’est bien la réalité, et l’arrivée de ma sœur me ramène sur terre.
-Ho bonjour petite sœur tu es réveillée. Ça va ? Tu es bien pâle. -O…oui ça va ne t’inquiètes pas…j’ai…j’ai mal dormi. Je ne veux pas lui parler de mon altercation avec Hiro, enfin pas maintenant. Ma réponse semble lui convenir et elle part rapidement dans le salon, me laissant prendre appuis sur l’un des dossiers de chaise. Pour l’instant je dois me calmer et réfléchir à la situation, le tout sans faire une crise de panique. Mais la dure réalité me rattrape et ma sœur revient, me demande de rapidement finir de me préparer, nous devons aller au crématorium…Cette sombre journée n’est pas finie.
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La route pour le crématorium s’est faite dans un silence pesant, Hiro au volant, Marie à côté de lui, Alone et moi à l’arrière. Neige et Hestia se partage la dernière place à l’arrière de la voiture, ma Pyronille me réchauffant un peu les jambes avec la chaleur qui s’échappe de son corps. Mais ça n’empêche que je regarde seulement le paysage défilé, d’abord les immenses bâtiments, puis les petites maisonnettes de banlieue qui laisse place aux arbres de la petite campagne avoisinante à la ville. Je ne pense pas, je n’y arrive pas, ma tête est vide de tout, je tel un automate en attente d’un nouvel ordre.
La crémation à lui dans le petit crématorium à l’extérieur de la ville, quand nous arrivons sur les lieux une petite dizaine de voiture sont présentes. Pour la plupart se sont des amis de maman ou des voisins, il faut dire que nous n’avons jamais connu la famille du côté de notre mère. Les Frostheart l’ont renié quand ma mère a clairement fait comprendre à ces derniers, que la politique ou la médecine ne l’intéressaient pas, et qu’elle voulait devenir coordinatrice. La famille de papa n’a aucune raison d’être présente de son côté, mon père étant mort, nous n’avons pour l’instant que peu d’intérêt pour eux. Ce qui me dérange un peu, ce sont les quelques paparazzis venus troubler notre moment de recueil…Mais bon maman était une coordinatrice reconnue mondialement, et même si elle a essayé de cacher un maximum sa vie privée, l’annonce de sa mort va forcément paraitre dans les journaux spécialisés.
Quand nous sortons de la voiture, un photographe s’empresse de nous photographier, seul Alone se protège des flashs. Il n’a pas envie de paraitre dans les journeaux, moi non plus, mais honnêtement je n’ai pas le courage de me cacher. Ça ne semble pas vraiment déranger Hiro, quant à Marie, elle est clairement habituée, mais je vois à son regard que s’ils n’arrêtent pas rapidement leur intrusion dans notre vie privée, ils vont se prendre une Tempête Verte d’Impératrice. Le journaliste semble comprendre à la vue du Majaspic de ma sœur, et il arrête, tenant à son appareil.
Nous sommes rentrés dans le bâtiment où le personnel nous présente leur condoléance, avant de nous emmener dans la salle pour que l’on puisse faire nos derniers adieux. Je sais que Marie va faire un discours avant que nous passions tour à tour devant le cercueil. Je dois avouer que c’est la partie que je redoute le plus, j’ai peur de m’effondrer devant tout le monde, ce serait légitime, après tout il s’agit de ma mère. Mais je n’ai pas envie que des inconnus me voient faible…qu’Hiro me voit faible. Tout le monde s’installe sur les chaises face à la petite estrade, sur laquelle se trouvent un pupitre et le cercueil de maman…Je suis assise au premier rang, Alone à ma droite et Hiro à sa droite. Une fois que tout le monde est installé, Marie se place derrière le pupitre et commence son discours.
-Merci à toutes et à tous d’être venu aujourd’hui. Nous…c’est une épreuve difficile que nous devons traverser car…Stella était une femme remarquable. C’était une voisine agréable, une épouse fidèle et une mère dévouée. Quelques soit la situation, elle n’a jamais laissé paraitre quoi que ce soit, aucune tristesse, aucune peine, elle souriait constamment. Maman était aussi une grande coordinatrice par le passé, mais elle a toujours agis de façon humble et désintéressé. Pour elle, il y avait toujours quelques choses à apprendre des autres, et rien n’était jamais acquis. Personne ne me contredira si je disais qu’elle était toujours joyeuse, à l’écoute des autres et le cœur sur la main.
Même à la mort de notre père, maman ne s’est jamais laissée abattre, et elle continuait de sourire au monde. Elle a tout fait pour nous donner tous les moyens de réussir dans notre vie, pour nous permettre de prendre notre envol, sans que l’on ne s’inquiète pour elle. Et la perdre nous cause une terrible douleur…
Mais nous ne devons pas nous laisser aller, si elle était là, elle nous dirait de sourire, de regarder droit devant et surtout de ne pas se retourner, qu’il faut continuer à avancer….Alors rendons un dernier hommage, à cette femme qui fut aussi brillante qu’une étoile dans sa vie, et qui restera à jamais graver dans nos cœurs.Quelques personnes applaudissent suite aux discours de ma sœur. Elle qui n’est pas très douée avec les mots, elle a parfaitement réussi à retranscrire ce qu’était maman en quelques phrases. Et je sais qu’elle a parlé avec son cœur, les autres ne l’ont probablement pas remarqués, mais les yeux de ma sœur brillaient légèrement, sa voix a un peu tremblé…mais si vous ne la connaissait pas, vous ne pouvez pas le savoir. Marie est comme ça, elle ne laisse pas voir ses faiblesses, on ne peut les voir que si on la connait vraiment.
Enfin bref, c’est maintenant que tout le monde va se recueillir devant le cercueil de maman, bien entendu nous sommes les premiers à passer. Marie passe en première, je n’entends pas vraiment ce qu’elle dit, après tous ces derniers mots lui appartiennent. Hiro passe en second, mais c’est très bref, une fleur déposée, un simple regard, et le voici faire demi-tour, un air neutre au visage. Beaucoup de personne peuvent voir une façon de surmonter la douleur, cet air distant et détaché…Mais il n’en est rien, avec la scène qu’il m’a fait ce matin, et ce que je connais de lui, il est tout simplement indifférent. Il s’en moque complètement, la mort de maman ne lui fait tout simplement ni chaud ni froid. La colère monte à nouveau en moi, mais je n’ai clairement pas l’intention de faire un esclandre ici, pas devant maman.
C’est au tour d’Alone de se diriger vers le cercueil, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’arrive pas à cacher sa tristesse. Les larmes coulent à flots le long de ses joues, mais il tient bon, restant bien droit devant le cercueil. Neige est dans ses bras, elle aussi est triste et je me doute que les deux trois petits flocons de neige que je vois sont en réalité ses larmes qui gèlent à cause de son corps froid. Il repart en direction d’Hiro, se réfugiant dans ses bras…ça me fait mal de voir mon jumeau se réfugier dans les bras de notre ainé plutôt que de venir me voir. Je jure que je règlerai ce problème une fois que l’on sera rentré à la maison.
En attendant c’est à mon tour d’aller voir maman. Je soupire profondément, me donnant du courage avant que je ne m’avance vers le cercueil noir…et je finis par la voir. Elle est vraiment là, allonger dans cette boite, les yeux clos, sa robe préférée sur elle. On pourrait croire qu’elle fait juste une sieste, comme ça lui arrivait parfois dans faire l’après-midi en été. Elle s’allongeait dans sa chambre et dormait tranquillement, se réveillant toute seule juste à temps pour nous accueillir quand on rentrait de l’école…Mais je sais que cette fois elle ne se réveillera pas, cette fois ça y est, j’en suis certaine, elle est partie pour toujours. Son teint légèrement rosée a laissé place à un teint des plus pâles, ses joues sont légèrement creusées…Malgré tout elle est quand même belle, même dans la mort.
-Bonjour maman…Je…Je dois t’avouer que je ne voulais pas y croire, c’était impossible…Mais maintenant que je te vois, je sais…je sais que tu ne te réveilleras pas. Si j’avais su…je serai restée, je ne serai pas retournée à l’académie. Mais tu ne voulais pas ça, pas vrai ? Tu voulais vraiment que je continue dans ce qui me rend heureuse…Mais est-ce que tu as pensé un peu à moi ? Je n’ai même pas pu te demander tout ce que je voulais demander. Je n’ai même pas pu dire adieu à ma mère, te dire à quel point je t’aime. Je marque une courte pause, je lui en veux un peu d’avoir pris la décision à ma place, mais d’un sens je comprends. Si j’avais été au courant de tout ça, j’aurai tout laissé tomber, et j’aurai perdu une chance inestimable…Mon point droit se serre comme jamais, les jointures de mes mains deviennent blanches. J’aimerai cogner contre quelques chose, crier, me défouler…et en même temps je sens une vague de tristesse déferler sur moi tel un tsunami. Maintenant que je suis là, le peu d’espoir que j’avais c’est envolé, mais mes jambes ne cède pas, je reste là debout devant ce cercueil, fixant le visage autrefois si joyeux de ma mère.
-Mais je ne t’en veux pas…je suis juste triste de ne pas avoir eu le temps de tout te dire. Ces dernières années ont dû être vraiment difficiles pour toi, et je sais que malgré ta mort, tu continueras à veiller sur nous et à souhaiter notre bonheur à tous les quatre…où que tu sois.Je pose délicatement la fleur que je tiens à la main dans le cercueil. Une rose bleue…la fleur qui me représentait le mieux d’après maman.
-Adieu maman et…merci pour toutPuis je m’éloigne, laissant place à un vieux couple que je sais être nos voisins. Je retourne auprès de mes frères et ma sœur, juste à côté d’Alone. Ce dernier a lâché Hiro et il est assis sur sa chaise, pleurant à chaude larme. Je m’assois à côté de lui sans rien dire, sans un regard avant de poser ma main sur son épaule. S’il me repousse, je pourrais dire que j’ai officiellement perdu mon frère…Mais il ne le fait pas, je l’ai senti se crisper à mon contact mais il ne m’a pas repoussé. Tout n’est peut-être pas perdu finalement…
Les personnes se suivent auprès du cercueil, mais je n’y prête pas vraiment attention, je me plonge dans mes souvenirs. Des souvenirs ou je vois maman souriante, ou je la vois s’énerver à cause d’une bêtise que j’ai faite. Mais d’aussi loin que je me souvienne, je n’arrive pas à la voir triste, je n’arrive pas à voir de larme couler le long de ses joues, si ce n’est des larmes de bonheur ou de soulagement. Alors qu’en réalité, elle souffrait tous les jours…Maman était vraiment une femme des plus fortes, et je ne lui arriverai surement jamais à la cheville.
Une fois que tout le monde à fait leur adieu à maman, nous nous dirigeons tous les quatre dans une pièce pour voir la crémation. Il n'y a que nous quatre, mais aucun de nous ne dit un mot. Le cercueil rentre dans le four dont les flammes dansaient déjà, et seul Alone craque à ce moment-là, les larmes coulant à nouveau le long de ses joues. Il faut attendre quelques temps avant que Marie ne pleure elle aussi, et qu’Hiro ne verse une seule et unique larme…Mais pas moi, non rien. Je ne pleure pas, je n’y arrive pas, comme si j’avais déjà versé toute mes larmes avant. Ou que je voulais paraître forte, pour faire honneur à cette femme qui se trouve dans les flammes.
Pour une fois je n’aime pas le feu, je n’aime pas ce feu. Ces flammes qui peuvent être protectrice ou destructrice, elles sont en train de faire disparaitre l’une des personnes auxquelles je tiens le plus au monde. Je les déteste, oui je déteste ces maudites flammes aujourd’hui, mais je ne détache pas mon regard d’elles pour autant. Si je le fait, je me connais, je ne serais pas certaine que tout est fini, qu’il n’y a vraiment plus d’espoir. C’est idiot me direz-vous, je viens de voir ma mère morte dans un cercueil, et j’espère encore…J’espère toujours que mon père soit vivant 7 ans après sa disparition. Mais en voyant le corps de ma mère brûler, je sais qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible, pas cette fois. Je suis bien placée pour savoir qu’un feu ne laisse rien, si ce n’est des cendres et aujourd’hui des larmes.