La cueillette des baies, on comprend pourquoi je ne suis pas venu à ce cours, ça se résume à une discipline féminine. Peut-être que j'exagère un peu sur ma cause de séchage, alors que je me dirigeais vers la serre, j'ai trouvé un groupe d'adolescent de troisièmes années. L'odeur venant du groupe m'était familière, mon père ne fumait pas la cigarette ni la pipe, il trouvait ça toxique. Tard le soir, il y avait cette épaisse fumée dont l'odeur était plaisante. Je ne pouvais pas entrer dans le salon à ce moment-là mais je me mettais contre la porte pour ce parfum. Mon père ouvrait souvent la porte pour vérifier que je sois au lit et quand il me voyait, je n'ai jamais su pourquoi mais je rigolais pour rien. Je ne pouvais à peine ouvrir mes yeux et lorsque je me couchais, je n'avais aucun problème pour m'endormir. Bref, je me suis approché de ces gas-là. Deux garçon et une fille, le brun avait ce long cône en bouche, l'odeur provenait donc cette cigarette artisanale. Je demandais la provenance de ces cigarettes et les ricanements éclatèrent. Il m'expliqua que ce n'était pas du tabac mais une herbe spéciale qui se fume naturellement. Quelques jetons en retour de ce sachet d'herbe et du matériel pour en rouler, je m'éloigne du groupe pour m'enfoncer parmi les serres, examiner mon achat.
Le sachet en plastique retient maigrement la propagation du parfum naturel, ouvrant le sachet à l'aide de mes doigts, je retire une boule verte assez grosse, ils m'ont expliqué comment rouler le cône. Frottant l'herbe entre mes doigts, elle n'est pas solide et les miettes vertes tombant au creux de ma main. Cette odeur est si agréable, ce long sourire qui dessine progressivement sur mon visage, je vais avoir besoin d'un bout de carton pour lui donner la forme d'un cylindre. Skelenox sort de sa Pokéball comme à son habitude et m'observe lors de la fabrication de la cigarette artisanale. Finissant ce chef-oeuvre, je le met en bouche, frottant mes yeux afin de détruire les preuves du roulage. On a pas vraiment droit de fumer dans l'enceinte de l'Académie, les serres sont comme des salles de cours en botanique. Faut que je fasse gaffe, et avec cette abruti, il y a toujours une chance pour que je me fasse avoir. Je me pose sur l'herbe, observant dans chaque côté, la lueur incandescente brûle le papier en trop et commence à consumer le cylindre. Alors que je m’intéresse beaucoup trop de ce cylindre aux goûts paradisiaque, une voix s'élève. Un ton féminin, ma tête se lève lentement et par pitié ce n'est pas un pion. Une simple élève, qu'est ce qu'elle vient faire ici ? Elle vient surement gâcher mon petit plaisir.
« Salut ... »
Je ne lève pas le ton, tant que c'est pas un surveillant, je n'ai pas m'en faire. Elle ne sait surement pas ce que c'est. Je continue à fumer sur ma cigarette artisanale, regardant la fille qui se trouve devant moi. Un visage inconnu à mes yeux, une longue chevelure argentée, elle pense que je suis malade avec son air compatissant. Ce petit sourire dans les nuages, vu son accoutrement, c'est du genre à être spécialisé dans la beauté. La coordination est un terrain inexploré, vu la gueule de mon pokémon, ce n'est pas dans ce domaine que je serais le meilleur.
« Tout va bien. Disons que je ne suis pas du genre à cueillir des baies, à quoi bon alors que les pokémons sont plus intéressant ! »
Une bonne bouffée, j'ai une gueule à me trimballer avec un panier dans les bois pour aller cueillir des baies. Je n'ai pas que ça à faire, et puis, c'est le début des cours, j'ai bien le droit à une absence. La fille s'assoit sur le banc d'en face, elle n'a pas l'air de vouloir me laisser fumer tranquille. Qu'est ce que j'avais dit ? Encore une gamine de bonne famille. Un calme indétrônable, je lui adresse un sourire moqueur. Faith Quinn, tel est le nom de cette gamine qui a le don de me gâcher mon instant.
« Kaiser Shô, étudiant de première année. »
Ces sensations si intenses, parler est un acte plutôt difficile, on réfléchit à ce qu'on va dire. On forme notre phrase et tout ça dure beaucoup de temps alors que normalement, ça se fait automatiquement. Alors c'est que mon père ressentait lorsqu'il se relaxait avec son pétard sur son énorme fauteuil. Il avait bien de la chance.