Il m'avait répondu presque sans hésiter, mentionnant qu'il était ici depuis un an. Voilà de quoi me faire esquisser un "oh" de surprise. Ainsi il était arrivé en janvier dernier lui aussi? C'est qu'en fait nous avions posé les pieds à la Pokémon Community pratiquement en même temps! Drôle comme le hasard fait les choses. Et, selon ses dires, il détestait les Pokémon à l'époque? Voilà qui avait de quoi surprendre tout de même. Enfin, lui je ne le connaissais pas encore beaucoup, mais les gens qui détestent les Pokémon sont assez rares en règle générale, il faut l'avouer. Heureusement il avait l'air d'en parler au passé, du coup ce n'était probablement plus le cas maintenant qu'il avait du apprendre à les connaître, ou en tout cas j'espérai viser juste. Oh, et son accident remontait donc à cet été, c'était réçent quand même. Surtout que ça l'avait empêché de revenir si j'avais bien compris, donc ce devait être un truc plutôt grave, d'autant plus qu'il en avait retiré des séquelles vu ses lunettes. Mine de rien, ça devait lui demander beaucoup de courage de revenir après tout cela, d'essayer de rattraper son retard et de continuer sa vie comme auparavant. Il me demanda depuis combien de temps j'étais là aussi, mais je ne répondis pas à sa question, pas tout de suite en tout cas. J'étais lancée dans mon élan et une fois que c'était fait, impossible de m'arrêter. J'étais comme ça, c'est tout. C'est donc ainsi que je lui souris, essayant de me montrer amicale, tout en ne désirant pas en faire trop pour autant, ne voulant pas le mettre mal à l'aise.
- Si tu veux je peux peut-être essayer de t'aider, pour te remettre à jour. Enfin, je ne suis pas vraiment du style première de classe en fait... Oui bon, je suis même un peu lente parfois, mais un coup de main est un coup de main j'imagine.
Au final c'est moi qui me retrouvais gênée. J'avais parlé sans vraiment y réfléchir. C'était facile de se proposer pour aider les autres, mais dans les domaines scolaires, c'était généralement moi qui avait besoin d'aide, sauf lorsque ça parlait d'élevage bien sur. Du coup je me retrouvai à esquisser un sourire désolé, me grattant l'arrière de la tête avec quelque peu d'embarras. Sérieusement, je me demandais ce que les passants devaient se dire. On avait déjà des mimiques semblables, c'est dire! Oh, mais il m'avait posé une question hein! Il serait un peu malvenu de ne pas y répondre après qu'il m'eut partagé ces quelques informations à son propre sujet.
- Ça va bientôt faire un an moi aussi, je suis arrivée en janvier dernier. Pour ma part j'ai toujours aimé les Pokémon et je voulais faire de la coordination. Un peu dommage que je ne sois pas aussi douée que ce que j'aurais espéré, mais je me débrouille j'imagine. Sinon je me suis dirigée vers l'élevage, pour prendre soin des Pokémons. S'il y a bien une chose que je sais faire à peu près, c'est ça donc, je me suis dit autant miser là dessus. Je ne gagnerai peut-être jamais de ruban, je ne serai peut-être jamais une grand pokéathlète, ni une grande topdresseuse mais... Si je peux aider ne serait-ce qu'une personne, changer ne serait-ce qu'une seule vie grâce à ce que je fais de mieux, alors je pense que ça aura valu la peine. C'est pour ça que j'aimerais étudier la pokéthérapie, ou quelque chose comme ça. Je veux trouver un moyen d'aider, pour ne pas avoir honte même si je suis un peu naïve ou un peu maladroite. Désolé, c'est ridicule tout ça, haha! Mais c'est moi.
Voilà, bravo moi, je me retrouvais encore une fois avec les joues rosées. Il y avait longtemps maintenant que je pensais comme ça, mais je ne l'avais jamais dit à quelqu'un d'autre à voix haute. Maintenant que je prononçais mes ambitions ainsi, j'avais l'impression, plus que jamais, d'être une enfant aux rêves démesurés. Mais bon, peut-être était-ce un peu ce que j'étais. Une fille normale avec des rêves trop extraordinaires pour elle. Qui sait. Heureusement, nous atteignîmes la boutique peu après et je m'y engouffrai presque en hâte, trop effrayée à l'idée de ce qu'il aurait pensé de mon petit monologue de rêveuse professionnelle. Au lieu de cela, j'allai retrouver la vendeuse et lui demandai de me trouver des robes rouges, afin que je puisse les essayer. Je m'éclipsai donc avec un rapide "Je reviens!" et me dirigeai vers les cabines d'essayage. J'en ressortis à quelques reprises, pour avoir l'avis de Leo, mais retournais me changer presque aussitôt. Celle-ci faisait trop adulte, cette autre là ne respectait pas tout à fait le thème, une autre était beaucoup trop courte et une dernière tirait un peu trop vers l'orangé. C'est, au final, en y croyant presque plus que j'enfilai une splendide robe à l'allure asiatique, presque convaincue qu'elle ne me ferait pas. Pourtant, miracle, le résultat n'était pas si mal dans le miroir. J'ouvris la porte de la cabine d'essayage afin d'aller montrer le résultat à Leo, tournant même sur moi-même, pas trop rapidement bien sûr, pour lui permettre de bien voir le résultat de tous les côtés. Puis, je tournai mon sourire vers lui, sans même lui demander verbalement ce qu'il en pensait. De toute façon, je savais qu'il pourrait sans doute me répondre sans les mots, lui aussi.
Si quelqu'un m'avait dit qu'un jour, moi, Estelle Highwind, je serais assez jolie pour faire lever quelqu'un de sa chaise, je ne pense pas que je l'aurais cru. Pourtant l'évidence était là, juste devant mes yeux, en la personne de Leo. Sa bouche s'entrouvrit, ses mains presque tendues vers moi et il semblait chercher ses mots. J'en ris quelque peu, à la fois gênée et flattée d'une telle réaction, me demandant au passage quelle aurait été celle d'Allen. Ce n'est qu'après quelques secondes passées ainsi qu'il secoua soudainement la tête, comme pour se ramener sur Terre, provoquant chez moi un nouveau rire léger. Il semblait maintenant nerveux, s'excusant de sa réaction et achevant de me faire monter un peu de rose aux joues. Ainsi, selon ses dires, la robe était parfaite. Même plus, j'étais moi-même parfaite dans cette robe.
- Merci.
Répondis-je simplement, un peu timidement moi aussi avant de le voir prendre la fuite vers la sortie. Bon eh bien, il semblerait que celle-ci soit la bonne. Je retournai donc me changer, ré-enfilant mes vêtements habituels, me faisant bien songeuse durant ce temps. Je ne m'attendais pas à provoquer une telle réaction, tout de même. Cette journée avait décidément de quoi surprendre. J'avais dansé avec un garçon qui, jusqu'à ce matin, m'était totalement inconnu et maintenant voilà qu'il avait déjà ce genre de réaction en me voyant porter une robe. Mais le pire dans tout cela, c'est que tout ceci s'était déroulé d'une façon si naturelle, si facile, que je n'avais même pas réalisé avant de commencer à y penser vraiment. L'on m'aurait dit que je connaissais Leo depuis des années et je n'aurais pu qu'acquiescer, parce que c'était en réalité l'impression que j'avais. Qui sait, peut-être l'avais-je rencontré en une vie antérieure ou quelque chose comme ça? Enfin, pour peu que l'on soit prêt à croire que cela soit possible. Bref, maintenant vêtue normalement, je sortis et me dirigeai vers la caisse, attrapant des chaussures de la bonne taille au passage. Puis, je m'arrêtai devant le présentoir de lunettes soleil, vérifiai le prix et l'affaire était pour moi déjà conclue. Je ne repartirais pas d'ici sans une quarantaine de ces paires de lunettes!
Je remerciai donc la vendeuse, repartant avec un grand sac bien plein de tout mes achats. J'y fouillai d'ailleurs à l'aveuglette afin d'en sortir des lunettes, arracher l'étiquette et les poser sur mon nez avant d'observer le résultat dans un miroir. Parfait. Elles étaient justes un peu arrondies, ce qui préservait mon air jeune, mais conservaient un air rectangulaire, plus près de l'ovale que du cercle, ce qui me donnait un air classe -comme les lunettes du dessin en fait, mais chut, je suis pas censée savoir-. Cette petite amélioration faite, je sortis dehors, cherchant Leo du regard. Ah! Le voilà qui attendait patiemment avec son Zoroark, une fumée blanche dansant à chacune de ses expirations. Comme ça, là maintenant, j'avais presque l'impression de regarder une scène dans un film, avec le héros qui attend dans le froid, prenant de nouvelles résolutions importantes pour la suite de ses péripéties. Une scène où il manquait une actrice pour la suite du scénario, en toute logique de film pokéwoodien. Il me fallait donc le rejoindre, porteuse de ce nouvelle accessoire. Je déglutis, espérant qu'il ne prendrait pas mal ma petite initiative, retournant à ses côtés avec un sourire aussi brave que possible.
- Me revoilà! Et maintenant nous sommes deux supers espions au lieu d'un, comme ça on fait la paire.
Et comme ça ils ne te regarderont plus seulement toi, ils nous regarderont tous les deux et on sera peut-être un peu bizarre ensemble, mais tu ne seras pas seul. C'est l'important, non? Hum! Retour à nos mareep. Il nous restait encore plusieurs choses à faire, comme trouver la fameuse machine à fumée et récupérer Sephiroth et Ouji-sama, nos deux croupiers qui avaient du maintenant recevoir quelques heures de formation à cet effet. J'ignorais si ce serait suffisant, mais il faudrait faire avec puisque nous possédions un délai limité pour tout accomplir. Je me retournai donc une fois de plus vers mon acolyte, lui partageant la prochaine étape de notre long périple.
- Notre prochaine mission, si vous l'acceptez... haha! Non, j'y arrive pas! Bon, il faut aller récupérer nos croupiers et en même temps ils auront peut-être une vieille machine à fumée à nous prêter. Après il ne nous restera plus qu'à aller attendre l'arrivée du buffet et du groupe et leur indiquer où ils peuvent s'installer et bah, je pense qu'il ne nous manquera plus que les invités après ça.
Et nous voilà repartis, côte à côté sur l'un des trottoirs de l'île Pumkin, un imposant Zoroark nous escortant. Il n'y avait pas à dire, avec pareil Pokémon en notre compagnie, je me sentais on ne peut plus en sécurité. D'ailleurs, ça me faisait penser que je n'avais aucune idée de ce qui devait composer le reste de son équipe. Après tout, il était arrivé en même temps que moi, donc son équipe devrait théoriquement avoir à peu près la même grosseur, non? C'est donc enjouée de nouveau, convaincue d'avoir trouvé un sujet de conversation idéal, que je repris la parole. Quelle idiote je faisais, tout de même. Si seulement j'avais su, j'aurais pu ne pas le blesser inutilement. Moi qui ne désirait qu'aider, j'étais au final plus maladroite encore que je ne l'aurais cru.
- Sinon, pendant qu'on a le temps de discuter un peu, je me demandais qui sont les autres membres de la super équipe Blackhart?
Il s'était arrêté net, comme s'il venait de se retrouver confronté à un mur invisible. Comme lorsqu'un coup nous coupe le souffle et que l'on se retrouve déconnecté de la réalité. Pourtant je n'avais fait que parler. Tout comme j'avais su le délier plus tôt en quelques paroles, voilà que maintenant j'avais l'impression de lui avoir vrillé le coeur avec cette interrogation sans doute inattendue. Je ne pouvais voir ses yeux et, pour l'énième fois en ce jour, j'aurais bien aimé qu'il en soit autrement. Remarque, aurais-je eu la force de soutenir ce que j'aurais pu y croiser? Quelle était réellement l'ampleur de la peine qui sommeillait dans ces profonds iris d'ambre? Et dire que les passants semblaient énervés, contournant notre trio maintenant immobile en poussant des soupirs, en jetant des regards consternés et en montant un peu la voix. Ces gens, j'eu envie de leur crier dessus, de leur dire qu'ils n'étaient qu'une bande d'aveugles et d'insensibles. Comment faisaient-ils pour ne pas entendre pleurer le coeur de Leo?
Luné tenta de rappeler son dresseur sur terre et, si cela sembla fonctionner, le résultat n'en était pas moins factice. Une fois de plus cette main sur cette nuque. C'était quoi, la troisième fois maintenant? Chaque fois lorsque ce sujet précis revenait dans la conversation, chaque fois lorsqu'il était question de son accident, de ses lunettes, de ses Pokémons. Que s'était-il donc passé? Qu'est-ce qui justifiait ce sourire si triste qu'il m'en mettait presque les larmes aux yeux? Sa voix s'éleva de nouveau, visiblement prête à me partager l'atroce vérité se dissimulant derrière ces verres fumés. Il n'avait plus d'équipe Pokémon. C'était aussi simple que ça, aussi court, aussi sec. Pourtant, ces quelques mots avaient quelque chose d'horrible. Je sentis mon propre coeur se serrer à cet instant et, malgré moi, j'eu le réflexe d'un pas de recul. Son rire nerveux résonnait dans mon esprit et mon souffle me fut coupé un instant. Je revoyais Kaeko, recroquevillée sous cet escalier, pleurant car elle n'avait pas su protéger son dortoir. L'âme en peine car elle avait échoué à la protection de l'un de ses Pokémon. Et lui, ce jeune homme pourtant si gentil, cet individu au coeur semblant si tendre, le malheur s'était abattu sur lui de la pire des façons. Qu'aurais-je fait si, à sa place, il ne m'avait plus resté qu'Ouji-sama? Spark, Ash, Hime, Shaw, Sephiroth, mon oeuf de Ponyta. Qu'aurais-je fait sans eux?
J'étais toujours sans voix, toujours sous le choc lorsqu'il laissa sortir un Caninos d'une autre pokéball. Malheureusement, malgré tout l'entrain du canidé, il m'était impossible de sourire à son apparition, impossible d'être enjouée avec lui. Volés par la team Rouage. La Team Rouage. Encore et toujours. Y avait-il quelqu'un sur cette île qui n'eut pas versé de larmes par leur faute? Et pourtant Leo s'entêtait à tenter de sourire. Il avait l'air si triste, si brisé, si souffrant soudainement. Alors pourquoi souriait-il?! Comment trouvait-il seulement la force de le faire? Peut-être était-ce seulement parce qu'au fond, il n'avait pas le choix. Injuste. C'était tellement, tellement injuste. Je n'arriverais pas à lui sourire en retour, je n'en serais pas capable. Peut-être que ça faisait de moi quelqu'un de faible, peut-être que ça faisait de moi quelqu'un qui n'avait pas le droit de partager sa compagnie, parce que ça ne lui apporterait sans doute rien de bien. Je ne ferais que tourner le couteau dans la plaie, je le savais, mais c'était plus fort que moi. Comment sourire et juste continuer comme si de rien n'était? Non, je ne pouvais pas faire ça.
- Leo...
J'aurais voulu dire tellement de chose. J'aurais voulu m'insurger contre la team rouage, vociférer mille injures et m'indigner. J'aurais voulu crier, lui dire d'arrêter de sourire comme ça parce que c'était beaucoup trop faux. J'aurais aussi pu lui dire que les choses iraient mieux maintenant, mais sur quoi me serais-je basée pour affirmer une telle chose? Leonidas n'était plus un gamin et ce n'est qu'aux enfants que l'on assure que tout va bien aller. Il aurait été limite irrespectueux d'oser dire quelque chose d'aussi stupide. Ainsi, au lieu de dire toutes ces choses, je laissai simplement les actes parler pour moi, ça et mes larmes qui commencèrent à rouler sur mes joues, bien entendu.
Sans y réfléchir d'avantage, je serrai Leo et son Caninos dans mes bras, ou du moins je tentai de le faire. Après bon, vu le gabarit du phyllali, supérieur au mien, et la présence du pokémon feu en bonus, il était clair, net et précis que je n'arriverais pas à les enlacer tous les deux, mais ça ne m'empêcherait pas de faire ce que je pouvais, de lui apporter mon support tel que je le pouvais. Voilà qui était, toutefois, bien dérisoire. J'avais fait de même avec Kaeko après tout. Était-ce donc la seule chose que je savais faire, enlacer les gens en cherchant mes mots, les larmes aux yeux? Était-ce la seule chose dont j'étais capable? Non, je voulais faire plus, ne serait-ce que pour Leo. Il me paraissait quelqu'un d'extraordinaire et il méritait quelque chose qui soit à la hauteur. Je ne pourrais sans doute jamais rien faire qui soit suffisant, mais si je pouvais faire quelque chose pour lui, aussi insignifiant que ce le soit, je le ferais sans la moindre hésitation.
- Je vais t'aider... je ne sais pas comment mais.... mais au moins je suis éleveuse. Ouais... je pourrais peut-être t'aider comme ça...? Je suis tellement désolée... je....je suis tellement nulle que je sais même pas quoi te dire.
J'avais parlé tout en le serrant contre moi, n'ayant pas bougé de ma position, pleurant toujours doucement. Ma voix s'était faite timide, un peu faible et instable du à un rire nerveux et pathétique accompagnant mes derniers mots. Une fois de plus, je me sentais si impuissante. Tous ces efforts, toutes ces résolutions, toutes ces aspirations. Mais à quoi bon nourrir tant de rêves et d'espoirs si je n'arrivais même pas à aider les gens qui se tenaient devant moi, dans le moment présent?
Je devais avoir l'air idiote, mais là vraiment très très très idiote. Remarque, vous me direz sans doute que ce n'est pas quelque chose de nouveau après tout et je ne pourrais sans doute pas vous en tenir rigueur, mais là n'est pas le sujet du jour! Je m'étais mise à pleurer lorsque j'avais compris, j'avais voulu lui offrir mon support, j'aurais voulu pouvoir faire quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Pourquoi? Pourquoi pas. Il était là, devant moi et il souffrait de ce qui lui était arrivé, c'était indéniable, ça crevait les yeux. Chacune de ces fois où sa main était allée retrouver sa nuque, chaque fois que je m'étais demandée ce que je verrais en ces yeux sans ces lunettes, comment manquer tous ces signes? Mais en même temps, qu'est-ce que je voulais faire? Je n'étais même pas une topdresseur, je ne pouvais pas maudir toute la team rouage et promettre de les faire disparaître, de causer leur chute et de les vaincre un par un si nécessaire. Mon équipe n'était pas du tout entraînée pour ça, je n'avais même jamais pris part à un véritable combat Pokémon. De quoi aurais-je l'air, seule devant l'envahisseur, me reposant sur la capacité à combattre d'un petit Vipelierre qui avait passé le plus clair de son temps à se faire limer les ongles - si si - et à se faire appliquer de la crème hydratante?! Bon sang, l'image est encore plus pathétique que ce que je croyais maintenant que je la visualise en plus de ça.
Pendant ce temps, Leo avait posé les mains sur mes épaules, me disant de ne pas pleurer. Oui bon, c'était un bon conseil que j'aurais sans doute du m'appliquer à suivre, et c'est d'ailleurs ce que je tentai de faire. Heureusement que ce n'était que quelques larmes et pas des sanglots, autrement là c'est vrai que mon échelle de crédibilité aurait chuté d'encore quelques échellons. J'ai bon espoir qu'un jour, ma crédibilité soit si basse que je passe pour une personne extraordinaire en Chine. Chacun ses aspirations après tout. Il en essuya quelques unes du pouce et je le remerciai d'un genre de sourire alors qu'il me dit de ne pas pleurer pour lui, de ne pas pleurer pour eux. Même son caninos se mit de la partie, allant se percher dans la tignasse blonde de son dresseur. J'acquiesçai faiblement, résistant de peu à l'envie de m'excuser pour ça. Il poursuivit donc, me remerciant avant d'ajouter qu'ils étaient forts tous les trois et de consulter les deux Pokémon pour confirmer, ce qu'ils firent avec grand entrain. Maintenant porteuse d'un délicat sourire, même moi je ne pu résister à y apporter mon avis.
- Oui, c'est vrai. Vous êtes les meilleurs.
Dis-je en m'accompagnant malgré moi d'un rire léger, contraste sans doute un peu étonnant après cette autre expression que je portais un peu plus tôt encore. Mais bon, impossible de garder cet air triste et compatissant quand il semblait effictivement si fort et si décidé à franchir cette épreuve avec la tête haute, ses deux compagnons à ses côtés. C'est ensuite qu'il enchaîna en effaçant le reste de mes larmes et je le laissai faire sans rouspéter. C'est que décidément je pleurais souvent moi depuis cette fameuse attaque de la team Rouage. Comme quoi leur passage avait laissé en moi des traces plus profondes que je ne l'aurais voulu l'admettre. En même temps, comment pourrais-je oublier ces interminables minutes passées sous le lit et en pleurs, Ouji-sama caché loin de moi? Et, bien sûr, la peluche... J'en avais laissé les lambeaux à Lansat, incapable de la mettre dans ma valise. J'espérai vaguement quelle serait toujours là à mon retour. Certes, lui ne pensait peut-être pas qu'elle était importante, il pensait peut-être que c'était le genre de choses que l'on peut bêtement acheter et il avait raison, mais pour moi cette peluche était devenue un symbole. Elle était pour moi celui de la joie que j'avais partagé avec lui, de nos souvenirs communs, des espoirs que je me faisais pour l'avenir sur Lansat. Je devais la réparer, parce que la vie continue. Si Leo arrivait à se relever de ce qui lui était arrivé, s'il arrivait à poursuivre sa vie et à pourchasser ses rêves de nouveau, qu'est-ce qui m'empêcherait de faire pareil? Une fois rentrée sur l'île Lansat, j'allais me retrousser les manches et réparer la peluche. J'en étais capable. Lorsqu'il me dit de sécher mes larmes, c'est avec joie que j'acquiesçai.
- Ouais, je vais faire ça. Désolé. Mais je ne retire pas ce que j'ai dit. Si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas, je ferai de mon mieux pour t'aider, promis. -petite pause- On y va...?
Il déposa sa main sur le dessus de ma chevelure rosée. Un simple geste amical, mais qui me fit me sentir encore plus petite à côté de lui. Puis, il m'avait dit savoir vers qui se tourner et juste après, vint le saint-graal. Enfin bon, j'exagère peut-être un peu, mais osef. Ce sourire là. Ce sourire là, il brillait comme un petit soleil. Il brillait comme si on venait de lui enlever le plus pénible des poids et qu'il respirait enfin de nouveau. Réflexe, je souris avec lui. Un sourire enthousiaste pour faire écho au sien alors que mon coeur s'allégeait lui aussi. Et même, ce n'était pas tout, puisque je me permis de laisser échapper quelques mots à mon tour.
- Moi aussi, je préfère te voir sourire, Leo!
Et c'est après cela que nous reprîmes notre chemin, porteurs d'une nouvelle complicité. Remarque, c'était sans doute simplement une plus grande compréhension, parce que complicité déjà on pouvait difficilement faire mieux pour une première rencontre hein. D'ailleurs, il semblerait que ce n'était pas pour plaire à Ouji-sama, comme si cela allait étonner qui que ce soit. Il agissait différement ces temps ci, il semblait encore plus farouche qu'à l'habitude. Sans oublier qu'il était maintenant allergique aux garçons blonds, presque littéralement. Espérons que ça lui passe rapidement, parce qu'il était assez désagréable là. Bref, le buffet arriva et c'est selon nos indications que tout fut disposé. Ça prenait forme là! Bientôt, la fête pourrait commencer! Du coup, lorsque Leo me proposa d'aller nous préparer, c'est bien évidemment que j'acceptai, anticipant déjà le temps de préparation que cela me demanderait.---
J'étais presque prête, presque. Un peu de maquillage pour rehausser le regard et rendre ces lèvres un peu ordinaires plus attrayantes. Parce que bon, soirée espion en mode femme-fatale, autant jouer le jeu comme il faut, parce que sans le maquillage approprié j'aurais juste l'air d'une gamine dans une robe de femme quoi et donc au revoir le bel effet. Sinon, je portais déjà ma splendide robe chinoise et, en dessous, avais bien pris la peine d'enfiler des bas collant noir, bien que semi-transparant. Car bon, il y avait une échancrure de chaque coté de la robe à partir de la mi-cuisse, j'allais quand même pas laisser mes jambes à la vue de tous à ce point là, d'autant plus que nous étions quand même en plein hiver! Pour conclure le tout, des talons hauts. Ça, j'avais galéré un peu je vous avoue. Non pas que je n'arrivais pas à les choisir, ça s'était fait tout seul quand j'avais repéré cette paire splendide. Non, la question était plutôt : est-ce que je peux les porter? Si mon cavalier avait été Allen, j'aurais sans doute préféré des talons plus petits. Comme on aimait bien danser tous les deux c'était plus sécuritaire et puis comme ça nous conservions un certain écart de grandeur quoi. Mais vu que ce soir, exceptionnellement, j'allais sans doute être accompagnée par Leo qui faisait quelques centimètres de plus, pourquoi pas me permettre une petite folie tiens?
Plus qu'à relever ma chevelure pour l'attacher à la chinoise avec une baguette....Enfin, pas comme les baguettes pour manger, vous savez! Les grosses aiguilles de bois pour les cheveux quoi! Des piques à cheveux? Nan nan, baguettes pour cheveux! Ouais, on va dire ça comme ça! Bref. J'avais aussi laissé quelques mèches rosées venir encadrer somptueusement mon visage et rajouté à cela des boucles d'oreilles. Un rapide coup d'oeil dans le miroir me permis de m'admirer de la tête aux pieds et, sans vouloir paraître narcissique, c'est que j'avais la classe. Bon, ce n'était peut-être pas du niveau Scarlet Johansson, mais le niveau Emma Watson c'déjà un très très bon départ, non? Ouais bon, laissez moi mes rêves de ressembler à une grande dame, d'accord!? Dans mon coeur, j'étais facilement aussi jolie! Plus qu'une dernière chose, me dis-je en sortant mon iPok, prenant la pause en me plaçant un peu de côté, juste assez pour que l'on voit bien l'échancrure à la jambe. Parfait. Et maintenant, selfie. Vérification de l'image. Raaaah! Non, je ne pouvais pas faire un sourire de gamine pour aller avec ma superbe allure de femme fatale, voyons! Aller, on ré-essaie. Léger sourire en coin, un peu aguicheur, le regard confiant, les épaules bien droites et les courbes élégantes. Vérification de l'image! Ah ouais, ça c'était mieux! Hmm, mais la petite mèche de cheveux là j'avais pas remarqué. Bon on reprend. Cheveux en place, sourire confiant et un peu invitant, le regard vif, petite aura de mystère. Vérification de l'image. Mouhahahahaha! Je pouvais faire couverture de magazine avec ça! Faites moi tourner ce iPok!
Soirée espion ce soir. N'hésitez pas à venir me demander une hanche, monsieur Wills.
Envoyé avec la selfie parfaite en fichier joint. Hum? Un instant. Nooooon! Cet autocorrecteur! Ça ne voulait tellement rien dire en plus! En fait... hum.... Ouais non, dans un contexte comme celui-là ça pouvait être interprété d'une façon... Oh merde, vite, je devais corriger ça!
Une danse! Je voulais dire une danse! Désolé, c'est mon autocorrecteur. >.<
Pfiou, comme quoi malgré tous les efforts je ne changeais pas. Bref, il était temps d'y aller maintenant, pas question de faire attendre Leo et potentiellement les invités. Dernière vérification dans le miroir et j'étais partie, pratiquant ma démarche de super espionne alors que le claquement de mes talons m'accompagnait. Bientôt, je pu voir apparaître Leo à la deux. La soirée me stressait au point de voir double maintenant?! Ah, mais non! Luné bien sûr! Embarquant dans le jeu, je m'approchai donc avec le sourire, le même sourire que j'avais pratiqué à faire devant le miroir, feignant de ne pas savoir lequel des deux était le bon.
- Lequel de ces charmants jeunes hommes sera mon cavalier pour ce soir?
Je suivi leur petit numéro des yeux, un sourire aux lèvres, tentant de ne pas m'esclaffer et ainsi gâcher l'attitude que j'avais tant travaillé devant le miroir. Heureusement, Leo fini par s'avancer, me permettant de savoir hors de tout doute lequel des deux était le bon. Après tout je ne pensais pas que Luné soit capable d'imiter la voix de son dresseur quand même, si? Remarque dans son cas je pense que je ne serais même pas surprise, ce ne serait après tout pas la première fois aujourd'hui que ce Pokémon m'impressionnait. J'allais m'avancer timidement pour prendre sa main lorsque, l'air outré, l'autre Leo s'avance à son tour. Petit regard vers le Leo initial, juste pour être certaine. Voilà, je n'avais besoin de rien de plus pour savoir lequel était le vrai. Un simple détail, mais qui pour moi avait été suffisant. Le hic, c'est que pendant que je vérifiais mon hypothèse, le Zoroark sous couverture s'était déplacé jusqu'à se retrouver derrière moi et, alors que je voulais me retourner pour le suivre des yeux, il me poussa vers son dresseur. Wait... what?! Heureusement que Leo était là pour m'empêcher de chuter et que, cette fois, mes pieds soient réellement dans des talons hauts. Parce que bon, c'était quand même plus facile comme ça que de se voir en talons lorsqu'on ne l'est pas. Chute évitée, d'accord, mais je venais de rêver ou le Zoroark avait décidé de me pousser intentionnellement vers son dresseur?! Pour le coup, ce grand renard était en train de me rendre plus mal à l'aise qu'autre chose et un certain petit serpent ne se priva pas pour faire son apparition, un noeud papillon au cou. C'est donc flanquée de Leo d'un côté et de mon Vipelierre de l'autre que je me préparai à accueillir les premiers invités. Espérons que la soirée se déroule bien.
Nous n'avions rencontré aucun imprévu jusque là et la soirée battait son plein. Je jetais parfois un regard vers les tables de jeu, regardant Ouji-sama distribuer les cartes de ses lianes expertes. Puis je regardais Sephiroth, s'amusant à tourner avec la roulette en grimaçant, espérant ainsi dérider les visages des joueurs assis à sa table. Il faut dire qu'ils se débrouillaient plutôt bien, comme quoi la formation qu'on leur avait donné s'avérait être un franc succès. Souhaitant me désaltérer, je me dirigeai vers le buffet, me servant un petit verre de punch, vérifiant bien sur qu'il s'agissait du non-alcoolisé. De quoi aurais-je l'air, grande sur mes talons et en splendide robe, à marcher de travers dites moi? Voilà, donc autant ne pas essayer ça ce soir. Malheureusement, tout le monde n'était pas de mon avis il semblerait et un homme -pas un jeune là, un homme avec de la moustache- s'approcha et pris appui sur le buffet, tournant ensuite vers moi un regard inquiétant alors que je déglutis, espérant qu'il ne me jetait pas vraiment le regard qu'il me jetait. Et puis... c'est un oeuf qu'il avait avec lui?!
- Hey, la mignonne, avoue que tu meurs d'envie de danser avec moi. Je te laisserai même toucher mon oeuf de Pichu si tu veux!
Euuuuuh.... pardon?! Je ne sais pas qu'est-ce qui était le plus étonnant là. Qu'on me drague dans une soirée? Vu la robe ça pouvait être compréhensible un tout petit peu, mais par un homme si vieux?! Et puis c'était quoi cette technique vraiment beaucoup trop louche et vraiment immorale?! Se servir d'un oeuf comme ça?!! C'était tout simplement révoltant! Et puis ce type puait l'alcool, à croire qu'il avait bu avant même de se rendre à la soirée. Je ne pouvais pas décemment lui laisser cet oeuf entre les mains dans cet état, je ne lui aurais même pas laissé des clés de voiture alors une vie? Jamais.
- Il me fera plaisir de danser avec vous, mais est-ce que je pourrais avoir votre oeuf avant? Ils ne sont pas autorisés dans la salle, donc je vais aller le mettre au vestiaire et vous allez pouvoir le récupérer à la fin de la soirée, ça vous va?
- Oh? Le vestiaire? Petit co--
- PHANPYYYYY!!
De toute ma vie, je n'ai jamais été aussi contente d'avoir un Pokémon qui connaisse l'attaque roulade. En deux temps trois mouvements, me voilà en fuite dans la foule, oeuf de Pichu dans les bras, Phanpy dans mon sillage, concentrée à ne pas trébucher avec mes imposants talons. Vite vite vite! Ah! Leo! Bien sûr! Il avait dit vouloir être mon homme pour la soirée? Alors maintenant qu'il assume et me défende de cet ivrogne, parce que je n'allais pas non plus demander à Ash de lui rouler dessus jusqu'à ce qu'il s'écroule hein! Oh, il y avait aussi Monsieur Bond! Ouais non... quatre secondes plus tard, ce dernier venait de passer de "sauveur potentiel" à "pire salaud de la terre", sans passer par go ni toucher deux cent jetons. Une danse en duo au plein milieu de la scène pendant que j'essayais de sauver un oeuf de Pichu? Très bien!
- Vous pouvez garder ceci pour moi le temps de la danse, monsieur Bond?
Il accepta, bien sûr. Mains vides, c'était ça de gagné! Je n'aurais qu'à récupérer l'oeuf plus tard et le tour était joué. Maintenant rejoindre Leo sur la piste et lui faire savoir que nous devions probablement prendre la fuite avant que le sale type ne s'énerve pour de bon. Voilà qui serait compliqué tiens, d'autant plus que tous les regards étaient braqués sur nous. Et dire que Leo avait l'air des plus mal à l'aise, d'autant plus que ses lunettes m'empêchaient de savoir s'il avait remarqué mes regards paniqués alors que, plus loin dans la foule, j'entendais encore l'homme en train de râler, poussant des gens pour se rapprocher de la piste de danse et, ultimement, de nous. Je laissai Leo prendre ma main et m'entraîner dans les premiers pas de danse et, heureusement, nous fûmes aussi chronométrés que si tout ceci eut été planifié d'avance. La diversion du siècle, pile au bon moment! Je levai les yeux vers le plafond, me rapprochant un peu plus de Leo par réflexe, l'illusion étant si réelle que j'avais ressenti le besoin de m'en protéger l'espace d'un instant. Les gens commencèrent vite à partir à la course et, pleine d'espoir, je cherchai l'alcoolique de mon regard chocolat. Merde! Il ne savait pas quand abandonner celui-là?! Je me tournai vers Leo qui, tout content, me dis que l'on avait vraiment assuré, la main encore serrée dans la mienne. Toujours en mode panique, je me tournai vers lui, l'incitant à me suivre.
- Ouais je sais, mais là on est vraiment poursuivis! Cours!
Le tirant derrière moi, je m'engouffrai dans la masse de gens qui fuyaient, espérant que nous puissions ainsi semer notre poursuivant. Ce n'était peut-être pas une bonne idée remarque, surtout pour moi qui n'avait même pas un manteau alors que nous étions en plein hiver, mais osef! Là je n'avais qu'une priorité et je ne laisserais personne se mettre au travers de mon chemin! Pas même cette vaste plaque de glace qui se rapprochait de nous! Oui bon, vous la voyez venir celle-là, je sais. Elle était évidente comme le nez au milieu du visage. Eh bien pourtant, détrompez vous. J'ai glissé, oui, mais je ne suis pas tombée. Même pas. Pas à cause de la glace en tout cas. Par contre, mon Phanpy, lui, a glissé. Deviné les jambes de qui il est venu happer? Devinez c'est la cheville de qui qui a tout encaissé? Aie. Tiens, bonjour à toi sol gelé et couvert de givre, tu m'avais tellement manqué.
- Merde! Merde merde merde! Ça fait un mal de Caninos! Oh merde... Leo! Tu vois un type trop louche qui porte la moustache? On est encore poursuivit tu crois?! Raaah! Je pourrai plus courir comme ça, c'est fichu!
J'étais tombée, tout bêtement. Une vilaine chute qui m'avait causé une toute aussi vilaine blessure à la cheville, ce qui ne me faisait franchement pas plaisir. Passer Noël avec une blessure comme celle-là, ce ne serait pas ce qu'il y avait de plus agréable quand même. Quoi qu'il en soit, j'eu à peine le temps de relever mon regard chocolat vers Leo qu'il déposait déjà son veston sur mes épaules, pour me tenir au chaud. Puis, ce fut au tour de Luné de venir se proposer, me laissant me coller à lui comme à une robe de chambre particulièrement douce, bien qu'accompagnée d'une odeur de fauve. Leo m'intima au silence et j'acquiesçai d'un simple signe de tête pendant que son starter et lui s'occupaient du moustachu. Entre temps, Ash s'était rapproché de moi et me regardait avec un air désolé, l'air infiniment déçu d'avoir fait trébucher sa dresseuse. Je lui adressai donc un sourire chaleureux tout en haussant les épaules, pour montrer que ce n'était pas grave, que c'était le genre de chose qui arrivait. Il sembla ensuite plus détendu, mais je sentais bien qu'il n'allait pas laisser la même chose se produire une seconde fois.
Heureusement que les illusions du Zoroark étaient efficaces, le moustachu poursuivit son chemin en titubant dans la neige, maudissant ce satané oeuf de Pichu qu'il aurait du faire en omelette, je cite. Pour le coup, mystérieusement, je n'arrivais pas à me sentir coupable de ce que j'avais fait. Au contraire, j'étais surtout inquiète pour ce pauvre oeuf qui avait été sans doute très négligé. Pourvu que le fameux Pichu se développe bien à l'intérieur. Je me mordis la lèvre inférieure, oubliant presque ma propre douleur à la cheville à cause de l'inquiétude. Malgré cela, j'entendis tout de même Leo me demander si j'allais bien et je m'armai une fois de plus de mon sourire de façade, espérant qu'il ne s'inquiète pas trop.
- Oui oui, ce n'était qu'une mauvaise chute, pas de quoi s'inquiéter.
Affirmation qui fut démentie très peu de temps après, lorsque le jeune homme m'aida à me remettre d'aplomb et que je du m'accrocher à lui pour ne pas retomber, me tenant par la suite en équilibre sur ma jambe indemne. Je passai également mes bras dans les manches du veston de Leo et en refermai l'avant. C'était une véritable chance qu'il ait pensé à porter un veston, autrement je serais en train de me transformer en Grelaçon à vitesse grand v. Plus qu'à libérer ma longue chevelure rose, histoire de couper un peu le vent, et je me sentis déjà plus confortable. Quoi qu'il en soit, c'est le moment que choisi Monsieur Bond pour faire son grand retour, me faisant presque sursauter au passage tant il avait été discret. En fait ce type il avait aussi un Zorua, c'est ça?! Parce qu'autrement je vois pas hein! Bref, il m'avait ramené l'oeuf de Pichu et je le remerciai infiniment. À son air, je vis qu'il avait tout compris de ma petite maneuvre, mais son sourire complice était signe de son approbation. Je le remerciai donc une dernière fois et il disparu aussi vite qu'il était arrivé, laissant l'oeuf aux bons soins de Luné pour l'instant. J'avais déjà hâte d'être de retour au chalet pour l'examiner, m'assurer que les parois de l'oeuf étaient encore bien solides et ainsi de suite, sans oublier que je devais déterminer le temps restant avant l'éclosion et j'en passe. Au final, Leo me proposa de grimper sur son dos pour qu'il puisse me ramener au chalet. Raah! Mais je voulais avoir l'air indépendante moi!
- Non ça va, je t'assure que je...
- Vyyyy!
Je tournai mes yeux vers la source de cette protestation, pour voir arriver un petit Vipelierre à bout de souffle et un Fantominus ricanant. Contente qu'ils aient pu nous rejoindre, je ne me serais pas sentie à l'aise à l'idée de les laisser là-bas sans surveillance. Quoi qu'il en soit, si le Fantominus se contenta de se mettre en orbite autour de nous, le petit Prince s'avança avec la tête haute, toisant Ash du regard, puis ma cheville, et finalement le blond. Il semblait interdit, comme ne sachant pas ce qu'il devait décider. Parce que, clairement, c'était à lui de décider dans sa petite tête verte. Pas ce soir.
- D'accord, mais si je suis trop lourde on trouvera une autre solution.
J'avais accepté l'offre du blond, d'une part pour contrarier le serpent, d'autre part parce qu'en toute honnêteté, je n'arriverais pas à marcher jusqu'au chalet que je partageais avec Kaeko et Ruby. Si Ash et Sephiroth semblèrent soulagés -oui bon, juste Ash, Sephiroth c'était un peu plus ambigu-, mon starter semblait complètement désemparé, mais il suivit le reste de la troupe sans se plaindre. Si si, il suivit. Il ne menait pas tout son petit monde pour une fois, ça changeait. Je devinais son regard sur mon dos, mais ne me retournai pas vers lui. Qu'il rumine dans son coin autant qu'il le voudrait, il finirait par comprendre éventuellement que ça ne lui apporterait rien. Bref, je me retrouvai donc portée par Leo, espérant que le froid de janvier ne le ferait pas trop souffrir. Ma cheville était encore douloureuse, mais je préférai garder cela pour moi, tentant plutôt d'orienter la conversation vers autre chose et, surtout, de créer une conversation.
- Merci, Leo. Je ne me suis jamais sentie aussi grande, haha! Et je ne suis pas trop lourde j'espère?
Au final, je m'étais retrouvée sur le dos du Phyllali, faisant bien attention pour ne pas lui serrer le cou avec mes bras. J'étais d'ailleurs impressionnée, il n'avait pas l'air d'avoir tant de mal que ça à me porter. Un peu plus et j'aurais pu me prendre pour un sac à dos. Non, mieux! J'aurais pu me prendre pour un jetpack! Remarque c'était peut-être un peu disgracieux comme image... vite, je devais penser à autre chose pour ne pas éclater de rire toute seule. C'est ainsi que je lui avais demandé si je n'étais pas trop lourde, puis que j'avais fait un commentaire sur la hauteur que j'atteignais maintenant. Son rire s'éleva, un rire clair et léger qui me fit sourire à mon tour. Ce que j'aimais l'entendre rire comme ça. Il le méritait, d'être heureux, et j'étais on ne peut plus fière d'arriver à l'égayer comme cela. C'est ainsi que, quand il m'offrit de me hisser sur ses épaules pour que je sois encore plus haute, je répondis sans réfléchir, espérant l'amuser une fois de plus, quitte à sembler un peu niaise peut-être.
- Tu veux me faire toucher les nuages en fait, c'est ça? Je préfère encore rester ici sur Terre avec toi, si ça ne te dérange pas.
Dis-je donc sous le ton de la plaisanterie. Nous poursuivîmes comme ça un bon moment, parlant de tout et de rien, le coeur léger et le rire facile. J'en oubliais presque ma blessure et les quelques frissons qui me traversaient parfois. Pauvre Leo, il devait avoir encore plus froid que moi maintenant qu'il avait retiré sa veste pour me la prêter. Par chance que cette activité physique devait l'aider à lutter contre le froid, autrement je me serais sentie plus coupable encore. Aussi, il ne nous fallu pas beaucoup de temps pour gagner le chalet que je partageais avec mes amies -Ou peut-être le trajet sembla-t-il plus court alors que nous étions occupés à parler à qui mieux mieux?-. Il s'arrêta devant la porte, me donnant du mademoiselle une fois de plus, ce qui me fit simplement sourire.
- Bien sûr, monsieur Blackhart. Elles devraient être dans mes... poches....
Ma main s'était portée naturellement aux poches du veston de Leo, avant de réaliser ma petite erreur. Elles étaient dans mes poches de manteau, bien sûr. Je glissai donc ma main sous le veston, tout en demeurant accrochée à Leo de l'autre pour m'assurer de ne pas glisser. Tiens? Ma main rencontra le tissu rougeoyant de la robe, mais aucune poche. Bravo Estelle. Je n'avais absolument pas prévu d'abandonner mes trucs là-bas et de revenir à dos de Leo! Et puis avec cette histoire de moustachu, j'avais complètement oublié de faire demi-tour pour aller chercher mes effets et il en allait sans doute de même pour le blond. Sa compagnie avait été si distrayante que j'avais oublié quelque chose d'aussi essentiel.
- J'ai une mauvaise nouvelle.... Je ne les ai pas, elles sont restées là-bas avec mes vêtements. Il va falloir trouver un autre moyen d'entrer. Oh! Je sais. Sephiroth, traverse la porte et ouvre nous, tu devrais pouvoir faire ça, non?
Le fantominus tournoya à quelques reprises, manifestant son enthousiasme à l'idée de pouvoir aider, et traversa ensuite la dite porte. Il n'y eu alors pas besoin d'attendre longtemps avant que ne résonne le petit bruit de la serrure, nous pouvions entrer. Je descendis de mon perchoir avec précautions, gagnant tout de suite la chaise la plus proche pour retirer mes souliers, tout en m'assurant de ne pas poser le pied au sol. Maintenant que nous étions à la maison, Ouji-sama nous laissa pour aller retrouver son lit dans ma chambre, Ash en fit de même pour aller retrouver son oeuf et seul Sephiroth demeura en notre compagnie, comme à son habitude. Maintenant que nous étions arrivés, je du m'exprimer à voix basse, offrant à Leo le gîte pour la nuit vu qu'il avait probablement oublié ses clés lui aussi vu que ni lui ni moi n'avions eu le loisir de passer par le vestiaire en partant.
- Si tu n'as pas tes clés, tu peux rester pour cette nuit si tu veux. On a une chambre de libre et comme ça on pourra y retourner ensemble demain matin pour aller ranger et récupérer nos choses. Je peux aller essayer de nous faire des chocolats chaud si tu veux, tu mérites au moins ça après cet exploit!
Sur ce, je tentai de me lever et de sautiller sur mon pied valide jusqu'à la petite cuisine, espérant ne pas faire trop de bruit. Espérons que j'arrive à ne pas réveiller toute la maisonnée, j'ignorais l'heure qu'il était, mais j'étais prête à parier que nous étions quelque part en plein milieu de la nuit et ce n'était donc pas le meilleur moment pour déclencher un incendie en préparant des breuvages.
Je vis Leo s'approcher de moi avec le sourire pendant mon parcours de combattant et je dardai sur lui mon regard chocolat. Je le défiais presque de me renvoyer m'asseoir. Après toutes les gaffes que j'avais faite aujourd'hui -si voler un oeuf de Pokémon à son irresponsable de propriétaire comptait comme telle-, je devais bien trouver une façon de me racheter. Si en plus je devais le laisser faire les breuvages après qu'il m'ait porté jusqu'ici, ce serait le coup de grâce. Je me sentais déjà assez inutile comme ça, hors de question de le laisser me chouchouter comme une poupée en plus! Et puis ça ne faisait pas si mal que ça... Enfin, oui bon, c'était douloureux et j'avais fichtrement hâte de m'étaler quelque part et de ne plus bouger, mais ce n'était pas une raison! Ainsi, j'attendais ses mots de pied ferme -celui qui allait encore bien- lorsqu'il me demanda finalement de le laisser m'aider. Selon sa proposition, nous pourrions chacun faire le chocolat de l'autre puisqu'il devait aussi me remercier pour ce super moment passé en ma compagnie. Je ne pu retenir mon sourire, acquiesçant avec joie. Voilà un compromis qui m'allait à merveille.
- Ça me va.
C'est ainsi que se poursuivis notre chemin jusqu'à la cuisine pour y découvrir... les restes de mes expériences culinaires de ce matin. Heureusement les biscuits cramés avaient pris le chemin de la poubelle, mais je n'avais pas eu l'occasion de faire la vaisselle vu la précipitation dans laquelle j'avais quitté les lieux du crime. Merde merde merde! Je n'avais pas prévu de ramener un gars le soir venu quoi! Oui bon, ça sonne vraiment étrange dit comme ça, mais vous avez compris! La honte que je me tapais là quoi. Encore heureuse que ça n'ait pas été Allen, je serais morte de honte dans la seconde. Pourtant, bien poli, Leo n'en souffla pas mot et je ne savais pas trop si c'était une bonne chose ou pas. Aller, autant me concentrer sur la confection de ce fameux chocolat chaud. Ça ne pouvait pas être si compliqué, si? Oui bon, je me disais pareil pour les biscuits, mais c'est secondaire. Et puis c'est à force de cuisiner que je deviendrais douée, voilà! Le phyllali avait presque déjà tout sorti et j'haussai un sourcil, amusée. Je voyais bien clair dans son jeu! Éviter de me froisser en ne m'envoyant pas m'asseoir, mais se débrouiller tout de même pour faire discrètement la plus grosse part du travail et ainsi m'épargner. Et dire que je ne pouvais même pas m'en plaindre, juste sourire pour le remercier de cette attitude bienveillante, comme lorsqu'il était tombé avec moi plus tôt, lors de notre danse. D'ailleurs, il semblait toujours inquiet de mon état puisqu'il me questionna à ce sujet et c'est avec un doux sourire que je lui répondis.
- J'avoue que ça fait un peu mal, mais je peux gérer. Je suis une super espionne après tout.
Donc, le lait, le chocolat en poudre et un petit coup au micro-ondes probablement? Humm, ce ne serait pas assez bien. Pourquoi pas rajouter un petit peu de sucre, pour m'assurer que ce soit bien sucré? Oui, voilà! Me dis-je en sortant une petite boite du placard, ne prenant pas la peine d'ouvrir la lumière juste pour lire l'intitulé. Et puis c'était blanc, comme du sucre, je ne pouvais quand même pas m'être trompée, allons.... -Oui bon, je vous le dis à vous, c'était du bicarbonate de sodium, mais c'est rien de grave voyons!- Hum, donc, retour au moment présent alors que je sortis ensuite les guimauves pour les couper en petits morceaux, faisant bien attention de ne pas me couper dans la maneuvre. Plus qu'à les ajouter et voilà, le tour était joué! Je me tournai vers Leo, tout sourire, si fière d'avoir réussi mon coup que je ne regardai même pas mon propre breuvage pour le résultat de ses propres expériences culinaires. J'avais trop hâte que Leo goûte au sien pour me dire si c'était bon ou pas.
- Je vais te laisser les porter jusqu'au salon si ça ne te dérange pas, autrement je vais sans doute en mettre partout et ce serait dommage. D'ailleurs, désolé, mais je vais devoir allumer la lumière pour examiner l'oeuf.
Sur ce, j'allai rejoindre Luné, prenant la peine d'ouvrir la lumière au passage après avoir vérifié que les filles avaient bien fermé la porte de leur chambre, histoire de ne pas les déranger avec ça. Le Zoroark me laissa le récupérer et je déposai délicatement l'oeuf de Pichu sur ma personne, faisant glisser mes mains sur la surface pour le palper tout en l'examinant sous différents angles avec la lumière. Je n'avais pas encore parlé que l'on pouvait déjà voir ma mine s'assombrir. C'était peut-être du vol de Pokémon, mais dans ce cas ci, je pense que l'on peut dire que c'était justifié.
- La coquille est amincie par endroits, on le voit très bien avec la lumière. La paroi est aussi un peu trop molle, au touché on peut sentir que la courbe n'est plus parfaite partout, presque comme si l'oeuf avait été cogné contre quelque chose ou comme si on y avait appliqué une pression. Heureusement il n'y a pas de fissures dans la coquille, autrement il serait peut-être déjà trop tard. Et dire que cet oeuf a l'air encore si jeune... Je vais devoir l'emporter à un spécialiste demain pour le faire examiner d'avantage. J'espère qu'il n'est pas trop tard. C'était peut-être une mauvaise chose à faire, mais je suis contente d'avoir volé cet oeuf.
J'étais perdue en pleine réflexion lorsque Leo vint finalement me rejoindre au salon. Je levai mon regard chocolat vers lui, prête à le remercier pour les chocolats chauds, mais fut soudainement coupée dans mon élan. Débarquant comme un éléphant en panique -oui bon, ma comparaison est sans faille- Ash fit irruption dans le salon, l'air tout énervé, gesticulant silencieusement de la trompe pour m'inciter à le suivre. Je me figeai sur place, mes yeux s'agrandissant alors que ma bouche fit un petit "oh". Bientôt, l'adrénaline se propageait de mon Pokémon à moi et de moi à mon Pokémon. Même pas besoin de me dire, je savais déjà ce qui était en train de se passer. Ça ne pouvait être que ça. Je me tournai vers Luné, lui confiant l'oeuf de Pichu, sachant que je pouvais faire confiance au Pokémon de Leo.
- Je te le confie. Je reviens. C'est maintenant! C'est en train de se passer! Enfin! Viens Leo!
Et j'avais quitté le salon sans plus de cérémonie, dans une démarche alternant croche pied, jurons étouffés et cheville douloureuse, m'aidant de mes bras sur les murs pour ne pas chuter. Bon, j'avais peut-être réveillé tout la maisonnée dans mon périple, mais osef! Une naissance est une événement assez heureux pour réveiller tout le monde! Depuis le temps que nous l'attendions celui-là, je n'allais certainement pas me priver de crier sur tous les toits! Enfin, je me garderais une petite gêne quand même, mais bon. J'entrai dans ma chambre en trombe, me laissant tomber aux côtés de l'oeuf craquelé. Toute la petite troupe était rassemblée, suivant la scène avec de grands yeux alors qu'Ash s'approcha de son oeuf. Est-ce que j'aurais le temps de prévenir Lucas? Non, l'éclosion était déjà trop avancée, il ne serait pas ici à temps. J'allais devoir attendre au lendemain pour le prévenir.
L'oeuf bougeait, oscillait, se craquelait. Bientôt, ça allait y être. Une intense lumière blanche se fraya un chemin dans les imperfections de la coquille et je du plisser les yeux, resistant à l'envie de me protéger de toute cette lumière d'une main. Puis, la lumière disparu, laissant la place à un tout petit ponyta qui s'ébroua alors que sa crinière brûlait doucement. Il regarda autour de lui, un peu perdu, et Ash s'en approcha pour aller se blottir contre le nouveau né, pour le rassurer. De mon côté, je caressai le museau du cheval avec douceur et il se laissa faire, comme apaisé d'avoir déjà des repères aimants. Sephiroth vint même tournoyer autour de lui avec un sourire presque, je dis bien presque, bienveillant. Shaw, pour sa part, était venu se blottir de l'autre côté du poney, visiblement attiré par la chaleur qui s'en dégageait. Ouji-sama le regardait de plus loin, le nez un peu levé, le torse plein de fierté à l'idée que son peuple s'agrandisse en cette heureuse nuit. Le coeur léger et la tête pleine de rêves pour notre équipe qui s'agrandissait, je serai la ponyta contre moi, oubliant jusqu'à ma cheville blessée.
- Bienvenue parmi nous, Epona.
Appréciation Vos RP sont complets, nombreux ce qui permet d'exploiter totalement le "cours". Ca fait plaisir de voir sa, bravo ! De plus, la rencontre entre vos deux personnages donne envie d'avoir une suite. ♥ C'est donc sans surprise que le cours est validé. |