caractère
Quat s'appelle Quat parce qu'il l'a décidé. Ca se prononce "couatte" et sachez qu'il ne reste jamais vraiment coit, contrairement à ce qu'on pourrait penser. D'aucuns diraient que ça devrait plutôt se dire "Kat" pour aller avec son nom de famille, mais il n'a jamais compris pourquoi. C'est lui qui a choisi ce nom après tout, après avoir (mal) entendu un gosse à l'orphelinat parler d'une célébrité qu'il admirait. Parce que oui, Quat est dur de la feuille. Et orphelin aussi, accessoirement. Et surtout, surtout il n'a pas vraiment de chance dans la vie, mais on y viendra plus tard. Bref, Quat tu l'aimes ou tu le Quouïte.
Sa règle numéro un et qui régit sa vie est que s'il trouve quelque chose cool, c'est que ça doit être cool, donc que c'est forcément bien. Vous vous doutez bien que ça peut poser quelques ... soucis. Comme son sens vestimentaire par exemple. A mi-chemin entre le rock, le punk et le grunge, autant dire qu'il n'inspire pas vraiment confiance. Ni même les critiques de mode. Et c'est sans compter sur son air patibulaire, ses grands mouvements de bras et sa tendance à parler fort. En dehors des cours, on peut souvent le voir se balader avec un mégaphone parce que, oui, étant donné qu'il entend mal, il se dit que s'il parle assez fort, d'autres vont prendre son exemple et ainsi tout le monde pourrait mieux se comprendre. Personne ne sait comment il fait pour se procurer ces instruments de torture vocale, mais qu'importe qu'on les lui confisque : un nouveau réapparaîtra toujours dans sa main en quelques heures.
Et pourtant Quat est une bonne patte. Derrière son apparence intimidante se cache un cœur d'or. Et un cerveau très, très crédule. Associez ça à sa propension à ne pas réfléchir dès qu'il trouve que quelque chose est une bonne idée, ses problèmes d'ouïe et sa perception... particulière de ce qui est cool ou non et vous avez un mélange détonnant. Qui va du gars un peu bizarre qui aide les grands-mères à traverser la route, mais qui arrêtera peut-être le skateboardeur qui risquait de la percuter d'un bon coup de pied là où il faut. Malgré son côté extraverti et ... bruyant, il manque beaucoup de confiance en lui, ce qui l'amène parfois (non, souvent) à croire ce que les autres disent... malgré les failles souvent béantes dans leur discours. Quat a souvent des ennuis, la moitié pouvant être remontés jusqu'à sa règle du cool, et l'autre moitié à cette crédulité quasiment maladive. Et le pire est que l'adolescent n'en tient rigueur à personne, sauf dans les cas extrêmes ! Ce mélange détonnant fait donc que le pauvre jeune homme est considéré à la fois comme très puéril et plutôt mature pour son âge, ce qui n'arrange pas souvent ses affaires...
Quat PARLE COMME CA LE PLUS SOUVENT. Pour être sûr qu'on l'entende. Vous êtes prévenus.
histoire
D'aussi loin qu'il se souvenait, Quat a toujours été seul. Seul dans sa tête, seul dans ses oreilles, seul à table, seul dans sa chambre. Et pourtant il y avait toujours eu beaucoup de monde autour de lui. L'orphelinat de Phénacit était à l'image de sa Région : quelque peu désolé, délabré mais avec du cœur face à l'adversité. Le garçonnet avait grandi entouré de plein d'autres enfants, et s'il n'avait jamais été choyé ou gâté, il avait été bien éduqué et aussi considéré que possible selon les circonstances. Ceux qui le connaissent maintenant n'en reviennent jamais quand ils apprennaient à quoi le bruyant jeune homme ressemblait à cette époque. Timide, solitaire, mutique et silencieux, l'extrême opposé de son caractère exubérant actuel. Il faut dire qu'aucun adulte n'avait vraiment le temps de se pencher sur son cas et que les autres enfants délaissaient bien vite leur comparse qui les regardait benoîtement pour toute réponse quand on lui demandait s'il voulait jouer.
Bien entendu tout avait une explication et celle qui nous intéresse est tout bonnement que le petit Quat (qui ne s'appelait pas encore comme ça) était simplement très malentendant. Seul avec un adulte, il pouvait suivre les ordres et répondre difficilement, sa timidité n'aidant pas. Mais dans la cohue et le brouhaha inhérent à toutes ces chères têtes blondes ? Bonne chance. Il réagissait bien plus aux grands signes de bras qu'à son propre nom, et au fur et à mesure, par simplicité flemme ou indifférence, tout le monde l'oublia. Dans une autre Région, à une autre époque, on aurait emmené l'enfant presque mutique chez le docteur et en quelques visites on aurait pu éviter tous ces problèmes, mais Quat ne se plaignait pas et il y avait tellement à faire que personne ne se souciait de l'enfant qui faisait presque partie du décor. Il passait son temps à regarder toute l'agitation autour de lui et à lire tout ce qui lui passait sous la main.
Au fur et à mesure qu'il grandissait cependant, il voyait de plus en plus de ses comparses partir, adoptés par des familles. Certains pas forcément ravis, mais tant et si bien qu'il ne restait que quelques adolescents. Les plus vieux étaient sponsorisés par différentes écoles au bout d'un moment. Mais toujours rien pour Quat. Il aidait maintenant les adultes à tenir la baraque et était le "grand frère" des plus petits. Toujours silencieux mais très gentil.
Tout ceci pesait beaucoup sur l'adolescent, bien qu'il manque de moyens pour l'exprimer. Voulant donner un bon exemple, il était toujours dans les clous. Quand le directeur lui expliqua, le lendemain de ce qu'on estimait être l'anniversaire de ses dix-sept ans qu'il allait falloir songer à ce qu'il ferait à sa majorité, parce qu'ils ne pourraient plus légalement le garder, Quat ne put que répondre un petit "oh". Et c'était la seule onomatopée qui se pressa dans sa tête. Il savait que tout cet enchaînement était logique, mais ne pouvait s'empêcher de penser que c'était injuste. Qu'avait-il fait de mal, après tout ?
Si personne ne voulait de lui parce qu'il était silencieux et simple, alors il serait bruyant et cool. Il feindra la confiance jusqu'à ce qu'il le soit vraiment. Voilà le plan très simple du jeune homme.
Le petit 180° que leur pensionnaire et aide effectua en quelques semaines sidéra un peu les "éducateurs" de l'orphelinat. Il répondait quand on lui parlait, indiquait sa présence, demandait à ce qu'on l'appelle par son nom (qu'il avait décidé sur un coup de tête) et semblait étudier comme un forcené. Quoi ? Personne ne le savait. Et les changements ne s'arrêtaient pas là. Après quelques jobs le soir, le nouveau baptisé Quat s'était acheté une toute nouvelle garde robe... surprenante, aux fripes a priori, mais qu'il avait reprisé avec soin. Entre ça et ses tout nouveaux mégaphones, qu'il ne cessait de replacer, autant dire que les adultes étaient perdus.
Encore plus quand le jeune homme leur fit part de sa décision de partir étudier à l'étranger. Et tous tombèrent des nues quand il leur présenta les papiers pour la Pokémon Community, son test d'entrée et, plus embêtant, ses autorisations de représentant légal, qu'il avait bien entendu rempli lui-même. Ce fut la seule fois de la vie de Quat où il exprima directement ses frustrations, avec quelques phrases prononcées très fortement, avec un ton glacial. Puisqu'il était bientôt majeur, il se représenterait lui-même, merci bien. Et pas la peine d'essayer de le soutenir financièrement, il avait déjà réglé la raison en proposant de travailler comme homme à tout faire dans son nouvel établissement. Il avait déjà réglé le billet de ferry et expédié en avance ses valises. Pour ses dix-huit ans, Quat laissa derrière lui Phénacit, ne participant même pas à la petite fête d'anniversaire. Il avait fait ses adieux un peu plus tôt aux autres orphelins, mais s'était bien gardé de prévenir les adultes qui l'avaient aussi abandonné selon lui.
Une fois arrivé sur Leiar quelques jours avant la rentrée même, le jeune homme brun avait pris ses appartements et était prêt à étudier et à travailler dur. Son tout nouveau Zigzaton était peut-être déjà plus proche de lui en deux jours que quiconque l'eut jamais été. Et il en était bien content. Déterminé à faire impression, il avait empoigné un mégaphone ce matin-là, attaché une serpillère au Pokémon et avait réveillé les quelques élèves qui faisaient la grasse matinée.
- Hey les têtes de Racaillou, je vais nettoyer les parties communes dans quinze minutes, virez tout ce que vous voulez garder.
Nouant un tablier autour de sa taille, il remonta ses manches et empoigna balai et produits d'entretien, Zepto le Zigzaton sur ses traces. Il fallait bien gagner sa croûte. La PC avait gagné un nouvel homme à tout faire en plus d'un élève studieux, de manière surprenante. Et certainement quelques décibels au passage. Le temps dira si c'est une bonne ou une mauvaise chose.