Paraît-il que les entraînements en fin de journée l’hiver ont une intensité différente en fonction du lieu où l’on se trouve. Tu as pu constater différentes variations entre le campus en lui-même et la forêt où l’air est plus sec. Sur la plage, c’est quelque chose de très différent. Le vent fouette la peau comme une punition patriarcale et l’humidité pénètre le corps comme les mots d’une sévère dispute. Un lieu où l’esprit et le corps sont mis à rude épreuve. À cela, s’ajoute l’inconfort du sable si l’on se décide à passer sur les plages plutôt que longer depuis quelques falaises en hauteur. C’est un peu le summum des pires conditions locales possibles. C’est donc pour cela que par ce temps froid et désagréable tu es présente pour t’entraîner.

Au pas de course, en leggins d’hiver, en chaussure amphibie, le tout porté avec un t-shirt qui prend tout le corps, tout le matos vient d’une marque locale de l’archipel, ça s’appelle Rapide-argent. Tes cheveux, relevés en chignon, ne gênent pas la course de cette façon. Comme à son habitude, Héméra est en queue de peloton pour s’assurer que tout le monde cavale proprement.

- C’est pas avec ce cardio que vous allez marquer les esprits au prochain défi top-dresseur. Allé, on accélère.

Cela fait déjà plusieurs heures que vous courrez avec des pauses intermédiaires. Vous venez d’en finir avec le parcours sur le sable. Si on évite les chutes, on constate que c’est un excellent moyen de renforcer le corps et le cardio, sur terrain humide, où les pieds s’enfoncent, il faut revoir toute son approche de la course pour gagner en légèreté ou s’épuiser continuellement. Nyx et Prométhée n’ont gère de difficultés à suivre, ils sont vifs et dynamiques. Par contre, Pontos le Tetarte des mers, c’est autre chose. Tu le sens toujours en difficulté sur les épreuves d’endurance, il a un profil assez massif, même pour un bipède, tu ne le sens pas en parfaite osmose en territoire terrestre et aquatique. C’est une solution à laquelle tu trouveras certainement une réponse.

- Pontos ! Tu traînes, allé, rattrape nous, on n'a pas toute la journée non plus !

- Courage mon brave, en dépit de la dureté des mots et de l’entraînement, tu es un vaillant camarade !

Héméra à toujours le mot pour rassurer, ils ont de bons amis après tout. Le pokémon aquatique reprend du poil de la bête en fournissant plus d’efforts encore pour vous rattraper. Ta Charmina pourrait très largement courir à ta hauteur, mais pour se tenir à la hauteur de Pontos sans pour autant avoir un entraînement trop simple, elle s’oblige à courir en posant le pied complet au sol et en pliant légèrement les genoux pour se gainer en permanence. Une épreuve de volonté que ta starter s’impose d’elle-même. Sa grande autonomie te libère d’un poids, car pour canaliser la Kungfouine et le Ouisticram c’est une aventure.

Plus haut, au sommet d’une des falaises, alors que vous dominez d’un peu moins de dix mètres la flotte. L’heure d’une bonne pause méritée. Tu tends les gourdes à chacun de tes pokémons avant de venir aider le Tetarte à se détendre.

- On va trouver un programme spécial pour toi qui devrait te rendre honneur Pontos, t’inquiète pas, je suis pas encore assez performante, désolé.

Ton pokémon te répond avec une moue confiante et te tapote le bras avant de vider le contenu de ce que tu lui as donné. Il règne une bonne ambiance. Curieuse, tu t’approches pour voir le paysage évoluer vers une nuit progressive. Heureusement, tu as toujours toutes tes lampes, mais dans moins d’une heure, il fera nuit. Plus bas, tu remarques que sur la plage, il y a comme quelque chose d’échoué. Une brume assez épaisse a prit possession du contre-bas et t’empêche de correctement distinguer les formes. Ta curiosité pousse à l’imprudence et perd l’équilibre, subissant une chute vers la flotte gelée.

La panique générale survint, Héméra n’a pas le temps du tout d’utiliser ses capacités psychiques pour te faire léviter et aucun de tes pokémons n’a la capacité de se jeter à l’eau. Sauf un. Ton pokémon spirale emboîte la chute pour sauter tête la première dans l’eau peu après le « SPLAF » de ton demi-plat des jambes. Entre le froid soudain et le choc, tu perds à moitié connaissance, sans savoir comment on t’a ramené sur la plage.

Tu n’a pas le souvenir des mains lourdes de Pontos qui essaie de te ramener à la surface, mais le corps lourd et engourdi par l’inconscience, tu es un poids lourd ingérable. Condamnée à couler, ton pokémon cherche et fouille pour retirer ton sac à dos, il y a peut-être un objet spécial à l’intérieur pour ce genre de risques en entraînement côtier ? Non ? Rien ? Exaspéré le pokémon fouillent rageusement jusqu’à foutre la main sur une pierre bleu qu’il sort d’un coup, surpris. Une pierre eau que tu gardais depuis tout ce temps à proximité, mais sans pour autant lui en parler ? Les questions viendront plus tard et ton pokémon n’hésite pas à faire appel à son pouvoir pour se métamorphoser en un puissant Tartard. C’est sans mal qu’il te ramène à la surface et même sur la plage.

Héméra a déjà organisé un feu avec Prométhée pour que tu sois au sec et elle entreprend aussi de faire sécher tes vêtements aussi vite que possible grâce à une friction particulière. Heureusement, le cercle de flamme et le travail coordonné de tes pokémons vont vite te permettre de revenir à toi, mais aussi de faire sécher tes vêtements. La matière spéciale de tes vêtements est aussi conçue pour rapidement sécher, une technologie spéciale de Rapide-Acier, quelle superbe marque, avec sa vague qui engouffre une montagne en plus.

Tu restes longuement silencieuse et constatant l’évolution de ton pokémon, tu ne sais pas trop quoi dire.

- Ecoute… j’attenda…

Un signe de la main te coupe, simplement suivit d’un câlin de la part du pokémon eau, un moyen de dire que tu n’as pas besoin de te justifier et que tu savais ce que tu faisais avec cette pierre.

Tu n’ajoutes rien, restant simplement là avec tes pokémons le temps de repartir pour rentrer. Cependant, le brouillard vous empêche de repartir et pour éviter de vous perdre, tu préfères ne garder qu’Héméra pour le contact télépathique, en plus Pontos et Prométhée sont épuisés par leurs efforts fournis précédemment. Quant-à Nyx, sa petite taille pourrait vous désavantager vu que vous n’y voyez rien à trois mètres.

En repartant au pas de course, tu finis par percuter quelque chose et le douleur aiguë dans le coude te fait jurer. Tu te retournes pour tomber sur une crevette en chaise roulante. D’où la douleur du choc. Le mini exposé sur ton statu, tes victoires et ta façon de combattre te surprend. T’es un peu surprise du type « ok, c’est qui ça », puis vu l’accoutrement, tu te dis que c’est la bornée des combats et de l’entraînement avec son Hexadron, chose qu’elle confirme. Bon visiblement elle est motivée pour la bagarre, ça pourrait être un bon truc à exploiter.

- Ouais, ouais, j’vois qui t’es. Après mets tes infos à jour, j’ai déposé mon formulaire de Grade 3. Et à la prochaine venue d’un champion, j’irai décrocher plus haut encore.

T’as le regard qui pétille au souvenir de ce combat qui te donne un goût amer, l’impression qu’on t’a prise en pitié et sous estimée en même temps. Si tu recroises cette Amaryllis, tu lui demanderas des comptes bien musclés.

- Tu veux qu’on s’cogne ? J’allais rentrer là, le froid de la plage et dans l’obscurité c’est pas opti.

T’essaies de ne pas lui foutre ta lampe frontale sur les yeux, celle-ci éclaire très très bien devant toi. Tu pointes le trajet à suivre et tu lui tends quelques lampes frontales.

- Fous-moi ça, sinon on va galérer à avancer, une fois à l’académie, on peut se la donner. T’es stratège toi non ? Je te vois pas traîner avec les autres spé-types et t'as pas l'accoutrement d'une écolo avec sa toupie.

C’est vrai que tu traînes avec personne en vrai, t’es pas une meuf avec beaucoup d’amis et rares sont les gens qui veulent suivre perpétuellement ton rythme.

Vous progressez dans un couloir, qui semble conduire vers les hauteurs pour regagner l’académie, mais au lieu de ça, malgré la brume qui rend la progression difficile, tu te retrouves encore sur une autre place où il fait encore plus froid. Tu jures et râle encore, sauf que cette fois une galion échoué se dessine sous vos yeux. Un truc massif en bois qui pue l’humidité d’ici. C’est immense et impressionnant, c’est le machin que t’avais vu plus tôt, responsable de ta chute.

- Tu m’vois ça ? Je rentre pas tant qu’on n'a pas exploré.

Tu avances et te rappelles qu’elle est en karting. Princesse Daisy roule en 50CC.

- D’ailleurs, t’as quoi pour être sur quatre roues ? J’ai entendu dire que tu pouvais pas trop marcher. C’est rare les gens autant dans le physique malgré ce handicape, t’as tant la rage de vaincre que ça ?

- C’est très indiscret Théa, on ne pose pas de questions si indiscrète sur la condition physique des gens. Ce sujet sensible pourrait bien être tabou ou délicat à évoquer. Ton manque de tact n’a pas changé encore.

La Charmina parle mentalement dans la tête de tout le monde présent pour faire profiter chacun de la conversation. Tu hausses simplement les épaules.

- Si elle avait vraiment honte, elle ne serait pas ici à une heure pareille. Donc c’est qu’elle doit assumer un minimum.