Le plus beau quand on réside au dortoir Pyroli, c’est qu’on est jamais tranquilles. Il n’y a pas un matin sans que nous devions suer comme des bêtes à l’entraînement physique. Personnellement je commençais à m’y faire, mais ça ne m’aidait pas à être moins tête en l’air, au contraire. Je m’étais donc levé tôt, avait fourni ma dose quotidienne d’efforts et était allée manger bien tranquille en ce vendredi matin, dévorant mon petit déjeuner avec voracité. Que pourrais-je bien faire ensuite? Très bonne question. Je pourrais peut-être aller prendre des nouvelles de Lukas. Il y avait un moment que nous n’avions pas discuté ensemble et il a toujours eu du mal à se faire de nouveaux amis. Le pauvre, comme il devait se sentir perdu, seul sans moi dans cet immense établissement. Ça ou il était assis bien peinard quelque part en train de lire un livre sur la théorie de l’évolution et espérait de tout cœur que ma voix tonitruante ne vienne pas le tirer hors de ses réflexions de la plus haute importance. Je poussai un soupir, assassinant au passage mes œufs brouillés d’un solide coup de fourchette. Comment un être aussi intelligent pouvait-il avoir des priorités aussi étranges!? Je pris une nouvelle bouchée, emplissant ma bouche de pain avant de reprendre un morceau de saucisse, gonflant au final mes joues comme un petit Pikachu. C’est à peu près à ce moment que j’ai réalisé que le réfectoire était presque vide autour de moi. Mon regard d’ambre parcouru la pièce avec un air un peu interrogateur alors que je mâchais distraitement, jusqu’à entendre une conversation un peu plus loin. Ils parlaient du port, de ne pas être en retard et, de façon plus notable, de sortie capture.

hgrgrmtie….kraphgture?

J’avalai ma bouchée, me redressant un peu sur ma chaise, en pleine réflexion. Oui, la sortie capture. Un événement qui n’avait lieu qu’une fois par mois, durant une journée, et permettant à nous autres élèves de tenter notre chance à la capture de pokémon sauvage. D’ailleurs je m’étais inscrite à cette dite sortie. C’était quand déjà? Le 12? Non non, le 1 venait en second. Il y a un 31 au mois d’Avril? Sans doute pas. Le 21 alors? Hmm, pas très concluant tout ça. Sinon, en jour ça tombait pas un vendredi? Ah si, ce serait logique puisque nous aurions la fin de semaine en entier pour récupérer ensuite. D’ailleurs, on était pas justement vendredi? Mais c’était ce vendredi ci ou vendredi prochain? Et puis c’était bizarre que la cafétéria soit quasi déserte, non? Où étaient passés tout le monde? Eh merde… me dites pas que…

Mais je vais être en retard!!

Et c’est ainsi que je quittai le réfectoire à la course, direction ma chambre pour y récupérer mes effets personnels et me diriger vers le port. Je ne pouvais quand même pas rater cette sortie!

***

J’avais réussi à atteindre le bateau un bon cinq minutes avant le départ, soulagée, mais aussi un peu fâchée. Il y a quelque chose de frustrant à devoir attendre le départ quand on s’est tant pressé. On se dit : avoir su j’aurais pris le temps de faire ça ou ça en plus, voyez? Et puis quand on oublie quelque chose, le stress du : est-ce que j’ai le temps d’aller le chercher ou pas, comprenez? Heureusement je n’avais pas oublié mes pokéballs, autrement là j’aurais été vraiment très, très mal. Non, j’avais oublié autre chose qui n’était pas aussi vital pour les captures, mais qui avait dira-t-on son utilité. Vous avez deviné? Oui, bravo à Charlie qui reçoit dès à présent le prix de dresseur la plus tête en l’air de l’Académie pour avoir réussi à oublier son iPok au dortoir le jour de la sortie capture. Mais advienne que pourra! Azur et moi formions une équipe à toute épreuve et nous pouvions traverser toutes les épreuves que la vie nous enverrait!

J’étais motivée à fond et autant ne pas vous cacher que ce trajet me paru très, très long. Je faisais les cents pas sur le pont, m’imaginant déjà milles et uns scénarios lorsque nous toucherions terre. Parce que nous allions vers une île ou un truc du genre, n’est-ce pas? Ils n’allaient pas non plus nous larguer en pleine mer quand même! Enfin, je l’espérais de tout cœur en tout cas parce que même si j’avais un pokémon aquatique, tout le monde n’avait pas cette chance et le rivage me semblait bien lointain à la nage. Mais bref, mes inquiétudes furent partiellement dissipées lorsque l’on vint m’offrir un masque à gaz. Parce que bon, ils auraient eu la décence de nous donner des lunettes et un tuba si on devait plonger, pas un masque à gaz. Je reçu également une petite pilule pour le bien d’Azur et la lui donnai donc après l’avoir fait sortir de sa balle. Il passerait le reste du voyage bien en place sur mon épaule car je désirais l’avoir à mes côtés aussi souvent que possible. Nous devions devenir de véritables compagnons et arriver à travailler en équipe de façon naturelle, ce qui ne se développerait pas aussi efficacement si je le laissais toujours dans sa balle. Et puis bon, si j’avais été un pokémon je n’aurais sans doute pas aimé être enfermée à longueur de journée alors j’essayais de penser un peu à lui.

C’est peu de temps ensuite que nous arrivâmes finalement à destination. Enfin! Cette attente interminable touchait à sa fin. C’est presque en sautillant de joie que j’attendis mon tour afin de me lancer à l’aventure en compagnie de mon petit Azurill. L’enthousiasme était au rendez-vous et j’étais persuadée que nous y découvririons de véritables merveilles. Déjà, j’avais comme oublié que si l’on m’avait donné ce masque, ce n’était sans doute pas pour le plaisir, mais bien parce qu’il y avait là une véritable utilité sanitaire. Mais bon, quand on part à la découverte du monde avec autant d’empressement que moi, on a facilement tendance à oublier les petits détails.

Nous y sommes, Azur! Notre première sortie capture! Nous allons conquérir…!

Je m’arrêtai dans ma lancée, la bouche encore grande ouverte, mes yeux à la couleur de l’ambre encore grand ouvert sous le coup de la surprise alors qu’une petite goutte vint perler sur ma joue. Je m’étais littéralement figée sur place devant pareil spectacle alors que devant moi, à perte de vue, se côtoyaient de nombreuses piles d’immondices et de déchets en tout genre, sans parler de ferraille et de sac poubelles éventrés. Il n’y avait que de cela à perte de vue. On nous avait emmené dans un dépotoir ou quoi?!

...Le monde...

Je fus violemment assaillie par ce capharnaüm d’odeurs en tout genre qu’il vaudrait mieux passer sous silence. Un somptueux mélange de poubelles, d’œufs pourris, de moisissure et j’en passe. De quoi vous filer la nausée en deux temps trois mouvements. Si jamais un jour je devais me plaindre à nouveau des entraînements de Jackie, je me remémorerais cette journée. Au moins nos terrains d’entraînement étaient parfaitement entretenus et nous n’avions jamais eu à faire face à pareil décor. Je n’arrivai pas à résister bien bien longtemps et mon petit pokémon vint enfouir son visage en mes cheveux alors que je dressai le bras devant moi, pressant ma main et le tissu de la manche de mon uniforme scolaire devant ma bouche et mon nez. C’était véritablement un endroit agressant et je n’osais même pas imaginer les choses sur lesquelles nous allions bien pouvoir tomber dans un environnement comme celui-là. Y avait-il vraiment des Pokémons sur une île du genre? Si c’était le cas il fallait les relocaliser au plus vite avant qu’ils ne tombent malades! À moins que ce soit justement un endroit parfait pour les pokémons de type poison…Mais quand même. Celui qui avait eu l’idée de nous conduire jusqu’ici devrait revoir ses méthodes de sélection de lieux intéressants.

Mais c’est pas sérieux! C’est affreux cette odeur!

Sans plus attendre, je m’empressai de mettre en place mon masque et pris mon petit pokémon dans mes bras afin de lui manifester mon soutien. Nous traverserions cette épreuve ensemble et nous en ressortirions grandis. Même, nous en reviendrions peut-être avec un membre de plus dans notre équipe, parce que c’était bien pour ça que nous étions venus ici, n’est-ce pas? Je ne devais pas me laisser être détournée de notre objectif simplement à cause d’une odeur un peu dérangeante ou de quelques difficultés à escalader une pile de déchets. Ici c’était notre volonté et notre détermination qui seraient mises à rude épreuve. Mais j’étais une jeune fille courageuse et n’acceptais pas que de simples obstacles m’empêchent d’atteindre mon but. J’avais déjà traversé maintes épreuves pour simplement pouvoir venir à cette Académie et je devais prouver à tous que j’en étais digne. Ce soir, lorsque je retournerais au dortoir des Pyroli, j’allais pouvoir téléphoner à ma famille et leur dire que j’avais capturé mon premier pokémon sauvage. Oui, j’y croyais dur comme fer et rien ne pourrait me faire reculer.  

Ikuze! On ne se laissera pas arrêter pour si peu!

Je tenais toujours mon petit pokémon bien contre moi d’une main, m’aidant de l’autre pour escalader une pile de déchet non-identifiés. Je pris appui sur un long morceau de fer et me laissai glisser jusqu’en bas de l’autre côté d’une petite bute, faisant bien attention à maintenir mon équilibre. Je sautai avant la fin, atterrissant sur un pneu avant de commencer l’ascension d’un nouveau tas d’immondices. Mes yeux marrons tentaient de regarder partout à la fois, mais je doutais de plus en plus des possibilités de rencontrer un pokémon à l’état sauvage dans un environnement comme celui-là. Dans tous les cas, ce ne serait pas suffisant pour me faire reculer. J’étais déterminée et je ne rentrerais pas à l’Académie les Pokéball vides. Dans mes bras, mon Azurill commençait à s’énerver. Il était presque plus curieux que moi si c’était possible et il devait mourir d’envie de se jeter dans cet océan d’objets inconnus afin de faire mille et une trouvailles. Hors de question que je le laisse aller librement, c’était un plan pour qu’il se coince quelque part ou qu’il se blesse. Je resserrai donc peu plus ma prise, m’excusant au passage de devoir le retenir de la sorte, mais tentant de lui faire comprendre que c’était pour son bien. Il sembla comprendre le message et abandonna ses projets, mais devant mon sérieux il semblait lui-même être d’avantage motivé. C’est maintenant avec un but commun que nous faisions route, telle une vraie petite équipe.

Nous avancions à bon train et ce devait faire une bonne heure maintenant que nous avions quitté les autres élèves. Nous étions tranquilles, très tranquilles, bien trop tranquilles. En vérité, je m’étais dit en quittant le bateau que je pourrais me repérer grâce au soleil et m’en servir pour retrouver notre chemin une fois ma capture effectuée. J’avais simplement oublié de prendre en considération cet épais brouillard à la teinte violette qui siégeait sur l’endroit en roi et maître. Si seulement je n’avais pas oublié mon iPok! Y a-t-il pire façon de mourir que perdue dans un dépotoir? Oui, probablement. Mais dans tous les cas je refusais de trépasser ici! J’appuyai mon pied sur un autre pneu, glissant celui là, et perdit pied. Je me retrouvai donc à chuter, serrant un peu plus mon pokémon contre moi pour le protéger pendant que je dévalais la pente, serrant les dents et fermant hermétiquement les yeux. Je sentis quelque chose m’entailler la jambe au passage, juste en dessous du genou, mais me retint tout de même d’émettre une plainte de douleur. Ce n’était qu’une égratignure, assurément. Nous nous immobilisâmes au sol, ou plus précisément sur un vieux matelas abîmés d’où sortaient plusieurs ressors. Bonjour le confort.

J’ouvris les yeux presque timidement et regardai tout de suite Azur qui se pressait contre moi, tout tremblant. Je le caressai doucement, tentant de le rassurer de ma voix alors que j’improvisai un petit air. Le petit pokémon sembla se détendre et leva son regard vers moi, comme pour m’interroger sur mon état. Je lui souris gaiement avant de lui dire que tout allait bien, puis tournai mes iris marron vers ma jambe pour réaliser que celle-ci était maintenant tâchée de sang. Il semblerait donc que cette petite égratignure ait été plus profonde que je croyais. Si seulement j’avais songé à apporter avec moi une trousse de premier soin ou quelque chose du genre. Tant pis, j’attendrais d’être de retour au bateau pour nettoyer tout ça. Nous avions fait trop de chemin pour revenir maintenant. Oui, sans oublier que nous étions perdus et que même si j’avais voulu revenir, je n’aurais sans doute pas pu le faire. Non, mais vous êtes chiants à vous attarder sur les détails comme ça! Hum, donc, je disais. Oui! Voilà. Il semblerait que notre petite chute ait attiré l’attention sur nous puisqu’un bruit me parvint. Un bruit pas si lointain, comme si quelque chose se dirigeait vers nous afin de constater l’origine de ce mouvement inhabituel dans la décharge.

Prépare-toi, Azur. Il y a du mouvement par là.

Je terminais à peine ma phrase qu’une créature brune et grise faisait irruption, se dirigeant timidement vers nous alors que ses grandes oreilles dépassaient, nous indiquant clairement sa position. Même sans cela, impossible de le rater maintenant. Il était la première chose vivante que nous croisions depuis notre arrivée et je n’allais quand même pas laisser passer ça! Dommage par contre que je n’aie pas mon iPok avec moi, ça aurait été des plus pratiques pour avoir une idée de l’identité du pokémon se tenant devant nous. Je ne désirais pas l’effrayer par exemple et il aurait été pratique de connaître ne serait-ce que son type, bien que je savais déjà très bien qu’il ne faisait pas partie des pokémons de type fée. Quoi qu’il en soit, il avança un peu plus et je pu finalement avoir une vue d’ensemble sur la créature qui nous avait rejointe.

Mais c’est…un lapin.

Et même qu’il était mignon en plus! Ce serait une très belle prise avec un peu de chance. Mais, d’ailleurs, Azur et moi n’avions jamais eu la chance de combattre et encore moins d’effectuer une vraie capture. Mais bon, comme ils disent, parfois la seule façon de faire un truc, c’est de le faire. Vous n’êtes pas d’accord? Ainsi, je me redressai vaillamment, tentant de ne pas me prendre les pieds dans les ressors du vieux matelas défoncé. J’avais déjà le mollet ensanglanté, hors de question que je me risque à mes coincer la cheville là dedans en plus. Parce que bon, perdue, la jambe en sang, sans iPok et une cheville abîmée, c’est en rampant que je devrais retourner au bateau et ça ne faisait pas partie de mes projets pour la journée, surtout vu l’environnement dans lequel nous nous trouvions. Donc, j’étais debout, prête à l’affrontement et Azur grimpa le long de mon bras pour venir se positionner sur mon épaule droite, attendant mes instructions, prêt à entamer le combat afin de nous permettre de mener à bien cette sortie capture.

Utilise le pistolet à O!

Le petit pokémon bleu s’exécuta tout de suite, sautant gracieusement de mon épaule en direction de sa cible, employant dans son élan la technique que je lui avais dictée. Le pokémon lapin esquiva d’un petit bond sur le côté, comme pris par surprise. Puis, il nous tourna le dos et d’un autre bond entreprit de s’échapper. Vite, je devais donner de nouvelles directives à Azur sinon ce lapin allait nous échapper! Sans oublier qu’il avait l’avantage du terrain. Enfin, personne n’est vraiment avantagé dans un endroit comme celui-là, mais lui au moins avait l’habitude de se mouvoir efficacement dans ce dépotoir, ce qui était loin d’être notre cas. Sans doute est-ce pour cela qu’il nous échappa complètement alors que nous tentâmes de le rattraper, sans grand succès.

Mais ne pars pas comme ça! Je suis censée te capturer comment moi!?

Je poussai un soupir. Quelle déception! Azur revint à mes côtés, levant son regard vers moi alors que je regardais le sol, un peu désemparée. Quel échec. Tout ça pour ça. Nous n’avions même pas réussi à l’atteindre et je n’avais pas été suffisamment rapide. Peut-être cette inscription à la sortie capture avait-elle été prématurée? Peut-être aurions-nous du nous entraîner au combat contre autrui avant de venir ici, sur le terrain? «azuuuuu!» Je reportai mon regard d’ambre vers Azur qui semblait attendre que je me reprenne, la mine boudeuse et presque inquisitrice, donnant un petit coup de queue contre ma jambe toujours indemne, bien que salie par cette aventure. J’esquissai un doux sourire avant de pousser un soupir factice. Oui, il avait raison. Dire que ce petit être savait me cerner si facilement et me pousser à me remettre en scelle tout aussi facilement. Il n’était sans doute même pas encore midi, nous aurions l’occasion de croiser d’autres pokémons et, même si nous revenions les mains vides, cette expérience aurait été des plus enrichissantes et nous serions mieux préparés pour la prochaine sortie capture. Parce qu’après tout, nous étions dans cette académie pour apprendre, n’est-ce pas? Je me baissai donc, tendant le bras vers mon Azurill afin que ce dernier puisse s’y hisser pour venir reprendre sa place sur mon épaule. Maintenant que nous étions fin prêts, nous reprîmes notre route au sein du dépotoir, à la recherche d’autres pokémons.

C’est avec une détermination nouvelle que nous avions poursuivis notre périple dans le merveilleux monde…Non. Juste non. Rien ici n’était merveilleux. Rien du tout. C’était sale, c’était puant, c’était désordonné, c’était dangereux et c’était le pire endroit sur terre pour une promenade de santé. Ça m’apprendrait à demander où se déroulerait les sorties avant de m’inscrire comme une idiote et de signer la feuille sans regarder. Bref. Je gardais les yeux grands ouverts et Azur, posté sur mon épaule, faisait de même. Ainsi, si je devais manquer quelque chose pendant que j’étais occupée à manœuvrer sans tomber, mon petit pokémon aquatique pourrait m’avertir. D’ailleurs, parlant de notre avancée. J’étais certes motivée, mais avec ce sang qui ruisselait sur mon mollet et cette douleur mordante qui m’indisposait, je n’avais qu’une seule envie, rentrer au navire et attendre bien tranquillement la fin de la journée après avoir nettoyé ça. Autant ne pas imaginer la réaction de Lukas s’il devait apprendre que je me promenais ainsi dans les déchets. C’est comme si j’invitais une infection à venir me rendre visite. J’étais bonne pour un sermon en règle m’expliquant en long en large et en travers ce qui aurait pu arriver et tout le bla bla habituel. Certes, mais je vivais une aventure là! Et puis si c’était pour capturer mon premier pokémon sauvage, ce  n’était pas la mort quand même. D’ailleurs, parlant de pokémon sauvage…

Oh! Un Toudoudou!

Si si, je venais d’atteindre le sommet d’un petit tas de déchet, me faisant toute petite pour ne pas être repérée. Un peu plus loin dans ce qui semblait être une petite vallée de déchet, un tout petit pokémon rose semblait à la recherche de quelque chose, bien concentré, tant et si bien qu’il ne nous avait pas repéré. Depuis le temps, j’étais capable de dire qu’un pokémon était de type fée d’un simple regard, pas besoin d’iPok pour cela, pas quand on les étudie depuis toute petite. Et puis, il ne faut pas oublier qu'autrefois ma mère devait me raconter chaque soir un conte des aventures de la princesse Rondoudou, sans quoi je ne m’endormais pas. Ainsi, il m’était impossible de ne pas reconnaître l’identité de ce petit pokémon si mignon.

Un pokémon fée! Dès notre première sortie capture!

C’était le bonheur total! Une telle rencontre dans un endroit comme celui-là, c’était à ne pas y croire. C’était une telle chance alors que je m’attendais à croiser seulement des pokémons de type poison. Parce que bon, qu’un pokémon aussi doux réussisse à vivre dans un tel milieu était quelque chose qui me dépassait un peu. Il méritait un bien meilleur environnement. Il méritait un traitement cinq étoiles, un bon shampoing, des glaces et un endroit confortable où dormir. Enfin, si vous voulez mon avis tous les pokémons mériteraient ce genre de traitement, indépendamment de leur type, de leur apparence, de leur lieu d’origine et etc etc. Mais bref, j’ai bien le droit de faire un peu de favoritisme quand même! Non? Bah tant pis, je vais me le permettre quand même et advienne que pourra. Quoi qu’il en soit. Je me tournai vers mon petit camarade bleuté avec un sourire complice, parce que nous avions probablement la même idée en tête.

Prêt à avoir un nouvel ami, Azur?

«Azuu!» Répondit-il avec entrain, bougeant un peu la queue du même coup pour manifester son enthousiasme. Sur ce, la petite boule rose fini par se retourner vers nous, ses petites mains refermées sur un petit sifflet d’argent auquel on avait attaché un vieux ruban bleu maintenant bien sale et déchiré. Voilà donc l’objet de sa convoitise. Ses petits yeux rouges s’agrandirent sous le coup de la surprise et elle s’apprêta à faire demi-tour afin de prendre la fuite, mais sa petite taille et ses toutes petites jambes n’allaient clairement pas jouer en sa faveur ici. Un bébé pokémon avait besoin d’un environnement bien plus accueillant que cela pour se développer convenablement et c’est ce que je comptais lui offrir. Je me redressai rapidement, portant la main à l’une de mes pokéball afin de me préparer, tendant l’autre bras vers l’avant pour permettre à Azur de le parcourir avant de sauter vers notre cible, pour lui faciliter le trajet. Parce que bon, lui aussi avait de petites jambes en fait, sans oublier sa queue qui était susceptible de se prendre dans le décor. Je fronçai les sourcils, déterminée, avant de donner mes instructions à mon compagnon. Cette fois nous y arriverions, ensemble.

Barre-lui le passage avec Bulles d’O et enchaîne avec l’attaque Souplesse!

Le petit Azurill s’exécuta donc, lâchant une rafale de bulle d’eau alors qu’il était encore dans les airs après avoir quitté mon bras. Puis, dans sa chute il fit une petite pirouette afin de se donner un élan et de fouetter l’air de sa queue avant d’abattre cette dernière sur le pauvre petit pokémon rose. Je n’aimais pas trop l’idée de devoir le blesser pour le capturer, mais cela faisait partie du processus et plus rapidement je le capturais, plus rapidement je pourrais prendre soin de lui et me racheter pour cela. Ainsi, je guettai une ouverture et lançai ma balle sur le Toudoudou, priant pour que cette capture soit un franc succès.

Azur et moi regardions la pokéball alors qu’elle se déplaçait de gauche à droite, tremblante. Je retins ma respiration, demeurant parfaitement immobile, guettant le résultat de cette tentative. Je réfléchissais déjà à ce que je ferais si le Toudoudou arrivait à se libérer. Il faudrait être rapide, donner de nouvelles indications claires à Azur et me préparer à lancer une nouvelle pokéball. Il m’en restait toujours deux autres et j’étais prête à les écouler si nécessaire, tant que je pouvais ramener cette petite boule rose avec moi à l’Académie. Ça me briserait le cœur de savoir qu’elle devait continuer à vivre ici et la seule idée que d’autres pokémons soient dans la même situation n’était pas pour me réjouir, loin de là. Mais je n’eu pas à lancer de seconde balle puisque que le mouvement cessa, accompagné du petit bruit caractéristique, annonçant que la capture était effectuée. Je restai bête un instant, comme ne réalisant pas trop ce qui venait de se passer, puis je sautai presque de joie, me retenant de le faire pour la simple et bonne raison que le sol sous moi n’était pas des plus stables.

Je remerciai Azur de sa participation et le fis rentrer dans sa pokéball pour l’instant. Nous avions réussi à travailler en équipe, donc c’était une réussite pour une première vraie sortie. Mais développement de la complicité ou pas, je ne désirais pas le forcer à passer trop de temps dans cet environnement si peu accueillant. Il en valait de même pour Toudoudou, j’attendrais d’être dans un meilleur endroit pour m’occuper d’elle. D’ailleurs la première chose que je ferais une fois arrivée au bateau serait sans doute de demander à ce qu’elle soit examinée afin de m’assurer de son bon état de santé. Oh, et je ferais peut-être examiner ma jambe, si j’y pensais. Bon, c’était douloureux et ça saignait abondamment, mais sinon c’était pas si mal quoi. J’avais déjà connu pire dans ma jeunesse. Enfin, je crois? Oui, non, peut-être? Bref, au fond on s’en fiche. J’avais réussi ma capture, mais je n’étais pas moins perdue pour autant et ce satané brouillard ne m’aidait en rien. Mais avant ça, il y avait autre chose que je devais récupérer, en même temps que la pokéball de notre nouveau compagnon. Vous vous souvenez le petit sifflet d’argent? Je le pris dans ma main, arrachant sans effort le ruban bleu déjà presque défunt avant de frotter le petit objet contre ma jupe, pour retirer une partie de la saleté. Je pourrais faire un nettoyage plus en règle une fois rentrée à la maison. Comme ça Toudoudou aurait un souvenir de son ancienne vie, surtout qu’avec ses petits bras elle avait du se donner bien du mal à essayer de l’obtenir.

Je le rangeai avec mes pokéball et entreprit d’escalader un tas de détritus, me dressant aussi haute que possible afin d’avoir une vue d’ensemble sur la décharge. Une fois cela fait, je su environ dans quelle direction aller, tentant vainement d’apercevoir le soleil au travers de cet épais brouillard. Au bout d’un certain temps je croisai de nouveau le matelas aux ressors exposés qui avait arrêté ma chute plus tôt. J’évitai consciencieusement le talus duquel j’avais glissé, parce qu’une blessure suffisait amplement et que j’avais envie d’atteindre le bateau en un seul morceau. Je touchais au but lorsque le bruit distant de conversations me parvint, me poussant à hausser le pas. Un peu moins de cinq minutes plus tard, j’étais entre les mains de l’équipe médicale, les laissant traiter ma jambe pendant qu’une infirmière auscultait mon nouveau pokémon ou plutôt devrais-je dire : pendant qu’elle examinait Navi, mon Toudoudou.