Le silence vrombissait à mes oreilles, et le blanc du plafond de ma chambre était semblable à un immense gouffre qui voulait m'absorber, magnétique et insondable. Mes yeux s'y perdaient encore et encore, tandis que mon esprit tournait en rond, vagabondant dans un labyrinthe de vide et de tristesse pour toujours revenir au point de départ. J'étais seule. Ces mots me frappèrent avec la violence d'une claque que je ne cessais de me prendre. Il était parti sans un mot, sans un au revoir, sans un adieu ou une explication. Depuis je ne cessais de m'interroger, cherchant en moi la raison pour laquelle il avait disparu sans laisser la moindre trace, pour ne plus réponde à mes coups de téléphone ou quoi que ce soit d'autre. Pendant un long moment j'avais hésité sur la marche à suivre, j'avais interrogé ses camarades de dortoir, qui n'avaient pas pu me donner plus d'informations. Je commençais même à me demander s'il allait bien. Je ne voyais tout simplement pas comment Yuki aurait pu tourner le dos à la vie qu'il s'était promise comme ça, par caprice ou par coup de tête. Je n'avais pas compris. Non, en fait je ne comprenais toujours pas. J'avais beau retourner les faits dans tous les sens possibles, c'était toujours aussi absurde.
Je fermai les yeux un instant, dans une tentative vaine de faire taire les souvenirs qui menaçaient de me submerger encore une fois. Je plissai les paupières pour les repousser, luttant de toutes mes forces. Talia bougonna dans son sommeil, s'accrochant un peu plus fort à mon haut de pyjama, à la recherche de chaleur. Je serrai le drap jusqu'à ce que les nœuds de mes doigts blanchissent, sans même me rendre compte de ce que je faisais. J'avais l'impression de me noyer. L'air me manquait et mes yeux dorés fixaient désespérément le vide. Ils me brûlaient. J'avais la gorge nouée. Dodelinant de la tête, je tentai de m'extraire à l'étreinte possessive de ma Teddiursa, mais voyant que je n'arriverais pas à sortir sans la réveiller, je déboutonnai le haut qu'elle tenait fermement pour me laisser glisser hors du lit. J'y parvins enfin après moult précautions, frissonnant tandis que mes pieds nus touchaient le sol froid. Confuse, je ne tardai cependant pas à fouiller dans mes affaires pour enfiler un autre t-shirt et un pull.
Je ne savais pas trop ce que je faisais mais une chose était sûre : je ne pouvais pas rester là, à perdre encore une autre nuit de sommeil, à me morfondre comme une idiote. Il fallait que je bouge, il fallait que je... Que je m'accroche à quelque chose. N'importe quoi. Que je trouve une planche salvatrice, avant qu'il ne soit trop tard et que je ne touche le fond. Machinalement, j'enfilai une paire de chaussettes et de chaussures avant de m'approcher de la fenêtre. Syl dormait sur son perchoir, bien qu'il m'ait semblé discerner la lumière de ses yeux de dragon. Je n'y fis guère attention, et posai mon front contre le carreau glacial. Un nuage de buée se forma devant mon nez et ma bouche. Je restai là plusieurs minutes, à réfléchir, sans grand résultat. Je devais sortir, je ne pouvais pas rester là.
« Je sais que tu ne dors pas. Veille sur eux et surtout sur Merlyn, d'accord ? Je reviens plus tard. »Syl acquiesça sans un bruit, comme s'il savait déjà ce que je m'apprêtais à faire. Le tout petit Ramoloss qui avait éclos dans la journée dormait paisiblement dans le lit improvisé que je lui avais fait, niché entre les couvertures parfumées par les soins d'Ivy. Bon, au moins il ne me posait pas de problèmes tant qu'il était au chaud et nourri, c'était déjà ça. Je souris tristement à la chauve souris dans une expression pleine de regret, avant de tendre l'oreille. Le couvre-feu était lancé depuis un moment déjà. Je regardai le réveil sur ma table de chevet, aux aguets. Il était presque deux heures du matin, ce qui voulait dire que me faire choper par le Général équivaudrait à la peine de mort. Je savais que c'était dangereux, et je savais que ce n'était sans doute pas une bonne idée... Mais qu'importe. J'ouvris doucement la fenêtre et me glissai dehors, sautant sur le gazon depuis le premier étage.
Évidemment il avait fallu que je me réceptionne maladroitement, me tordant la cheville au passage. Aïe. Je jurai entre dents, maudissant mon peu d'expérience en infiltration avant de me relever en boitant. Épiant les environs, je restai cachée dans l'ombre du bâtiment avant de finalement filer vers les arbres pour rester dissimulée dans la nuit. Je savais où j'allais, bien que mes pas soient toujours un peu mal assurés. Je savais que Noctis restait souvent éveillé tard la nuit, mais je ne voulais pas pour autant prendre le risque de le réveiller. Sans parler du fait que ce n'était pas mon genre de débarquer comme ça sans prévenir... Et encore moins de faire intrusion dans un dortoir de garçons. Si Ambre l’apprenait, on aurait droit à une scène de jalousie sûrement plus sérieuse que le mal entendu du bal... Je soupirai, mais continuai d'avancer dans l'ombre, jusqu'à finalement arriver devant la fenêtre du Phyllali.
Je m'attendis d'ailleurs à me heurter à une fenêtre fermée à laquelle je devrais frapper, mais il n'en fut rien. Entrebâillée qu'elle était, je pourrais peut-être même entrer... Fronçant les sourcils, je jetai un coup d’œil à droite et à gauche pour m'assurer que personne ne pourrait me voir faire. Enfin, après avoir tenté de regarder dans la pièce où il faisait plutôt sombre, j'abandonnai l'idée d'annoncer mon arrivée. Tant pis. Me mordillant la lèvre, je fis basculer la fenêtre avant d'entrer le plus silencieusement possible. Le profil bas et les yeux qui me piquaient toujours autant, je fis tomber ma capuche et vis un orbe bleu briller dans le noir. Aliéna avait sûrement senti ma présence, mais heureusement elle n'avait pas fait de bruit. Hésitante, je restai plantée là de peur de me cogner contre un meuble et réveiller tout le dortoir.
« Noctis... ? »HRP :
Éclosion de l’œuf de Ramoloss Shiny
Dernière édition par Chiho Lime le Mar 28 Oct - 14:19, édité 1 fois