Je m’étais levée du pied gauche et ma journée ne semblait pas prendre une meilleure tournure. J’avais participé à l’entraînement matinal tout en évitant la plupart de mes camarades, n’étant pas d’humeur à faire la conversation. J’avais fait ce que me demandait Jackie avec le visage fermé d’un automate qui suit des fonctions familières sans se poser de questions. J’avais alors profité d’une pause entre les cours pour empoigner le bon que j’avais gagné au marathon scientifique, bien décidée à réclamer mon prix : un autre œuf Pokémon. On m’avait alors prévenue que j’aurais le droit à une sélection taillée sur mesure et d’une grande rareté : un Pokémon chromatique. Oui au fond j’étais enthousiaste je dois bien l’avouer. Seulement malgré la joie d’avoir remporté la compétition, j’avais plein d’autres choses peu joyeuses en tête. Marchant d’un pas pressé, j’acceptai le colis du Collectionneur qui m’apprit qu’il m’avait mis un œuf de Ramoloss de côté. Je le remerciai donc en m’éclipsant le plus rapidement possible, lui assurant que je savais déjà comment m’en occuper.
Général Jackie m’avait convoquée un peu plus tôt dans la journée, ce qui à vrai dire ne présageait rien de bon. J’avais passé la matinée à me demander si elle allait me remonter les bretelles au sujet de mon manque d’enthousiasme ou bien si j’allais avoir droit à une autre ribambelle de reproches. Mais comme je n’avais pas envie de me pourrir encore plus la journée à m’interroger, j’avais été la trouver aussi vite que possible, histoire d’en finir. Elle entama alors un grand discours avec beaucoup de sérieux, prétextant qu’elle avait une mission très importante à me confier. Nerveuse, je m’étais tenue en un garde à vous parfait, droite comme un I, dans une posture instinctive en sa présence.
« Matricule 035, j’ai de grands plans pour vous, l’équilibre de notre escouade Pyroli en dépend ! Je vais avoir besoin de votre… de vos muscles et surtout de votre intelligence. Une de nos recrues est intenable et son impertinence commence à sérieusement démanger la pointe de ma botte. J’ai appris qu’elle a ruiné nos couloirs avec de la crème chantilly, à croire qu’elle a braqué les réserves de Melty ! Bref, je lui apprendrai le sens du mot discipline plus tard, quitte à lui faire laver les douches communes avec une brosse à dents ! » Elle serra rageusement le poing me fixant toujours du regard, criant si près de mon visage que j’en fermai les yeux. « Mes éclaireurs m’ont rapporté qu’après le savon que je lui ai passé, Audrey prépare un autre sale coup, et qu’en plus du reste elle s’apprête à passer à l’action juste sous mon nez ! LIME VOUS ÊTES EN MISSION D’INFILTRATION !! »
Autant dire que je n’avais pas le choix, et malgré l’envie de lui demander de se charger elle-même des cas perdus du dortoir, j’acquiesçai simplement, dépitée. Si j’avais l’audace de refuser je le paierais au centuple d’une façon ou d’une autre, alors autant se faire une raison. Croisant quelques camarades je leur demandai si elles avaient vu Audrey, ce à quoi elles me répondirent par plusieurs indications confuses et contradictoires. Pas pratique, vu que je n’avais pas le numéro d’Ipok de la furie. Râlant contre cette mission à deux balles dont je me serais bien passée, j’optai par commencer mes recherches dans l’espace réservé aux mécaniciens. Bien entendu je savais où se trouvaient les ateliers, mais comme je n’y avais jamais mis les pieds jusque-là, j’étais un peu hésitante. Je rangeai donc mon nouvel œuf dans mon sac et invitai Talia et Bane à marcher un peu plus vite.
Ma Teddiursa et mon Bulbizarre sautillèrent donc un peu plus vite sans ronchonner, de toute façon habitués à un rythme soutenu grâce aux entraînements quotidiens. En fait j’avais jeté un coup d’œil impatient à mon Ipok, priant Arceus de pouvoir enquête sur ce qui se passait et rentrer rapidement. Je n’aimais pas non plus l’idée de jouer les fayottes auprès de Jackie, mais à vrai dire il s’agissait de ma survie. Ce serait plutôt bête de passer une année à être martyrisée tout ça parce que je ne voulais pas raisonner une autre élève. Bon je doutais arriver à faire d’Audrey une étudiante modèle, seulement je ne pouvais pas non plus abandonner avant même d’avoir tenté ma chance ! Je n’étais pas préfète et n’étais pas intéressée de l’être, mais en tant que senpai Pyroli, il était de mon devoir d’agir avant qu’il ne soit trop tard ! Et en parlant d’agir, à peine arrivais-je près des ateliers que la voix haut perchée d’Audrey me parvint, en ce qui était un appel à l’aide. Perturbée j’eus un moment d’hésitation. Elle criait au voleur, mais était-ce bien sage d’intervenir en sa faveur avant de savoir ce dont il était question ? Perturbée, je finis par ordonner à Bane de retenir l’inconnu par le poignet grâce à une attaque Fouet Liane. Quelle jolie entrée en matière. À peine arrivée et c’était déjà le boxon. Je soupirai et interrogeai les présents, même si j’étais sûre que j’allais le regretter.
« Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ici ? »