Sur la photo, les membres de la famille Young se tiennent tous fiers et droits aux côtés de leurs pokémon, toute griffe et crocs sortis : Ils ne ratent jamais une occasion de montrer leur puissance. Une personne semble cependant déroger à la règle du "jesuisplusfortquemonvoisin". C'est une fille. C'est Malice Young, la dernière-né de la famille. Une fille gentille, calme, discrète, attentionnée et généreuse, toujours prête à rendre service. Elle est optimiste, a la joie de vivre. Pour elle, le plus important c'est d'essayer. On ne réussit pas toujours, mais on ne perd pas non plus à chaque fois. Elle se sent vivante en prenant des risques. Elle est aussi un peu rancunière, introvertie, elle ne parle pas souvent et reste seule. Juste entourée de Pokemon. De ses précieux Pokemon, qu'elle aime tendrement, et dont elle prend soin. Impossible pour elle d'être Dresseuse, elle ne supporte pas de les voir souffrir. Leur ordonner d'attaquer, les voir succomber sous les dégâts physique, elle ne peut pas. Elle admirait beaucoup les dresseurs pour ça. C'était une force mentale avant tout. Mais ce n'était pas pour elle. Trop petite nature ! Mais personne n'est parfait, après tout. Oui, une petite fille, quoique, pas si petite que ça en fait. 1m70, à vu de nez. Elle a des cheveux roses attachés en deux couettes basses, des yeux rouges -ces deux dernières caractéristiques étant les petites excentricités qu'elle s'est permise lors de sa dernière visite - , une silhouette frêle, des traits délicats et la peau très claire; mais ce n'est pas ce qui diffère le plus des autres personnes. Elle dégage quelque chose. De la compassion. De la douceur. Une expression d'infinie douceur. Comme si en vous souriant, vous aviez l'impression que la vie n'était plus si noire. Comme si en vous prenant dans ses bras, elle vous soulageait, du moins pour un instant, du poids de vos échecs. Une larme s'écrase sur le verre du cadre contenant la photo. Un doigts passe bien vite pour l'essuyer. Car la fille qui tient le cadre, c'est celle de la photo. Et le poids de ses échecs, elle aimerait bien ne plus le sentir.

Prologue
En entendant des pas approcher, elle raccrocha le cadre au mur. Tous ces gestes, simples, sans aucune signification, étaient délicats, faits sans précipitation. Puis elle parti, d'une démarche légère, sans bruit. Elle monta des escaliers en bois imposants. Au bout du couloir, elle rentra dans une chambre où sa mère était couchée. Elle dormait, apaisée. Malice s'approcha du lit et pris la main de sa mère. La femme en ouvrant les yeux, pris  une expression dure et retira vivement sa main de celle de sa fille. Elle tourna la tête dans la direction opposée et demanda d'une voix qui se voulait dure  :
"- Le départ est pour quand ?"

I - Une enfance joyeuse
"-Malice ! Maman est rentrée !"
Une petite fille dévala les escaliers et se jeta dans les bras de la femme qui se révèla être sa mère.
"-Tu es enfin revenue à la maison ! Tu m'as beaucoup manqué, tu sais.
-Je sais mon cœur. Tu m'as beaucoup manqué aussi. Mais j'ai ramené de quoi me faire pardonner...
-C'est quoi, c'est quoi ?" demanda Malice, impatiente.
La femme sorti de son sac une boite rose remplie d'accessoires. La petite fille, émerveillée devant les couleurs vives et brillantes, sauta dans les bras de cette dernière.
"-Tu es la meilleure des mamans !
-Si tu le dis !"
Tandis que la petite s'éloignait en sautillant, un homme d'un certain âge (pour ne pas dire d'un âge certain) s'approcha de la jeune maman et lui posa une main sur l'épaule.
"-Tu ne devrai pas lui rapporter ce genre de cadeau. Ce n'est pas une occupation digne d'un futur dresseur.
-Je sais bien, mais c'est ce qu'elle aime. Je la laisse déjà assez seule comme ça sans devoir lui imposer des activités qu'elle n'aime pas. On aura le temps de lui donner une éducation "digne d'un futur dresseur" plus tard.
-Ton mari n'aurait pas voulu ça...
-Mon mari, s'il avait voulu être près de nous, n'aurait pas pris ce bateau pour aller combattre la Team Galaxie alors que j'étais sur le point d'accoucher !
-Lui seul est responsable de sa mort, je n'y suis pour rien. Calme-toi ma fille."

II-Prise en flagrant délit
Malice devait avoir 10 ans maintenant. Perchée sur la pointe des pieds, elle suivait avec attention la préparation d'un poffin par la cuisinière. L'odeur qui s'en dégageait était délicieuse et l'amour que mettait cette dernière dans le gâteau la fascinait. Malice avait étudier les différentes sortes de baies, leurs effets et les poffins depuis quelques temps maintenant. S'occuper des Pokemon était son passe-temps favori. Les chouchouter, les entraîner... Parce que l'amour les rendait plus fort, pas besoin de battre les autres. L'attention, les caresses, les cadeaux, les voyages et les expériences de la vie renforçait le lien entre humain et Pokemon. Elle voulait devenir Eleveuse. Elle serait utile, elle aiderait, elle servirait enfin à quelque chose ! Elle rêvait de son existence vouée au bien-être des Pokemon en cachette, bien sûr, qu'aurait dit sa famille si elle était au courant de sa passion ? Elle pouffa en se remémorant son grand-père prendre son air outré en dire "Ce n'est pas digne d'un futur-dresseur !"
Mais elle ne rit pas longtemps, ce dernier venait de faire irruption dans la cuisine. Et lorsqu'il l'aperçut, il se rua sur elle, l'attrapa par le col de sa chemise et l'entraîna hors de la cuisine. La cuisinière n'eut d'autre choix que de répondre par air contrit aux yeux suppliants de la petite fille.
Dans le salon, elle eut le droit au sermon habituel comme à chaque fois que son grand-père la prenait en train de faire autre chose que de s'entraîner à devenir Maître pokemon. Ses cousins en rajoutait une louche en chantant dans toute la maison "Ouh la menteuse, c'est pas une bonne dresseuse"
Mais qu'importe les remontrances et les humiliations, Malice était déterminée. Et quand elle avait quelque chose en tête, il était difficile de l'en dissuader.

III-Un choix
"-Elle a dit quoi ?!"
Des éclats de voix provenaient du salon. Perchée sur la dernière marche de l'escalier, Malice écoutait discrètement. Sa mère, en fauteuil roulant, s'adressait à son grand-père. Elle avait été immobilisée quelques années auparavant par un accident. Au somment de sa carrière. Cela faisait presque 10 ans maintenant, mais c'était toujours un sujet sensible. Surement ce qui l'avait poussé à essayer de faire de sa fille ce qu'elle n'avait jamais pu être. Mais les rêves d'une mère sont parfois bien différents de ceux de sa progéniture...
"-Elle m'a annoncé qu'elle ne voulait pas devenir Dresseuse.
-C'est impossible ! C'est irréel ! C'est inimaginable !
-Elle a également rajouté qu'elle voulait devenir Éleveuse.
-Éleveuse ?! Mais pourquoi ? Nous lui offrons la meilleure éducation possible, son avenir était tout tracé ! Tout ça c'est de ta faute, avec tes jouets ridicules quand elle était petite. Ils n'étaient pas dignes d'un futur-dresseur !"
Malice descendit les escaliers. Elle qui était d'habitude si discrète, si effacée, presque transparente, parla d'une voix forte :
"-Ecoutez, quoique vous en pensiez, j'ai pris ma décision. Vous ne me ferez pas changer d'avis. J'ai déjà rempli les papiers pour rentrer à la Pokemon Community. Il ne manque que vos signatures en bas."
Il y eu un moment de silence. Puis sa mère prit la parole :
"-J'accepte.
-Comment ça tu acceptes ? Elle va ruiner notre réputation !
-J'accepte, mais à une condition. Tu ne reviendras jamais. A partir du moment où j’apposerai ma signature en bas de ce papier, tu n'es plus ma fille. Si tu quittes cette maison dans le but de devenir éleveuse, ne te retournes pas. La porte te sera fermée."
La femme ne le pensait pas vraiment. Elle espérait juste de tout cœur que ce dernier argument ferait changer d'avis sa fille. Mais contre toute attente...
"-Très bien. Ça me convient."
C'était le prix à payer pour son bonheur. Elle avait essayé. Elle n'avait pas tout à fait gagné, mais elle ne perdait pas non plus. On ne peut pas tout avoir, se dit-elle.

IV-Le départ
"- Le départ est pour quand ?
- 13h. Le bateau est à 16h."
Seul le silence lui répondit.
Elle repensa aux moments passés ensemble. Aux bons moments. Il n'y en avait presque pas, en y repensant. Sa mère était devenue quelqu'un de froid et dur après son accident, aussi les seuls souvenirs heureux étaient ceux, très flous, des moments où elle rentrait à la maison après s'être absentée pendant une longue période, dans la plus tendre enfance de Malice.
Elle quitta la chambre. Arrivée sur le pas de la porte, elle se retourna une dernière fois :
"-Au revoir, Maman. Tu vas me manquer. Je crois."
Elle ferma la porte sans attendre de réponse et quitta la bâtisse.
La femme allongée dans son lit attendit que les pas s'éloignent avant de fondre en larmes.