Il était assez fameux de se faire réveiller par un texto de l'Administration aux aurores. Freyja, paniquée par le bruit, tomba du lit, se cognant brutalement la tête contre la table de nuit. Sa chevelure lui cachant le visage lui donnait un air de poney en manque de soin, et ses sermons, toujours plus nombreux, ressemblaient à des beuglements d'animaux fermiers. Le mythe de la princesse endormie se cassa soudainement, et la vue de cet étrange message ne fit qu'accentuer cette situation dramatique. Elle cria de stupéfaction et mima la fille qui pleurait de rage face au terrible sort qu'on lui réservait. C'était cette garce d'Administration, toujours là pour réprimer les pauvres élèves en mal d'autorité. Elle regarda Léon, qui lui, se roulait par terre en riant de la situation. C'était vicieux de sa part, extrêmement vicieux.
On l'accusait de fautes domestiques d'importance majeure. Quoi ? Depuis quand était-elle responsable des délires étranges de son chaton ? Ah oui, c'était le règlement. Elle souffla, agacée par le destin. Les accusations étaient parfaitement listées, comme si on l'espionnait depuis son premier jour.

Inondation dans la salle de bain.
C'était clairement justifiable, essayez, juste une fois, de laver un chat et vous comprendrez les mesures à prendre.
Linge de maison griffé.
Déjà, l'appellation « linge de maison » était pompeuse. Ce n'était que des draps, et son monstre de poche ne lui demandait pas l'autorisation pour affûter ses armes de combat durant des heures extrêmement tardives.
Objets cassés.
Il était suffisamment difficile de jouer à cache-cache avec un pokémon Psy. Le Psystigri pouvait se faufiler partout lui, et elle avait cru pouvoir faire de même. Rappeler cet épisode était une chose dure à accepter, comme si une seconde conscience lui soufflait à l'oreille que oui, elle était bien trop grasse pour ce genre d'occupation.
Livres renversés à la Bibliothèque.
C'était de la faute à Kamina, ça. Et puis notre jeunette s'était barrée en courant, il n'y avait pas de preuves. Vraiment pas.

Au lieu de se préparer, Freyja passa de longues minutes à chercher des excuses, avant de conclure que dans tous les cas, cette tâche était vaine. Elle devait se rendre au secrétariat pour obtenir une sanction. Après un brossage de dents rapide et s'être habillée d'une tenue confortable, la coordinatrice se traîna jusqu'au rez-de-chaussé, son ego en deuil. Léon la suivait allégrement, imitant une danse moyenâgeuse qui consistait à tournoyer et à tournoyer encore. Elle tentait d'éviter qu'il soit encore l'objet d'une chute, baissant son regard ambré jusqu'à atteindre la porte du bagne. Légèrement médusée, elle vit à l'entrée un tableau avec de nombreux noms, suivis de codes. Le sien lui apparu, suivi de celui d'une autre Mentali. Les deux jeunes filles possédaient le code 006, qui, en se fiant à la légende en bas, signifiait le nettoyage des toilettes communes de l'école. La blonde devint blême face à cette idée, et après un regard discret autours d'elle, elle effaça machinalement son code. Elle attrapa ensuite la craie, échangeant le groupe 002, qui se chargeait des douches des garçons au gymnase, avec le 006. Un sourire satisfait se dessina sur son visage. C'était déjà un peu mieux.
Elle ouvrit la porte du Secrétariat toute rayonnante, observant une travailleuse encore fatiguée par le dur labeur de la semaine.
« - Bonjour madame, je suis Freyja Konrad du dortoir Mentali. On m'a convoqué pour des tâches ménagères.
- Oui, très bien. Vous pouvez aller à l'entrée du Secretariat, pour me signaler votre code et le nom de la demoiselle avec vous, que je le marque au registre ? »
La blonde le fit, pour ne pas étaler les soupçons. Elle passa la tête par dessus la porte, voyant une autre jeunette arriver. Ne sachant pas si c'était une bagnarde d'un autre groupe ou sa compagne d'infortune, elle se contenta de lui faire un petit sourire. Freyja revint ensuite vers la secrétaire, affirmant d'une voix douce :
« - Code 002. J'attends Faith Quinn.
- C'est noté. Les femmes de ménage ont mis beaucoup de soin à répartir les tâches.»
Elle la salua poliment, avant de regarder l'autre demoiselle qui rentrait à son tour au sein de l'office.

▬ Il me manque encore de l'argent.
Encore et toujours. J'ai beau vendre des capsules techniques par centaine et m'occuper de Pokémons par dizaine, rien y fait ; Je n'ai définitivement pas assez pour financer la pièce dans son entièreté. M'étant déjà proposée pour participer à diverses missions, je ne vois pas vraiment ce que je peux faire de plus. Via ipok je scrute les petites annonces, sans grand succès malheureusement. À croire que je dois me résigner : je suis pauvre et je vais le rester un bon moment. Qu'adviendra-t-il de la pièce de théâtre ? Elle devra attendre le temps que ma tirelire en forme de Gruikui se remplisse un peu. Découragée, je baisse les yeux et constate que Lulu me tend un papier froissé. Je m'en saisis, lis ledit document et réfléchis longuement à la question.
▬ C'est pas une bonne idée, j'en suis certaine.
Le Pokémon fée veut m'aider et croit bien faire mais mon petit doigt me dit que participer à ces tâches ménagères est tout sauf un bon plan. Pour cause, cela ne fera pas de moi une femme riche et l'idée ne m'emballe pas plus que ça. Nettoyer les sanitaires ? À moins que ce soit payé une fortune – ce qui n'est pas le cas, sachez que c'est presque du bénévolat à ce prix là –, très peu pour moi ; Le jeu n'en vaut pas la chandelle en définitive.
▬ C'est gentil mais je trouverai quelque chose d'autre. T'inquiète pas.
Je caresse les cheveux crémeux du Cupcanaille et retourne à mes occupations. Qu'ai-je fais de la « petite annonce » ? Je crois bien l'avoir laissée sur la table, je n'en suis pas certaine. Quoiqu'il en soit, je poursuis mes activités et pars me coucher une fois neuf heure passée.


Au réveil, grande est ma surprise lorsque j'allume mon ipok. J'ai reçu deux nouveaux messages. Une d'une Mentali un peu bavarde – et sûrement insomniaque soit dit en passant – et un second des hautes instances de la Pokémon Community. Ceux-là m'informent que j'ai été « prise » et que je dois – parce que oui, ils ne disent pas « peux » mais « dois » – commencer à travailler dès maintenant. Toujours selon leurs dires, j'accompagnerai les élèves volontaires et les punis à laver les WC et autres lieux où les populations bactériennes prolifèrent. Burk. C'est dégueulasse.
▬ C'est encore un de leur bug ? Mais c'est une blague. Ça fait deux fois. DEUX FOIS.
Pour les plus ignares d'entre-vous, sachez qu'on m'a déjà fait le coup ! J'ai effectivement dû participer à une mission à laquelle je n'ai pas postulé. Fort heureusement pour moi j'étais accompagnée, ce jour-là, de Noctis et Kaleb qui, en leur qualité de Pokéathlètes aguerris, ont pu m'aider à m'en sortir.
▬ Uh uh. La vie est injuste.
Il va vraiment falloir que j'informe l'administration de ces « bugs ». Ou bien leur système informatique est bidon, ou bien il existe en ces lieux un homonyme – une seconde personne appelée Faith Quinn en somme – qui serait mon opposée parfait et qui s'amuse à s'inscrire à tout et n'importe quoi. Quoiqu'il en soit il est inutile de discuter. En effet j'ai déjà essayé la dernière fois et ça n'avait pas fonctionné, il n'y a donc pas de raison que cela soit différent aujourd'hui. C'est pourquoi je ne prends même pas la peine de me plaindre. Au lieu de cela, je me prépare rapidement et vais voir quelle tâche « formidable » m'attend aujourd'hui. Youpi …
Je quitte le dortoir et vais voir, au point de rendez-vous mentionné dans le message, quelle est la sombre besogne que j'ai à effectuer. À en croire ce tableau, je suis dans le groupe deux et je dois …
▬ …
Je n'ai aucun commentaire à faire. Pour le coup j'aurais sérieusement préféré laver les toilettes des Givrali ou de n'importe quel autre dortoir. Je tourne succinctement la tête à droite puis à gauche et remarque que bon nombre des collés sont des garçons. Qu'Arceus me dise pourquoi ne leur a-t-on pas refilé cette tâche ? D'une ce sont des garçons et à ce titre l'odeur de leur camarade les dérangera moins – cet argument ne tient pas la route, j'en ai bien conscience – de deux … J'ai pas de deux ! Mais qu'importe, on s'en fiche ! Le fait est que j'ai tout sauf envie de laver les douches de ces messieurs les sportifs.
▬ Allez allez, tu as vu ton groupe, tu peux y aller. On a pas toute la journée.
J'ai beau faire la moue, personne ne viendra me sauver de mon triste destin : à moi les douches des académiciens en sueurs. Uh uh. Arceus merci, je ne serai pas seule. On notera que ma binôme est une Mentali au nom exotique et amatrice de mode … Wow. Je ne sais pas ce qu'elle fiche ici celle-là. Ah. Quoique si, attendez …
▬ Tu t'es fait collée c'est ça ?
Je ne sais même pas pourquoi je pose la question à vrai dire. Quoiqu'il en soit nous sommes parties : À nous le gymnase, les douches et les bactéries à foison !

Sa camarade lui demanda si elle s'était fait collée, Freyja pivota vers elle, lui lançant un regard totalement blasé. Cette Faith Quinn était une jeune fille extrêmement perspicace, analysant avec minutie les situations auxquelles elle était confrontée. Cependant, au lieu de se moquer, la blonde se contenta de hausser les sourcils avec un air désespéré. Elle avait de la sympathie pour cette Mentali, jolie mais naturelle, simple, et apparemment spontanée. Cela lui changeait de ses fréquentations.
Il fallut aller au local pour chercher les objets nécessaires au nettoyage. Léon continuait sa danse moyenâgeuse, au point que la coordinatrice le soupçonne d'être confus. Tout en l'ignorant, elle attrapa le balais espagnol, un seau, et des produits ménagers. Elle avait l’habitude d'entretenir l'appartement maternel à Ilumnis, son frère s'occupant plus de la paperasse. Les réflexes revenaient rapidement dans les préparatifs, sa Vipelierre, Khensit, sortit de sa pokéball. Comme à son habitude, elle palabra longuement dans son langage incompréhensible. Au ton, la blonde pensa à des sermons de ménagère en colère. En effet, le pokémon plante était une bonne matrone, ayant un amour sincère pour la gestion domestique. Freyja la regarda, déconcertée, parler encore et encore.

- Désolée, je ne me suis pas présentée, lança t-elle à sa camarade pour couper le serpent dans son trip. Je m'appelle Freyja. Le Psystigri qui tourne partout, c'est Léon, mon starter. La Vipelierre qui raconte sa vie, c'est Khensit.

Elle plaça le chaton dans le seau avec les produits ménagers. Pour que son aire de danse ne permette aucune catastrophe notable en plus de celles citées. Elle ouvrit ensuite la porte du local pour se diriger vers le Gymnase, qui de bon matin, était déjà en pleine ébullition. Freyja avait oublié que les sportifs étaient des personnes merveilleuses et actives. En somme, ils ne lui ressemblaient pas du tout. La jeunette était quelqu'un de motivé, mais pas pour courir bêtement. Elle avait d'autres objectifs dans la vie.
La vue des douches la révulsa. Les mâles n'étaient pas si glamour qu'on le disait dans les films commerciaux. Encore heureux que cela n'était pas sa tasse de thé, sinon elle aurait été désespérée par tant de médiocrité. Certaines douches fonctionnaient déjà, et on pouvait entendre quelques pubères marmonner des chansons paillardes durant leur nettoyage. Freyja lança un regard d'autant plus désespéré à la camarade, traînant les pieds jusqu'à un point d'eau libre, pour remplir son seau d'eau chaude, ayant au préalable enlevé le chaton.

- Si je ne sors pas indemne de ce fléau, je lègue mon stock de nourriture et mon matériel d'Arts Plastique à Léon, mes classiques et mes livres de Philosophie à Khensit, et mes vêtements au Secours Pop, déclara t-elle doucement pour sa propre personne.

Une foi les produits mélangés, elle se fit dans la tête un planning ordonné. Les douches, les murs, les lavabos, les miroirs au détail, et les surfaces en dernier. A deux, avec un peu de chance, ce serait terminé rapidement. Elle demanda à ses deux pokémons, de nettoyer les robinets et les lavabos. Dieu merci, ils étaient bipèdes. Léon l'ignora totalement, mais Khensit donnait du cœur à l'ouvrage, commençant ses tâches avec méticulosité et efficacité.
Freyja commença par nettoyer les pommeaux de douche. Elle fut dégoûtée en pensant, que pour se savonner, quatre-vingt pour cent des garçons plaçait celui-ci entre leurs jambes. Une horrible grimace détruisait son visage, qu'elle réprima rapidement, pour en finir le plus vite possible. Au bout d'un quart d'heure de travail assidu, la blonde passa la tête par dessus une douche pour observer Faith Quinn.

- Tiens, tu ne m'as pas dit ce que tu faisais là. Je t'en pris, parle longuement et fort, ça m'empêchera d'entendre les bruits bizarres dans les douches prises.