’Ma fille ? Bien sûr qu’elle est douée, et intelligente. Croyez-moi, elle est apte à entrer dans votre école. Je souhaite la voir revenir en tant que l’un de vos meilleurs éléments. Et cela ne sera pas un problème puisque je suis sa mère, moi… La grande Adelaïde Alistair, adjointe du Professeur Sorbier ! … Hmm ? … Entendu. Je vous l’envoie dès ce mois-ci. Au revoir monsieur le Directeur.’Ce sont les dernières paroles que j’ai pu entendre sortir de la cavité buccale de ma mère avant de rejoindre la fameuse Académie. Adelaïde Alistair, scientifique de renommée auprès du Professeur Sorbier à Sinnoh. Actuellement, elle travaille à Unionpolis sur des sujets confidentiels. Sujets que j’ai vus auparavant… Mais attendez ! Laissez-moi vous raconter mon histoire, peut-être que vous comprendrez mieux ce qu’il se passe en ce moment. Je suis née il y a quatorze années à Unionpolis. Cette grande ville de la région de Sinnoh est connue de tous, et fait des merveilles au niveau scientifique grâce à ma mère. Cette femme est tellement douée qu’elle est demandée dans le monde entier pour aider dans les recherches actuelles. En revanche, je suis incapable de vous parler de mon père. Du moins, incapable depuis mes souvenirs. Car les dires de ma mère à son sujet sont nombreux, croyez-moi. Lucius Alistair, de son nom, était apparemment un ivrogne, un raté. Il nous aurait abandonnés – ma mère et moi – un soir, et je n’eus plus jamais de nouvelles de lui. Seule ma mère pourrait vous parler de cet homme qui était supposé être mon paternel. Je lui laisserai la parole, peut-être… Avec son boulot, elle est follement occupée et ne daigne même pas m’accorder le peu de temps qu’elle a pour elle.
Très jeune, mon père nous a donc laissé car son enseigne de réparation aurait coulé. Emmenant alors les derniers souvenirs que j’avais de lui. Selon la matriarche, j’étais fille unique, et avec les problèmes d’argent qu’avaient mes parents… Il préféra se barrer tout seul dans un endroit inconnu. Sa boutique avait coulé, et il me délaissa avec ma mère qui avait un travail d’enfer. Certes, elle gagne beaucoup d’argent, mais elle n’avait que très peu de temps à me consacrer. J’ai eu des nourrices, des gardiennes, mais rien ne remplace sa mère. Alors un jour, elle a décidé de prendre un Pokémon en guise de gardienne. J’étais encore très jeune et pourtant, je m’accrochais déjà à cette petite créature. Un Caninos femelle gardait la maison, et ses petits yeux sur moi. C’est ainsi que je découvris un certain attachement pour ces petites créatures, et je souhaitais en avoir toujours plus. Un Démolosse faisait donc partie de la famille à présent. Et plus je grandissais, plus je souhaitais en apprendre sur eux. Ils étaient mes amis, mes compagnons. Et ils me tenaient compagnie contrairement à ma mère.
Je n’ai pas reçu beaucoup d’éducation de sa part, son travail était – et reste – la seule chose qui compte à ses yeux. Alors un jour, je voulais comprendre ce qui l’attirait tant dans ce travail à temps complet. En grimpant sur le dos du Démolosse, je pouvais atteindre le plus haut placard fermé à clé de la maison. Il se trouvait dans le bureau secret de ma mère, et je savais pertinemment que je n’avais absolument pas le droit d’aller là-bas. Même avec une autorisation, je ne pouvais y entrer. Sauf que vous connaissez les enfants. Plus vous leur donner d’interdiction et de règles à suivre, et moins ils les respectent. Je n’échappais donc pas à cette règle et j’entrais dans la pièce. Caninos me regardait d’un air méfiant et commençait à se battre avec le Démolosse. Mais la bataille ne dura pas longtemps. Non pas parce que l’un était plus fort que l’autre. Oh non. Juste parce que j’avais réussi à faire entrer Caninos dans une PokeBall accrochée au mur. Le pauvre ressortit quelques secondes plus tard, mais il était déjà trop tard. La porte était grande ouverte, et moi à l’intérieur. Je n’étais pas bien grande, mais je savais déjà lire et compter. C’était amplement suffisant pour comprendre certaines choses. Des papiers traînaient dans le bureau de la matriarche dont ses recherches sur les Pokémons Légendaires. Adelaïde me découvrit entrain de fouiner dans ses recherches et commença son discours de mère en colère.
- Tu te rends compte de ce que tu viens de faire Amy ? Va-t-en d’ici ! Tu sais que c’est interdit, dégage de là et vite ! C’est secret tout ça !- Mais maman… C’est qui Palkia ? Et Dialga ? Ils sont jolis, je veux les voir en vrai ! Amène-moi les voir tout de suite !Rien n’y faisait. Elle m’avait juste fichu dehors et enfermée dans ma chambre pour le reste de la soirée. Démolosse se sentait responsable et faisait la tête. Le lendemain, Adelaïde avait comprit que les Pokémons m’avaient aidés. Enfin… Caninos avait plutôt tenté de nous en empêcher sans succès, mais ça… Ma mère ne pouvait pas être au courant. Elle décida de se débarrasser des Pokémons en les emmenant dans les laboratoires pour faire des recherches sur eux avant de les relâcher dans la nature. Attristée, je n’avais pas d’autres choix que de subir. Je n’avais aucun pouvoir sur elle, et autant vous dire qu’on ne tient pas tête à Adelaïde Alistair ! La semaine suivante, trois hommes et une femme firent leur apparition dans la maison afin de m’emmener. J’avais pu surprendre la conversation de ma mère au sujet de leur venue et je tremblais de peur à l’idée qu’ils m’emmènent.
- Ma fille est intenable et avec mon travail, je n’ai pas le temps de la discipliner. Ce n’est pas un animal, une laisse serait trop violent pour la tenir à carreaux. Emmenez-là pour quelques années et apprenez lui les bonnes manières. Oh et surtout, ne lui confiez rien sur les Pokémons ou tout ce qui pourrait y toucher.- Ne vous en faites pas Madame Alistair. Notre école privée éloigne les enfants de ces créatures que nous considérons de nuisibles pour ces jeunes en plein apprentissage. Nous leur apprenons juste le strict minimum sans leur donner l’envie d’en posséder. Que ce soit aujourd’hui ou plus tard. En ce qui concerne le temps d’étude, cela peut varier de quatre à dix ans.On m’emmenait de force, loin d’Unionpolis et de sa population dense. Loin des Pokémons et de la science. Loin de la technologie… Je me sentais complètement perdue et si loin du monde réel. Les cours se suivaient et rien ne me plaisait. Écrivant alors plus de choses sur la science et les Pokémons que ce que dictaient les professeurs. J’avais au moins appris à me tenir, la politesse, le respect… Mais quelque chose me poussait à partir et vite…
~ Pendant ce temps du côté d’Adélaïde ~
'Lucius ? Comment oses-tu m’appeler après ce que tu nous as fait à Amy et moi-même ? Je n’ai pas le temps de discuter avec toi. J’espère au moins que Travis n’est pas devenu un ivrogne de ton genre et qu’il se porte bien. Ne compte pas voir Amy, elle te croit mort ou presque. Nos enfants ne se rencontreront jamais ! Crois-moi !'Le téléphone s’écrasa sur son support et la femme se dirigeait à nouveau vers son bureau où trônait une photo bien spéciale. Celle-ci était composée de quatre membres. Adelaïde tout à gauche, portant dans ses bras un petit bébé habillé de blanc. Elle se prénommait Amy. Tandis qu’à sa droite, se tenait un homme debout, portant un enfant à peine plus âgé. Habillée de noir, il se nommait Travis. Lucius semblait encore dans un bon état d’esprit sur ce cliché figeant un instant passé. Seulement, la jeune Alistair, enfermée dans son école privée, n’a jamais vu ce portrait de famille datant d’il y a si longtemps, où tout semblait encore fonctionner. Une larme brillante s’écoulait sur le visage de la femme, abîmée par le temps. Peut-être qu’elle regrettait ce temps passé, ces événements détruits. Pourtant, la scientifique avait tout fait pour avoir la famille et la vie parfaite. Un homme travaillant à son compte, une jeune femme diplômée et promit à un brillant avenir. Deux jolies rejetons… Et un jour, tout s’écroula sans qu’elle ne puisse agir. Perdant alors son deuxième enfant et le mari qu’elle avait épousé trop vite… Des regrets, c’est tout ce qu’elle pouvait ressentir désormais.
~De retour avec Amy ~
Les années semblaient passer aussi vite qu’un tracteur sur une autoroute. Autant vous dire que je ne supportais plus vraiment de vivre enfermée dans un tel endroit. Si loin des Pokémons… J’avais un besoin incessant de sortir et de les voir. Je voulais en apprendre plus sur eux, devenir aussi forte que ma mère. Alors un soir où la brume semblait être de mon côté, je pris mes affaires et sortie par les portes de derrière afin d’échapper à leur vigilance. J’en avais réellement marre d’être prisonnière d’un endroit que je n’avais pas choisi tout ça parce que ma mère ne pouvait pas supporter que je fouine dans ses affaires. Sauf que j’ai grandi maintenant, et à mon âge, je suis capable d’émettre des raisonnements scientifiques sans aucuns soucis. Je voulais la retrouver et travailler à ses côtés. Allez savoir de quelle manière elle va réagir lorsque j’apparaîtrai devant ses yeux. Le chemin semblait long et périlleux, j’entendais des voix qui criaient mon nom dans la pénombre. Ils étaient à mes trousses, mais en passant par une forêt, je rejoindrai très vite les lumières de la grande ville d’Unionpolis. La nuit fût longue et pas sans risque. A plusieurs reprises, j’avais croisé des Pokémons sauvages et je les craignais légèrement. Mais avec l’aide d’un Goupix, j’avais retrouvé le chemin de la maison.
En arrivant, je posais mes bagages et m’affalais sur le lit. Ma mère, en entendant le fracas que j’avais émis en pénétrant dans l’habitation, se réveilla et venait dans ma direction. Je m’attendais à un hurlement, une engueulade, une crise en guise de bienvenue. Mais elle me prit dans ses bras. C’est sûr que cinq ans sans voir sa fille, cela devait faire un choc de la voir débarquer. J’avais actuellement treize ans. Et je peux vous assurer que cinq ans là-bas, c’est pire qu’un séjour en Enfer. Je remarquais un petit Goupix dans le salon de la maisonnette. Alors comme ça, elle avait craqué et reprit un Pokémon pour sa compagnie ? Je supposais que ce Goupix était celui qui m’avait ramené involontairement à la maison. Et cela me rassurait grandement, ma mère n’avait pas un cœur de Racaillou ! Après une bonne nuit de sommeil, je comptais annoncer mes projets à la matriarche, non sans crainte.
'Ecoute, je me suis enfuie de là-bas… Je ne veux pas y retourner. J’ai cette soif de connaissances, de savoir sur les Pokémons. Je veux travailler à tes côtés et apprendre encore et toujours plus. J’aime ces petites créatures depuis le Caninos et le Démolosse. Et être tombée sur tes recherches mon ouverts les yeux sur le fait que je veux devenir une scientifique !'Après avoir ricané, elle me regardait de haut en bas, d’un air méprisant. Je n’aimais pas du tout cette façon de faire, j’en avais perdu l’habitude à force de vivre si éloignée. Mais sa réponse ne tardait pas à parvenir jusqu’à mes oreilles.
- Ecoute-moi bien, tu n’es pas du tout apte à travailler avec moi. J’ai dû obtenir de nombreux diplômes et une renommée sans égale pour rejoindre le Professeur Sorbier. Et ce n’est pas parce que tu es ma fille que je vais te faire entrer dans les laboratoires sans expérience. Mais je vais t’envoyer à la Pokémon Community, où tu apprendras de nombreuses choses sur ces êtres et tu ne reviendras pas tant que tu n’auras pas acquis le niveau pour travailler à mes côtés. C’est compris ?Encore une école ? J’acquiesçais car je n’avais pas vraiment le choix. Quoiqu’une école qui se nomme Pokémon Community doive certainement être mieux que la prison dans laquelle j’étais précédemment. Sauf que ma mère ne voulait pas m’y envoyer de suite. Il fallait d’abord que je lui fasse mes preuves, comme quoi j’étais motivée à aller apprendre là-bas. Une année de durs labeurs se passait, où je lui prouvais un peu plus chaque jour que je voulais aller là-bas. Je m’étais renseignée un maximum sur l’Académie, sa façon de fonctionner, ses parcours. Et après ces deux années de travail acharné pour lui prouver ma détermination, elle passa ce fameux coup de téléphone pour m’y envoyer. Le lendemain, mes valises étaient faîtes et je pris un ferry direction l’île Lansat. Lorsque je pris place à l’intérieur de mon moyen de transport, un bout de papier blanc dépassait d’un de mes sacs. En l’attrapant, une lettre s’affichait :
‘Amy. Quinze ans d'existence, et je ne t'ai encore jamais vu. Je ne sais pas si on t'a parlé de moi. Mais sache-le. Tu as un grand frère. J'habite à Parmanie, avec Lucius. Nous nous sommes quittés assez tôt. Pour ainsi dire je n'ai aucun souvenir de toi. Peut être était-ce mieux ainsi. Mais il paraît que tu compte aller dans la même académie que moi. Ce sera peut être une raison de faire connaissance. Après tout, ton père y tiens. Du moins bien plus que moi. C'est pas envers toi, et ne considère pas cette lettre comme quelque chose de crû, mais j'ai vécu quasiment toute ma « vie » sans toi. Alors je ne vois pas pourquoi après quinze années, il faut qu'on fasse connaissance et qu'on devienne les meilleurs frère-et-sœur du monde alors que nos parents nous ont séparés. Comme si c'était à moi de recoller les morceaux de leurs erreurs. Tout ça pour dire, qu'il est très probable qu'on se croise sur l'île Lansat. J'espère que tu ne m'en veux pas si je ne me présente pas à toi directement. Je mise énormément sur ma carrière, Sebastian le majordome m'a appris à être comme ça. Je compte devenir quelqu'un d'important, et donc je devrais m'entourer de personnes importantes. Si je me présente à toi, c'est que mon jugement aura été positif. Ne me considère pas comme quelqu'un de méprisant, je ne suis pas comme ça. Mais les meilleurs doivent s'entourer des meilleurs non ? Je te souhaite bon voyage, et si mon jugement est négatif, je te souhaite bonne vie frangine. Puisse ton avenir être radieux !’Un frère ? J’avais un grand frère et j’avais passé quatorze années sans en découvrir l’existence. Rien n’aurait pu me laisser penser que j’allais découvrir une telle surprise. Je ne savais que penser de ma mère qui m’avait caché l’existence d’un frangin plus âgé que moi. Me demandant aussi pourquoi Adélaïde avait mis ce papier dans mon sac alors que je m’en allais de la maison pour ne plus revenir avant d’être la meilleure scientifique. Mon frère… Tant d’années passées sans jamais savoir que tu étais là, que tu aurais pu m’apprendre tellement de choses. J’en voulais à la matriarche, mais pas tant que ça. Mon père n’était peut-être pas quelqu’un de fréquentable après ce qu’ils nous avaient fait. Seulement, le frangin avait l’air spécial, mais je trouvais quelques points de ressemblance avec lui au niveau du caractère. Rien qu’en lisant ces mots, je savais que nos gènes s’accordaient. J’avais hâte ! Hormis cette lettre, le voyage se passa à merveille, même s’il fût assez long pour me procurer de l’excitation. Plus le temps passait et plus je me sentais dingue ! Je voulais voir à quoi ressemblait cette école et surtout, je sentais cette excitation de recevoir un Pokémon dès mon arrivée. J’allais enfin retrouver ces créatures, et en avoir un rien que pour moi !
L’île était plongée sous cette lumière brillante qu’est notre astre solaire, les bâtiments étaient beaux, propres. On m’indiquait un dortoir dans lequel j’allais passer le reste de l’année et apprendre des plus anciens. Qui sait si je pourrai rester plusieurs années ici, malgré mon souhait de faire tout mon possible pour devenir la meilleure des chercheuses Pokémons. Il y avait de la concurrence à ce que j’avais entendu avant de venir ici. Mais ce n’est rien, puisque je n’abandonne jamais face à l’adversité. D’après une annonce, les nouveaux arrivants devaient aller voir un homme que l’on surnommait le Collectionneur, celui qui me donnerait le premier compagnon d’une grande lignée de combattant. Il fallait se diriger dans les souterrains humides et sombres pour rencontrer le bougre. Lui, possédait déjà son armée. On dit même qu’il en a tellement, que son mur est rempli de PokeBall. J’allais voir ça de mes propres yeux puisque la porte devant moi venait de s’ouvrir. Une lumière tamisée m’accueillait chaleureusement, laissant mes globes oculaires apprécier le spectacle de toutes ces sphères bicolores suspendues au mur d’en face. Je pris place face à lui pour passer l’interrogatoire le plus long de ma vie, et surtout le plus loufoque…
- Aimes-tu les canidés, cher Amy ?- Bien sûr, j’avais un Caninos et un Démolosse étant petite.- Penses-tu que le fait d’avoir une femelle ou un mâle change ta relation avec un Pokémon ?- Non. Peu m’importe le sexe, un Pokémon reste un Pokémon !- Je sens que tu aimes les félins également, que tu adores les Pokémons, et que tu as besoin de calme.- Tout à fait.
La séance de question était terminée et il se retourna face au mur. Le choix était apparemment vite fait puisqu’il en attrapa une en hauteur et se tourna afin de me la donner. Il fallait que j’en prenne soin jusqu’à mon retour au dortoir. Je ne savais pas ce que contenait la petite boule colorée. L’homme étrange n’avait pas voulu me le dire, pour l’effet de surprise soi-disant. Alors je me mettais en route pour le retour au dortoir et sur le chemin, je ne pouvais pas me retenir. Mon doigt pressa sur le bouton et un insecte en sortit. Il possédait de grandes pattes tranchantes, des ailes de sa taille et mesurait un bon mètre cinquante. Oui, vous l’aurez compris. Je venais d’obtenir un Insécateur, Pokémon réputé pour être assez vivace et surtout, il avait un regard très méfiant. Avait-il peur de moi ? Elle… C’était une femelle. D’accord, un climat de rivalité allait peut être s’installer entre nous, avant que la confiance ne puisse réellement passer au dessus de tout. Elle ne me connaissait pas, et inversement. Je retournais en sa compagnie jusqu’à la chambre que l’on m’avait attribué avec cette femelle insecte à mes côtés. Ma vie commence réellement à partir d’aujourd’hui !