« Des paillettes pour briller »Une star en devenir et une figure de l’ombre. Lors d’un travail de groupe, les deux parties doivent autant être synchrones que complémentaires. Eloïs et moi partageons un même goût du mignon, mais n’avons pas les mêmes vocations scéniques… Mais ce qu’on nous demande ici, c’est uniquement de préparer une tenue. Pas de l’incarner. Je pense que sur ce plan là, nos compétences sont les mêmes. Seule notre vision peut varier…
Le garçon est très confiant
soit un autre trait qui nous sépare. C’est avec un fort enthousiasme qu’il se lève pour se diriger vers l’atelier, sous l’impulsion de ma proposition.
« -D… D’accord ! » Je me lève à mon tour, attrapant mon bloc-note et mon crayon à la hâte. Puis je suis mon cadet jusqu’à la seconde portion de cette salle de classe.
Andreas Heartnett oblige, l’atelier n’est pas qu’un simple vestiaire. Une tempête de couleur et de teintes diverses viennent titiller mes yeux. Mélange entre un vaste dressing et un magasin de tissu, on y trouve des portants à vêtement montés sur roulettes, ainsi que des tables sur lesquelles s’étalent de nombreux rouleaux. Si les habits pré-faits sont trop nombreux pour être distinguables sans s’en approcher, on devine tout de même la présence de robes, costumes, mais aussi de tenues plus légères et décontractées comme des débardeurs et des shorts. Une malle laisse apercevoir une quantité impressionnante de couvre-chefs, adjacente à une autre qui fourmille d’accessoires plus variés. Quant aux rouleaux à tissu, les multiplicités de teinte et de matière sont difficilement énumérables. Mais je note tout de même la présence de petits tiroirs abritant sûrement des pièces à coudre, non loin, utiles pour la confection.
Enfin, quelques tables avec des outils essentiels à la couture sont laissés à disposition des élèves. Il y a une machine à coudre par établis, mais également plusieurs paires de ciseaux, un pistolet à colle, une règle, un cutter, et… Sûrement d’autres choses.
D’ailleurs, une Manternel et un Scalproie se tiennent tous les deux parmi les étales. Parfois, un élève va vers eux pour leur demander de découper une portion de tissue, ou récupérer un objet trop en hauteur. Ils semblent veiller à ce que personne n’abîme le matériel ou se serve en quantité déraisonnée.
« -W…. Wow…. » Eloïs s’est trompé sur un point : il y a peut-être bien un milliard de matériel à disposition. Je suis quelque peu impressionnée par toute cette matière à travailler. Regarder en détail l’ensemble des vêtements et tissues à portée… Cela prendrait la journée entière ! Et nous n’avons pas tout ce temps, je le crains.
Je constate que certains de nos camarades sont déjà très à l’aise avec cet environnement. S’ils sont dans la filière Mode, ils sont certainement habitués à venir coudre par ici. Ils partent avec un certain avantage…
Non pas que cela soit une compétition, cela dit. Je ne dois pas me laisser déborder par la quantité, et plutôt me concentrer sur l’essentiel.
« -L’exercice faisait mention d’une robe. Je vais voir ce que l’on peut trouver de ce côté là ! Je te laisse regarder du côté des accessoires… ? » Sans cette ligne directrice, il aurait déjà fallu débattre du type de vêtement à présenter. Mais je peux heureusement me focaliser sur ce seul élément, et commence à parcourir le dressing pour observer les différentes tenues proposées. Quelque chose de rose, mignon, et girly…
Honnêtement, ce n’est pas le choix qui manque. Il y a beaucoup de coupes différentes ; courte, longue, droite, qui s’arrêtent au bustier, avec ou sans manches… Et même si je parviens à en trouver plusieurs dans les tons roses, ce n’est pas tout à fait la même teinte à chaque fois, ni les mêmes matières ou motifs.
Je mets de côté toutes celles que je trouve, dans l’optique de les montrer à Eloïs. Mes préférences vont sur deux d’entre elles.
La première est une robe trapèze à manches courtes, qui couvre complètement dos et buste. Elle est d’un rose très pâle, d’une teinte coquille d’œuf
, mais possède des petits motifs de fleurs roses plus prononcés sur toute sa surface.
La seconde est une robe patineuse. Les manches vont jusqu’aux avant-bras, mais toute la partie supérieure, du buste aux épaules, est constituée de dentelle plus légère. Les extrémités de la chute en sont également, et le tout est d’une couleur rose Mountbatten
assez unie.
J’aime bien les coupes ouvertes sur les jambes. Ce sont deux robes que je pourrai tout à fait mettre. Elles sont mignonnes, décontractées et faciles à porter.
… Ah.
Le fait est que… J’aime le girly, certes, mais…
Je suis plutôt discrète, comme fille. Les couleurs que j’ai sélectionnées… C’est du rose, certes, mais des roses assez pâles, ou ternes. Parfaits pour la vie de tous les jours, oui…
Mais le sont-elles pour la scène ? J’ai quelques doutes.
J’avise les autres robes roses que j’ai trouvées. Il y en a des plus flashys, qui ressortent plus. Mais… Quelque chose me chiffonne.
« -E… Eloïs ? T-Tu… Tu peux venir voir, s’il te plaît ? » J’alpague mon camarade pendant ses propres recherches. Je lui montre les deux robes que j’ai mises de côté.
« -A la base, j’avais naturellement envie de te proposer ça, mais… Je me dis que ça fait trop "discret" pour un persona. J’ai quand même récupéré d’autres robes roses, plus éclatantes, mais… Tu ne les trouves pas un peu… » je cherche mes mots
« Criardes ? » Le rose n’est pas une couleur très facile à doser. Que ce soit en terme de nuance ou de quantité… Si l’on veut que la tenue soit visible, il faudra certainement un rose plus lumineux. Mais si on part sur ça, nous devront opter pour des accessoires capables d’apporter un peu de contraste. Probablement… Beaucoup, d’accessoires. Et… Est-ce que le tout ne risque pas d’être surchargé ?
L’exercice nous dit que notre cliente aime le rose et le girly. Naturellement, on voudrait partir sur une robe remplissant ces critères là. Mais… Je me demande si…
« -Tu ne penses pas que… Ça pourrait être intéressant de partir sur une autre couleur ? » Je me tourne pour approcher la table des tissus. Je saisis un nuancier, et le montre à Eloïs.
« -Regarde, ces nuances de bleu. La céleste , ou la dragée … Ce sont des couleurs assez douces, mais très lumineuses. Et… Je me dis que… » j’essaye d’approcher le nuancier d’une des tenues que j’ai sorties pour comparer
« Si on part sur un vêtement dans ces couleurs là, nous pourrons l’agrémenter de toutes sortes d’accessoires roses, plus éclatants. Des rubans, des barrettes, des bracelets ou des colliers… Pourquoi pas aussi les chaussures, les collants ou même… Un haut-de-forme… ? » Je pose le tout, et relis l’énoncé sur la feuille.
« -La couleur de la tenue n’est pas imposée. On sait juste que notre cliente aime le rose, les rubans et les paillettes. Je pense qu’on peut mettre tout ça à la fois… Tout en partant sur une robe aux couleurs plus originales. » Je toise mon camarade.
« -Qu’est-ce que tu en penses ? »