Découverte & interrogations
Chiho Lime
Le désespoir, drôle de sentiment que l’on pouvait ressentir. J’étais en ce moment même en train de l’expérimenter, Niji tapotant doucement sur ma tête pour me réconforter. Elle, elle comprenait mon désarroi, le fait de ne pas obtenir ce que l’on veut. Marmonnant des propos inaudibles pour les autres, j’évacuais ma déception du mieux que je pouvais, réfléchissant en même temps au type de livre que je devrais prendre pour enfin trouver mon bonheur. C’était si compliqué que ça que de trouver un livre ? Dans une bibliothèque aussi remplie, oui. L’idée de demander à la bibliothécaire me traversa vaguement l’esprit, avant que je ne la chasse d’une main. L’idée était bonne, c’était certain, mais cette femme avait un air un peu trop sévère pour mon petit être plein de timidité. Stupide comportement qui avait changé en arrivant ici. C’était plutôt ironique que de se traiter indirectement de stupide.
Fermant les yeux un court instant, cherchant à faire le vide dans ma tête, une petite tape sur l’épaule me surpris légèrement. Relevant la tête, je regardais la fille avec incompréhension, laissant le temps à mon cerveau d’analyser ce qu’elle disait. Analyse qui ne dura guère que quelques secondes, un sourire se formant sur mon visage ensuite. Si c’était elle qui avait ce livre, tout s’expliquait. Et je n’aurais pas à la rechercher pendant des heures non plus. Curieuse, je la regardais glisser son livre vers moi, observant les pages qu’elle tournait. Des œufs, il y en avait tout un tas, mais comment être tout à fait certain que le mien serait dedans ? Il fallait croire en la chance sur ce coup-là.
Je m’étais totalement redressée, mon regard ne quittant plus cet ouvrage des yeux, de peur de louper ma page. Oui, ma page, celle que je rêvais de trouver. Celle de mon œuf. Niji s’était approchée discrètement, jetant un rapide coup d’œil au livre, s’asseyant sur celui que j’avais abandonné. Au diable ces manuels inutiles ! Mes espoirs étaient maintenant portés sur le livre de cette fille. Des espoirs qui ne furent pas déçus.
Après quelques instants me semblant être une éternité, l’inconnue tiqua sur une image, tandis que mon regard se portait de celle-ci à mon œuf. Identique, ils étaient identiques. L’envie de sauter, de crier ma joie d’avoir enfin trouvé, de remercier chaleureusement cette inconnue me saisit, mais je fis en sorte de rester zen, d’exulter intérieurement. Se faire virer maintenant n’était pas mon objectif, loin de là. Fière de cette trouvaille, je ne tiquais pas tout de suite sur le nom du pokémon, ma partenaire du jour me faisant revenir sur terre ensuite. Un bébé Soporifik ? Ce n’était pas aussi intéressant que ce que je pensais, mais c’était plutôt pas mal. Enfin, je crois. A vrai dire, je ne connaissais pas vraiment ce pokémon. Ne cherchant pas plus pour le moment, j’adressais un sourire rempli de joie à l’inconnue.
« Merci de ton aide, merci beaucoup ! Et ne t’en fais pas, tu n’as pas à t’excuser de t’emballer tu sais. En tout cas, c’était très gentil à toi de m’aider ! »
Je le pensais sincèrement. Sans cette fille, je n’aurais pas eu la chance de trouver à quoi correspondait mon œuf. Maintenant, même si je connaissais son espèce, il fallait que je me renseigne sur celle-ci, pour savoir si une cohabitation serait possible. Reprenant le livre que je feuilletais avant, je tournais les pages distraitement, tournant la tête vers la jeune fille ensuite.
« Tu faisais aussi des recherches sur les œufs, donc tu as aussi participé à la chasse aux œufs de Melty Potts ? J’ai cru ne jamais en trouver un ce jour-là, tellement tout le monde courrait partout. C’était un peu noël avant l’heure. »
Un nouveau sourire s’afficha sur mon visage. Cette journée avait été l’une des meilleures depuis mon arrivée dans cette académie. C’était un souvenir impérissable. Continuant de tourner les pages, écoutant tout de même ce qu’elle pourrait répondre, je cherchais une description de ce Soporifik, jusqu’à ce que je tombe sur la bonne. Soporifik a une mauvaise manie, qu'il ne perd jamais même apprivoisé : il mange les rêves des hommes, il ne peut pas s'en empêcher. S'il mange un cauchemar, il tombe malade. Quand il a faim, il n'attend pas de trouver une victime endormie : il s'en charge lui-même en l'hypnotisant. Mon regard se porta immédiatement sur Niji. Un mangeur de rêve, c’était un coup à l’effrayer. Me mordant la lèvre inférieure légèrement, je me mis à réfléchir à toute vitesse. Perdre un pokémon serait fâcheux, surtout à mes débuts. Certes, la sortie capture m’avait permise de capturer une Scarhino, mais l’idée de me séparer de ce petit être me troublait. Est-ce que ce serait être une mauvaise personne ? Il y avait pire que moi, mais bien mieux. Le sort de ce petit pokémon pas encore naît était une sorte de dilemme.
« Ça va pas du tout cette histoire, je vais faire quoi de lui ? »
Un murmure, une question à moi-même. Avoir la surprise de la contenance d’un œuf, ce n’était pas la meilleure chose, loin de là. Peut-être est-ce que je pourrais trouver quelqu’un pour lui, après tout il n’avait rien demandé à personne, le pauvre. Dilemme, quand tu nous tiens.