Bordel de merde ! Eliott dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas faire une blague désobligeante et franchement offensante. Il fallait dire que, pour le coup, c-c-c-c'était c-c-ompliqué de se re-retenir. Dans son infini bonté, iel ne lui lâcha qu'un petit clin d’œil furtif, au moins, elle avait du répondant, un manque de charisme, certes, mais du répondant.
L'entrée d'Heartnett était largement à son image : extravagante. Eliott ne s'en plaignait pas, ce type était clairement la diva de tout l'établissement, une qui savait un peu égailler la journée des élèves comparés à d'autres -professeurs-, aussi amusant qu'un glock 18 directement planté sur une tempe. Iel soupçonnait d'ailleurs son professeur de tourner aux amphétamines... ou alors il sniffait des Smogogo tous les matins en se levant.
Étrangement, Eliott avait déjà entendu parlé des trois Fleurs qui dansaient. Normalement, il ne s'était intéresser qu'aux artistes Humains, pas vraiment aux Pokémons, mais, à son grand regret, ils étaient partout, même dans les domaines artistiques. En somme, iel ne les détestait pas, ces Pokémons, simplement, iel préférait l'expression du corps humain. Originaire d'Unys, elles étaient comme une sorte d'immanquable dans l'art et la danse classique, là d'où elles venaient. Eliott échangea un regard plutôt interrogateur à sa partenaire... elle était complètement paumée, marrant.
-Ouaip, j'ai une question. J'ai cru comprendre que vous aviez des trucs super importants à faire pendant qu'on s'en chargé. Il hocha la tête, un petit sourire approbateur. Du coup j'me demandais, qu'est-ce qui vous a foutu le plus en retard, l'installation des paillettes, ou l'fait d'nous avoir attendu derrière la porte ?
-Oh, Eliott, mon chou, ta langue bien pendue te perdra un jour. Puis il y eut une pause, parce qu'iel attendait toujours sa réponse. Les paillettes. C'était bien ce qu'iel se disait. D'ailleurs, l'agent d'entretien va encore me gronder. Sur ce, d'autres questions ? Sinon, vous pouvez déjà vous préparer, elles vous attendent avec impatience... enfin... elles s'impatientent.
-Donc... on est là pour leur créer un spectacle de danse classique qu'elles vont présenter aux yeux du monde entier ? Il hocha la tête. Tout en gérant leur tempérament de princesses ? Hochement de tête. Du haut de nos... quoi, seize – dix-sept ans ? Et encore un. Et j'suis censé attendre ma rémunération pour le combien du mois ?
-Très drôle Kacazindsi.
-Kacsynski.
-C'est exactement ce que je viens de dire. Il lui ébouriffa les cheveux en rigolant. Tu as des capacités, Eliott, ne les enferme pas derrière de la mauvaise humeur. Évidemment, iel faisait la gueule. Bon, et bien si c'est tout, Gwenaëlle, je compte sur toi pour surveiller notre petite tête blonde. Moi, je suis en retard.
Et il avait disparu de manière aussi extravagante qu'il était apparu. Maugréant.e et grognant.e, Eliott rentra dans le bâtiment en sortant d'avance ses affaires de sport, se dirigeant, non sans une certaine amertume, en direction des vestiaires masculins.
Iel en était sorti.e avec un jogging serré et un débardeur ample. Tellement ample, d'ailleurs, qu'il en flottait autour de son buste, lui donnant une silhouette aérienne, son Statitik, toujours sur l'épaule. Après avoir attendu sa partenaire de danse, iel lui fila un petite tape sur le bras, juste pour l'arrêter avant de rentrer dans la grande salle où elles allaient faire éclater leur créativité. Eliott s'attacha les cheveux.
-J'suis vraiment une bite pour c'qui est de... « mettre en scène ». Je sais danser, aucun problème. J'ai déjà fait d'la danse. Quand on venait d'une famille de bourge, on avait au moins le droit aux meilleurs professeurs de danse. Disons qu'j'suis dans... l'expression du corps, plus que celle de la scène. Finalement, iel était plus là pour connaître son niveau que lui demander de combler ses lacunes... donc, évidemment, la question suivante était assez attendue. Tu t'en sors comment, toi ? Et la suivante d'autant plus. T'es là depuis combien d'temps ici ? J'veux dire, t'as un ressenti particulier sur l'académie ?