Un sourire, des traits durs, un corps docilement mâché par les os. Fin, noueux, qui danse, qui danse encore, de plus en plus gauchement, face aux flux et reflux de la vie. Sa petite silhouette semble être l'incarnation même de l'allégresse, avec un brin de sauvagerie. Derrière ce petit air mutin, la fraîcheur de son teint, se cache une ambition démesurée. Freyja joue avec le monde entier, et le monde se joue d'elle. Ce trait de sa personnalité est loin d'être une marque de la candeur de sa jeunesse, bien au contraire, il est puisé d'un sentiment d'aigreur des épreuves passées. Elle a des fossettes, des pommettes mignonnes, des rides sur le front quand elle hausse les sourcils. Il serait idiot de dire qu'elle n'est pas belle, de prétendre que cette gamine n'a pas tout pour elle, hormis une hystérie vacillante, un orgueil démesuré, cerné par son intempérance.
Elle rit de tout, rougit souvent, et pleure tout autant. Il lui arrive de hurler, de tout casser, d'être bouleversée par l'absurde. Dans sa cage surréaliste, son monde cousu sur mesure, peint à son goût, elle est parfaitement à son aise. Prétentieuse, elle aime tout diriger, possède une folie qui lui est propre, celle de l'espoir, de la reconnaissance et des paillettes. Freyja aime le luxe, admire son propre dédain pour le manque d'éducation, d'élégance, ou la médiocrité des autres. Elle a tendance à oublier d'où elle vient, la petite princesse incomprise des bas quartiers d'Ilumnis. Elle rêve toujours de mieux, mais un réel décalage se fait ressentir entre sa petite personne grossière et la réalité, bien trop basse pour les rêveries et les fantasmes dont elle fait preuve. Câline, malicieuse, manipulatrice, petite poupée maîtresse du monde, se cache t-il pas derrière cela de réelles fêlures, celles d'une jeunette ayant compris trop tôt la dureté de la vie, et s'enfermant dans son propre univers grotesque ?
La blonde est loin d'aimer tous les pokémons, pour tout dire, nombreux sont ceux pour lesquels elle ne bougerait même pas le petit doigt. Elle n'est pas venu dans cette école pour son amour démesuré pour ces drôles de bêtes, mais pour se faire une place de renom. Elle n'hésitera pas à se montrer cruelle avec ceux qui ne lui plaisent pas, ou qui ne vont pas avec l'image qu'elle souhaite donner. Son manque de tact vis-à-vis d'eux risque d'étonner de nombreux pensionnaires, mais son amour démesuré pour d'autres, les gâtant comme des princes, risquent de les mettre sur le cul. Toujours dans les extrêmes, la blonde se moque bien du quand dira-t-on, ou plutôt, elle cherche à ce que l'on dise, qu'importe le contenu et les inepties.
Dans son monde arc-en-ciel, pourtant, parfois, il fait noir. Freyja passe de la manie à la dépression en un battement de cils. Candide comme cynique, sotte comme perspicace, charmeuse comme tue-l'amour, il y a autours d'elle une atmosphère de lourdeur, un surplus d'informations.
Son physique est parfaitement en accord avec sa personnalité, plein de paradoxes, d'imperfections, une globalité dérangeante mais guère déplaisante. Elle dégage parfois une laideur qui ravit, avec ses traits durs et ses étranges mimiques. Elle est maigre, arrogante, joue de son regard charbonneux. L'impression de surpuissance qu'elle se donne contraste avec son physique de brindille, son langage mêlant le vulgaire et le subtil, et à sa capacité de s'incliner comme de faire un doigt d'honneur à toutes formes d'autorité.
S'il y a bien une chose qu'elle est, sans contrepartie, c'est bien courageuse et intrépide. Pour les plans foireux, l'improvisation, mener des troupes entières dans la délinquance, ou dans la connerie générale, elle possède un talent particulier. Sa spiritualité lui sert avant tout pour rassembler, et se faire des alliés, et non pas pour user d'une raison chimérique. Sans gène, féline et sensuelle, son éducation est clairement effacée quand il faut servir ses intérêts, quitte à se montrer perverse, et totalement décomplexée.
Freyja ambitionne de devenir une femme de pouvoir, mêlant politique et séduction, en suivant au sein de l'académie un cursus dans la Mode pour parfaire son charisme et son éloquence en public. Cependant, sa relation compliquée avec les pokémons risquent de rendre cela bien difficile, ainsi que son tempérament fortement irritant.

Elles sont belles, les filles d'Ilumnis. Coquettes, mignonnes avec une manucure impeccable et des chaussures en cuir verni. Ils sont beaux, les garçons d'Ilumnis, mais putain, qu'est ce qu'ils sont beaux. Des ossatures étouffées par les muscles, vêtus de jolies matières. Ils sont sans doute attendus, et évidemment aimés. C'est une jolie parade dans les rues, un charmant jeu de séduction, pensé pour être ostentatoire. Et puis, il y a Freyja. Elle les regarde avec ses petits jeux qui pétillent, lit des romans d'amour, et se dit, qu'un jour, ce sera elle, la princesse d'Ilumnis. Partout dans le monde, on entendra parler d'elle. La blonde représentera la libération des mœurs, le mélange des classes sociales. Dans tous les journaux, on commentera ses discours émancipateurs, autant que ses adorables idylles. On saisira de nombreux polaroids, commentant minutieusement ses tenues, ses fréquentations, et sa vie tout entière sera un exemple pour toutes les petites filles, qui comme elle, se penchent par la fenêtre.

Freyja, papa est gravement malade.

Elle se demandait à quoi ressembleraient les nombreux hommes de sa vie. Elles les voyaient raffinés, avec des vies palpitantes. La jeunette voyagerait partout avec eux, ils parleraient deux longues heures dans les bars sur des questions importantes de la société, comme la parité, l'accès à la nourriture, ou encore, la lutte contre la maltraitance des monstres de poche. Ses hommes ne seraient pas jaloux de son succès, car ils auraient une renommée grandissante. Elle serait aux bras des plus beaux de la capitale, elle poserait pour des magazines en compagnie d'eux. Tous les photographes se la disputeraient, ainsi que les grands créateurs.

Freyja, il va falloir te trouver un internat, maman ne peut plus payer l’appartement, elle va déménager en campagne, et papa ne peut plus s'occuper de toi, tu le sais bien...

La jeune femme fera des caprices pour obtenir les plus beaux bijoux, et possédera un dressing aussi grand qu'une habitation familiale. Elle aura des pokémons incroyables, tous chromatiques, que les gens suivront bêtement sur les réseaux sociaux, comme de vraies icônes. Ils auront un style, un caractère, et des mimiques que tout le monde voudra imiter. Les rares fois où on ne parlera pas d'elle, on parlera d'eux.  

Non, Freyja. Pas de pokémons. Ton frère est ruiné à avoir voulu percer dans le milieu du dressage. Tu ne te rends pas compte des charges financières que cela implique. Arrête de penser que la vie c'est comme dans les romans ou dans tes magazines stupides.

Personne ne trouvera que l'esthétique est un élément superficiel. Les vêtements, la coiffure, le maquillage, reflètent les mouvements de l'âme. Ils sont la frontière entre la réalité et les envies, un fantasme qui peut se concrétiser. Elle se moquera des gens médiocres, comme de l'éducation bourgeoise. Freyja changera le monde.

Tu sais quoi, Freyja ? On t'a trouvé une école, le temps que ta maman se refasse financièrement et pour que ton papa soit tranquille. Oui, tu es fatiguée de tout ça, je comprends. Tu as fait de ton mieux, mais tu n'es pas assez forte face à la maladie et à l'argent. Alors la seule chose qu'on peut sauver, c'est tes études. Et n'oublie pas de manger plus, arrête de te priver. Et il y a une bonne nouvelle ! Ce sont des formations autours des pokémons ! Tu les adores, n'est-ce-pas ? Eh bien, ton futur métier tournera autours d'eux, quelle chance ! Puis dans certaines circonstances, cela peut être bien payé ! Je te vois bien scientifique, ou éleveuse ! Tu pourras habiter au milieu des champs, en harmonie avec la nature. Qu'est ce que je t'envie...

Quand elle sera grande, elle habitera dans un appartement luxueux du centre-ville. Freyja ne s’inquiétera plus du défilement des heures avant que sa mère ne rentre, elle ne jettera plus des objets de toutes sortes sur les huissiers qui s'aventurent chez elle, et plus jamais l'occasion de se forcer à ne pas pleurer ne se présentera, devant un triste bilan du médecin.