Vacances amères.
Janet attendait tôt sur l’embarcadère ce matin là. Ses parents venaient la récupérer pour une petite semaine de vacances sur Kanto, mais la jeune fille peinait à être enthousiaste. Ils avaient eu vent de son enlèvement par la Team rouage mais ne savaient pas encore ce qui lui faisait le plus de peine.
Le bateau arrivait. Janet rangea les notes qu’elle avait saisies pour son devoir d’Histoire et salua ses parents en essayant de leur sourire le plus sincèrement du Monde. Mais elle n’y arrivait pas. Son étreinte se faisait molle dans les bras de son père et elle peina même à embrasser sa mère. Elle emporta ses valises et alla s’installer avec eux dans la cabine qu’ils avaient louée pour le temps du voyage. Elle s’assit sur son lit après avoir rangé ses affaires, le visage fermé. Mais ses parents n’étaient pas dupes à ce point… Aussi douce que ce dont elle avait l’habitude, sa mère, une petite femme un peu ronde aux longs cheveux bleus et au visage resplendissant bien que marqué surtout par les rides creusées au niveau des yeux et de la bouche qui trahissaient un caractère rieur, s’assit à côté d’elle.
-
Ma chérie… Dis nous ce qui ne va pas…Son père, un homme élancé au visage très fin dont elle avait hérité, s’agenouilla devant elle.
-
Tu peux tout nous dire Janet.Alors l’adolescente éclata en sanglots sans même essayer de se retenir. Elle leur raconta tout, comment elle avait été enlevée, comment elle avait retrouvé Léo, la façon dont elle l’avait suivi, la rencontre avec Estelle et Calliope, ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait dit, la réaction d’Estelle puis celle de Léo lorsqu’elle avait demandé pardon.
-
Je m’en veux tellement… Il ne me pardonnera jamais, par Arceus, qu’est-ce que j’ai fait… Je ne voulais pas le perdre… j’ai été en dessous de tout…Sa mère avait le visage tordu par l’émotion et elle serra Janet contre elle en embrassant ses cheveux. Son père caressait sa main, tout aussi embêté. Ils étaient bouleversés, connaissant bien l’amitié de longue date entre Leonidas et leur enfant.
-
Janet… Ma petite fille… Ma douce… Tout va s’arranger… ça prendra du temps … Mais je ne pense pas que Leonidas t’en voudra éternellement… Tu vas passer par des phases difficiles c’est sûr… Mais le plus important c’est que tu te relèves et que tu avances. Tu as 16 ans et la vie devant toi… Tu te feras d’autres amis j’en suis certaine…Son père l’enlaça à son tour pour la bercer tendrement en essayant de taire ses sanglots.
-
Si jamais il décide cependant de ne plus te parler… Il faut que tu sois forte et que tu continues à vivre. C’est une épreuve dure à traverser… Tu auras certainement longtemps cette culpabilité qui te pèsera… Mais tu dois continuer à grandir et à t’épanouir. Apprends de cette erreur et tires en ta force.Janet pleura encore longtemps ce soir là mais ses parents finirent par l’apaiser, du moins superficiellement. Elle passa une nuit à peu près calme pour une fois et se réveilla tard le lendemain alors que le bateau était sur le point d’accoster sur Kanto. Après une toilette rapide, elle rassembla ses affaires et rejoignit ses parents sur le pont. Ils empruntèrent ensuite un bus qui les emmena à Argenta. Sa famille avait loué une petite maison en banlieue de la ville et espéraient visiter le musée le lendemain. Pour l’instant, il était question de s’installer.
Janet alla donc prendre possession de sa chambre et déballa ses affaires. Une fois qu’elle eut terminé, elle resta plantée là sans savoir quoi faire. Finalement, sur une judicieuse suggestion de ses parents, elle décida d’aller marcher dans la campagne alentour pour détendre ses pokémons.
Elle les avait tous sortis sauf la petite Clélie qui ne pouvait pas survivre sans eau et ils avançaient autour d’elle à plus ou moins vive allure. Ginger ouvrait la marche avec Sherly qui voletait au dessus d’elle. Destrock, protecteur, la suivait de près avec Enola. Quant à Merlin, il fermait tranquillement la marche, le regard dans le vide.
Janet les regardait tous d’un œil attendri. Et dire qu’elle avait failli les perdre…
Destrock, bien conscient que quelque chose ne tournait pas rond chez la jeune fille claquait continuellement des pinces alors qu’Enola lui mettait des petits coups de museau en espérant la faire sourire.
Ils arrivèrent en haut d’une colline, d’où la vue sur la ville en contrebas était saisissante. Avec un sourire rêveur, la jeune fille s’assit et commença à dessiner ce qu’elle voyait. Le seul moyen pour elle de ne pas sombrer dans le désespoir, c’était de se concentrer sur une feuille blanche. Que ce soit ses cours ou un dessin, penser à autre chose, occuper son esprit lui faisait du bien.
Soudain, un cri de Sherly attira son attention. Il avait vu quelque chose ? Remettant son carnet dans son sac, la jeune fille se leva, suivie par son équipe.
-
Il y a quelqu’un ?