Cette fois-ci c'est décidé, plus question d'attendre. Cette île ne va pas s'explorer toute seule, et les récents évènements l'ont poussé à s'activer davantage. Il est clair que Leiar n'est pas un bout de terre ordinaire. Les cristaux ne sont probablement qu'un morceau de l'ieberf, bien plus large. La blonde aurait du s'en douter de toute façon. Une île jusque-là inexploitée habitée du jour au lendemain par une école qui n'est autre que la Pokemon Community, c'est forcément louche. S'ils n'ont pas fait de concession sur le budget bâtiment pour ne pas qu'il s'écroule sur les élèves, ils en ont manifestement fait sur le choix d'installation lui-même.

Après un examen minutieux de la carte fournie par l'école en début d'année, l'adolescente a jeté son dévolu sur la zone forestière de Leiar. Par confort, elle aurait pu se diriger vers les ruines ou les mines, des lieux dans lesquels elle a plus l'habitude de se retrouver pour fouiller les bacs à sable comme diraient Kasai. Mais se lancer des challenges, c'est tout aussi bien. Et a nouveau, le coach serait le premier à le dire. La zone marécageuse n'a pas l'air d'avoir encore livré tous ses secrets. Un terrain de jeu idéal pour l'archéologue.

Bon évidemment pour cette fouille, elle a du s'équiper. Aucune de ses tenues ne convenait à un milieu aussi humide, d'autant plus qu'elle serait amenée à probablement marcher dans de la vase ou de l'eau en fonction des zones. Elle a du aller s'équiper dans une des boutiques du centre commercial. Mine de rien, dès que l'on monte dans des bottes et autres vêtements imperméables de qualité, les prix montent vite. Heureusement que ses performances chaque semaine au bar lui rapporte un peu d'argent. Comme elle est bientôt majeur, le responsable a accepté de lui faire un contrat, lui reversant un tout petit pourcentage des recettes de la soirée. Ce n'est pas énorme, mais ce n'est pas ça qui a motivé Ranya à se produire là-bas. Après, cet argent reste bien utile lorsqu'elle a quelques dépenses à faire.

Bottes en caoutchouc, pantalon moulant imperméable, veste style street wear mais conçu pour résister à tout, la jeune femme est définitivement équipée. Plus qu'à attacher ses cheveux en un très épais chignon tressé pour éviter qu'ils ne trainent partout et le tour est joué. Son sac lui aussi est prêt pour parer à toute éventualité, il ne lui reste plus qu'à constituer son équipe, même si là encore le choix est déjà fait.

D'un geste, elle libère Amon mais aussi Mentouhotep. Si le premier est un habitué des fouilles, le second beaucoup moins. Ranya a plus l'habitude de le laisser flotter au gré de ses envies que de vraiment lui faire prendre part à ses activités. Mais exceptionnellement aujourd'hui, elle a fait un autre choix qu'elle lui explique sans difficulté.

- Le terrain dans lequel nous allons risque d'être très chargé. J'ai donc besoin de pokemons de petite taille. Mais surtout, il va être difficilement praticable. Comme vous lévitez tous les deux, vous ne devriez pas avoir ce problème. Est-ce que c'est bon pour vous ?

Tous les deux ne sont pas les pokemons les plus loquaces du monde. Mais ils n'ont pas l'air en désaccord avec le plan. Il n'y a que Jade qui s'incruste brusquement dans la conversation, se libérant d'elle-même de sa pokeball. Quand elle voit le lapin agité de cette façon, elle sait qu'il a quelque chose derrière la tête. La blonde le regarde fixement pour lui réexpliquer.

- Je sais que tu as entendu Jade. J'ai expliqué que le terrain ne serait pas propice aux pokemons terrestres.

Malgré tout, la Flambino insiste, se mettant à sauter un peu partout pour faire comprendre à la danseuse que malgré tout, il veut venir. La blonde finit par soupirer, capitulant.

- D'accord, mais tu feras attention à ne pas tomber dans l'eau, et à ne pas t'éloigner de moi non plus. Amon et Mentouhotep je compte tout de même sur vous.

L'équipe de 3 composée, l'adolescente n'a plus qu'à quitter le dortoir pour se rendre au lieu souhaité. Seulement, au détour d'un couloir, elle ne s'attendait pas à tomber sur elle. Elle ne l'avait jamais vu en vrai, mais ses yeux ont vu trop de photo pour qu'elle ne sache pas.

Amandine, la petite soeur d'Angel.

Et même si la blonde n'a rien de particulier à lui dire, ce n'est pas le cas de la brune, profitant de cette rencontre opportune pour la question.

- Pourquoi mon frère et toi vous n'êtes plus ensemble ? Il n'a pas voulu me dire

Evidemment. Evidemment qu'il ne lui a pas dit. Cela aurait été trop simple sinon. Tout un tas de mot tourne dans l'esprit de la danseuse. Elle pourrait être méchante. Elle pourrait être cash et lui dire la vérité comme elle est. Elle pourrait aussi l'ignorer, ou éluder la question. Mais, étrangement, depuis qu'ils se sont revus lors de la panique de l'autre jour, Ranya a tout de même envie de lui apporter une réponse.

- Moi je l'aimais encore. Mais il n'a pas pu m'accepter comme j'étais

Sans en ajouter davantage, la Givrali se retire. Elle n'a aucune envie d'avoir cette discussion avec Amandine alors qu'elle-même n'a pas pu l'avoir avec le premier concerné. Elle fera ce qu'elle veut de cette information, vraie de surcroit, mais évidemment très mystérieuse. De toute façon la danseuse n'est pas là pour passer sa journée à penser à Angel mais bien pour explorer.

Heureusement que les anciennes règles du campus ont été abolies, de cette façon elle n'a plus à justifier le moindre de ses déplacements à l'extérieur de l'enceinte. L'île n'est pas si grande et bien vite, elle rejoindra le début de la forêt pour commencer son exploration du weekend.

La blonde n'est pas mécontente de partir en exploration en solitaire. Si depuis plusieurs semaines elle essaie de renouer avec ses quelques camarades avec qui elle s'entendait pas trop mal, la blonde ne refuse jamais ces moments de solitude bien à elle. Contrairement à il y a quelques mois en arrière, le but n'est pas d'être seule pour se faire du mal, ou masquer une trop grande souffrance qui l'empêche de se tourner vers les autres. Non cette fois-ci c'est bien plus simple. Ranya n'est pas une grande sociable de nature, elle a toujours été comme ça. Alors, il n'y a rien de choquant à ce qu'elle prenne du temps pour elle, pour renouer avec la fouille. La fouineuse des bacs à sable reprend du service.

Bien vite, Ranya atteint les premières arbres. Ses pieds commencent à s'enfoncer dans la terre plus meuble, signe que le marécage n'est déjà plus très loin. Cette île a l'air elle aussi pleine de mystère. Sans hésiter, la scientifique laisse partir légèrement en avant Amon et XX, suivi de près par Jade qui saute déjà dans les arbres pour ne pas trop tâcher sa fourrure blanche. Pas comme si la lapine en avait particulièrement quelque chose à faire, mais la Givrali a particulièrement insisté pour que la Flambino fasse un minimum attention. Son Zarbi est déjà en train de scanner étrangement la zone grâce à son immense œil à seulement quelques centimètres de la végétation. Une façon de faire étrange mais plus étonnante pour Ranya, tandis que le Tutafeh est plus sur la réserve, moins habituée à la fouille. De toute façon l'adolescente n'est pas dans une course à la performance. Elle a tout son temps pour trouver ce qu'elle cherche.

Si l'archéologue avait espéré que les pas qu'elle percevait derrière elle se dirigeraient ailleurs, elle a bien du mal à réprimer un soupire en comprenant que la personne la suit. Mais elle ne s'attendait pas du tout à elle. Se retournant vivement, la Givrali constate qu'il s'agit d'Ana. Quelques secondes suffisent à la plonger là où elles en étaient restés, ou plutôt l'ignorance qui s'est installée entre elles.

Après tout, Ranya n'a jamais su si Ana lui en avait voulu pour ce qui était arrivé avec Salomé.

- Oui Ana.

La danseuse n'a rien trouvé de mieux à dire, attendant de voir ce que lui veut la métisse. Après tout, peut-être qu'elle n'a pas l'intention de vraiment lui parler, mais a simplement tenu à vérifier que la personne juste là était bien connue. Espoir bien vite balayée par l'attitude de l'alolienne, visiblement décidée à engager le dialogue d'une quelconque manière.

- Ouais, ça fait longtemps. Et oui, je n'ai pas encore pris le temps de la fouiller. C'est ce que j'essaie de faire aujourd'hui.

Sans attendre plus longtemps, Ranya reprend la marche, parcourant les arbres tout en jetant un œil à ses pokemons. Pour l'instant, ils se contentent juste de regarder un peu partout, mais rien n'a l'air d'avoir attisé leur curiosité plus que ça. A voir par la suite si c'est une bonne nouvelle ou non.

Le problème pour la blonde, c'est qu'Ana a l'air de la suivre, et possiblement d'attendre une discussion entre elles. Mais pour Ranya, c'est terriblement gênant. Après tout, n'est-elle pas celle qui a forcé la rousse à rompre avec l'ex-Mentali ? Certes, c'était un faux couple, et Ana aurait fini par le savoir tôt ou tard, mais il n'empêche que la blonde est le déclencheur indirect de la fin de cet idylle pour la jeune fille qui découvrait à peine les relations avec les filles. Non rien à faire. C'est gênant. Et pour briser ce malaise, Ranya n'a rien trouvé de mieux à faire que d'être direct.

- Tu vas rester à côté de moi comme si tout allait bien alors que c'est à cause de moi si Salomé a rompu avec toi ?

Ouais, il y avait surement plus subtile comme approche.

Si la blonde devait être honnête là tout de suite, elle voudrait que la métisse se barre, la laisse toute seule comme était son plan initialement. Elle n’avait pas prévu de sociabiliser, et encore moins avec quelqu’un appartenant à une autre époque de sa vie. Certes, Ranya est encore jeune. Mais en y repensant, ces histoires lui paraissent tellement lointaines Presque comme si cette personne dans le passé n’était plus elle. Ce n’est pas totalement faux. Mais ce n’est pas totalement vrai non plus. C’est simplement que l’adolescente ne s’était pas encore découverte. Il lui manquait encore des clés. Des clés qui ont profondément transformé son comportement.

Alors, à défaut d’être seulement méchante, l’archéologue pose la question qui fache. La question qui veut tout dire, histoire de poser les bases. Que cherche exactement la coordinatrice en trainant avec elle ? N’a-t-elle pas compris que, tout compte fait, elles ne sont pas compatibles ? Ana et Ranya, c’est comme deux mondes différents. Pas forcément aussi opposé que cutie 1, 2 et 3. Mais l’alolienne semble vivre dans un monde qui n’est pas celui de la danse. Tout du moins en apparence, puisque la scientifique ne s’est jamais vraiment renseignée après les histoires qui les ont amenés à passer un peu de temps ensemble.

La réponse d’Ana est pour le moins cohérente. Tout cela remonte à 3 ans déjà, mais la métisse a plus qu’eu le temps de passer à autre chose. Une réponse qui ferait presque grincer des dents la blonde, parce qu’elle n’est jamais vraiment passée à autre chose avec Salomé. Elément qu’elle est obligée d’indirectement préciser, refusant de se faire passer pour une sainte.

- Ne me remercie pas, je ne l’ai pas fait que pour toi. Je l’ai surtout fait pour moi. Parce qu’à l’époque, Salomé et moi étions engagées dans une sorte de relation. Quand la votre est arrivée, même si j’ai très vite su que tout cela n’était qu’un mensonge, j’ai pensé tourner la situation à mon avantage pour avoir l’exclusivité. Remarque, c’est relativement ironique quand j’y réfléchis.

Tellement ironique puisque elle-même maintenant définit sa propre sexualité comme plus fluide, à la recherche de plusieurs partenaires sérieux. Mais encore une fois, les choses étaient différentes à ce moment-là, elle ne s’était pas vraiment découverte.

La remarque de la métisse lui passe relativement au-dessus. Aucune envie qu’elle s’essaie à une quelconque psychanalyse de son comportement. Il n’y a que Kasai qui a le droit, et encore dans certaines mesures. Tout ce qu’elle trouve à répondre, c’est une réplique bien placée comme elle les aime.

- Je ne m’en suis jamais voulu pour ça. Je tenais juste à poser les bases clairement, que je sache dans quelle intention tu me suis depuis une dizaine de minutes.

Evidemment, Ranya sait bien que l’alolienne ne va pas chercher à la tuer. Enfin surement. Mais c’est toujours mieux de savoir pourquoi quelqu’un vous suit, alors qu’à la base vous étiez là juste pour une petite fouille en solo. Face à la légère tension dans l’air, Jade est revenue vers sa dresseuse, cherchant à savoir si tout va bien avec une bouille absolument adorable. Peut-être le pokemon le plus sensible aux changements d’humeur de la danseuse, ou tout du moins qui y réagit le plus. Fafnir la connait par cœur depuis le temps, et sait toujours quand la Givrali est énervé ou non. Mais elle ne dit rien pour autant. A la différence de ce lapin et de ses grands yeux inquiets. D’un petit sourire réservé, elle l’informe que tout va bien, lui faisant signe de reprendre ses activités consistant à simplement bondir de partout pour passer le temps.

De leur côté, les deux plus habitués aux fouilles ne chôment pas et scannent l’environnement. Amon est plutôt dans la recherche minutieuse, tandis que Mentouhotep s’avance toujours un peu plus pour dégager le chemin. Les pieds de la scientifique s’enfoncent petit à petit dans la boue, mais pas assez pour vraiment l’inquiéter. Tout l’intérêt dans l’investissement de bottes imperméables très hautes.

Au bout d’un moment, le chemin se dégage et l’adolescente aperçoit enfin ce qu’elle cherchait depuis le début.

- Alors ce n’était pas une blague, il y en avait vraiment un.

Un squelette géant qui ne demande qu’à être examiné.