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Ginji Labelvi
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Taille de l'équipe : 25
Région d'origine : Sinnoh
Âge : 23 ans
Niveau : 100
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Points d'Expériences : 4411
Pikachu Explorateur, à votre service !
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Ginji Labelvi
est un Adulte Champion Electrik
GINJI LABELVI

rp solo
« L’examen d’or »


« -L’Homme est une bête sociale. De gré ou de force, nous avons appris à vivre les uns avec les autres, et surtout, à communiquer ; d’ensemble, créer, synthétiser, produire. Savoir comment se comporter, mais pas seulement ! Être capable de briller, de tirer le meilleur d’autrui, et faire montre d’une prestance à toute épreuve… C’est en cela, que la coordination puise son plein potentiel. Et j’ai à cœur, qu’au sein de la Pokémon Community, nos élèves puissent apprendre autant à s’inspirer, qu’à inspirer. »

***
4 Juin 2020

J’ai beau être un habitué de la scène, et avoir connu nombre de paysages majestueux, je n’en reste pas moins impressionnable.

Aussi, me retrouver ainsi seul, au sein du vaste gymnase de l’académie, ça a quelque chose de presque… Angoissant.

Probablement parce qu’aujourd’hui encore, je vais devoir faire mes preuves.

Absolument tout le matériel pouvant occasionnellement servir a été soigneusement rangé. La salle est très large, très haute, et complètement déserte. Le parquet qui recouvre le sol est d’une propreté inégalée, à l’image des murs dépourvus de la moindre impureté. Les volets fermant habituellement les grandes vitres verticales sont ouverts, mais puisqu’il est encore très tôt, peu de lumière y passe. Ce sont les énormes spots accrochés au plafond qui éclairent la grande majorité des lieux, et notamment… La scène.

Surélevée, et accolée à l’un des côtés du gymnase… Ses rideaux ont été tirés, et à l’instar du reste du bâtiment, absolument tout a été lavé. L’idée que l’on ait fait un nettoyage aussi massif pour le bon déroulé de mon seul examen me met quelque peu mal à l’aise, mais connaissant l’absence de demi-mesure au sein de l’établissement, cela ne me surprend guère. Reste à savoir si je serai à la hauteur de tous ces efforts.

« -… »

Résonne très clairement le son de l’ouverture d’une porte. Mais lorsque je me retourne, je ne vois personne près de l’entrée. Et pourtant… Elle a bien été laissée entrouverte. Perplexe, je fronce les sourcils. Celui qui a voulu rentrer s’est ravisé… ?

Je scrute intensément la porte, jusqu’à ce que, de nouveau, un mouvement se fasse. Finalement, quelqu’un décide de la franchir, et… M’arrache un haussement de sourcil, de part son identité.

« -… Oh. Salut Smeagol. »

Le Crapustule lève une patte en guise de salutation, et se dirige vers moi d’un pas paresseux. J’en profite pour l’interroger.

« -Andreas n’est pas avec… ? »

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase. Je capte un vif mouvement juste au dessus de moi, et l’esquive de deux pas sur le côté. Quelque chose atterit là où je me trouvais trois secondes plus tôt, enroulé dans une cape noire flottante, et se réceptionne sans le moindre mal. Après l’avoir évité de peu, je reste un instant circonspect en identifiant son haut de forme, son costard et son masque de Lucario vénitien, noirs également. Resté à genoux, l’individu prend simplement la parole.

« -Au bout du compte… Que restera-t-il de ces belles années ? »

Il se redresse ensuite, et révèle toute sa grandeur. Incrédule, je le dévisage sans trop comprendre, mais juge tout de même bon de reculer d’un pas supplémentaire. L’homme tend ensuite ses deux bras, et fait ainsi chuter des fleurs dissimulées sous sa cape…

Des roses jaunes.

« -S’il te faut disparaître… Je préfère autant te voir MOURIR ! »

Il se jette brusquement vers moi. En pivotant mes épaules, je l’esquive, mais il se tourne rapidement pour essayer de m’attraper. Alerte, j’avance à reculons, tout en évitant ses tentatives de choppes.

« -An… Andreas ?! Mais qu’est-ce que vous faîtes ?! »

Le professeur s’immobilise un instant, comme pris d’un haut-le-cœur. Crispé, il porte lentement une main à son visage, pourtant dissimulé derrière un masque.

« -Co… Comment… As-tu su ? »

Comment j’ai su ? IL N’Y A QUE LUI POUR FAIRE UNE ENTRÉE PAREILLE ! Ça, et puis bon… Entre le fait qu’on avait rendez-vous, son Pokémon qui nous regarde depuis un coin, et sa voix que je connais depuis… Mon premier jour à l’académie… On va dire que ce ne sont pas les indices qui manquent.

Mais il n’attend pas vraiment de réponse, attrape son masque, et l’envoie voler avec une gestuelle bien trop grandiloquente. Ce qui me permet de constater qu’il… Pleure ? Je rêve ou son visage est recouvert de larmes ?!

« -Dans ce cas… INUTILE QUE JE ME DISSIMULE PLUS LONGTEMPS ! Après tout ce temps… Après toutes ces années… Je nous pensais proches, Ginji Labelvi… »

J’avoue être vraiiiiment perdu. A quoi il joue, au juste ? Genre, quoi, l’examen a déjà commencé ? Il y avait un script et je ne l’ai pas lu ? En tout cas, ce n’est pas avec mon sens de l’improvisation que je vais apporter du cachet à toute cette mise en scène, pour sûr.

« -M-m-m-ais… C’est le cas, monsieur…. ?
-ALORS POURQUOI ?! » sa réponse a été criée beaucoup trop fort par rapport à la mienne « POURQUOI T’EN ALLER ?! Toi, qui représentais l’essence même des Voltali… Toi, qui constituais un pan entier de notre histoire ! Celle de notre dortoir ! Il a vécu à travers toi, et… Il était destiné à vivre encore longtemps ! »

… Non mais ça va, ce n’est pas comme si le dortoir allait périr à mon départ ! Il y a des tas de nouveaux élèves très sympas qui l’ont rejoint, et ce ne sont pas les personnes motivées qui manquent…

Je présume que ça lui fait juste de la peine de me voir partir, surtout après toutes ces années. Nous nous sommes côtoyés pendant des jours, des semaines et des mois... Il est mon référent depuis si longtemps, désormais. Sans parler du fait que je suis le dernier porteur de souvenirs de toute une époque… Je comprends que mon départ puisse le faire dramatiser un peu.

… Mais est-ce que c’est vraiment une raison pour surréagir de la sorte ?! Il a bien dit qu’il préférait me voir mourir, on est d’accord ?! Je sais bien que ce sont ses traits de dramaturge qui ressortent, mais… Très sincèrement, plus il parle et plus j’ai l’impression qu’il est excessivement sérieux !

« -Je refuse que tu nous abandonnes de la sorte… Je t’emporterai avec moi dans la MORT, S’IL LE FAUT ! En garde ! »

On serait peut-être plus crédibles avec des épées, non ?! Là, la scène ressemble à un bête trappe-trappe. D’autant qu’il est tenace, le bougre ! Déjà qu’il a réussi à se faufiler jusqu’à moi puis à m’attaquer par surprise… En plus de ça, il est sacrément vivace ! A se demander s’il n’est vraiment spécialisé que dans la Coordination !

Passées cinq minutes à tenter d’échapper à mon professeur, je m’arrête brusquement dans ma course, pour enfin lui faire face. Bordel, je ne suis pas venu ici pour jouer à Chacripan !

« -A… ASSEZ ! »

Andreas s’immobilise net, et me dévisage sans trop comprendre. Essoufflé, j’ai besoin d’un instant pour trouver ce sur quoi je devrai enchaîner.

« -Hh… Écoutez, je… »

J’inspire un bon coup, puis laisse mes épaules s’affaisser.

« -… Désolé… Ok ? Je… Je sais bien que c’est difficile, et… Croyez-moi, tout ceci m’attriste beaucoup, mais… Vous vous doutiez bien que ce jour finirait par arriver, non ? Je ne peux pas non plus… Rester éternellement à l’académie…. »

Il plaque une main contre son front, et s’effondre à genoux.

« -Mais le sort… EST SI CRUEL ! Tous, un à un, vous finissez par me délaisser, pour ensuite partir et m’oublier…  »

Je lâche un soupir bien audible. Puis je franchis le peu de distance qui nous sépare, et un fin sourire sur les lèvres, appose mes mains sur ses épaules.

« -Je ne vous oublierai pas, Andreas. Jamais. »

Il relève lentement la tête, et me toise de ses yeux, brillants à cause des larmes.

« -Oui… Je l’entends. Je le vois au plus profond de ton âme ! »

Subitement, il se redresse, et me prend dans ses bras.

« -Il te faudra rester fort, Ginji Labelvi ! Dehors… Le monde est si cruel…
-P… Promis. »

Il me tapote le dos un instant encore, puis s’écarte tout aussi brusquement. Il frappe dans ses deux mains, et toute trace de tristesse s’évapore aussitôt de son visage.

« -Bien ! Tu es en avance, à ce que je vois. Nous allons pouvoir commencer... »

Je l’observe s’éloigner pour approcher le centre du gymnase, laissé perplexe par ce violent changement d’attitude. Je finis d’ailleurs par remarquer qu’il a profité de notre étreinte pour glisser une rose dans mes cheveux, que je retire tant bien que mal.

« -Aujourd’hui va avoir lieu l’examen final associé à la filière Coordinateur. L’évaluation sera supervisée par moi-même et correspondra à 10 % de ta note finale. » il fait volte-face pour me dévisager, la mine sévère « Mais prends bien garde ! Ce n’est pas parce qu’il y a un faible coefficient et que nous sommes bon amis que je te noterai à la légère ! »

Tout en me rapprochant, je tire une moue dépitée. Ce discours me dit quelque chose, tiens…

« -En effet, ne compte pas sur moi pour oublier que tu as été Coordinateur, le temps d’un semestre ! Sans parler du fait qu’en vivant à mes côtés, tu as forcément bénéficié d’une source d’inspiration rayonnante… »

De nouveau, je soupire. Je présume que me justifier ne servirait à rien… J’ai certes été Coordinateur pendant un temps, et ai appris beaucoup de ficelles auprès d’Andreas, mais pourtant… En dehors de la cuisine, je ne suis pas qualifié pour grand-chose. Et je doute qu’il s’agisse du sujet d’aujourd’hui…

« -Ta tâche sera de mettre en scène le spectacle de ton choix, selon une thématique donnée. Danse, musique, théâtre… Il n’y a aucune restriction concernant la forme ! Du moins, si l’on omet que tu n’as le droit qu’à deux Pokémon, et que le tout devra se faire ce soir, à 20h, sur cette scène. »

J’observe l’estrade du gymnase, sur laquelle je vais devoir donner une représentation. Clairement pas le genre d’énoncé où je vais briller, je le crains…

« -Quant à la thématique imposée…  »

Je sens la pression se resserrer sur mon ventre. Andreas est du genre à bien aimer le grandiose, l’éclatant, le fabuleux. J’espère que le sujet restera dans ces tons là… Car avec mon équipe remplie de Pokémon Electriks, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose d’autre que des flashs et des lumières.

Le professeur protège son visage de ses mains, s’affaisse, puis, avec toute la tension dramatique qui l’anime, énonce finalement son verdict.

« -Il ne s’agira de nul autre… Que le désespoir.
-… »

C’est… C’est une blague ? C’est pour ça qu’il est tout de noir vêtu ? Il s’est laissé emballer par le mood de mon départ, ou quoi…. ? Co… Comment un sujet comme « le désespoir » peut constituer mon tout dernier travail dans la filière Coordination ?!

« -L’impuissance face à la fatalité, l’échec malgré la lutte, l’oubli dans l’indifférence… Il y a tant d’interprétations possibles de ce qu’est réellement le désespoir ! »

Tout en faisant des gestes souples et élégants, il se relève. En quelques pas, il revient à ma hauteur, et très rapidement, passe dans mon dos, non sans faire glisser sa main le long de mon épaule. Ses dernières paroles me sont alors adressées sur un ton étrangement calme et posé.

« -Je suis bien curieux de connaître la tienne. »

Le temps de me retourner, il est déjà en train de rejoindre la sortie, rattrapé par Smeagol. Son dresseur ne m’adresse qu’un bref geste de la main en guise de salutation, puis disparaît de l’autre côté.

A nouveau, je me retrouve seul dans cet immense gymnase, laissé à mon entière disposition le temps de l’examen. Il est 08h01 (le sens du timing d’Andreas est particulièrement impressionnant), et je dois donc donner une représentation à 20h. J’ose espérer que, à l’instar de mon examen Scientifique, Andreas sera le seul à m’évaluer ce soir… Je ne tiens pas spécialement à me donner en spectacle devant d’autres personnes.

D’autant que. Qui ça intéresserait ?

Lissa, tout au plus.

Je soupire longuement, et croise mes bras derrière la tête. Je ne tiens pas à ce que ma petite sœur assiste à ce qu’est ma représentation du « désespoir »… Le simple fait de venir ici lui a déjà fait tellement de peine, la pauvre...

… Une seconde…

… Quand est-ce qu’Andreas a glissé cette deuxième rose dans mes cheveux ?!

***


Le parquet n’est pas spécialement agréable.

En fait, vis-à-vis du dos et des jambes, ça passe encore. Mais au niveau de la tête… Rester allongé à même le sol est tout sauf confortable.

Pourtant, je reste parfaitement immobile, fixant avec une profonde intensité le plafond. J’y observe poutres et structures apparentes, divers mécanismes pour abaisser les paniers de baskets, les nacelles qui permettent la gestion des projecteurs… Il y a même un ballon qui s’est miraculeusement logé tout là-haut. En somme, autant d’éléments qui me seront très certainement complètement inutiles pour ma représentation….

J’expire bruyamment, et non sans quelques difficultés, me redresse en position assise. Puis je tourne un regard laconique vers ma partenaire, visiblement pas plus avancée que moi.

« -Alors ? Une idée ? »

Je demande malgré tout. Mais elle secoue la tête de gauche à droite, dépitée.

« -Chu… Pikachu… »

Euphie, d’habitude si enthousiaste, est bien en peine devant la thématique imposée. Le désespoir ? Pourquoi un sujet si peu attrayant ?! Elle qui rêve de briller ! D’éclat ! Qui souhaite impressionner Oz, et faire comprendre à toutes les concurrentes potentielles qu’elles n’ont pas la moindre chance face à elle ! Bref, toutes ces choses qui motivent Euphie à agir au quotidien…

Autant le Pokken Tournament lui a donné une sacrée occasion de faire ses preuves, autant là, elle sèche. Ce qui me désole terriblement : j’ai précisément fait appel à elle et son sens de la scène dans l’espoir qu’elle me vienne en aide, mais… Ça a l’air compromis…

Est-ce que j’ai le droit de sonder un à un tous mes Pokémon ? Lucina et Shy sont bien du genre à prononcer des phrases lugubres, dissimulés dans l’ombre d’une pierre tombale au clair de lune, mais… Andreas a dit que je n’avais le droit qu’à deux Pokémon… Sauf que du coup, ça compte à partir du moment où je les sors de leurs Pokéballs ou seulement lors de la représentation ? Si je fais appel à quelqu’un d’autre après Euphie, est-ce que ça veut dire que je ne pourrai plus faire le moindre changement ensuite ? Est-ce que… Il y a au moins qui que ce soit pour s’assurer que je ne triche pas, ici ?!

Pris d’une soudaine psychose, j’observe longuement les environs, avant de nerveusement me gratter le sommet du crâne. Voilà que je me mets à stresser sans raison ! Je sais bien que j’ai encore toute la journée pour me décider, mais… Selon l’idée qu’on va avoir, on risque d’avoir besoin d’un maximum de temps ! Et le problème… C’est que plus nous réfléchissons pour la trouver, cette idée, moins on en a, du temps ! Aaaah, bon sang…

De nouveau, je me laisse choir au sol. Certes, cet examen n’a qu’un faible coefficient dans ma moyenne, mais… J’aimerai ne pas laisser Andreas sur une fausse note…

Sauf que, comment puis-je laisser bonne impression à une star de grande renommée qui ne jure que par les roses et les paillettes ? Lui et moi avons beau nous connaître depuis plusieurs années… Je suis à peu près certain que toute affection à mon égard sera balayée au moment d’évaluer mon travail.

Pff…

« -"L’angoisse de la feuille blanche lors d’un examen d’importance", tu penses que c’est une assez bonne représentation de ce qu’est le désespoir… ? »

Avachie sur le ventre, Euphie lâche un long soupir de désarroi, guère amusée. Je me tourne sur le côté, et me retrouve à la regarder droit dans les yeux : je me fais alors plus sérieux, et enchaîne dans une réelle optique de développement.

« -Toi… C’est à quel moment de ta vie que tu t’es sentie la plus désespérée ? »

Ses yeux s’écarquillent légèrement, soulignant sa surprise. Mais ils se rétractent très rapidement et se perdent même dans le vide, tandis qu’Euphie regarde progressivement ailleurs, pensive.

Ce n’est qu’après que je prends pleinement conscience du sens de ma question, et plus précisément, d’à qui elle est adressée. Je fronce les sourcils, et tout en me redressant, toise longuement la Pikachu.

Surexcitée, joviale, enthousiaste et plein d’entrain. C’est ce que Euphie a toujours été. Au point que j’ai fini par occulter les circonstances de notre rencontre…

Rachitique, sale, froide et terrorisée. C’est plutôt comme ça que je l’ai perçue, la toute première fois que nous nous sommes vus. Dans les faits, il n’y avait rien de bien étrange à cela : c’est bien l’état dans lequel on s’attend à retrouver une frêle et jeune souris, qui erre seule dans une ville enneigée et parfaitement inhospitalière.

Mais voila. Il y a deux choses.

La première, c’est le fait qu’elle se soit réfugiée derrière moi sans aucun problème, alors qu’un Pokémon sauvage aurait fui toute présence humaine.

La deuxième…



***
« -E-eh ! Pourquoi tu arrives déjà à te relever, toi ?
-Si son corps a déjà été plusieurs fois exposé au poison, sa résistance y est certainement accrue. »

***

Les propos de Sol, la Nidoqueen, me reviennent en tête. Selon elle… L’unique explication à ce qu’il s’est produit ce jour-là, serait que Euphie a déjà lourdement été affectée par du poison, ultérieurement. Je suis à peu près certain que rien de tel n’est arrivé durant sa vie à mes côtés, donc… Probablement que c’est survenu bien avant notre rencontre.

Couplez cela à sa domestication apparente… Et on obtient une conclusion bien lugubre.

« -... »

Ne sachant trop comment aborder la suite, je la dévisage un certain moment. Lentement, je finis par prendre appui sur mon bras pour me redresser, et ainsi toiser la souris avec plus de sérieux.

« -Tu sais… A une époque, moi aussi, j’ai beaucoup douillé. »

Elle dirige vers moi un regard méditatif. Ma mine se fait plus hésitante alors que je cherche à préciser mon propos.

« -Je veux dire... Tu m’as vu, me confronter à la Team Rouage et autre, mais… Même bien avant cela. Alors même que je vivais un quotidien insouciant et… Anormalement joyeux. » je fais pivoter un de mes bras, et le présente sous divers angles « Aujourd’hui, ça ne se voit plus trop. Les années ont passé. Mais fut un temps, où… Je cachais tant bien que mal mes bleus à mes parents. »

Euphie ne semble pas vraiment comprendre ce que je cherche à lui avouer. Je me détends un peu, et lui souris tendrement.

« -Pourtant ça ne m’a pas empêché de vivre, et… D’apprécier ma scolarité ensuite. Alors même que tout ceci m’a rendu très malheureux… Tu vois où je veux en venir ?… » je ramène mes jambes en tailleur, et me mets bien face à elle « Toi et moi….  On n’a pas traversé les mêmes choses, mais… Je pense que ce que nous avons ressenti est très similaire. »

Les yeux de la Pikachu se détachent un instant de moi, le temps de mûrir mes propos. Si j’ignore tout des formes de maltraitance qu’elle a pu subir jadis, elles n’ont malgré tout pas entravé sa joie de vivre. Un peu comme moi et… La victimisation dont j’ai été la cible tout au long de ma scolarité… Ce sont des choses que nous avons refoulé au plus profond de nous-même, et dont nous évitons de parler. Des choses… Que nous occultons sciemment, pour notre propre bien.

A son tour de lentement se redresser, puis d’acquiescer tout aussi posément.

« -… Pika… Pi. »

Ce qui renforce un peu plus mon sourire. Même si elle n’est de toute évidence pas prête à me faire part de tout cela… C’est bien que nous prenons le temps de poser ça sur la table. Puisque désormais, elle a conscience que nous sommes dans des situations similaires… Peut-être que ça lui permettra d’aborder tout ceci plus sereinement.

Enfin… C’est joli tout ça, mais ça ne résout rien à notre problème. Je ne sais pas si « la maltraitance » est un sujet approprié pour un spectacle de coordination… Quoique, ce n’est pas non plus comme si les histoires faisant montre de violence étaient rarissimes…

En fait… C’est même tout le contraire…  

Mon attention s’arrête sur Euphie, qui me toise en l’attente de la suite.

Je crois… Que j’ai un début d’idée.



***

Bien que nous soyons en début de soirée, il fait toujours jour dehors. C’est pour cela que j’ai moi-même fermé les volets du gymnase, plongeant ainsi la salle dans l’obscurité.

Comme je l’espérais, seul Andreas se tient dans les rangs des spectateurs. En fait, il n’y a même qu’une seule et unique chaise placée devant la scène, qu’il occupe donc.

Pour ma part, je suis debout au centre de l’estrade. J’ai pris la peine de faire un crochet par ma chambre pour récupérer une tenue habillée – le même costard que j’ai porté lors du bal de la nouvelle année – et me tiens bien droit dans l’actuel seul cercle de lumière. Mes mains sont jointes dans mon dos, et j’attends simplement qu’Andreas me donne le signal de départ.

Il est 20h. La représentation doit débuter.

Si j’ai à peu près confiance sur le fond et la forme de notre représentation, je suis moins serein vis-à-vis de sa durée. Que ce soit à cause de l’histoire choisie ou du temps de préparation dont nous avons disposé, la prestation est plus courte qu’escomptée. Et pourtant, elle m’a semblé bien longue au moment des répétitions… J’espère que c’était prévu par Andreas et que cela n’influencera pas trop négativement ma note.

Enfin…

Il n’est pas question que d’une note, ce soir. Ce spectacle, aussi sobre soit-il… Doit représenter bien plus.

« -Je t’écoute, Ginji. Qui seront tes partenaires pour cette soirée ? »  

Ma main droite se révèle, et désigne une silhouette dans l’ombre. Celle-ci s’avance jusqu’à pénétrer dans le cercle de lumière, à mes côtés.

« -Ma Pikachu, Euphie. »  

La concernée est vêtue d’une capuche vert pâle, dont la traîne occupe le rôle de cape. Elle effectue une révérence polie envers Andreas, tandis que ma main gauche désigne notre dernier acteur.

Un haut de forme et un monocle sont ses seuls accessoires. Rejoignant à son tour le centre de la scène, deux loupiotes jaunes trahissaient déjà sa présence dans l’obscurité.

« -… Et ma Loupio, Meg. »  

De façon analogue, elle s’incline légèrement pour saluer notre évaluateur. La Coordination n’a jamais été le domaine de prédilection de Meg, mais cela n’empêche pas une lueur résolue de se refléter dans ses deux yeux.

A contrario de Janice Jauplain, Andreas ne m’interroge aucunement sur l’origine de ce casting. La démonstration lui apportera des réponses incessamment sous peu, de toute manière. Il se contente donc d’acquiescer, pleinement concentré.

« -Dans ce cas, je vous en prie… Débutez. »

Tous les trois hochons la tête de concert. Nous quittons ensuite le cercle de lumière : Euphie et moi se dirigeant vers le côté Jardin, et Meg vers le côté Cour.

Ce n’est qu’une fois dans les coulisses que j’ai accès au panneau de contrôle des spots lumineux. Je n’ai pu préparer que trois configurations : toute la scène éteinte, toute la scène éclairée, et un seul cercle de lumière au centre, comme en l’état. D’une pression de levier, je passe en éclairage plein, révélant le décor…

Vide.

Il n’y a absolument rien sur l’estrade. Rien, si ce n’est Euphie qui s’élance sur scène.

Mur Lumière.

En se déplaçant sur ses quatre pattes, elle peut laisser son corps être recouvert par la cape. La pâleur du tissu ne permet pas de mettre en avant sa couleur, mais voila qu’un écran de lumière l’enveloppe peu à peu. L’éclat se renforce alors : le vert pâle s’affirme afin de devenir un puissant vert forêt, parsemé de scintillements disparates.

Nœud Herbe.

Dans le même temps, du mouvement se fait sur tout l’estrade. Encerclant peu à peu la souris qui y progresse, une première tige surgit du parquet. Puis une seconde. Une troisième. Et ainsi de suite. La scène jusqu’alors déserte se pare soudainement d’un gazon peu dense mais haut, au sein duquel la créature évolue.

Anneau Hydro.

Mais alors que le tout semble se stabiliser, un nouvel élément perturbateur surgit. La souris qui avance librement parmi les herbes est arrêtée dans son élan, au cœur de la scène : un halo bleu lui fait barrage, et l’étreint. Il n’est pas seul, et est suivi d’un deuxième, puis d’un troisième, formant une série de boucles azurées à l’intérieur desquelles la souris est désormais prisonnière.

Machination.

Ses yeux sont alertes, son expression paniquée. Prise aux pièges, elle est emmenée impuissante dans cet autre décor, où les herbes fanent et l’éclairage change. Il n’y a plus qu’un cercle pour illuminer la scène, laissant à la vue de tous la souris prisonnière.
Mais derrière elle, accompagné par deux lanternes, le geôlier surgit de l’obscurité. De son regard vide et indifférent, abrité par ses habits confortables, il toise la créature, qui ne parvient pas à se libérer de ses liens. Des paroles s’élèvent, les voix se multiplient, la tourmente se renforce : la souris est seule, acculée par ses ennemis.

Déluge Plasmique.

Et voila que brusquement, la dernière lumière s’éteint. Le vert de la souris n’est plus visible, seuls  quatre yeux luisant restent. Puis…. Un torrent jaune surgit. D’abord un mince filet, il prend soudainement en ampleur en même temps qu’il crépite, petites étincelles disparates au déplacement erratique. Tournoyante, la pauvre victime se débat… Mais lorsqu’elle tente de se dérober par un côté, elle se heurte à ce brûlant contact contre sa peau. La voila dansante dans cette chorégraphie diabolique, où la souffrance seule guide ses pas.

Surf.

Avec toujours plus de violence, une vague s’abat sur elle. Les étincelles s’y mêlent, et plaque sans ménagement la souris à terre, la maintenant par la force. Il faut ensuite un instant pour laisser ces éléments jaunes et bleus s’évaporer, après quoi, ne restera plus que ce pauvre être, gisant face contre le sol. Brûlée, trempée, son vert s’est totalement éteint, et voila que sur sa cape, se dessinent des reliefs d’un gris pâle. Une spirale, une seule, qui part du centre pour s’en éloigner progressivement : ce motif est désormais le seul qui pare son corps. Cicatrice indélébile laissée par cette malheureuse rencontre, et que le tortionnaire ne regardera qu’à peine.

Sans s’attarder plus longtemps sur elle, il se détourne. Et ses loupiotes disparaissent simplement dans l’obscurité, finissant d’abandonner cette créature inerte dans les ténèbres.

Où elle restera. Seule.

« -… »

Je pousse un profond soupir. J’attends quelques secondes encore après la disparition de Meg pour enclencher le dernier mécanisme, menant à l’apparition du rideau. Ce dernier vient couvrir la scène et sceller pour toujours cette histoire, dans un silence et une obscurité complète.

Je monte alors sur l’estrade pour rejoindre mes compagnonnes. Meg vient aider Euphie à se redresser, tandis que cette dernière est toujours trempée à cause de son attaque Surf. Mais celle-ci ne lui en tient aucunement rigueur, et m’adresse plutôt une cri interrogateur.

« -Chu pi ? »

Je hausse les épaules.

« -Je ne sais pas. » je me tourne vers le rideau « On n’a qu’à lui demander ? »

Je suis plutôt anxieux de savoir ce qu’en pense Andreas. Notre histoire est courte. En rien grandiloquente. Et j’ignore comment il l’a interprétée. En plus, ça devait certainement manquer de paillettes… Cela dit, avec une seule journée de préparation et un thème pareil, je pouvais difficilement sortir mieux !

Mais je ne vais pas commencer à me trouver des excuses. Déjà, attendons de voir sa réaction.

Un peu timidement, j’écarte le rideau d’une main, et mes Pokémon et moi venons nous placer au-devant de l’estrade. Les lumières étant de retour, Andreas peut pleinement nous voir… Et réciproquement.

Je manque difficilement sa mine pensive.

Il ne dit rien, jambes croisés et main repliée sous son menton. Son attention semble perdue dans le vide un certain temps, avant que, toujours sans nous fixer, il se mette à murmurer quelque chose.

« -Une souris verte ; Qui courait dans l’herbe ; Je l’attrape par la queue, ; Je la montre à ces messieurs ; Ces messieurs me disent ; Trempez-la dans l’huile ; Trempez-la dans l’eau ; Ça fera un escargot ; Tout chaud. »

Ce n’est qu’ensuite qu’il lève la tête, et plonge ses yeux analystes droit dans les miens.

« -C’est cela, ta définition du désespoir ? Une comptine pour enfant ? »

Je maintiens un instant son regard, puis expire discrètement du nez. D’un côté, je suis content qu’il ait eu la référence, de l’autre, son ton n’a pas l’air très satisfait.

Visiblement, une explication va s’avérer nécessaire. Faisant face à l’expression anormalement sérieuse d’Andreas, je tente d’ignorer les palpitations anxieuses de mon cœur pour fournir une explication tangible.

« -Avez-vous entendu parler de la guerre civile qui prit place dans les environs de Roche-sur-Gliffe durant la Révolution Kalosienne ? »

Mon référent hausse les sourcils. Même s’il n’a pas l’air plus avancé que ça, j’ai au moins capté son intérêt.

« -Une théorie populaire prétend que c’est dans celle-ci que "Une souris verte" puise son inspiration. Elle raconterait l’histoire d’un soldat vendéen, à l’habit traditionnellement vert, capturé puis torturé à mort par le camp ennemi. »

De nouveau, c’est un air profondément pensif qui s’affiche sur son visage. Pour autant, il prolonge sa réflexion par voie orale.

« -Ton récit serait alors… Celui d’un soldat en fuite ?…» il marque une courte pause «… Il souhaite profiter de la végétation pour se camoufler, mais… Se fait malgré tout prendre. L’huile et l’eau qu’on lui déverse… Sont des supplices qu’on lui inflige. Et cet escargot qu’il devient… Eh bien, l’état dans lequel on se trouve après avoir été ainsi ébouillanté doit probablement s’approcher du gastéropode… » son expression change du tout au tout alors qu’il désigne Euphie du doigt « Je suppose que c’est ce que représente ce motif ? »

Il montre en fait la cape de la Pikachu, redevenue verte, mais toujours marquée par ce motif de spirale, pourtant absent au début de la représentation.

« -Du tissu hydrosensible ? »

J’acquiesce.

« -Oui. Enfin… »

Je me rectifie bien vite, et m’approche d’Euphie. Dès que je lui ai tendu mes mains, elle a levé ses pattes pour retirer sa cape, qu’elle me confie alors. Je la montre ensuite bien en évidence à Andreas.

« -A la base, la cape est constituée de tissu jersey magique. C’est une matière qui réagit à la lumière. Là, il est vert, mais… » j’avance mes bras par delà la scène pour les ramener dans l’obscurité « .. Là, il redevient noir, car le vert vient en vérité de l’éclairage. Du coup, on ne voit plus que le motif en spirale. » je ramène mes mains vers moi et tâte un peu le tissu durant la fin de mon explication « Parce que la spirale, elle, elle est constituée de tissu hydrosensible. Du coup… Au début de la représentation, lorsque Euphie était sèche, mais éclairée, il paraissait uniformément vert. Lorsque les lumières se sont éteintes, il est devenu noir, et lorsqu’elle a été trempée par l’attaque Surf, le tissu hydrosensible a réagi, et la spirale est apparue.
-… Le pelage vert de la souris est alors devenu une coquille sombre d’escargot. »

J’acquiesce à nouveau.

« -Oui. Et maintenant que les tissus sont trempés, et éclairés… Ça donne ça. »

Je mets encore une fois en évidence la cape verte et sa spirale. C’est sur cet accessoire que j’ai consacré près de la moitié du temps préparatoire… Les tissus n’ont pas été évidents à trouver, ni à associer. De plus, mes compétences en couture ne m’ont permis que de faire une cape et une capuche, et non une véritable tenue… Cela dit, je pense que ça a suffi pour qu’elle fasse son effet.

Andreas hoche distraitement la tête, et se remet à murmurer.

« -L’angoisse qui vous noue le ventre… D’abord, celle de la fuite, et ensuite…. Les battements de votre cœur qui se suspendent lorsqu’on vous met la main dessus, la torpeur qui commence petit à petit à vous ronger, jusqu’à ce que la douleur le remplace, une douleur vive, et impitoyable, pour au final, comme châtiment ultime, une mort délivrée sans la moindre lueur de rédemption ! »

Il se lève d’un seul coup de sa chaise, grandiloquent.

« -EST-CE CELA, TA DÉFINITION DU DÉSESPOIR ? »

Malgré son attitude déconcertante, je fais tout pour garder un air impassible. Je lève les yeux au ciel pour réfléchir à sa question et mûrir la réponse. Est-ce une définition du désespoir ? Oui, très clairement.

Est-ce la mienne ?… Rien n’est moins sûr.

« -… » hésitant, j’ai besoin de quelques secondes pour reprendre « Je… »

Je finis par complètement détourner le regard, et laisse ce dernier se perdre dans le vide.

« -Je crois que le véritable désespoir… C’est qu’avant, cette histoire n’était qu’une comptine, pour moi. »

Je plisse les yeux.

« -Une innocente et anodine comptine pour enfants. »

Mais elle ne l’est plus.

Avec le temps, les années et les épreuves, mon insouciance s’est perdue. Plus jamais je ne pourrai percevoir le monde avec l’œil émerveillé via lequel je le contemplais jadis.

Bon. Dans l’absolu, ce n’est peut-être pas plus mal. Les problèmes se font moindres depuis que j’ai adopté cette attitude…

Mais c’est peut-être bien là qu’est le vrai drame, finalement.  

« -… »

D’un seul saut, Andreas parvient à bondir sur la scène, et à me prendre dans son bras.

« -BOUHOUHOUH ! MON PETIT GINJI ! QUE… QUE TU AS GRANDI ! OOOOOH, JE ME SOUVIENS ENCORE AVEC ÉMOIS DU JOUR OÙ TU ES ARRIVÉ DANS NOTRE DORTOIR…
-An… Andreas, vous… ?! A… Arrêtez de pleurer, e-enfin… ! »

… Voilà bien une chose qui ne changera jamais, en tout cas.

***

Andreas est reparti. Il n’a rien dit concernant ma note, évidemment. Mais il nous a laissé le soin de remettre le gymnase en ordre et de le fermer en partant… Ce qui risque d’être bien complexe, étant donné l’immeeeense quantité de décors et d’artifices utilisée pour notre spectacle.

C’est sarcastique, évidemment.

Après une quinzaine de minutes seulement, je m’assois sur le rebord de la scène, et me frotte le sommet du crâne. Je suis épuisé… J’ai passé la journée à courir à droite à gauche et à me stresser pour une représentation qui m’a finalement paru si courte… Jamais je ne pourrai mener la vie d’un Coordinateur, c’est définitif.

Enfin. Pour autant, je ne suis pas mécontent d’avoir suivi certains de leurs cours et côtoyé Andreas durant toutes ces années… Avant, je jugeais énormément le domaine du spectacle, sans pour autant connaître ce dont il en retourne exactement. Maintenant, j’ai conscience que c’est un métier tout aussi intense que celui de dresseur Pokémon… Voire plus, selon certains aspects .

« -Pio ? »

Euphie et Meg viennent s’asseoir à côté de moi. Spontanément, je caresse leurs têtes en guise de remerciement pour cette journée.

« -Vous avez géré. Merci.
-Pika !
-Loupio ! »


Lorsque je cesse, mon attention se porte sur la type Eau. Je la dévisage un instant, avant de l’interroger.

« -Et toi, Meg. Tu as eu beaucoup de problèmes avant notre rencontre ? »

Elle se montre surprise par une telle question. Ses yeux se baladent un peu dans les alentours, comme à la recherche d’une réponse, avant de secouer la tête de gauche à droite.

« -Pio, loupio… ? »

Son air incertain m’arrache un léger rire.

« -Héhé… C’est vrai que...  Si combattre un Léviator ne te posait déjà pas de problème à l’époque, je ne vois pas trop ce qui aurait pu t’en causer…  »

Elle sourit à son tour, radieuse.

***










Je m’immobilise devant la porte.

Alors que ma main se lève pour y frapper, j’ai un instant d’hésitation. Je serre brièvement la mâchoire, et mon regard se perd sur les alentours. Les couloirs du dortoir sont presque déserts, à cette heure-ci. Les murs colorés dénotent même de nuit, en dépit de l’obscurité, mais leur teinte m’est très plaisante.

Ce n’est sans doute pas le bâtiment dans lequel j’ai passé le plus gros de ma scolarité.

Mais il va quand même me manquer.

Je frappe à la porte. La voix d’Andreas s’élève ensuite.

« -Ouiiiiii ? ♪ »

J’ouvre, et pénètre à l’intérieur du bureau de mon référent. Ce dernier paraît grandement surpris de me voir.

« -Ginji ? Mais... »

Il se lève d’un bond de sa chaise, dramatique.

« -N’ETAIS-TU DONC POINT PARTI ? »

Je souris, mais ne lui réponds pas tout de suite. Je prends d’abord le temps de me retourner, et de fermer la porte.

« -… Mes examens ne sont même pas terminés… Je ne partirai que dans deux ou trois semaines…  »

Cette réponse extrêmement pragmatique lui convient, étrangement. Il se rassoit tranquillement, tandis que je me rapproche de son bureau.

« -Et que me vaut l’honneur de ta venue… ? »

Sans y être invité, je prends place face à lui. Ce n’est clairement pas la première fois que je viens solliciter Andreas, donc je suis habitué à prendre mes aises avec lui. De toute façon, lui ne s’est jamais gêné avec moi… Avec le temps, je me suis habitué à son extravagance, et l’ai même beaucoup appréciée.

Je souhaite répondre à sa question, mais une fois encore, me montre hésitant. J’entrouvre la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, à la recherche de mes mots. Je ne suis pas totalement certain de la raison de ma venue, très honnêtement. Il y a quelque chose que j’ai envie d’exprimer, mais… J’ai besoin de ces quelques secondes pour trouver comment.

« -Je… Voulais vous remercier. »

Si Andreas ne fait que hausser les sourcils, je sens bien que j’ai capté son intérêt. Il pose ses coudes sur la table et son menton sur ses mains, en l’attente de la suite.

« -J’ignore si le moment est bien choisi… Comme dit, je pars dans quelques temps encore… Mais… Je voulais pas que notre dernière vraie interaction s‘arrête à cet examen. »

Mon regard est fuyant, gêné vis-à-vis de ce que je souhaite exprimer.

« -Comment dire… Avant la Pokémon Community, j’avais un rapport… Particulier avec la scolarité. Plus spécifiquement… Envers mes camarades de classe. Je… Je ne peux pas honnêtement dire que j’ai passé une enfance épanouie, à l’école publique. »

Je hausse maladroitement les épaules.

« -En fait, même ici, ça a été la galère. Mais euh. Pas pour les mêmes raisons. Bon, on s’est faits agresser, je me suis fait enlever, on a été chassés de notre île… C’est hautement plus dramatique. Mais pourtant…  »

J’ose enfin le regarder droit dans les yeux.

« -Sans vous, les choses auraient clairement été pires. Je veux dire… Je sais que pour beaucoup, j’ai longtemps été un enfant insouciant et épanoui dans la vie. Mais… C’était pas aussi évident que ça. Même à l’époque où je suis arrivé, des rêves plein la tête… Si le Dortoir Voltali et ses membres n’avaient pas été ce qu’ils étaient, je n’aurai pas pu aborder ma vie ici aussi sereinement. En fait, plus que ça… » j’abaisse la tête, plus pensif « Je me serai probablement perdu dans mes études. Je me connais, je… Je n’ai jamais eu de mal à me sociabiliser, mais j’ai tout de même une certaine propension à me refermer sur moi-même. Et avec l’arrivée successive d’événements aussi dramatiques… C’est probablement ce que j’aurai fait si le dortoir n’avait pas été aussi soudé. »

Finalement, je souris discrètement.

« -Donc, merci. C’parce qu’on a organisé toutes ces fêtes, ces soirées, ces petits boulots et ces jeux que mon adolescence n’a pas été une simple succession d’études et de confrontations. C’est probablement un peu tôt pour l’assumer, mais… Je ne pense pas avoir de regret vis-à-vis de la manière dont j’ai dépensé mon temps. J’ai réellement pu en profiter. Et c’est en majorité grâce à vous. »

Je conclus en un léger acquiescement.

« -C’tout. »

Je n’attends aucune réponse particulière, alors je me lève simplement de ma chaise. Andreas semble avoir le regard perdu dans le vide, et je suis pris d’un doute quant à la pertinence de cette confession. Je juge préférable de le laisser à sa réflexion, et me dirige tout simplement vers la porte. De toute façon, le connaissant…

« -Attends, Ginji. »

Je m’immobilise avant d’avoir pu poser ma main sur la poignée. J’entends ensuite Andreas se lever de son bureau, et… Pour la deuxième fois aujourd’hui, il me prend dans ses bras.

Mais… Cette fois, c’est différent.

Pas d’extravagance. L’étreinte n’est pas déraisonnablement forte. Aucun mot ne sort de sa bouche, et le professeur reste résolument mutique. Il se contente de faire cette embrassade, et se prosterne dans un silence des plus inhabituels.

Cela peut sembler anodin, mais venant d’Andreas, ça ne l’est pas. Un tel calme et une telle retenue… Cela ne lui ressemble pas.

Mais étrangement, c’est également pour cela que je trouve cette étreinte particulièrement sincère.

Alors moi aussi, je passe mes bras autour de sa taille et plaque mes mains dans son dos.

« -… Merci d’être passé, Ginji. »

Cette phrase me fait sourire.



« Je peux pas me ramener à la maison, et faire, "Chérie, regarde ça, j’ai ramené un cyborg du futur !" »
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