« L’eau du Lac Corail est connu pour ses vertus uniques qui y attirent souvent des hordes de Pokémons aquatiques le temps d’une migration. C’est un lieu très calme en apparence mais sous la surface la vie pullule et y plonger vous donnera sans doute l’occasion de découvrir des spécimens très particuliers ou bien – qui sait – de déterrer un trésor. »
Je relisais ce petit bout de papier sur lequel un professeur ou un passant lambda avait griffonné ses impressions. J’étais tourmentée par la curiosité, le désir pointu de voir par moi-même ce que renfermaient les eaux miroitantes du lac. J’avais l’impression d’y voir un défi, une provocation nette de la part de ce sinistre inconnu qui me disait « Il y a des choses extraordinaires dans ce lac que personne n’a jamais pris la peine de découvrir. De quel côté te ranges-tu ? ». Je tapotais mes doigts sur mon bureau de façon régulière, mon nouveau tic. Il n’y avait pourtant pas besoin de réfléchir autant. Un carnet vide était posé comme un pauvre oublié soupirant de désarroi et je n’avais rien d’utile à faire pour occuper le septième jour de la semaine. Dimanche, jour d’exploration. Un petit sourire naquit sur mes lèvres et je me retournais sur ma chaise. La troupe était occupée à profiter des rayons du soleil qui filtrait par la fenêtre de l’alcôve, chacun se battant pour gagner un peu plus de soleil sur ma peau. Il n’y avait guère qu’Edouard pour être resté en retrait, sans doute bronzer était un plaisir auquel il ne pouvait plus goûter.
« Thor, Verseau, je vais faire des fouilles au Lac Corail. Vous m’accompagnez. »
Mon ton était impérieux claquant. Sur le crocodile l’effet fut presque immédiat, il se redressa lentement, s’étira, fit craquer sa musculature qui se développait de plus en plus. Cette nouveauté était d’après moi un signe précurseur de son évolution prochaine. J’avais hâte d’assisté au phénomène, mes carnets étant désormais plein à craquer de notes sur son stade actuel. L’Obalie pour sa part ne bougea pas d’un pouce, il eut même l’audace de feindre le sommeil en émettant un ronflement tout sauf crédible. Je le vais les yeux sur le plafond blanc en signe d’indignation.
« Tu t’occupes de lui Thor ? Verseau, si tu es incapable du moindre effort, je me débarrasserais de toi. »
Ces paroles froides qui tombaient comme des lames aiguisés firent frémirent l’ensemble de l’équipe. L’Obalie commença à couiner à grosses larmes produisant d’étranges sanglots d’enfant. Le lézard céruléen qui, en tant que supérieur physique, se sentait un peu responsable du sort de tous ces semblables dont je m’étais entichée, s’empressa de faire rouler le phoque par terre pour éviter de me contrarier plus. J’aimais bien le pouvoir que j’exercais ainsi. Je comprenais mal l’angoisse de mes compagnons à être de nouveau libre. Je trouvais au contraire mon raisonnement d’une grande justesse, si les buts que je poursuivais n’étaient pas les leurs autant qu’ils partent en quêtes d’autres objectifs.
Je marchais vite et nous atteignîmes rapidement le grand lac ridé. Le soleil matinal caché par quelques nuages duveteux s’y reflétait joliment et il y avait une brise fraîche qui hérissait ma peau de granules. J’aimais bien les frissons glaciaux qui parcouraient ma maigre silhouette à chaque bouffée d’air. C’était une confrontation physique qui se rapprochait un peu de celle que j’éprouvais sur la proue du ferry pendant les sorties capture. J’attrapais mon sac, il y avait à l’intérieur l’œuf découvert à Pâques. Quelques vibrations le long de sa coque m’avaient alertée et je ne m’en séparais plus. J’avais beau savoir après nombre d’études que l’œuf n’éclorait pas avant la fin du mois, je rechignais avec un entêtement ridicule de m’en défaire. Néanmoins, ce n’étais pas cela qui m’intéressait, je fouillais un peu les poches pour finalement sortir mon appareil photo. Je m’étais penchée sur l’objet en songeant à Cleve. Si la rousse était capable de tirer des trésors de quelques rouages et de son bon sens naturel, je devais aussi pouvoir détourner certains objets de leur utilisation première.
J’allumais l’engin qui s’alluma dans un bip joyeux qui me fit sursauter. Depuis que le Tutafeh avait pris l’habitude de s’en servir pour communiquer j’avais un peu de mal à croire que cet objet était « sain ». Je calais le zoom au maximum et depuis le rivage j’essayais d’apercevoir ce qu’il se passait de l’autre côté ainsi que la trace potentiel d’une créature située trop loin pour être visible à l’œil nu. Avant que je puisse seulement m’offusquer de l’image pixellisée de cette appareil sensé être à la pointe de la technologie je me ramassais par terre. Verseau et Thor dont la surveillance m’avait échappée. Le plan incliné en haut du quel nous étions situés avait donné de mauvaises idées au caïman qui avait balancé le lourd ballon qu’était son comparse dans la descente. Le corps de l’Obalie m’avait littéralement fauchée et je mangeais actuellement le gazon encore humide de rosée. Je me relevais désabusée pour constater que le phoque avait aussi écrasé un blondinet emporté par sa vitesse. J’étais partagée entre la compassion pour cet inconnu qui partageait mon infortune et la crainte qu’il s’agisse d’une petite nature qui allait vouloir ma poursuivre en justice. De haut du val, je braillais finalement.« T’arrives à te lever ? Excuse-le, il n’a pas encore bien conscience de son poids. »
J’essayais de sourire pour faire passer l’incident mais je savais que si le garçon m’en voulait, un sourire ne me sauverait pas.
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Il y a des rencontres qui vous enchantent, d’autres qui vous font déchanter, d’autres encore – la majorité en fait – qui vous indiffèrent. J’étais une grande habituées de la troisième catégorie. Ce me faisait rire amèrement de compter le nombre de personnes creuses et inutiles qui croisaient mon chemin. Je n’avais jamais ni l’envie, ni même la curiosité de m’intéresser à leur petite vie mielleuse ou miteuse. Je préférais mille fois ausculter le corps de l’un de leurs domestiques de poche ou bien me hisser sur un arbre insolemment droit face à la tempête qui redouble. Je préférais l’écorce aux embrassades dont certains étaient friands et les étrangetés du monde terrestre aux conversations complices. J’étais bien trop méprisante et confiante pour m’abaisser à leur niveau.
Ce garçon à l’allure trompeusement enfantine je n’osais pas émettre de jugement. Il avait jaillit comme un clown de sa boîte à la poursuite du bien précieux que le déséquilibre avait momentanément éjecté. L’essence de cet objet m’avait échappé, pas ce qui avait suivi. Sans une once d’hésitation, l’individu s’était dévêtu et même depuis le haut du vallon j’avais entendu le tintement de la boucle de sa ceinture et le textile qui retombait en tas près de lui. Ce genre de de chose m’aurait indifféré l’année précédente, je découvrais avec désarroi que ce n’était plus le cas. Comme lors de la plongée organisée par Roseverte, mes joues se teintèrent alors que mes yeux suivaient le corps sportif de l’infortuné. J’avalais ma salive, dégoûtée de moi-même. Etais-je une âme perverse ? Je repoussais cette question avec raideur. Il ne s’agissait que de cette abjecte croissance qui faisait germer des idées saugrenues sous mon crâne. C’était ce genre de questionnement qui me mènerait au chaos. En attendant le corps musclé avait disparu sous la surface. Mes pupilles s’étrécirent. Et s’il se noyait ? Pas que son sort me préoccupe, seulement être spectatrice d’un accident mortel me plongeait dans une abîme de trouble.
D’une nature trop curieuse, j’approchais. Je n’avais pas encore remarqué le petit rongeur tricolore qui servait d’acolyte au dresseur. Emolga, murmura une voix dans ma tête. Les ailes de peau de la créature détournèrent immédiatement mon attention. J’observais avec fébrilité la façon dont elles étaient tendues, telles des toiles larges que l’air pouvait gonfler pour permettre à l’écureuil de prendre de la hauteur. Thor avait lui aussi remarqué ce juteux encas et avait claqué sa grande bouche un peu trop près des grandes oreilles de l’animal à mon goût. J’émettais un étrange grondement venu du fond de ma gorge et le reptile céruléen se calma. Son appétit dévorant passé après mes directives, il avait fini par comprendre, fait qui - je ne me leurrais pas – relever du miracle. Il tourna brusquement sa grosse tête déformée par ses crocs démesurés. Le blondinet en remonta brutalement. Il était suffocant, il était épuisé. Dans ses bras, il y avait une coque lisse tacheté d’olive familière : un œuf. Mon cœur rata un battement. Je ne pouvais m’empêcher d’être toute déboussolée par l’idée que l’Obalie est mis en danger la vie de cette future créature d’exception par maladresse. Ça me rongea le creux de l’estomac comme cela m’arrivait parfois avant de rendre une copie que je savais imparfaite à Percy parce que je n’avais simplement pas pu détacher mon attention des complexes fractals de fils créés par le Statistik qui avait élu domicile dans son cours. Une sorte de manquement impardonnable que je ne parvenais à assumer totalement. Ca portait un nom suspicieux et révulsant, un sentiment lâche qui convenait bien aux âmes fragile : la culpabilité. J’en avais le nez froncé de désappointement.
Le garçon trouva refuge sur l’herbe tiédit par les rayons du soleil. Il inspirait et expirait fort, comme un Léopardus à la suite d’une course éprouvante. De mes prunelles cendrées je dévisageais tour à tour les gouttes qui ruisselaient sur sa peau halé et l’œuf tiède qui frémissait à côté. C’est le deuxième qui finit par capter toute mon attention. Je m’en approchais accroupie, tenaillée par l’angoisse de voir le miraculé s’enfuir. Il était frémissant, comme si la vie qui palpitait à l’intérieur avait failli s’éteindre pour toujours. Je scrutais avant de sortir d’un geste machinal mon carnet pour consigner. J’avais envie de toucher, de palper pour apprendre un peu plus mais l’idée que ce n’était pas le mien me retenait. Je n’avais pas le droit. De nouveau mes yeux de posèrent sur ma rencontre.
« Il va bien je pense. Verseau est vraiment incapable parfois, je comprendrais que tu m’en veuilles et que tu exiges un remboursement. »
J’essayais de capter ses grands iris d’un bleu angélique. C’était un effort de mettre ma fierté de côté mais le besoin de se débarrasser de l’encombrante culpabilité qui m’aurait poussé à n’importe quoi. Ou presque. L’Obalie, source de problématiques, choisit ce moment pour faire irruption. Il s’était mollement trainé dans la boue pour se rafraîchir et ne désirait rien d’autre qu’une sieste auprès de sa victime. Un mouvement d’humeur faillit me pousser à m’invectiver verbalement contre le phoque grassouillet. Seulement un détail me retint. Verseau ne portait pas une boue « classique » sur son corps, celle-là était verdâtre et pailletée. Mon esprit tourbillonna, de la vase ? Non, la vase n’adhérait pas ainsi. Perdu dans les abysses de ma réflexion, je ne m’apercevais pas que je pensais à voix haute :
« Mais où es-tu aller te fourrer ? C’est visqueux, c’est puant, c’est… C’est Princesse ! Non, non, voyons la Grotadmorv de Jauplin est mauve, cette boue est verte. Et tous ces petits éclats brillants d’où viennent-ils ? Un mélange ? Oui, Chypre, c’est une bonne piste… NON ATTENDS ! »
Les engrenages s’imbriquaient méthodiquement, les possibilités se multipliaient, s’annulaient. C’était un étrange cheminement qui absorbait entièrement mes capacités. Je me souvenais de l’homme près de moi et me taisais soudain, apeurée.
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J’étais trop curieuse pour rester immobile longtemps. Je prenais une moue refrognée au cas où l’idée serait venu au du blond de se moquer de mon baragouinage solitaire et faisais volte-face toujours accroupie. Loin d’attendre béatement près de moi, le garçon était allé prendre littéralement « un bol d’air ». Il avait libéré un imposant rapace d’acier dont la vue fit naître toute une myriade d’étoiles dans mes prunelles grises. J’observais le corps de l’atypique Pokémon. Une arme. Une arme qui avait pris vie sous la forme d’un oiseau, hérissant ses ailes des mêmes lames que celle des cutters. Sur son poitrail pas de failles, pas de chair tendre à lacérer, juste l’amure des antiques chevaliers. L’Airmure prenait un malin plaisir à gonfler le dernier habit d’Allen. Des rougeurs naquirent sur mon visage et je détournais le regard. L’idiotie de ma propre pudeur me faisait enrager, ce n’était qu’un corps, de la chair flasque, une ossature fine et une certaine musculature… Tsch ! Je secouais vivement la tête. Thor et Verseau s’étaient mis côte à côte pour ricaner comme les sots qu’ils étaient. Je reniflais avec mépris et faisais mine de me remettre à l’examen de l’Obalie. Ce dernier se laissait faire entrouvrant parfois sa grande gueule, que dis-je le gouffre qui lui servait à s’alimenter, pour bailler, m’exhalant les relents de son petit déjeuner. L’odeur de Rémoraid était si forte que je sentais des petites larmes salées perler au coin de mes yeux. Je me fis la promesse tacite de mettre le bestiau aux croquettes universelles dès le lendemain, même la science n’était pas une raison suffisante pour justifier cette haleine.
La boue… Oui, parce que c’était cela l’objet de ma réflexion – ou du moins celui choisi pour ne pas penser au jeune blond exhibitionniste. Sa substance gluante mais surtout son odeur m’intriguait. Mon odorat venait d’en prendre un coup à cause de Verseau mais la senteur si proche de celle de Princesse ne m’était pas sortie de l’esprit. Je tâtais la matière dont l’étrange consistance me remplissait de frissons dégoûtés. Parfois mon amour de la recherche me poussait à faire des choses contre nature. Je rapprochais ma dextre en partie enduite de vase de ma truffe pour essayer d’en capter la fragrance. Une voix masculine me fit sursauter et je me tartinais la boue verte sur le minois. Une horrible nausée monta dans ma gorge et un instant je crus que le yaourt ingéré allait se faire la malle. Je ravalais avec difficulté. J’étais devenue blême. La puanteur imprégnait très bien mes pauvres narines à présent. C’était violant et piquant, j’aurais pu comparer ce que je vivais à l’odeur d’un cadavre de Rattata en décomposition... en cent fois pire. Je restais plusieurs secondes blême à me questionner avec gravité sur ce qui risquait de se passer si je me gerbais dessus.
Du calme, il fallait penser à autre chose… Non ! Il fallait trouver un moyen de m’ôter cette horreur et cela le plus vite possible ! Thor qui commençait à savoir quoi faire et surtout quand, m’aspergea d’un Pistolet à O glacial. La violence de l’impact faillit m’assommer et je me retrouvais tremper en proie aux vents encore frais de cette fin de printemps. Tant pis j’étais propre. Le caïman était d’ailleurs assez fier de lui avec son sourire denté et ses bras croisaient en signe de victoire. Ou bien était-ce de la moquerie ? Hum… Je préférais ne pas le savoir. J’essuyais mon visage de mes mains constatant avec désarroi que j’avais perdu toutes capacités olfactives pour l’instant. Les priorités étant écarté je pu songeais à l’involontaire coupable du drame. Allen. Le fait était qu’il était debout et moi assise. Je me relevais pour pouvoir mieux lui faire face. Silencieusement je jaugeais la situation. Je mettais sur la balance la mort de son œuf et de l’autre côté les dommages que venait de subir mon nez pour une période encore indéterminée. Avec son visage innocentet ses tablettes de chocolat, je me voyais mal lui mettre une tarte avant de lui tourner le dos. Indécise, je mordais l’intérieur de mes joues. Mon esprit fulminait mais je ne parvenais à me résoudre. Je soupirais finalement avant de sourire. Je grelottais dans mes habits trempés à croire que les rôles s’étaient inversés.
Mieux valait en rire. Je n’avais pas envie de noircir la journée, ce pauvre garçon n’y était, après tout, pour rien – ou presque.
« Bon eh bien, on peut dire que nous sommes quittes je suppose. »
Je ne savais pas trop comment amorcé une conversation ou simplement lui faire comprendre que je préférais ne pas insister sur cette humiliation personnel. J’avais failli me vomir dessus et il en avait été témoin, rien de très glorieux pour une première impression. Sa question me revint à l’esprit et étant bien plus à l’aise quand il s’agissait d’exprimer le pourquoi du comment scientifique je retrouvais le ton huilé bien qu’un peu austère que j’avais lorsque je partageais mes découvertes.
« En fait, ce n’est pas de la vase. Ca pu trop fort pour ça. Il s’agit de matière organique. Je pense aux Tadmorv, sauf que les Tadmorv ne sont pas vert. Ils sont violets. Si tu suis mon raisonnement, une hypothèse permettrait d’expliquer cela. Il pourrait s’agir d’un authentique Tadmorv, ou Grotadmorv, chromatique. »
Un brin d’excitation m’avait gagnée en prononçant ma dernière phrase. La passion de la découverte s’était allumée en moi. J’en avais des fourmis dans les jambes et qu’importe si je devais être poursuivie par un rhume dans les prochains jours. Le Kaiminus s’était approché de mes pieds captant dans mon intonation l’entrain qui précédait mes recherches. J’en oubliais d’être désagréable et lorgnais l’inconnu comme un allié potentiel dans cette quête. Un acolyte impromptu que le hasard avait mis sur mon chemin, ou plutôt sur celui de Verseau. Le phoque qui ne perdait pas un instant pour reprendre ses forces, s’octroyait à présent une micro sieste.
« Je suis Chypre Hamilton, enchantée. Je suis Scientifique, ou du moins je le serai bientôt. Je peux t’apporter mon aide pour dénicher un trésor sous le lac et en échange tu m’aiderais à retrouver la trace de la créature qui sécrète cette substance. Qu’en dis-tu ? »
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Allen… Ce nom me disait quelque chose. Il était fort possible que ce patronyme est traîné dans l’une des célébrissimes gazettes d’Ezra – un bout de temps que l’IA n’avait pas frappé d’ailleurs, peut-être était-elle panne d’inspiration ? Je toisais le blond d’un œil nouveau. On n’atterrissait pas dans la presse de la Reine des Potins sans raison, il fallait être sujet au scandale. Etait-il possible que le garçon me cache quelque chose de gros et si s’était le cas devais-je m’en inquiétais ? La méfiance était une seconde nature pour moi. J’avais le don de m’hérisser d’épines invisibles qui me rendaient aussi attractives qu’un Grindur. Par égard pour la proposition que je venais de faire et puis parce que je n’avais pas de doute sur la capacité de Thor à me protéger, je tentais de ne pas me formaliser. Le dresseur retira son T-shirt, j’avalais ma salive. Quand il me tendit je restais pantoise, d’abord incapable de faire le lien entre le fait que j’étais trempée jusqu’aux os et le vêtement offert. Je m’assénais mentalement un claque, secouait la tête et m’emparais du haut. C’était très gentil de sa part bien qu’un sentiment de perversion effroyable me parcourut lorsque j’épongeais mon visage avec le tissu. L’odeur masculine très forte me mettait mal à l’aise et j’aurais donné ma fortune en jetons pour être à des lieux.
Le Noctali était d’accord pour m’aider bien qu’il sembla lui manquer tout un vocabulaire scientifique. Tant pis je serais seule à m’extasier sur « le truc ». Il se retourna. Il n’avait plus envie de me parler ? Sotte ! Non, il s’attend juste à ce que tu enfiles son T-shirt pour que vous partiez ! Etrange quand même, je tolérais assez bien le vent surtout que le soleil aurait eu tôt fait de me sécher. Ca me turlupinait comme détail. Mais je n’avais pas vraiment l’habitude d’être objet de tant d’attention. Mal à l’aise je me décidais à obtempérer et après mettre moi-même mise dos à lui je défaisais la chemise que je portais pour enfiler l’habit d’Allen. La senteur entêtante du garçon colorait mais joues comme s’il me fixait. Je n’avais pas de raison de jouer les prudes pourtant après mon plongeon en mer lors du cours scientifique. La sensation de la fibre sec sur mon épiderme était agréable, je retrouvais immédiatement un peu de confort. Après quelques hésitations, j’ôtais aussi mon pantalon, le t-shirt du blond m’arrivait à mi-cuisses. J’avais déjà porté des tenues similaires en été, rien de vulgaire, du moins je l’espérais – et puis il n’était pas franchement habillé non plus. Quelle idée de se balader torse nu dans les jardins de l’académie, j’étais presque certaine que si Jackie ou un Directeur nous tombait dessus, nous étions bons pour quelques explications.
L’élève fit une blague que je ne compris pas et à en voir ses yeux pensifs, je préférais ne pas la comprendre. Ainsi nous commencerions par la quête du Tadmorv chromatique ? J’étais déçue, j’aurais bien trouvé un objet rapidement et ensuite je me serais consacré jusqu’au couvre-feu à ma future formidable découverte. Le seul avantage que je tirais à chercher maintenant c’est que les traces étaient encore fraîches. Thor rota. Un son guttural accompagnait d’une odeur probablement nauséabonde – je n’avais recouvert l’odorat. Je soupirais et sortais mon Ipok. La précieuse machine clignotait depuis une bonne minute. Batterie faible. Génial. Cela m’apprendrait à me précipiter pour trouver un trésor « génial ».
« Mon nez n’étant plus tout à fait en état, il va falloir se fier à Verseau, je claquais la langue pour interpeller la créature qui ronflait avachi sur mon pied, Verseau ? Verseau ! Je te somme de nous emmener là où tu as trouvé cette boue. »
Le phoque roy plongea dans mes yeux cendrés ses billes noires d’ignorance. Je crois qu’un bref instant je percevais l’étendue de son imbécilité et de son indifférence. Une vision effrayante que je rangeais mentalement dans l’étude que je menais sur lui et son espèce. Je refermais mes paupières et croisait les bras. La sensation du coton étranger me fit rougir, j’avais bien du mal à ne pas songer au sportif qui était mon partenaire pour les prochaines heures. Se déshabiller deux fois lors d’une première rencontre ce n’était pas bizarre lors d’une première rencontre ? Deux possibilité, soit j’avais à faire à un personnage pas tout à fait net, soit mon exil social – volontaire – m’avait définitivement éloigné de ce que pouvait être une attitude « normale » chez mes congénères. Je regrettais presque de ne pas avoir une… amie ? copine, connaissances, simple passante enfin peu importe le nom qu’on lui donnait, pour calquer mes réactions sur les siennes. Je ne voulais pas passer pour coincée ou excentrique alors j’essayais de ne pas montrer mon trouble ou simplement ma méfiance farouche.
Il nous fallait un plan pour trouver le sécréteur de boue – qui avec cette couleur ressemblait plus à de la morve, mais passons. J’arrachais un bâton de la gueule de Thor qui pour faire passer le temps se faisait les crocs sur tous ce qui n’étais pas vivant. Sur le rivage qui était fait d’un banc de sable terreux je traçais un premier cercle et un seconde immense à côté.
« Le petit cercle c’est nous et le grand c’est le lac, si on veut trouver d’où vient la boue il faut réfléchir logiquement, en roulant Verseau n’a pas pu aller très loin, surtout qu’il ne s’est pas absenté très longtemps. »
Je dessinais encore un cercle en pointillais qui représentait le périmètre maximum où l’Obalie avait pu aller.
« Il n’a pas dû aller dans l’eau parce que sinon il n’aurait plus de boue sur lui.»
J’hachurais le périmètre qui était dans le lac, inutile de fouiller par là.
« Bon et bien ça diminue déjà le domaine où peut se planquer notre cible. Tu veux qu’on se sépare pour chercher ou on reste ensemble ? »
Je levais vers lui un regard interrogateur.
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Véritable effeuilleur de son époque, Allen semblait avoir l’étrange habitude de se vêtir et de se dévêtir. C’était peut-être normal. Peut-être me posais-je simplement les mauvaises questions. Un titan de fer lévitait au-dessus de sol comme s’il ne pesait guère plus qu’un Baudrive ou même l’Emolga du blond. La puissance psychique nécessaire à cet exploit m’intriguait, je dévisageais le dénommé « Celty » avec curiosité, cette peau de métal bleu. Encore une armure parfaite gardée par une pierre d’yeux vermillon neutres, sans doute n’était-ce pas un hasard. Après avoir recouvert son corps d’un nouvel habit – cela suscita un soulagement mêlé de déception chez moi – Allen m’exposa son avis avec l’assurance d’un garçon qui a retrouvé ses moyens. J’étais assez d’accord avec lui d’autant qu’avec l’équipe dont il me révélait petit à petit les membres trouver ce que nous cherchions ne me prendrais pas très longtemps. A cette pensée un sourire enjoué naquit sur mes lippes. La joie enfantine d’une découverte majeure faisait fourmiller mes doigts, je gribouillais n’importe quoi sur mon carnet pour faire passer mon impatience.
L’Apollon blond s’effaça immédiatement de mes idées et je n’eus plus le cœur qu’à ma recherche. Bien sûr je ne m’éloignais pas trop et je devais parfois me faire violence pour ne pas loucher sur sa silhouette au cas où il aurait encore idée de s’asperger. Mais j’avais récupéré une bonne partie de ma motivation et j’étais la plupart du temps accroupie sur le sol, occupée à tâter la berge en quête de l’empreinte humide de la créature ou d’une flaque de morve puante. Thor que cette activité semblait hautement ennuyé s’amusait à déraciner les roseaux et à reluquer l’appétissant rongeur de mon partenaire de fouille. C’était drôle à observait, je taisais donc une menace, curieuse de savoir si oui ou non le caïman céderait à son tempérament de goulafre. L’Obalie, seul indice tangible que je possédai alors, avait décidé de profiter du soleil et de mon manque de sollicitation pour s’octroyer un repos qu’il estimait sans doute bien mérité. De mon côté je poursuivais avec la minutie patiente d’une chercheuse songeant – en autre – à un certain jeune homme qui s’avérait aimable en plus d’être bien bâti. C’était plutôt courageux de sa part de s’embarquer là-dedans avec moi, lui qui devait se moquer de cette boue répugnante comme de son premier Poffin.
Sa voix suivit d’un cri et d’un exécrable bruit de succion spongieux à quelques mètres de moi. Je me retournais avec empressement, apeurée à l’idée qu’un danger nous guette tous ou qu’il ait été dévoré par la bête qui sécrétait la vase. Je ne voyais d’abord rien ce qui fit redouble mon inquiétude, dans le vallon nue qui bordait le lac on ne pouvait pas disparaitre ainsi ! J’angoissais pour mon acolyte bien que je ne l’aurais pas reconnu pour la collection complète de « L’Etude Pokémon » par Chen. Je cherchais avidement un signe de sa présence du regard. J’inspirais de soulagement. Une tête blonde que j’avais d’abord prise pour un surprenant pissenlit mutant émergeait du sol. A la vue de la grimace d’horreur totale du malheureux garçon et de la giclée de jus vert sur sa joue, je devinais le scénario. Et j’éclatais de rire. Un rire pur, pas cristallin et féminin comme mes camarades de dortoir, non un rire sauvage et pas discret pour un sous. J’avais les joues cramoisies de honte, mais c’était plus fort que moi. Ca me faisait mal au ventre tellement je riais. Chaque fois que j’essayais de m’arrêter l’image de la moue d’Allen me revenait en tête et je repartais dans un nouvel éclat. Le garçon avait déjà sauté dans l’eau mais je ne voyais pas très bien car des larmes bouchaient ma vue.
Il me fallut de très longues minutes pour retrouver un peu de calme. Thor et Verseau s’étaient approchés, à la fois consternés et inquiets. Les deux semblaient se questionner du regard sur la meilleure initiative à prendre dans ce genre de circonstance. Je reprenais péniblement mon souffle allongée par terre. Je tournais en direction du lac où pataugeais Allen me mordant les lèvres pour ne pas de nouveau exploser en bruits cassants. Depuis combien de temps n’avais-je pas ris ainsi ? Depuis combien d’années exactement la salve ne s’était pas soulevée ? Je virais au rouge en voyant que tous les vêtements du blond flottaient à présent autour de lui. Je faisais volte-face avec pudeur envahit par une gêne bien naturelle. Qu’il soit torse nu passait encore mais je ne tenais pas plus que ça à m’enrichir sur l’anatomie masculine. Les joues rouges de confusion – ou d’avoir trop ri, allez savoir – je bégayais assez fort pour être entendue.« Je… Tu… Je reste comme ça le temps que tu te rhabilles, hein. »
L’image de sa tête au ras du sol me revint, j’étouffais un gloussement en appuyant ma main sur ma bouche. Le phoque azur vint frapper dans ses nageoires face à moi. Il avait l’air sensible à mon amusement et manifesté cela à renfort de grands applaudissements. J’ignorais si ces acclamations m’étaient destinées à moi ou au blond malchanceux mais c’était rare que Verseau bouge de façon volontaire. Mon regard s’adoucit, l’Obalie appréciait sans doute le numéro que nous jouait Allen. Un claquement suivit d’un couinement se fit entendre. Thor satisfait de voir que tout le monde était en vie était revenue à sa préoccupation première. La tentation avait eu raison de lui et il courait comme un dératé après le pauvre écureuil sa gueule pleine de dents pointues s’ouvrait et se fermait comme dans le célèbre jeu de PAC man. Sur ce terrain à découvert, l’écureuil n’avait pas d’abri sur lequel se percher. La scène élargit mon sourire, je glissais à l’intention du crocodile d’une voix qui se voulait de bon conseil :« Tu devrais faire plus attention Thor, il suffirait d’une décharge et tu serais au tapis ou pas loin. »
Le Kaiminus ignora superbement mon conseil, à ses risques et périls.
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Thor vacilla sous l’impact avant de retomber sur l’arrière-train. Il eut un regard amer à l’attention du jeune rongeur qui décampait en direction du bagage d’Allen. Un long drap de bain en fut tirer et amener à son propriétaire. Vêtu du linge ainsi nouer à sa taille le jeune homme sortit de l’eau violine. Je souriais, pensive pendant qu’il sortait de nouveaux des vêtements de son sac. Combien avait-il de tenues de rechange exactement ? Peut-être m’étais-je trompée sur sa vocation, et s’il était coordinateur ? Je l’imaginais habillé d’un des extravagants costards mauves à froufrous d’Hearnett et étouffait un rire nerveux. J’avais bien vu ses yeux qui me foudroyaient un peu plus tôt et n’avais pas envie de le vexer plus qu’il ne l’était déjà. Sa voix bourrue et contrariée me fit sursauter. Heureusement je n’ai rien à m’étaler sur le visage cette fois. Il était dans mon dos, habillé tout de noir comme les dépressifs qui se piquaient sous les ponts je Joliberges mais je ne me serais pas permise de faire le rapprochement en sa présence. D’autant que ses fringues semblaient faites d’un textile coûteux, c’est vrai que je ne m’étais jusqu’alors pas vraiment préoccupée de sa classe social. Sans doute était-ce un détail sans véritable importance.
Oui, la recherche. Aussitôt mes prunelles acier brillèrent. Les indices passèrent dans ma tête formant un puzzle dont la dernière pièce se trouvait dans ma main prêtre à compléter l’assemblage. Le blond s’était perché sur la tête de son Métang. J’eus un regard admiratif pour le blindé qui lévitait sans peine malgré le poids supplémentaire de son maître. Mes doigts fourmillaient, j’avais l’envie irrésistible de le noter quelque part mais une sorte de pudeur scientifique m’interdisait de le faire en la présence de mon acolyte. D’autant que le mystère de la vase était sur le point de prendre fin. Pas de temps à gaspiller en études superflues donc. Je sifflais Thor et Verseau, le premier arriva sans tarder, le pas encore un peu chancelant et pas franchement enjoué à cause de l'Emolga d'Allen. L’autre resta absent, je soupirais tout en me promettant de le corriger une fois rentré.« Nettoie à grandes eaux Thor je te prie. »
Ce dernier ne se fit pas prier et avec la même puissance que pour me laver de l’abjecte matière il projeta sur le trou un jet d’eau clair. La boue éclaboussa les alentours et je frémis en voyant quelques gouttelettes passaient près de mon visage. Une chance inhabituelle m’épargna néanmoins le devoir de prendre une seconde douche et j’espérais qu’il en fut de même pour le Wills. Toujours aussi poisseuse et puante, l’entrée avait quand même retrouvait une apparence digne de ce nom. Une flaque verdâtre polluait le couloir mais je me résignais à y mettre les pieds. Pas de bottes, pas de pitié. Pénétrer la bouche souterraine fut comme passer une porte invisible vers un autre monde. Un monde étroit où l’odeur donnait nausées et migraines, un monde où la lumière n’existait pas, un monde où seul le bruit de la caverne qui transpirait résonnait. La moiteur m’oppressait, comme une main posée sur ma gorge et je clignais des yeux plusieurs fois, mal assurée. L’étrange gargouillement-rugissement du Kaiminus à mes pieds m’informa qu’il était temps de mettre un pied devant l’autre. Pas convaincue, je me retournais vers la lumière diurne.« Tu… Tu pourrais demandais à Ancy d’éclairer s’il-te-plaît ? Et… Non, rien en fait. »
Et m’accompagner. J’aurais pu le dire, si un orgueil de petite fille ne m’avait pas contraint à cadenasser cette idée au fond de ma boîte à sentiments. J’avais treize ans. Le dire me rendait encore plus jeune que je ne l’étais, mais j’avais besoin de faire semblant d’être déjà extrêmement grande du haut de ces treize bougies soufflées. C’était cela, une demoiselle mature et sans peur. Ce modèle auquel j'aspirais toute entière me donne du courage. Mon cœur se gonfla à cette idée et je m’engouffrais dans les ténèbres. Omis les murs trop proches de ma silhouette, la voûte trop basse et ma respiration que j’entendais en écho, je fus rapidement exaspérée par la longueur du tunnel. Je progressais assez lentement, frémissant d’horreur au bruit spongieux de mes pieds restaient nus dans la vase mélangée à l’eau et hoquetant quand Thor faisait glisser sa peau écailleuse entre mes mollets. Abruti. La colère que provoquait son effronterie avait au moins le mérite de me faire oublier à quel point je détestais ce piège boueux et malsain qui semblait se refermer autour de moi. Mon pied s’enfonça dans une matière froide et gluante et je rugissais avec révolte.« Thor arrête ça immédiatement ! Je vais te noyer dans cette horreur si tu persistes.
_ Kai ? »
Le cri interrogateur venait de derrière moi. Mes sourcils se froncèrent, si le caïman n’était pas à l’origine du truc dans lequel je venais de poser, alors… Je reculais brusquement en arrière saisie d’effroi. Inévitablement je butais contre le corps de mon compatriote aqueux et tombais dans la flaque polluée. La luminosité réduite ne me permettait pas de voir qui était mon agresseur. J’avais pourtant l’intime conviction que je venais de mettre « le pied » sur le mystérieux chromatique. Où était Allen ? L’avais-je dépassé en voulant faire cavalière seule ou bien était-il resté à l’entrée ? Je me prenais à espérer qu’il m’est suivi dans un élan gentleman. D’autant que la chose répugnante et informe semblait se réveiller d’un lourd sommeil j’entendais – ou plutôt sentait – un bâillement profond. Je barrais mes lèvres à deux mains et sentais la gerbe acide refluer. Ignoble. Ce geste avait pourtant sauvé ma dignité… aux yeux de personne. Le ricanement facétieux du crocodile céruléen ricocha près de mon oreille pour me contredire.
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Je me sentais gagnée par une terreur fascinée en devinant l’immonde créature que j’étais venue déranger au cœur de son antre. Vivait-elle seule en recluse à cause de sa pigmentation particulière ? Etait-ce un isolement volontaire pour se cacher des chasseurs de chromatiques qui polluaient tous les continents ou bien ceux de son espèce l’avait rejeté avec horreur ? Je fixais la masse verte et informe que mes yeux habitués à l’obscurité parvenait à discerner, je scrutais, dévisageais, comme une enfant particulièrement malpolie aurait pu regarder sans gêne un handicapé. Une nausée violente me tourmentait, la puanteur endormait ma tête, je me sentais tombée.
Deux paumes chaudes encadrèrent ma taille, me soulevèrent avec un mélange d’aisance et de brusquerie de la vase toxique. Mon cœur rata un battement au contact tout à fait étranger. Erreur. Ce ne pouvait-être qu’Allen, il devait m’avoir suivie. Mon esprit réprima une pensée joyeuse à ce constat. Il n’y avait pas de temps à perdre. Sa lampe torche éclairée brutalement ma découverte à présent. Il s’agissait effectivement d’un Grotadmorv reconnaissable au premier coup d’œil avec le relief que dessinaient les différentes couches de boue sur son corps. Son corps vert. Vert comme le gazon entretenu du jardinier Forest. Vert comme une de ses fioles ultra-chimique indécemment exposé par mademoiselle Jauplin au fond de la salle de bio. Vert comme le poison et les colorants artificiels. Avant d’être emportait par l’élan du blond dont les yeux larmoyant ne cherchaient qu’une échappatoire à cette dangereuse confrontation, je fixais une dernière l’air sincèrement ahuri de la bête.
Le blond ne réfléchit guère longtemps, il escalada ma précieuse et bien vivante trouvaille scientifique et laissa la caverne nous engloutir. Son pas était celui d’un athlète rompu. Je rougissais à l’idée qu’il me trouva lourde et empotée ainsi perchée sur son épaule. Sa course ne ralentissait pas. Je regardais le corps kaki disparaître dans l’obscurité, la bouche tordue dans une grimace frustrée. Je pensais à toutes les études complémentaires que j’aurais pu faire et un vif désarroi me gagner. L’Ipok coinçait entre les dents du Wills ainsi que l’intense regard qu’il me lançait me troublèrent une bonne dizaine de secondes avant que je comprenne qu’il voulait simplement que je récupère sa console. Je m’exécutais et comme il n’avait pas l’air décidé à me lâcher me promenait un peu dans le menu de l’objet. Ouvrant quelques dossiers concernant ses Pokémons, sa t-card, je bravais même la politesse en ouvrant plusieurs de ses mails. J’apprenais qu’il était riche, et bim un point pour moi. J’apprenais aussi qu’il avait le contact facile à la vue de la longueur de son répertoire. Pour une raison que je refusais de comprendre ce deuxième constat m’offusqua, je me sentais tout de suite beaucoup moins unique et intéressante. Si seulement j’avais eu de quoi donner le change avec un liste de prénoms aussi importante encore… Notre traversée était loin d’être directe, nous prenions virage sur virage et ajouté à l’odeur pestilentielle dont l’air empestait, j’avais bien du mal à ravaler mes hauts le cœur. Un instant de flottement plus tard, je voyais mon porteur perdre pied dans une trouée vertigineuse. J’hurlais à plain poumon en sentant la situation échappée complétement à mon contrôle, la boue nous faisait glisser à toute allure et je m’agrippais fermement au pauvre Allen. Dans mon dos j’entendais le rire insouciant de Thor qui semblait se moquer de l’aspect hideux de la vase. Un violent splash et une pensée émue pour le fessier d’Allen qui venait de réceptionner quarante-et-un kilo de d’os en plus de son propre poids et nous avion atterri. J’éclairais les lieux, muette d’admiration. Tout était clair et brillant. De la paroi brune jaillissait des bouquets de cristaux améthyste et c’était magique. Un lac rosâtre était illuminé par la lumière pâle que dégager les rangées de pierres précieuses. Le temps s’était arrêté. Je murmurais du bout des lèvres « Oui ». Je ne remarquais même pas que le riche héritier m’avait reposée par terre, trop occupée à détailler les aspérités scintillantes de cette trappe secrète que nous avions découverte. La limpidité de l’eau me fascinait, j’étais happée par la clarté souligné par les cristaux évanescents dont le bassin était truffé.
Le crocodile bleu furetait depuis longtemps dans l’eau, s’imprégnant avec délice de la qualité de l’environnement. Je vis arrivait sa silhouette prédatrice et devinais le sourire béat dessiné sur sa gueule d’ange. Gueule qui semblait renfermait un présent…
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