J’étais dans la cafétéria. Oui, je sais que vous vous posez des questions. Après tout, le sujet est dans la sous-catégorie de la bibliothèque alors que pouvais-je bien ficher ailleurs? C’est une interrogation tout à fait légitime, mais ce serait quand même sympathique de me laisser m’expliquer avant de me couper la parole avec toutes vos questions! Donc, je peux reprendre maintenant? C’est pas qu’on a un délai à respecter, mais c’est un peu le cas et mes coéquipiers m’attendent là. Alors comme je disais, j’étais à la cafétéria, soit l’endroit qui me semblait le plus approprié pour faire des essais de cuisine. Je m’explique. Ma participation avait été requise pour une mission et pas n’importe laquelle. Je devrais, avec deux autres étudiants, surveiller ce qui se passait durant la nuit dans la bibliothèque afin d’épingler un voleur de livres et donc, qui dit monter la garde dit nécessité de rester éveillé. Et je sais pas pour vous, mais rester éveillée à ne rien faire durant des heures, dans un environnement noir, c’est un plan pour que je m’endorme avant de trouver comment épeler Ouisticram. J’avais donc décidé de nous apporter de quoi nous occuper et, personnellement, il n’y avait rien pour lutter contre le sommeil comme un petit goûter nocturne. Pour être tout ce qu’il y a de plus santé, je nous avais donc trouvé des bouteilles d’eau, un peu de fromage, des craquelins et de quoi faire une somptueuse salade. J’y avais mis, évidemment, de la salade, de la vinaigrette maison, des morceaux d’orange (on dit que les agrumes aident à rester éveillé), un peu de sel, des morceaux de pains grillés pour remplacer les croutons et plusieurs autres ingrédients choisi aléatoirement ainsi qu’une ou deux épices trouvées au hasard. Je mélangeais le tout avec enthousiasme et Snivy, qui avait suivi tous mes faits et gestes, sembla reculer d’un pas à la vue et à l’odeur de mon plat. C’est qu’il était difficile ce petit Pokémon capricieux! Ce n’était pas en faisant la fine bouche qu’il allait développer son sens du goût.
J’ai enfin terminé! Veux-tu y goûter avec moi, Snivy?
Le Pokémon plante me tourna le dos et couru jusqu’à sa Pokéball afin d’y retourner, devant mon regard surpris. Je soupirai, un peu déçue quand même. J’aurais aimé qu’il donne une chance à ma cuisine. En fait peut-être qu’il aurait aimé le résultat, mais je ne le saurais jamais puisqu’il ne comptait pas goûter de si tôt. J’espérais que le prochain Pokémon dont je ferais l’acquisition ne serait pas aussi sélectif. Je ne pourrais jamais m’améliorer s’il n’y avait personne pour goûter et me dire ce que je devais améliorer. Mais bref, en attendant je pouvais toujours en manger moi-même et essayer d’ajuster le tout pour que ce soit à mon goût, n’est-ce pas? C’est donc pleine d’espoir que je me fis un petit bol de salade et que j’agrippai ma fourchette afin d’en prendre une bouchée, enthousiaste à l’idée de me régaler. Malheureusement…
Heeeeeerh!
J’avalai ma bouchée de travers devant son goût affreux, manquai de peu de m’étouffer avec ma salade et me jetai sur ma bouteille d’eau afin de l’engloutir, essayant autant que possible de me débarrasser de ce goût affreux. Mes yeux en pleuraient tout seul et, avec regret, je dois avouer que c’était un véritable massacre culinaire. Jamais je ne pourrais donner ça à des gens que je rencontrais à peine, c’était une idée pour qu’ils pensent que j’essayais de les empoisonner. C’est donc tristement que je jetai mon plat à la poubelle, remerciant néanmoins la dame de la cafétéria de m’avoir laissé emprunter quelques ingrédients qui me faisaient défaut. Il semblerait donc que je n’aurais que des bouteilles d’eau, des craquelins et du fromage à leur offrir. Bon, c’était mieux que rien, mais j’étais un peu déçue quand même.
Bref, il était temps de retourner à ma chambre afin de prendre les derniers effets dont j’avais besoin. Le soleil était presque couché et notre garde commencerait sous peu. « Pour cette nuit et toutes les nuits à venir! » me dis-je en souriant alors que je gagnai le dortoir des Mentali, en référence à un livre que j’aimais bien. J’y récupérai une couverture et un oreiller et les rangeai soigneusement dans mon sac afin de les emporter. Comme nous étions trois, nous pourrions faire des tours de garde, deux patrouilleurs pendant que le troisième se reposerait. J’étais du genre à aimer prendre soin des autres et donc c’était le genre de choses auxquelles je pensais naturellement dans ces situations. En même temps, ce n’était pas pour rien que j’avais envie de devenir éleveuse, ce n’était pas un choix au hasard, mais plutôt une décision mûrement réfléchie. J’y glissai également mes pantoufles à l’effigie d’Evoli, car je n’aurais peut-être pas envie de garder mes souliers toute la nuit quand même. Maintenant que j’avais tout ce dont j’avais besoin, je me mis en direction de la bibliothèque, songeuse.
Je me demande de quoi aurons l’air nos coéquipiers. Si ça se trouve je pourrai faire connaissance avec mes premiers vrais amis au Pensionnat.
J’étais si loin dans mes réflexions que j’en manquai presque la distributrice. Mais je la remarquai de justesse et m’y arrêtai, me séparant de quelques jetons afin d’acheter trois petits sacs de croustilles. L’un au fromage, l’autre nature et le dernier au bacon fumé. Avec un peu de chance il y en aurait un pour plaire à chacun d’entre nous. C’est avec un sourire de fierté que je les mis dans mon sac avec le reste des provisions. Ils ne pourraient pas dire que je n’étais pas prévenante et organisée. Et puis c’est bien connu, le meilleur moyen d’entrer dans le cœur des gens c’est de passer par leur estomac. Même qu’avec un peu de chance il y aurait peut-être un beau garçon dans l’équipe, qui sait? Je l’imaginais déjà me remercier d’avoir pensé aux autres avant de me dire qu’il vaudrait mieux que je ne me surmène pas trop cette nuit, concluant en me disant que je pouvais l’appeler si jamais j’avais peur dans le noir ou si j’avais besoin de quoi que ce soit. Et ensuite je pourrais le rassurer et lui dire que j’étais capable de prendre soin de moi-même, ce qui l’impressionnerait et me ferait marquer quelques points de plus! Parce que bon, on va se dire les choses honnêtement, la pauvre fille qui dépend toujours de son homme c’est un peu pathétique quand même. Je veux être une femme forte qui prends soin de son aimé, pas l’inverse. Et puis bon, le statut d’héroïne de la vie de son copain est franchement plus gratifiant que le rôle de jeune fille sans défense. Hum! Pourquoi je pense à tout ça moi déjà? Au fond c’était sûrement pas important.
J’arrivai donc devant les portes de la bibliothèque et décidai d’attendre à l’extérieur de celle-ci. La journée touchait à sa fin, mais il y avait encore quelques élèves qui tardaient à partir alors il valait mieux faire notre petit briefing en dehors de cet endroit où le silence régnait en roi et maître, pour ne pas déranger personne. Sans oublier que j’étais du genre plutôt enthousiaste lorsque venait le temps de faire quelque chose de nouveau et les nouvelles rencontres n’échappaient pas à la règle. Il était donc possible que l’un de mes éclats de voix trouble la paix des lieux et je n’avais pas envie de me confronter à madame Pervenche ou même à son Pokémon. J’appuyai mon dos contre le mur, en face des portes et attendit donc, guettant l’arrivée de mes coéquipiers. J’avais près d’une dizaine de minutes d’avance donc il était normal que j’attende un petit peu. Je me demandai quand même si en fait je n’étais pas la dernière, il était après tout possible qu’ils soient arrivés avant et qu’ils soient déjà entrés, mais l’arrivée d’un étudiant chassa ces interrogations de mes pensées. Il s’agissait d’un jeune homme plus grand que moi et à la chevelure blonde. Ses yeux semblaient aussi bleus que les miens et, malgré l’âge que j’estimais qu’il devait avoir, il ne présentait aucun signe d’acné et il n’était même pas gros. La chance était de mon côté! Enfin, si c’était bien l’un de mes coéquipiers… Vu ma chance légendaire, j’aurais même pas été étonnée qu’il passe là juste par hasard.
Tu es l’un de ceux qui viennent passer la nuit ici pour la mission? Je suis Estelle, du dortoir des Mentali. J’ai emporté des bouteilles d’eau et de quoi manger, pour nous aider à rester éveillés. Et j’ai même pensé à un oreiller et une couverture, comme ça on pourra se reposer à tour de rôle. Tu sais si le troisième élève arrive bientôt?
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Pour reprendre là où nous étions arrêtés, je n’eu pas trop à attendre pour que mon premier coéquipier de la soirée montre le bout de son nez. Enfin, pour être honnête sur le coup je n’avais aucune idée de son identité. Il aurait tout aussi bien pu passer là par hasard, ce n’était pas non plus écrit sur son front et, même si ça avait été le cas, ses mèches blondes m’auraient sans doute empêché d’y lire quoi que ce soit. Bref, je pris donc une chance, mes mains serrant nerveusement les sangles de mon sac, ce dernier pendu à mon épaule. Parce que bon, même pour les gens aussi ouverts que moi qui aimaient bien se faire de nouveau amis, il était un peu gênant de s’adresser comme ça à la mauvaise personne quoi. Après ils vous jettent un regard de « mais qui t’es toi?! » et poursuivent leur chemin un peu plus vite sans même vous adresser la parole et on se retrouve planté là comme un con, les joues cramoisies. Ça ne vous arrive jamais à vous? La chance quoi! Quoi qu’il en soit, ce jour là je fus plutôt chanceuse parce que c’était effectivement la bonne personne. Je me présentai donc, mentionnant mon appartenance aux Mentali avant de l’informer brièvement du contenu de mon sac, sans entrer dans les détails. J’étais restée enjouée durant tout mon petit monologue, néanmoins un peu nerveuse. Pourquoi? Très sincèrement aucune idée, mais c’était le cas quand même et je me maudis intérieurement. Je devais me reprendre, nous étions là pour une mission quoi! Je devais être une coéquipière efficace et utile, pas une tête vide nerveuse à l’idée de dire trois mots à un gars! Après cette rapide mise au point avec ma propre personne, j’avais l’impression d’avoir repris confiance et j’avais donc abandonné ma prise excessive sur mon sac pour sembler plus détendue.
Ce fut à son tour de se présenter. Allen, tout droit venu des Noctali. Je me pétrifiai sur place durant un court instant. Un Noctali? Sérieux? Moi qui étais en coordination, j’avais l’impression qu’on venait de me marquer le mot « BOULET » en plein front au fer rouge. Et pour remuer le couteau dans la plaie, il mentionna presque immédiatement qu’il ne comptait pas se reposer. Un peu plus et je me mettais à pleurer de désespoir quoi! Moi qui avais voulu emporter tout ça pour le petit confort de mes coéquipiers, je donnais l’impression d’être la fille paresseuse qui avait emporté tout ça pour elle-même et qui comptait dormir et manger dans son coin pendant que les autres faisaient tout le boulot. Ce n’était pas du tout l’image que je voulais envoyer aux autres! Je devais vite fait redresser la situation, lui faire comprendre qu’il pourrait compter sur moi. Pas question de laisser les autres faire le sale travail pour moi, c’était tout bonnement hors de question. Et puis si c’était comme ça, moi non plus je ne me reposerais pas de la nuit. Même, je ne saurais trouver le repos tant que nous n’aurions pas capturé ce malfrat, parole d’Estelle! Je me sentis donc obligée de m’expliquer au blond.
« Je ne compte pas me reposer bêtement non plus. Vaut mieux emmener tout ça et ne pas en avoir besoin que d’en avoir besoin et de ne rien emmener. Et c’est pour l’usage de tout le monde, pas seulement le mien. »
Puis, le Noctali sembla s’intéresser à l’intérieur de la bibliothèque et je le suivis d’abord du regard, pour ensuite moi-même scruter le vaste espace d’étude. Allen sembla y voir quelqu’un qu’il connaissait puisqu’il me fit signe de le suivre à l’intérieur avant de s’y engouffrer lui-même. Je lui emboitai donc le pas sans poser d’avantage de questions, me disant qu’il devait sans doute savoir ce qu’il faisait. Enfin, je l’espérais en tout cas, autrement je le saurais sans doute assez tôt. Je demeurai pour ma part un peu en retrait et il s’approcha d’une jeune fille qui semblait plutôt fatiguée, pour ne pas dire épuisée, et s’adressa à elle avec bien plus d’enthousiasme que pour moi. Un et un font deux, il la connaissait et il était heureux de la voir…ne me dites pas…Ne me dites pas que j’allais devoir passer toute une nuit à tenir la chandelle entre deux amoureux quand même?!! Pour la deuxième fois en un laps de temps plutôt court, j’eu envie d’aller me rouler en boule dans un coin et de pleurer au désespoir. J’avais toujours Ouji-sama pour me tenir compagnie, mais ce serait quand même un cauchemar! Surtout dans un endroit comme celui-là, en pleine nuit. Mais je ne voulais pas que ma couverture serve à des choses de ce genre là, non mais oh! Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça? Je ne pouvais plus me défiler maintenant, j’étais déjà condamnée. Ou en tout cas c’est le scénario catastrophe que je m’imaginai, jusqu’à ce qu’Allen lui demande si un dénommé Yuki n’était pas avec elle.
Était-ce le nom d’un Pokémon? Mis à part ce que je devinai être des œufs dans son sac, elle ne semblait pas accompagnée. Et puis c’était quand même un joli nom, je verrais bien un Lokhlass avec un nom comme celui-là, ou un Lamantine peut-être bien. Et puis elle semblait occupée dans je ne sais quelle lecture d’un livre épais. Donc une fille intelligente, classe et jolie qui avait un Pokémon aussi sophistiqué… « BOULET » au fer rouge dans mon joli front, le retour. Qu’est-ce que je fichais là au fond? J’étais le personnage de soutien humoristique c’est ça? C’est bien la seule chose que je me sentais capable de faire à ce moment là et encore, je n’étais pas reconnue pour avoir un sens de l’humour particulièrement développé. Il semblerait toutefois que mes conclusions aient été –oh surprise- un peu trop hâtives. Effectivement, la dénommée Chiho, si je me fiais aux salutations d’Allen, n’avait pas eu l’opportunité de lui envoyer un message. Qui envoie un message à son Pokémon? Donc le fameux Yuki était sans doute un étudiant ou une étudiante, mais déjà mon esprit se remettait en marche. En fait Allen n’était pas son copain, mais bien son amant et il lui demandait si le copain de Chiho était dans les parages pour savoir s’ils avaient le champ libre et moi j’allais être complice de toute cette histoire sans même le vouloir! Je me voyais déjà me faire interroger par le copain/Yuki, enragé et furieux alors que je ne pourrais que m’excuser, pleurer et lui dire que je n’étais au courant de rien car je n’oserais pas trahir la confiance qu’Allen et Chiho auraient placé en moi. En plus il allait sans doute être grand et effrayant, parce que bien sur ma malchance légendaire n’allait pas se priver. Mais tout ceci était beaucoup trop gros pour demeurer secret bien longtemps! Quelle était la bonne chose à faire?!
« ...Attraper et corriger ce malfrat qui vole mes livres ! Sur ce, ne vous loupez pas ! »
Je cru bien que j’allais faire une crise cardiaque alors que madame Pervenche m’arracha violemment à mes réflexions. Mes yeux s’agrandirent et je du presque plaquer une main conte ma bouche pour ne pas crier. Je n’étais pas du genre nerveuse, du moins pas tant que ça, mais j’étais tellement loin dans mes pensées que je n’avais rien vu venir du tout. En même temps j’avais presque envie de la remercier pour son intervention. J’avais la mauvaise tendance à imaginer trop et ce, trop vite. Si ça se trouvait ils étaient simplement de bons amis et donc Allen connaissait son copain, même que le fameux Yuki était peut-être juste un ami qu’ils avaient en commun. Je poussai un court soupir, heureuse de ne pas me faire complice de viles trahisons, avant de me reprendre et d’afficher mon sourire habituel afin d’effectuer les présentations. La demoiselle commença, se présentant effectivement sous le nom de Chiho avant de mentionner qu’elle venait du dortoir de Pyroli. Dans ce cas sans doute connaissait-elle Ruby? Je devrais penser à lui demander plus tard, mais l’heure n’était pas à ces détails et elle me confia également être chercheuse Pokémon, sans oublier qu’elle était aussi et je cite : « l'otage tenu pour sacrifice sur l'autel de madame Pervenche » si nous n’arrivions pas à mettre la main sur l’auteur de ces vols.
« Ravie de faire ta connaissance, je suis au dortoir des Mentalis pour ma part et je nous ai emmené de quoi manger et nous reposer si besoin est. Après tout on ne sait pas combien de temps on va devoir passer ici. »
Je du me retenir pour ne pas me retourner vers Allen et mentionner de nouveau en appuyant sur chaque mot que moi non plus je ne comptais pas dormir avant qu’il n’en fasse la mention, encore. Puis, une fois les présentations achevées, la Pyroli qui semblait avoir commencé son tour de garde avant nous entreprit de nous détailler la situation actuelle. Ainsi elle avait fait le tour déjà et n’avait rien trouvé de suspect. De plus, il paraîtrait que les vols ne s’effectuaient que tard le soir, nous serions donc, en théorie, tranquilles pour un petit moment. Elle allait continuer lorsque, subitement, les lumières se mirent à clignoter avant de s’éteindre. Je levai également les yeux au plafond au moment du phénomène, n’hésitant pas à délaisser mon sac sur la table d’étude pour porter la main à la pokéball d’Ouji-sama. Il ne serait peut-être pas le plus utile puisque je me doutais bien que le Noctali devait avoir une équipe en béton armé -et je ne croyais pas si bien dire- mais il était rassurant de savoir que j’étais en mesure de tenter quelque chose pour ma protection si besoin était. La pièce n’était plus qu’éclairée par les quelques lumières de secours et l’éclat distant et rouge du panneau « Sortie ». Je retins ma respiration, à l’affut du moindre bruit, mon regard céruléen scrutant la pénombre à la recherche de mouvement. Le voleur passerait donc déjà à l’attaque?! Mais ne venait-il pas plus tard normalement? Peut-être notre présence l’avait provoqué, auquel cas nous serions peut-être en mauvaise posture si un combat devait éclater ici. Si un seul des livres de madame Pervenche devait être abimé par notre faute, je n’osais même pas imaginer ce qui allait nous arriver. Chose certaine, Chiho ne serait plus la seule à passer sur l’autel.
Je me maudis un instant de ne pas avoir pensé à emporter une lampe de poche, ça aurait été très pratique dans pareille situation. Remarque je pourrais sans doute aussi m’éclairer avec mon iPok, mais il ne fallait pas non plus faire fuir le voleur, sinon nous perdrions peut-être notre chance de le coincer. Puis, soudainement, un bruit sourd vint troubler l’air lourd de la bibliothèque, tel le bruit d’un livre tombant d’une étagère, comme si on l’avait poussé. À pas feutrés, j’entrepris de contourner tables et chaises pour me rapprocher silencieusement de l’allée d’où venait le bruit, toujours prête à demander du soutien à mon Pokémon plante. Mon cœur battait à tout rompre et, je n’irais pas jusqu’à dire que j’avais peur, mais disons que j’étais quand même un peu nerveuse d’avancer ainsi vers l’inconnu. Mais bien sûr, ce n’était pas suffisant. Quelqu’un, quelque part, avait décidé que je ne pouvais pas conserver un air digne et que je devais, absolument, me ridiculiser d’une façon ou d’une autre. Un nouveau bruit du même type que le premier se fit entendre, venant de l’autre extrémité de la bibliothèque et, cette fois ci, on dirait qu’une dizaine de livres étaient tombés au sol d’un coup. Je sursautai et poussai un petit cri, me retournant rapidement alors que ma jambe s’empêtra dans une chaise. Je me retrouvai donc au sol en deux temps trois mouvements, la chaise avec, dans un bruit de fracas presque plus grand encore que celui produit par le voleur. Je fermai les yeux sous l’impact et demeurai ainsi immobile un moment avant de les rouvrir presque timidement, n’osant pas me relever tout de suite. J’espérais sincèrement ne pas avoir fait fuir le voleur et d’ailleurs, en parlant du Grahyena, il devait être vachement rapide pour avoir fait pareil déplacement aussi vite. Ou alors peut-être étaient-ils deux? Dans tous les cas, je n’avais pas l’impression d’être en pleine mission, mais bien dans un genre de test de courage où les organisateurs se faisaient un malin plaisir de nous ridiculiser. Quoi qu’il en soit, c’est toujours au sol, avec la chaise, que je pris la parole en un murmure, un peu gênée.
« Désolé…On n’y voit pas grand-chose… »
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Les choses s’étaient enchaînées à une vitesse des plus imprévues. La seconde d’avant nous étions en train d’écouter Chiho qui nous informait de la situation et, l’instant suivant, les lumières s’étaient éteintes subitement, nous plongeant dans la pénombre. Toutefois, nous fûmes prompts à réagir et je m’étais levée, peu de temps avant d’être surprise et de finalement m’empêtrer dans une chaise, ce qui eut les conséquences que tous connaissent déjà. Je me maudis intérieurement alors que j’entrepris de me relever, avant de toutefois m’interrompre pour jeter un œil à la scène qui se déroulait dans la bibliothèque. Je vis Allen se lancer à la course, lampe de poche en main, sautant même par-dessus une table dans le but d’atteindre la porte le premier. Pourquoi c’était toujours les gars qui arrivaient à faire ce genre de cascades trop cool!? Bien sûr, on ne verrait jamais un topdresseur, membre des Noctali, l’élite de la Pokémon Community trébucher bêtement, c’était évident! Mais bref, dans ce cas ci c’était une véritable chance que tout le monde ne soit pas aussi maladroit que moi puisque cela lui permit de refermer la porte, bloquant toute possibilité de fuite à nos deux petits malfrats. Je n’eu toutefois pas le loisir d’observer le reste de la scène de mon confortable point de vue, soit sur le sol de la bibliothèque, puisque Chiho vint me porter assistance et, ainsi, me tirer de mes pensées ridicules. Ils avaient besoin de moi et ce, tout de suite. J’étais une membre du trio et moi aussi je devais me donner autant que possible pour mener cette mission à bien. Me relevant sans plus attendre, je la remerciai avec un sourire afin de la rassurer sur mon état et donc lui faire comprendre que je n’étais pas blessée.
« Merci pour le coup de main. »
Maintenant il était temps de passer aux choses sérieuses et la scientifique, accompagnée de son Kadabra, entama l’assaut. Il lui suffit d’une seule attaque, bien placée, pour mettre le Tyrogue hors d’état de nuire. Mine de rien c’était plutôt impressionnant. Le blond savait enjamber des tables et la jeune femme savait mettre ses adversaires k.o. en un seul coup, il était temps que moi aussi je trouve quelque chose de classe à faire! D’ailleurs, j’aurais peut-être l’occasion tant espérée à portée de la main puisque le second voleur s’emparait du plus de livres possible avant de se diriger vers la sortie. Chiho se mit donc à courir aussi vite que possible, désirant sans doute atteindre la sortie avant le spectre, un peu comme Allen l’avait lui-même fait plus tôt et j’y vis une occasion d’agir. Le Banette, occupé à courser, ne verrait pas venir l’attaque d’Ouji-sama, suffisait d’être assez rapide et donc je n’attendis pas d’avantage pour me saisir de ma pokéball afin d’en faire sortir le Snivy, lui partageant du même coup mes instructions.
« Ouji-sama, utilise ton fouet-liane pour récupérer les livres! On ne peut pas le laisser partir avec tout ça! »
Heureux de pouvoir se rendre utile, le petit pokémon plante s’exécuta donc, envoyant ses lianes avec force vers le voleur ou, plus précisément, vers les livres qu’il transportait. Heureusement, la manœuvre fut un succès alors qu’Ouji-sama réussi à attraper les livres, forçant le Banette à lutter pour pouvoir les conserver. Comme le spectre semblait plus fort que mon compagnon, je pris celui-ci dans mes bras afin de tirer avec lui, ce qui força le voleur à se séparer de son butin pour poursuivre sa course les mains vides. Je n’avais peut-être pas réussi à l’arrêter et encore moins à le mettre k.o., mais il ne volerait aucun livre ce soir et c’était déjà une petite victoire en soit. Enfin, pour moi ce l’était. Oui bon, on a chacun nos propres critères pour les victoires, alors pas la peine de juger des miens, d’accord?! Donc bon, la suite maintenant! Chiho avait réussi à atteindre la porte la première pendant ce temps et, malheureusement pour elle, se fracassa contre celle-ci. Contrairement à la scientifique, le spectre traversa la sortie sans problème, s’enfuyant en prenant bien soin de nous narguer d’un rire. Ce petit malfrat ne rirait plus autant lorsque nous mettrions la main sur lui! J’allai rejoindre Chiho à la course, l’aidant à se relever à mon tour, lui demandant également si elle allait bien. Toutefois, nous n’avions pas le temps de nous attarder aux longues discussions et je donnai donc l’ordre à Ouji-sama de rester derrière et d’user de la technique ligotage sur le Tyrogue afin de l’empêcher de fuir s’il se réveillait. Cette précaution maintenant prise, la course poursuite dans les couloirs de la Pokémon Community pouvait commencer et je sortis donc de la bibliothèque en trombe, sans prendre le temps de regarder derrière moi si j’étais suivie par mes coéquipiers. Si si, vous avez bien compris, je suis partie à la poursuite d’un Pokémon en laissant mon unique compagnon derrière. Que voulez vous, quand on est con on l’est pas à moitié…
« Attends que je t’attrape, sale petit fuyard!! »
HRP:Spoiler :Désolé pour le temps de réponse >.< Surtout que mon rp est pas super en plus de ça U.u
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J’étais sortie de la bibliothèque à la course, croyant sérieusement que je pourrais faire quelque chose. Enfin, non, il serait plus près de la vérité de dire que je n’avais strictement pensé à rien. Pour moi, la seule chose qui importait était de ne pas laisser le coupable s’enfuir afin de réussir la mission. Ainsi, lorsque mes pieds quittèrent le sol, je fus tétanisée sur place. Par contre, ce n’était rien en comparaison de ma surprise lorsque je vis ce qui m’avait arrêté. Mes yeux s’agrandirent et je n’eu même pas l’occasion de me maudire intérieurement tant j’étais sous le choc. Parce que bon, déjà ce n’était pas un Pokémon qui se voyait tous les jours, il fallait être un dresseur expérimenté pour espérer posséder un Gengar. Mais là, en plus, ça dépassait tout ce que j’aurais pu imaginer. Était-ce normal de voir un Ectoplasma aussi grand? J’eu une fugace pensée pour mon amie Ruby qui aurait surement pu m’éclairer sur la question, mais y repensai à deux fois. Normal ou pas, l’important était que je devais trouver un moyen de me sortir de cette fâcheuse position, et vite. « Heureusement », il semblerait que mes coéquipiers pour cette mission soient décidés à ne pas me laisser partir toute seule puisque la porte s’ouvrit peu de temps après sur Allen. D’un côté j’étais contente qu’il vienne m’aider, mais d’un autre côté j’étais fichtrement honteuse. D’abord je me prenais les jambes dans une chaise et maintenant ça. Je tentai un sourire et voulu le rassurer, pour faire paraître la situation moins grave qu’elle ne l’était, espérant presque qu’il reparte comme il était venu afin que je puisse mourir tranquillement de honte face à mon incompétence.
« Ça va, je vais bien. »
Comme rassuré par cela, il referma donc la porte et je poussai un soupir de soulagement. Je détestais jouer les filles en détresse, donc au moins si ce n’était pas devant public c’était au moins ça de gagné… Non mais OH! J’étais encore dans de beaux draps moi! C’était pas le moment de penser à sauver les apparences, j’étais prisonnière d’un Gengar quand même, et pas n’importe lequel! Je ne pouvais néanmoins pas me résoudre à appeler au secours et ce fut donc un second soulagement lorsqu’il ré-ouvrit la porte. Le pokémon prit cela pour une invitation à entrer et nous retournâmes donc dans la bibliothèque, là où il me déposa avec de se tourner vers Ouji-sama. Ce dernier tentait toujours de faire le fier, mais il délaissa quand même le Débugant pour venir me retrouver, bien qu’il fut devancé par Allen. Ce dernier m’aida à me relever et je le remerciai, soulagée d’être enfin libérée de l’emprise de la monstruosité sur pattes. Puis, le Noctali demanda aux Pokémons s’ils voulaient que nous leur lisions des histoires et la petite troupe semblait des plus enthousiaste. Soudainement, j’en oubliai toute trace d’inquiétude, incapable de résister à une telle lueur de joie dans le regard de Pokémons. Le blond termina en concluant un marché avec l’Ectoplasma et la séance de lecture pouvait commencer.
Chiho fut celle qui commença et je dois avouer qu’elle s’était très bien débrouillée. Je pris d’ailleurs quelques notes mentales afin de m’en inspirer lorsque viendrait le temps de raconter les trois livres dont j’avais hérité. Puis, un craquement vint perturber l’heure du conte, craquement qui ne cessa pas d’ailleurs. Serait-ce…? Oui, c’était bien l’un des œufs de Chiho. Intriguée, émerveillée et admirative, j’admirai le nouveau né que j’identifiai comme étant un Teddiursa, l’un des pokémon les plus mignons que je connaissais. Je me tournai donc vers la rousse avec le sourire suite à cette petite apparition surprise.
« Félicitations. Tu devrais aller te reposer un peu et prendre soin de lui, on peut s’occuper des autres histoires sans problème et je suis certaine que madame Pervenche comprendra la situation. »
Après cela, j’étais allée fouiller dans mon sac afin d’en sortir ma couverture afin de l’étaler au sol et de faire signe aux Pokémons de venir s’y asseoir, en demi-cercle devant moi. J’en profitai également pour distribuer des collations à tout ce beau monde en leur demandant de bien faire attention, si jamais les livres étaient abîmés nous ne pourrions plus faire d’autres soirées de lecture après tout. Parce que oui, je comptais bien revenir de temps en temps pour leur lire une histoire, ils étaient tous trop mignons pour que je fasse autrement. Sans oublier qu’un jour j’aurais peut-être ma propre pension Pokémon alors ce serait peut-être une petite tradition à instaurer à ce moment là, qui sait? Bref! Je commençai donc ma lecture, assise en tailleur auprès de mes auditeurs, le livre grand ouvert, tourné vers eux. Je pouvais lire la majorité du texte même si pour moi le livre était à l’envers et, sinon, je n’hésitais pas à improviser ici ou là pour les moments où j’avais du mal. Ils pouvaient donc suivre les images au fur et à mesure que l’histoire avançait et, comme Chiho avant moi, je m’efforçai de créer différentes voix pour les différents personnages. Au final, j’avais terminé de lire mes trois livres sans même le remarquer et mes petits protégés dormaient à point fermé. Déjà bien lancée dans l’exercice et toujours décidée à ne pas me reposer suite à ce que le blond m’avait dit au début de la soirée, je me tournai vers le concerné avec le sourire.
« Il semblerait que tu n’auras pas l’occasion de leur faire la lecture. Tu peux rentrer si tu veux, je veille sur eux et j’ai amplement le temps de tout ranger avant le retour de la bibliothécaire. »