caractère
Lorsque quelqu'un rencontre Éphémère pour la première fois, il lui suffit généralement d'un simple coup d'œil sur le visage renfermé de la fille pour se rendre compte de la froideur extrême, digne d'un chamlion de type glace, qui émane de sa personne. Éphémère est en effet une fille difficile à aborder pour cette raison, son regard glacial ne donne envie qu'aux plus courageux de venir l'aborder, et là encore, seuls les plus solides ou les plus chanceux peuvent espérer avoir une véritable discussion ou nouer un quelconque lien d'amitié avec elle.
Tout simplement parce que la future reine est quelqu'un de réservé. Bien loin d'être timide pour autant, elle ne ressent pas la moindre difficulté à parler avec un parfait inconnu s'il aborde un sujet qui l'intéresse ou s'il a un caractère qui lui plaît, mais à moins d'y être obligé pour une raison ou une autre, Éphémère ne fera au grand jamais le premier pas vers qui que ce soit. C'est en quelque sorte pour cette raison qu'Éphémère est vue comme une fille distante qui ne s'intéresse à personne, mais ce n'est en réalité rien de plus qu'une solide carapace qui cherche à la protéger d'une nouvelle désillusion en ayant trop d'attente envers autrui. La fille qui se cache derrière cette armure à l'allure aussi solide et imposante qu'un Bastiodon n'a pourtant rien à voir avec l'Éphémère inaccessible qui se montre aux yeux de tous. Car quels que soient les changements que sa personnalité à subie sous le coup de la rancœur, personne ne peut réellement changer de manière permanente qui il est vraiment, et Éphémère ne déroge pas à cette règle. Aussi loin qu'elle veuille se tenir des autres en ne comptant que sur elle-même pour ne pas se faire briser le cœur, c'est pourtant ce dernier qui prime sur sa raison et décide de s'attacher à quelqu'un ou non.
Et si son côté taciturne ne suffit pas à repousser certaines personnes qui pourraient éventuellement parvenir à briser sa carapace, celles-ci pourront découvrir le véritable visage d'Éphémère. Celui d'une fille agréable et joviale capable d'afficher les plus sincères des sourires à ces élus qui n'auront pas fuit devant le mur qu'elle dresse autour d'elle. Inconsciemment, elle attache une grande importance à ceux qui l'apprécient malgré ses airs insensibles, et ça lui suffit pour faire preuve d'une loyauté inégalable envers ses amis. Après tout, elle connaît mieux que quiconque cette douleur importable que l'on ressent suite à une trahison, et ça lui suffit pour défendre ses proches corps et âme, physiquement ou verbalement, face à des broutilles ou un danger imminent.
Enfin, Éphémère est une adolescente à l'ambition débordante. Elle n'a pourtant qu'un seul et unique objectif, qui n'est cependant pas des moindres : celui de devenir maîtresse de la ligue d'Unys. Mais ce n'est pas qu'un objectif lancé dans le vent. En ayant vu son monde s'écrouler en détruisant avec lui le titre de reine qu'elle pensait acquis, Éphémère a développé un complexe d'infériorité qu'elle cherche à combattre et repousser grâce à ses prouesses, en faisant tout pour devenir de plus en plus forte. Bien qu'elle ne le montre pas et n'ira encore moins les réclamer, elle éprouve en elle le besoin d'être complimentée pour ses talents et que sa puissance et sa notoriété soient reconnus de tous jusqu'à faire grandir sa notoriété et s'élever plus haut que quiconque, l'un de ses rêves étant de résider dans une tour bien plus haute que celle des Manderville et d'être une dresseuse invincible. Par ailleurs, quand une situation parvient à faire en sorte qu'Éphémère laisse parler ses émotions, de façon plus sincère que ses discours selon lesquels elle est une reine sans couronne et que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle en trouve une à se mettre sur la tête, la fille devient impulsive et énergique en contrastant totalement avec son attitude habituellement calme. C'est notamment le cas lors de duels, durant lesquels elle se bat de toutes ses forces peu importe la puissance de ses adversaires et elle se donne à fond comme si sa vie en dépendait, la rendant soudainement bien plus loquace et expressive.
Physiquement, personne ne peut deviner au premier coup d'œil les origines d'une quelconque haute sphère dont la fille est pourtant issue. Sous ses yeux perçants et légèrement étirés dans lesquels la fille laisse transparaître toute sa confiance en soi et sa nonchalance malgré sa petite taille ne dépassant pas le mètre quarante neuf, Éphémère est une fille ayant toujours gardé une apparence simple sans chercher à se démarquer du lot et attirer tous les regards sur elle grâce à un style vestimentaire exorbitant servant à crier « Regardez moi, je suis riche ! » c'est même tout l'inverse. Elle ne porte que très peu de vêtements en couleur, voir même jamais, se contentant bien souvent d'habits sobres noirs ou blancs, qu'elle agrémente de divers accessoires selon ses envies et la formalité des situations qu'elle doit appréhender. Mais dans une journée standard, elle s'habille le plus souvent d'une mini robe sans manches, laissant ses longues jambes à découvert et portant une paire de baskets montantes à ses pieds pour tenir fermement ses chevilles, ou bien elle échange cette tenue par un pantalon ample accompagné d'un débardeur lorsque le temps se rafraîchit. À ce tenues habituelles s'ajoutent le bracelet en perles qu'elle porte en permanence à son poignet droit, ainsi que le long collier composé de ces mêmes perles turquoise que la fille enroule par deux fois autour de son cou. Enfin, au grand dam de son père qui insistait tous les jours pour qu'elle ne le porte pas de cette façon, jugeant cela indigne de sa stature, Éphémère possède aussi un long foulard rouge qu'elle noue souvent autour de sa tête à la façon d'un bandana, bien qu'elle l'attache aussi parfois autour de son cou ou bien à son bras.
histoire
« Éphémère ? Tu ne devrais pas être couchée ? »
La nuit était tombée depuis si longtemps sur Unys qu'Éphémère n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait bien être quand cette voix douce et insouciante retentit derrière elle. Elle savait parfaitement qu'elle aurait mieux fait d'être déjà en train de dormir depuis un moment, mais elle se tenait là, assise en équilibre sur la rambarde de sécurité entourant la terrasse perchée de l'immense suite dans laquelle elle vivait, tronant au sommet de l'un des plus grands buildings résidentiels de Volucité. Alors que ses jambes balançaient dans le vide, la jeune fille contemplait pour la dernière fois la magnificence de cette ville qu'elle aimait tant voir plongée dans la nuit. Volucité est l'une de ces villes qui sont aussi vivantes de nuit que de jour, mais aux yeux d'Éphémère, c'est surtout là qu'elle était la plus belle, avec ses myriade de lumières qui la parsemaient telles des étoiles éclairant cette magnifique ville au milieu du ciel nocturne. Au fond d'elle, elle savait qu'elle n'était pas parvenue à trouver le sommeil pour cette simple raison, parce qu'elle ne pouvait pas se résoudre à quitter cette ville sans savourer une dernière fois toute sa splendeur qu'elle avait admirée durant toute son enfance.
« Je devrais. »
Répondit-elle d'un air désintéressé sans même prendre la peine d'adresser un regard à son interlocuteur. Elle avait pourtant parfaitement reconnue la voix d'Éternel, son frère, mais ça lui importait peu, cela faisait bien longtemps qu'elle n'éprouvait plus le besoin ni la moindre envie d'interagir avec sa famille. Tout ce qu'elle voulait, c'était profiter une dernière fois de la vue sur la ville, la seule chose qu'elle aimait encore voir dans cet appartement qui l'a vue grandir. Et alors qu'elle pensait avoir été suffisamment claire de par sa froideur faire comprendre à son frère qu'elle ne voulait pas discuter et encore moins avoir la moindre présence à ses côtés, celui-ci vint poser le verre d'eau qu'il tenait entre ses mains sur une petite table non loin avant de se mettre à escalader difficilement le muret pour rejoindre sa sœur.
« Qu'est-ce que tu fais ? Retourne dormir.
—J'ai pas envie. Tu pars demain, je peux bien rester un peu avec toi, non ? »
Les yeux ambrés de la fille daignaient finalement se poser un court instant sur son frère. Il était si têtu que c'en était exaspérant pour elle et qu'elle en vint à se demander s'il ignorait le mur qu'elle dressait sans cesse entre eux ou s'il ne le voyait tout simplement pas. En gardant le silence en guise de réponse comme elle le faisait souvent lorsqu'elle ne voulait pas faire l'effort de répondre à demi-mot, Éphémère quittait son frère des yeux pour regarder à nouveau la ville et lui faire comprendre son indifférence, les plongeant tous les deux dans un calme que les bruits de la nature et de la ville comblaient paisiblement au loin. Une légère brise soufflait sur eux, c'est précisément pour cette raison qu'elle aimait se percher ici, un petit vent tiède caressant sa peau, le chant de Volucité dans ses oreilles et le calme le plus apaisant qui soit. Sans même être partie, elle savait déjà que cette ambiance allait lui manquer. Mais elle savait ce qu'elle devait faire et accomplir. Quand elle reviendra à Volucité dans quelques années, elle se dressera bien plus haut que ça, bien plus haut que n'importe quel Manderville.
« Tu sais, Éphémère... On était toujours ensemble avant. »
La voix de son frère la coupait dans sa projection du futur pour la ramener tout droit dans le passé. C'était pourtant la dernière chose qu'elle lui aurait demandé, d'évoquer ces souvenirs et lui faire se remémorer une époque où elle était naïve, heureuse et pleine d'amour envers sa famille qu'elle était sur le point de quitter. Mais ces quelques mots suffisaient à la replonger dans le passé contre son gré, comme éprise d'une mélancolie faisant remonter le temps jusqu'à une époque révolue. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Éphémère avait toujours vu son frère à ses côtés, de leur plus tendre enfance à vagabonder et jouer entre les murs de cette suite jusqu'à il y a quelques années. Étant de deux ans son aînée, elle et Éternel partageaient leur vie avant même qu'elle soit en âge d'avoir des souvenirs, et à cette époque, ni l'un ni l'autre ne connaissait les lourdes responsabilités qui pesaient sur les épaules de leur famille. Le nom des Manderville était connu de tout Volucité et grandement répandu à Unys et dans le monde, tant pour leur ascendance royale que pour l'empire que leurs ancêtres ont bâti pierre par pierre dans cette époque moderne qui leur a valut l'une des plus grande richesse qui soit. À la tête de plusieurs restaurants, bars et autres lieux touristiques pouvant prospérer en échange d'une partie de leurs revenus, leur plus grand source de richesse venait de l'illustre Casino Manderville que leur père dirigeait d'une main de maître et qui attirait les populations les plus aisées du monde dans le building qui lui était entièrement dédié. Si les deux enfants n'avaient aucune idée de la valeur de l'argent dans leur jeune âge et se contentaient de vivre dans le cadre utopique qui leur était offert sans se soucier d'où venait cette richesse, le poids de la renommée, de la puissance et des responsabilités qui vont avec ne tardèrent pas à se montrer à eux au fil des années grâce à l'éducation spéciale que leurs parents leur accordait. Ils préparaient leurs enfants à cette vie, à reprendre un jour leur succession et à diriger aussi bien qu'eux tout l'empire qui devait leur tomber dans les mains pour que le nom des Manderville soit pour toujours synonyme de puissance. De la direction du casino jusqu'au moindre petit loyer à récupérer tout en passant par les actions et les investissements, Éphémère et Éternel étaient plongés avec engouement dans ces études normalement bien trop complexes pour leur jeune âge. Les deux trouvaient pourtant du réconfort et de la force en la présence de l'autre, comme si rien de mauvais ne pourrait leur arriver tant qu'ils seraient ensembles, cette simple idée les rassurait dans le devoir et la vie majestueuse digne des plus grands rois qui les attendait. Des rois... C'est clairement ce que les Manderville semblaient être d'une certaine façon, et sans pour autant se plonger dans le péché de l'avarice, Éphémère avait hâte de devenir la reine de tout ça un jour ou l'autre. Après tout, ça leur était destiné, et il n'y avait rien de mal à être enthousiaste face à l'avenir glorieux qui les attendait. Ils apprenaient tout ensemble, se soutenaient mutuellement, s'entraînaient côte à côte et jouaient ensemble pendant tous leurs temps libres, à tel point que même si leurs parents ne devaient pas leur céder tout cet héritage avant des dizaines d'années, cette vie était déjà un rêve qu'Éphémère voulait voir perdurer éternellement. Tout était trop beau. Trop joyeux. Trop glorieux. Et les mots suivants de son frère la menaient tout droit au moment où tout a chamboulé alors qu'un autre silence s'était installé en l'absence de réponse de sa part.
« Je sais pas quand ça a commencé, mais j'arrive pas à savoir pourquoi tu me détestes tant maintenant. »
Ces mots eurent l'effet d'un coup de couteau planté directement dans le cœur d'Éphémère qui devait soudain se retenir de flancher. Malgré la rancœur qu'elle ressentait envers l'ensemble de sa famille, cette douleur lui fit comprendre qu'elle avait encore des sentiments au fond d'elle, des sentiments qu'elle ne devait pas exprimer ni laisser envahir ses émotions, car ceci reviendrait à accepter tout ce qui a fait grandir cette amertume en elle. Quand est-ce qu'elle avait commencé à détester son frère ? Ce jour remontant à plusieurs années en arrière où la réalité de ce monde rude et impitoyable lui a sauté à la gorge. L'adolescente se revoyait, haute comme trois pommes, adossée à une porte derrière laquelle la voix de son père venait de prononcer les mots sonnant son déclin.
« C'est toi qui reprendra le flambeau, Éternel.
—Moi ? Mais... Et Éphémère ?
—La fortune des Manderville m'a été transmise par mon père, qui l'a hérité de mon grand-père, lui même l'ayant hérité de son père et ainsi de suite. C'est ainsi que le nom doit perdurer. Éphémère, elle... Un jour elle quittera le cocon familial. Elle prendra le nom d'un autre pour étendre notre influence, mais elle ne peut pas prétendre à diriger l'avenir de notre famille. Est-ce que tu comprends ? »
À leur jeune âge, ni l'un ni l'autre ne comprenait réellement les enjeux de cette discussion, mais Éphémère comme Éternel comprenaient ce qu'ils entendaient. Le garçon faisait face à son père, la plus grande figure d'autorité qu'il ait connu, alors sa décision devait forcément être la bonne. Quant à la fille... Elle se voyait n'être qu'un outil bon qu'à être sacrifié pour agrandir le pouvoir de son frère. En un instant, ces mots l'avaient condamnée à n'être qu'un pion destiné à vivre dans l'ombre des Mandervilles. Elle n'était depuis le début qu'une personne de trop, qui aurait été la fille légitime que si aucune autre option ne s'était présentée à eux et qui n'aurait sûrement jamais vu le jour si Éternel était né le premier. Tout son monde s'écroulait aussi facilement alors qu'elle s'était mise à marcher lentement à travers la couloir, la tête basse et le cœur en morceaux. Quels que soient ses efforts, ses avantages et ses facilités dans tous les domaines, elle savait maintenant que tout ceci ne lui apporterait pas la moindre reconnaissance, et cette découverte s'apprêtait a chambouler sa relation vis-à-vis de sa famille. Éphémère ne montrait plus le moindre intérêt dans l'enseignement qui lui était offert, s'y détachant complètement en cessant de faire des efforts et d'étudier, ce qui marquait la fin de son entente avec son père. Des disputes et des conflits se déclenchaient sans cesse avec ce dernier à mesure que la fille joviale et souriante qu'elle était jusque là laissait place à une Éphémère impassible avec un regard glacial n'accordant plus d'importance aux affaires de la famille ni à la famille elle-même, à tel point que ses parents finirent par prendre la décision de l'inscrire à l'académie de Leiar dans un ultime espoir qu'elle bénéficie d'une assez bonne éducation pour ne pas ternir leur nom, tout en lui évitant d'avoir une mauvaise influence sur son frère. C'est aussi à ce moment qu'elle s'était éloignée de celui-ci, mais comment pourrait-elle lui dire tout ce qu'elle ressentait ? Toute la jalousie qu'elle ressentait à l'idée de rester l'éternelle seconde et de ne jamais jamais être reconnue à sa juste valeur ? Elle en était tout simplement incapable.
« Ça n'a aucune importance, Éternel, je ne reviendrais pas de toute façon. À partir de demain, tu seras le fils unique que tu aurais du être depuis le début. Comme ça papa pourra te préparer à reprendre le flambeau sans m'avoir dans les pattes.
—Tu comptes pas revenir ?..
—Pourquoi faire ? Il n'y en a que pour toi depuis le début, je suis pas vraiment une Manderville de toute façon. Je l'ai jamais été. Mais je deviendrais une reine à ma façon, je serais la dresseuse la plus puissante de tout Unys et je me dresserai bien plus haut que vous autres. »
Après tout, la simple présence de son frère lui avait déjà tout pris. L'amour de ses parents, leur reconnaissance, la renommée et la richesse... Mais depuis le début de sa courte vie, la plus grande hâte d'Éphémère était de devenir une reine. Et ce rêve était bien la dernière chose qu'elle les laisserait lui enlever, peu importe si les Mandervilles avaient fait d'elle une reine sans couronne, elle allait devenir plus forte que quiconque et conquérir son propre trône. Malgré que ses grandes ambitions soient nourries par des sentiments néfastes, cette fille pleine d'ambition se tenait à un sommet où elle n'avait pas sa place. Mais plutôt que de s'y résigner et descendre, elle visait un sommet bien plus élevé qu'elle allait dresser elle-même. Et aux côtés de toute l'aversion qui se dégageait d'Éphémère, Éternel et son aura d'innocence quittaient leur perchoir en regrettant que les deux années qui les séparent l'empêchent de comprendre ce que pouvait ressentir sa sœur. Mais son cœur à lui y voyait très clair alors qu'il s'arrêtait un instant pour s'adresser une dernière fois à elle avant de retourner dans son lit.
« Moi je suis bien content de ne pas être fils unique... Bonne nuit grande sœur. »
